Sommaire du Année 2001
L'APN/CCPPC
 
Lin Yifu parle de l'économie chinoise


Le 5 mars, les membres de la CCPPC ont assisté à la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée populaire nationale de Chine. Ayant écouté le rapport du premier ministre sur le Programme du Xe Plan quinquennal de progrès social et de développement économique, les membres de la CCPPC, venus des quatre coins du pays, ont amorcé une chaude discussion à ce sujet. Dans la salle du groupe de l'Amicale nationale des compatriotes de Taiwan de Chine, notre journaliste a trouvé une discussion particulièrement animée. Lin Yifu, directeur du Centre de recherche de l'économie chinoise, relevant de l'université de Beijing, a exprimé son point de vue sur quelques problèmes sensibles de l'économie chinoise, et d'autres membres ont également participé activement à la discussion.

Optimiste quant à l'impact de l'OMC

Lin Yifu, 46 ans, diplômé des universités de Taiwan, de Beijing, de Chicago et de Yale et titulaire d'un doctorat en économie, jouit d'un prestige élevé dans les milieux scientifiques, grâce à ses analyses pénétrantes sur l'économie chinoise.
Il a d'abord donné son évaluation de l'économie chinoise, à partir du bilan présenté par le premier ministre Zhu Rongji sur l'exécution du IXe Plan quinquennal. " Pendant la période du IXe Plan quinquennal, le taux de croissance moyen de l'économie chinoise a atteint plus de 9 %, a-t-il dit, c'est un miracle de la société humaine. La Chine a ainsi contribué considérablement au redressement rapide de l'Asie de l'Est après la crise financière. La possibilité de maintenir un taux de croissance élevé de l'économie chinoise dans l'avenir sera basée sur les efforts qu'on déploiera pendant le Xe Plan quinquennal pour résoudre les problèmes économiques actuels.

Lin Yifu a avoué étudier les contradictions et les problèmes de l'économie chinoise du point de vue d'un économiste. " D'abord, l'écart entre la ville et la campagne s'élargit encore, a-t-il dit, le revenu des paysans augmente lentement, soit un chiffre de moins que le pourcentage atteint par les citadins. La situation dans ce domaine est pire que jamais. Deuxièmement, il y a encore beaucoup de problèmes systémiques à résoudre dans la réforme des entreprises d'État. "

Quant à l'impact sur l'économie chinoise de l'entrée à l'OMC à propos duquel s'inquiètent les gens, M. Lin est optimiste. Il a analysé les points forts et les points faibles de l'économie chinoise face à l'OMC. " On n'a qu'un mu et demi (1 mu = 1/15 d'hectare) en moyenne dans la campagne chinoise, mais la main-d'œuvre n'est pas chère. C'est une industrie à forte intensité de main-d'œuvre, le prix de revient des légumes qui demandent beaucoup de soins est relativement faible et la proportion exportée de ces produits est naturellement élevée. Par exemple, aujourd'hui, les Coréens du Sud mangent des légumes produits par la province du Shandong en Chine. Quant à la production des céréales qui nécessite peu d'heures de travail dans les régions vastes et peu peuplées où le niveau de mécanisation est élevé, son prix est moins cher aux États-Unis, par exemple. Heureusement, après l'entrée de la Chine à l'OMC, la Chine n'importera que l'équivalent de 4 % de ses céréales produites et consommées. Elle n'a donc pas à s'inquiéter de l'impact de l'OMC dans le domaine de la production des céréales. Par contre, nos fruits et nos légumes pourront être exportés en grande quantité. Cela sera bon pour les paysans.

En qui concerne l'industrie, le professeur Lin n'est pas pessimiste. " L'industrie légère chinoise à forte intensité de main-d'œuvre occupe totalement le marché américain, a-t-il dit, il est difficile de ne pas acheter un produit de l'industrie légère fabriqué en Chine. Sans doute, ce sera un grand bien pour l'exportation des produits de ce genre après l'entrée de la Chine à l'OMC. Ce qui manque à la Chine, ce sont des capitaux et une industrie à forte intensité de techniques, et ces produits sont justement concentrés dans les entreprises d'État, l'automobile et les appareils électroniques, etc. Toutefois, la capacité de concurrencer de ces entreprises au plan international est très faible. Après l'entrée de la Chine à l'OMC, il y aura une période de 3 à 5 ans pendant laquelle le protectionnisme sera permis à l'égard de ces entreprises chinoises; mais après cette période, que feront-elles? La pression qui leur sera imposée sera très forte.

