----Zhou
Quan, une journaliste de Taiwan : " Davantage de communications
entre les deux rives du détroit "
Le matin du 5 mars, sur les marches devant la
porte est du Palais de l'Assemblée populaire de Beijing,
la journaliste taïwanaise Zhou Quan n'a pu se libérer
des autres journalistes qu'au moment de l'ouverture de la session
de l'APN, à 9 h.
Zhou Quan, dont la carte de journaliste porte
le numéro 0016, est journaliste de TV Zhengxiang, une station
de télévision sur le commerce et l'économie
de Taiwan. Sa carte d'affaires se distingue de celle des autres
: elle est bien présentée et agrémentée
d'un slogan publicitaire: Passer par Zhengxiang, laisser le continent
parler et Taiwan prendre la parole.
Cette journaliste, avec du caractère, a
répondu de façon franche et ouverte aux questions
de ses collègues.
Question : Quel est votre intérêt
principal pendant ces deux sessions ?
Réponse : Je transmets ce qui est exprimé
pendant les sessions. J'y assiste en m'intéressant à
la perspective de Taiwan. Toutes les choses concernant Taiwan, j'y
accorde une grande importance.
Taiwan s'intéresse à la mise en valeur de l'Ouest.
Cette région n'appartient pas seulement au peuple du continent,
mais également au peuple du Taiwan ; elle appartient à
l'ensemble du peuple chinois.
La mise en valeur de l'Ouest bénéficie
d'une situation favorable. Les Taïwanais ont de l'argent et
possèdent la technique et l'expérience, ils peuvent
prendre part à la mise en valeur de l'Ouest, gagner de l'argent
et accomplir par la même occasion la cause commune de l'édification
du peuple chinois. N'est-ce pas une bonne chose ? Pour une personne,
le mieux n'est-il pas de pouvoir gagner de l'argent tout en réalisant
son idéal ?
Q. : La réunification des deux rives du
détroit vous semble-t-elle possible ?
R. : Dans mon dictionnaire, on ne trouve pas le
mot impossible. Ce que je fais est de présenter Taiwan au
continent et le continent à Taiwan. Taiwan progresse de jour
en jour. J'espère que le peuple de Taiwan pourra entendre
la voix du peuple du continent, et que le peuple du continent entendra
celle du peuple du Taiwan.
Il y a un exemple. La semaine dernière,
la partie continentale a ouvert le marché des actions B.
Sur le continent comme à Taiwan, tout le monde s'est rué
sur ces actions, ce qui démontre que Taiwan connaît
bien le continent. J'espère que le continent n'accordera
pas de privilèges à Taiwan, les Taiwanais sont aussi
des compatriotes chinois.
Q. : Où se trouve votre pays natal ?
R. : Mon père est du Zhejiang, ma mère
est du sud de Taiwan. Je trouve que les gens du continent ne connaissent
pas les Taïwanais. Dès qu'on parle de Taiwan, on pense
tout de suite aux querelles ou au mont Ali. Je suis journaliste
et travaille pour un média, j'espère que tous s'efforceront
de faire leur travail pour que l'on puisse établir une bonne
communication.
Les relations de deux rives du détroit
se développent de manière positive. Certains disent
qu'elles régressent, mais nous ne devons pas les laisser
régresser. Je crois que tous les Chinois ne veulent pas les
voir régresser. Ce n'est que par l'union des deux rives du
détroit que nous pourrons affronter ensemble l'extérieur.
Les Chinois sont malmenés depuis longtemps. Nous ne permettrons
pas qu'apparaisse de nouveau le phénomène de l'intimidation.
Q. : Un Japonais a écrit un livre intitulé
" À propos de Taiwan ", comment le trouvez-vous
?
R. : Je ne partage pas son avis. Sur la position
des Chinois, tout le monde doit protester contre les Japonais. Heureusement,
c'est l'avis d'un seul auteur japonais. Si c'était l'opinion
de tous les Japonais, nous devrions protester de manière
plus vive encore.
Q. : Quelle est votre opinion sur les paroles
pro-indépendance de Xu Wenlong ?
