Sommaire du Février 2001
 
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L'entrée à l'OMC:  un nouveau
jalon de l'économie chinoise

 

QU'arrivera-t-il lorsque la Chine entrera à l'OMC? Cette discussion est en cours parmi les hommes d'affaires de Beijing et de Shanghai. GM vendra-t-elle davantage de voitures?  AT & T pourra-t-il ouvrir une brèche dans le monopole chinois des télécoms?…Les analystes de marché de New York, Paris et Francfort s'activent à trouver des réponses.

Mais, en fait, ces questions sont des peccadilles. Le cœur du changement aura lieu à l'intérieur de ce pays ancien. Suite à son entrée à l'OMC, la Chine ouvrira bien grande les portes de son économie, isolée du reste du monde. Dans ce pays ancien, des milliers de kilomètres séparent les villes côtières les plus développées des villages pauvres reculés des provinces de l'Ouest. Comment les nouvelles société publiques en science et technique, qui viennent tout juste de s'ajuster aux coutumes internationales, trouveront-elles l'occasion de se développer? Comment les secteurs de la finance et des assurances arriveront-ils à se conformer au marché mondial? Les jeunes Chinois pourront-ils trouver de meilleurs emplois? Les entreprises d'État, à l'équipement vétuste et au déficit énorme, pourront-elles être réanimées? Toutes ces questions doivent dorénavant être jugées à l'aune de l'entrée de la Chine à l'OMC, surtout que, maintenant, son entrée n'est qu'une question de temps. Depuis le 15 décembre 1999, date à laquelle les gouvernements chinois et américain ont conclu à Beijing un accord bilatéral sur le sujet, la glace a commencé à fondre. Les négociations multilatérales sont déjà entrées dans l'étape finale et les engagements de chaque partie se transforment en dossiers de 1000 pages.

Que signifie l'OMC?

Aux yeux des Chinois, l'entrée à l'OMC ne signifie pas des accords précis et des pourparlers difficiles; pour eux, elle est du ressort de la vraie vie. Selon M. Luo de Shanghai, l'OMC est une chose sûre: " Il y a quelques jours, j'ai acheté, à l'étranger, une paire de chaussures de sport de marque Clarks qui coûtaient 40 £, soit à peu près 500 yuans. La même paire de chaussures coûte 2 000 yuans sur la rue commerciale Nanjing à Shanghai. Avec la baisse des frais douaniers, les produits étrangers de bonne qualité ne se vendront plus aussi cher. " M. Luo vient de rentrer de l'étranger. Son voyage l'a fortement marqué. À Beijing, M. Xu considère l'OMC sous l'angle des voitures: " Je veux une voiture importée. À prix semblable, la voiture importée offre de bonnes qualités fonctionnelles par rapport à la voiture chinoise. Si son prix baisse, je crois que je vais acheter une BMW. "

M. Ma Lin, qui a fait une maîtrise en droit aux États-Unis pendant un an, voit un lien entre l'OMC et les télécoms chinoises. " J'habitais au Missouri et je ne payais que 27 dollars US par mois, a-t-il dit. À l'intérieur du département, les appels de téléphone étaient gratuits et les appels interurbains ne coûtaient que 10 cents la minute, car la concurrence dans le secteur des télécoms y est très acharnée. Je pense que ce sera aussi comme ça en Chine. "

Pour M. Zhou, qui a une profession libérale, l'OMC sera probablement une incitation à souscrire à une assurance. Selon ses dires : " Je n'ai aucune assurance. Les conditions des compagnies d'assurance sont très exigeantes et leur service n'est pas bon. Il y a un grave problème de gestion dans les compagnies d'assurances chinoises. " Après l'entrée de la Chine à l'OMC, ce monsieur aura davantage de choix. " Les compagnies d'assurance étrangères possèdent une bonne expérience, leur fonctionnement est relativement bon et l'assurance est, bien sûr, une bonne chose, " a-t-il exprimé.

" Les frais de téléphone portable baisseront, tout comme ceux de la connexion à Internet. "

" On pourra acheter les marchandises de meilleure qualité à moins cher et bénéficier d'une meilleur service. "

Les points de vue semblables abondent. Pour la majorité des gens, l'entrée de la Chine à l'OMC leur donne l'impression qu'ils pourront acheter des articles de bonne qualité à bons prix. Mais sa portée ne s'arrête pas là, et elle contredira peut-être même leur espoir.