En Chine, les entreprises d'État ont toutes le même point faible. Leurs secteurs d'activités ne sont pas les points forts de l'industrie chinoise. Ces entreprises ont toutes été construites selon un plan d'État. Si, auparavant, elles pouvaient subsister, c'est parce que l'État leur accordait des mesures préférentielles. Les crédits, le coût des matières premières, par exemple. Après le commencement de la réforme, ces avantages préférentiels ont peu à peu disparu. Le manque de vitalité des entreprises d'État réside aussi dans la pénurie de fonds, elles ne peuvent pas concurrencer avec les entreprises étrangères possédant des capitaux énormes. Ce problème sera résolu. Puisque les canaux d'introduction des capitaux étrangers sont tellement nombreux, nous pouvons en tirer profit et les utiliser pour notre propre compte. Concrètement: 1. créer des entreprises à capitaux mixtes et utiliser les capitaux et les techniques de l'étranger; 2. être coté à la Bourse étrangère pour utiliser directement des capitaux étrangers. Cette méthode a déjà enregistré des succès pendant le IXe Plan quinquennal; par exemple, la création d'une entreprise à capitaux mixtes avec la société de films Kodak a introduit des capitaux et des techniques des États-Unis. Les entreprises à capitaux mixtes touchent aussi le secteur de l'automobile. L'entrée de la Chine à l'OMC exercera une pression sur ces entreprises qui devrons accélérer l'introduction des capitaux étrangers et le transfert des techniques en Chine. Ce sera bien pour le pays.

La réplique animée des membres de la CCPPC

L'intervention du professeur Lin a attiré l'attention toute particulière des membres, et les discussions ont immédiatement suivi.

Chen Daobei, l'un d'eux, a dit au professeur Lin: " Je suis tout à fait d'accord avec vos points de vue, mais nous n'avons jamais été jusqu'au bout dans les faits. Cela peut-être parce que l'esprit de nos décideurs n'était pas assez ouvert. "

Le professeur Lin a répondu que ce genre d'obstacles existait vraiment. Mais il a insisté: " La situation est urgente, nous sommes entre la vie et la mort. Les décideurs chinois se rendent compte que, après les vicissitudes des vingt dernières années, la période du Xe plan quinquennal sera une chance à ne pas manquer pour la Chine. "

" L'écart des salaires entre la Chine et l'étranger est très grand, a dit M.Yang Size au professeur Lin, après leur entrée en Chine, les hommes d'affaires étrangers ont attiré le personnel compétent et acheté à bon marché des techniques avancées inventées par la Chine. Que faire? "

" La pression oblige la Chine à réformer son système du personnel et son système de rémunération, a répondu le professeur Lin. Citons quelques exemples: la Chine a nommé Shi Meilun comme responsable de la Commission chinoise du contrôle de la Bourse, en lui donnant un traitement de vice-ministre et un salaire annuel de 6 millions de yuans. La rémunération annuelle d'un professeur de l'université de Beijing et de Qinghua peut atteindre 50 000 yuans. "

M.Yang a alors demandé: " Combien de sociétés chinoises peuvent payer un salaire si élevé? "

" De toute façon, les sociétés étrangères embauchent des Chinois, développent le PNB de la Chine et paient des impôts au gouvernement chinois. C'est une bonne chose, " lui a répondu M. Lin.

" Nous n'avons pas peur de l'élargissement de l'écart entre les riches et les pauvres, a continué M. Yang, mais l'État doit percevoir des impôts élevés à l'égard des riches et effectuer une redistribution , sinon l'égalitarisme nourrit les paresseux. "
Un autre membre du nom de Lin Mingyue est alors intervenu dans la discussion: " Je travaille dans une entreprise d'État et la plupart des salaires y sont à peu près égaux. L'année dernière, 5 des 50 ingénieurs de mon entreprise sont partis travailler pour un site Web et cela m'a causé une grande pression. Je n'avais de cesse d'en rendre compte au département supérieur pour attirer son attention. Cette année, le salaire des techniciens a doublé. Pour stabiliser le contingent des techniciens, le salaire et le type de travail entrent en jeu, un type de travail ayant de belles perspectives peut attirer du personnel talentueux. En outre, il faut encore faire attention: parallèlement à l'augmentation du salaire, nous devons réduire le personnel. "

HOU RUILI

 

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