R. : Xu Wenlong ne représente personne.
Je crois que la majorité de la population taïwanaise
n'accepte pas ses dires. Je ne les approuve pas non plus, mais je
respecte la liberté de parole.
Q. : Annettte Lu a déclaré qu'elle
veut devenir bouddhiste et qu'elle a eu beaucoup de peines durant
la campagne électorale. Quel est votre avis sur le sujet
?
R. : Pour ce genre de choses, je n'aime pas commenter.
Je respecte la liberté de parole et d'opinion.
La liberté est la chose la plus noble. C'est l'objectif commun
de tous. À ce propos , j'ai confiance pour le continent.
Il y a deux ou trois ans, Jiang Zemin et Bill Clinton ont eu un
entretien en Chine ; je n'aurais jamais imaginé que le continent
eût pu diffuser cet entretien en direct. Ce fut une surprise
pour moi. À ce moment-là, j'étais vraiment
émue. La situation sur le continent s'améliore dans
l'ensemble.
Q. : Chen Shui-bian a dit qu'il n'est pas un Chinois.
Quel est votre avis ?
R. : C'est son affaire. Si les voix en sa faveur
avaient représenté la proportion favorable à
l'indépendance de Taiwan, elles n'auraient pas atteint 40
%. D'ailleurs, parmi les votants, il y en a qui ont voté
pour d'autres raisons. Par conséquent, les voix pour Chen
Shui-bian ne sont pas toutes des voix d'appui à l'indépendance
de Taiwan. Je crois que la proportion des gens qui approuve l'indépendance
de Taiwan ne dépasse pas 10 %.
J'espère que M. Chen traitera favorablement les relations
entre les deux rives du détroit. Je crois que les deux rives
du détroit de Taiwan représentent une des forces motrices
permettant de dominer la situation internationale.
Q. : Les " trois liaisons " entre les
deux rives du détroit vous satisfont-elles ?
R. : Pour le moment, nous n'en sommes pas du tout
satisfaits. Les deux parties doivent faire tout leur possible. À
ce sujet, je voudrais mettre l'accent sur un point : le continent
place de l'espoir dans les trois liaisons avec Taiwan, il faut les
considérer sous un autre angle. Le continent est grand, Taiwan
est relativement petit. Les fonctionnaires gouvernementaux et la
population du continent doivent considérer Taïwan comme
un frère.
Q. : Les autorités de Taiwan ne soutiennent-elles
pas le commerce avec le continent ?
R. : Les opinions des autorités de Taiwan
ne peuvent pas représenter l'opinion de l'ensemble de la
population de Taiwan. Je désapprouve les opinions des autorités
de Taiwan. Pour édifier une entreprise, s'il m'est possible
de gagner de l'argent avec des Russes ou des Japonais, je vais le
faire. Le rôle d'un gouvernement est de servir les intérêts
économiques du peuple et non pas d'empêcher le développement
économique par la politique. Investir les capitaux sur le
continent est en vogue maintenant à Taiwan. N'importe quel
politicien peut empêcher cette vogue.
Q. : Comment trouvez-vous la situation économique
de la Chine ?
R. : La situation économique du continent
chinois amorce son décollage. Cette tendance est inéluctable.
Depuis six mois, je fais la navette entre Beijing et Shanghai par
avion. La cabine de la première classe et celle de la classe
économique sont toujours complètes. Tous les gens
viennent en Chine, pourquoi ? Pour faire du commerce.
Les gens du continent mènent une vie plus
aisée, c'est un plaisir pour les Taïwanais. Je crois
que ma pensée représente celle de la majorité
de la population de Taiwan. La Chine s'enrichit et devient plus
puissante, c'est honneur pour tous les Chinois.
Beijing souhaite organiser les Jeux olympiques,
les Taïwanais sont tout à fait d'accord. Si Beijing
l'emporte, il ne faudrait pas oublier de tenir certaines épreuves
à Taiwan. Si, un jour, la flamme olympique passait du mont
Ali à la Grande Muraille, ne serait-ce pas merveilleux ?
Journaliste : Merci pour l'interview. Bon succès
dans votre travail pendant la session de l'APN .
Mei Er, journaliste de notre revue
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