Certains s'imaginent qu'entrer à l'OMC ressemble à circuler sur l'autoroute. La circulation  y est fluide, mais la construction de l'autoroute demande beaucoup d'investissements…

" À long terme, l'entrée de la Chine à l'OMC fait miroiter des perspectives brillantes. Mais au début, les entreprises chinoises seront moins concurrentielles, subiront les attaques de l'économie étrangère, vivront des jours difficiles et certaines feront même faillite. C'est l'effet de court terme inévitable et le prix à payer pour entrer à l'OMC, " a  dit Mme Zhang, une économiste.

M.Tout le monde n'a pas qu'un rôle de consommateur. À court terme, sous l'influence de l'OMC, le prix des marchandises, allant des articles d'usage courant  jusqu'à la voiture et au logement, tendra à baisser. D'autres part, les entreprises d'État approfondiront leur réforme et davantage de leurs employés excédentaires verront leur sort confié à la société. La forte baisse des tarifs douaniers sur les produits agricoles causera un excédent de main-d'œuvre dans les campagnes chinoises. Cela neutralisera les aspects positifs qu'apportera l'OMC à l'homme de la rue.

Sans aucun doute, le plus grand défi qu'apporte l'OMC à la Chine se trouve au niveau de l'emploi. Le niveau de scolarité et les qualifications de chacun auront une relation plus étroite avec sa vie professionnelle.

Beaucoup de jeunes commencent à étudier l'anglais, croyant que l'ouverture de l'économie chinoise sera plus grande et que les occasions favorables seront plus nombreuses si l'on connaît une langue étrangère. Les étudiants chinois qui font des études à l'étranger reviendront peut-être en Chine. Ils suivront des entreprises étrangères qui viendront en Chine, afin de développer leur carrière. Certains d'entre eux avaient déjà cette idée, mais n'avaient pas encore trouver l'occasion de le faire; l'OMC  leur en fournira une.

L'impact qu'exercera l'OMC sur l'économie chinoise n'a rien de comparable avec celui qu'a exercé l'ouverture du marché chinois. Cette fois-ci, les sociétés étrangères auront le droit de participer à presque tous les secteurs économiques. En fait, quelle sera leur influence, voilà une question à laquelle on ne peut répondre maintenant. Pour connaître les changements qui s'opéreront en Chine, il faudra attendre une dizaine, voire des dizaines d'années.

Mais dans certains secteurs économiques, l'effet de l'OMC sera rapide.

L'autoroute informatique passe devant notre porte

La situation de monopole est un problème essentiel des télécoms chinoises, car cette situation engendre des hausses constantes des frais de téléphone, influence toutes les couches du secteur informatique et surtout empêche la généralisation rapide d'Internet. C'est sans aucun doute une grande menace à la capacité concurrentielle future de l'État. Les télécoms sont le secteur sur lequel les discussions entre la Chine et l'étranger ont été les plus acharnées au moment des pourparlers. Après son entrée à l'OMC, conformément à " l'Accord de base sur les télécommunications ", la Chine s'engagera à ouvrir son secteur des télécoms aux capitaux étrangers, permettra aux investisseurs étrangers de participer au grand marché des télécoms chinoises et continuera pendant quelques années à augmenter le pourcentage du contrôle des actions dans ce secteur. Depuis les années 90, le taux de croissance moyen du secteur chinois des télécoms se situe à 45 %. Rien qu'en 1998, le nombre des nouveaux abonnés du téléphone a atteint 18 millions, et celui des abonnés du téléphone portable, 11 millions. Les étrangers perspicaces ne laisseront sûrement pas échapper ce grand marché.

Après son entrée à l'OMC, la Chine a aussi promis d'enlever des barrières douanières tarifaires sur les semi-conducteurs, les ordinateurs, l'équipement des télécoms et d'autres produits de technique de pointe.

Actuellement, les télécoms chinoises se subdivisent sous l'égide du gouvernement chinois. La concurrence entre trois entreprises importantes (China Telecom, Unit Telecom et Jitong) commence à se former, depuis l'ouverture du marché des télécoms à la concurrence. Les coûts des télécoms chinoises vont devoir se mesurer aussi avec ceux d'autres pays. Les consommateurs vont en tirer profit.

Voiture: les rêves seront réalisés

Avec  la fin des pourparlers sur l'entrée de la Chine à l'OMC, l'industrie automobile chinoise, qui, en catimini, s'inquiétait de son sort depuis plusieurs années, s'est trouvée soudainement à un carrefour: baisser le prix de vente ou pas?

Le prix de vente d'une Buick  en Amérique du Nord est de 20 800- 22 800 dollars US, soit environ 180 000 yuans. La même voiture se vend 319 000 – 369 000 yuans à Shanghai, mais le revenu moyen d'un Chinois n'est que le dixième de celui d'un Américain.

L'industrie automobile était auparavant protégée. Il existe plus d'un millier d'entreprises automobiles qui, règle générale, manquent de capacité concurrentielle. Tous leurs produits rassemblés ne représentent qu'une part infime de ceux de GM;  l'industrie chinoise est classée comme une " industrie en herbe ". Au cours des pourparlers, cette industrie a obtenu un sursis de cinq à six ans. Selon les accords, après son entrée à l'OMC, la Chine devra supprimer, à partir de juillet 2005, les quotas et les permis d'importation. À partir de juillet 2006, le tarif douanier sur les voitures devra être abaissé à 25 %. Bien qu'il ne reste que cinq ans à l'industrie chinoise de l'automobile, elle a encore des chances devant elle. À cette époque, beaucoup de personnes auront les moyens d'acheter une voiture économique importée de bonne qualité. Avec la pression exercée par la concurrence des voitures importées, le prix des véhicules baissera  beaucoup et, dès lors, de plus en plus de personnes seront en mesure de se procurer une voiture.

La Bourse va se régulariser

Au plan macro-économique, l'entrée à l'OMC exercera une influence sur l'économie chinoise qui se répercutera sur les cours de la Bourse. Les secteurs des textiles et du commerce portuaire ont tous les deux de brillantes perspectives, mais les secteurs automobile, mécanique, électrique et technique ne seront pas les grands favorisés. Parmi plus de 1 000 sociétés cotées à la Bourse, les secteurs et les entreprises durement frappés seront plus nombreux que ceux qui en tireront profit.

Beaucoup de gens trouvent qu'en Chine, la Bourse ne se conforme toujours pas aux normes, et que les opérations en coulisses sont fort nombreuses. Les boursicoteurs ont du mal à les connaître. Actuellement, aux Bourses de Chine, on compte plus de 200 sociétés dont  le résultat n'est pas bon, 49 sociétés qui sont déficitaires et qui le sont  même depuis des années d'affilée. Pourtant, elles apparaissent sur le marché des valeurs et leur titre monte en flèche.

Après l'entrée à l'OMC, on ne parlera pas seulement de pertes et de profits du marché des valeurs chinois, mais à la base, de l'édification du système de marché. Cela veut dire: se conformer strictement aux règles du jeu internationales. Les règles du jeu et les critères à la chinoise qui existaient auparavant n'auront plus leur raison d'être. Le contrôle, les règles et  la supervision du marché devront se conformer avec ceux du marché international. Toutes les mesures, y compris le macro-contrôle du marché, devront s'ajuster au système de marché. Ce sera  la force motrice de la transformation en profondeur du marché chinois des titres de valeurs.

Les sociétés cotées à la Bourse subiront plus ou moins de contre-coups. On peut prévoir que pendant les quelques années à venir, ces sociétés vont se diviser et se transformer. Il n'y a que les entreprises qui auront réussi à faire face à la concurrence des entreprises étrangères qui pourront être inscrites au marché des valeurs. La force intrinsèque du marché et la pression étrangère vont faire que ce marché subira une transformation radicale.

Selon les enquêtes des journalistes, la plupart des Chinois sont optimistes quant à l'entrée à l'OMC, mais derrière cet espoir, des challengers  font déjà surface dans tous les secteurs.

Aux yeux des Chinois, un petit changement signifie l'établissement d'un nouveau système dans un secteur donné. Ce grand pays est en train de s'intégrer au système économique mondial.

Les entreprises chinoises doivent s'adapter à la concurrence. Pour elles, l'entrée à l'OMC leur lance des défis, mais leur donne aussi le temps et l'occasion.

L'entrée à l'OMC est plutôt un long processus qu'un résultat. Depuis le début de l'ouverture jusqu'aujourd'hui, en même temps que la Chine faisait des efforts pour entrer à l'OMC, elle élargissait peu à peu ses idées et accélérait sa cadence. L'ouverture ne pourra être achevée d'un seul coup, mais elle sera réalisée peu à peu.

YI REN est reporter à la pig

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