CHINAHOY

26-November-2014

L’innovation propulse les relations sino-françaises vers de nouveaux sommets !

 

Le 26 mars 2014, lors de sa visite en France, le président chinois Xi Jinping avec son homologue français François Hollande participent à une conférence de presse. (XINHUA)

 

En 2014, la Chine et la France ont célébré le cinquantenaire de leurs relations diplomatiques. L'occasion de renforcer toujours plus les échanges ! Rétrospective des progrès réalisés cette année dans les différents secteurs.

TIAN DEWEN*

L'année 2014 marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Comme le disait Confucius, grand sage de l'antiquité chinoise : « À 50 ans, on assimile bien les volontés du Ciel ». Ce proverbe signifie qu'à cet âge, fort d'une plus riche expérience de vie, nous sommes davantage posés et capables d'agir avec pondération. Il en va de même pour les relations sino-françaises. Lors de sa rencontre avec M. Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, le président chinois Xi Jinping a exprimé son souhait de voir les deux pays saisir l'occasion offerte par la commémoration de ce cinquantenaire pour faire de 2014 une véritable « année Chine-France » et pour commencer en cette date historique à écrire ensemble un nouveau chapitre dans les annales de leurs relations bilatérales. En dressant le bilan des contacts sino-français cette année, nous pouvons voir que les liens entre les deux pays gagnent en maturité, richesse et stabilité, au point de devenir un modèle de relations sino-européennes.

Des relations à visée stratégique

Préalablement au développement des relations sino-françaises, demeure une « vision stratégique » partagée par les dirigeants des deux pays. Vu les grandes différences qui existent entre la Chine et la France en matière de tradition historique, de système politique et de niveau économique, seul un regard visionnaire sur la situation mondiale et les aspirations respectives des deux pays, couplé à une ouverture d'esprit et à un courage extraordinaire, peut favoriser le développement de la coopération bilatérale sur tous les plans.

Il y a 50 ans, en dépit du contexte de la guerre froide, Mao Zedong et le général de Gaulle, doués d'une exceptionnelle vision stratégique, ont surmonté les barrières idéologiques séparant l'Orient et l'Occident, et ont pris la décision historique d'établir des relations diplomatiques entre les deux pays, ouvrant ainsi une porte d'accès vers la compréhension mutuelle et les échanges entre la Chine et la France, et même, entre la Chine et l'Occident. Cette résolution a non seulement jeté les bases pour le développement des relations sino-françaises, mais a aussi eu de profondes répercussions sur la conjoncture internationale. En faisant le point sur le chemin parcouru depuis un demi-siècle, nous nous apercevons que cette vision stratégique a toujours été le carburant alimentant ces relations sino-françaises.

Depuis l'établissement de celles-ci, les dirigeants des deux pays, selon une optique mondiale et un esprit indépendant, ont toujours donné la priorité au développement des relations sino-françaises dans leur politique extérieure respective, créant ainsi un modèle d'interaction avantageuse entre grandes nations. Depuis 50 ans, les deux pays ont mené une coopération pionnière dans divers domaines, ce qui a élargi sans cesse la dimension stratégique de leurs échanges. La France a été la première puissance occidentale à établir des relations diplomatiques avec la Chine nouvelle, à nouer avec elle un partenariat global stratégique et à mettre en place des mécanismes de dialogue conjoints. La France a également été la première en Occident à développer une coopération sur le nucléaire civil avec la Chine, à signer avec elle un contrat intergouvernemental de collaboration technico-scientifique et à établir des vols directs vers le territoire chinois. Par ailleurs, la France a aussi été le premier pays à organiser avec la Chine les Années croisées et à y fonder un centre culturel. Ce caractère pionnier et contemporain des relations sino-françaises découlent en fait de cette vision stratégique qu'entretiennent les dirigeants des deux pays.

Du 25 au 28 mars 2014, le président chinois Xi Jinping a effectué une visite d'État en France et a participé à la Conférence commémorative pour le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises tenue à Paris. Dans le discours qu'il a prononcé à l'occasion, Xi Jinping a souligné l'importance pour les deux pays de maintenir un respect mutuel et une confiance réciproque, d'envisager et de gérer les relations bilatérales toujours selon une perspective stratégique et une vision à long terme, de respecter les intérêts essentiels et les préoccupations majeures de l'autre, ainsi que d'affermir la stabilité et la prévisibilité des relations bilatérales. Voilà une explication détaillée de la vision stratégique à l'origine du développement des liens sino-français. Toujours selon le président chinois, la Chine et la France, depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques, ont cultivé ensemble l'esprit d'indépendance, de compréhension mutuelle, de clairvoyance et de coopération gagnant-gagnant. L'indépendance est un héritage commun des nations chinoise et française ; la compréhension et la clairvoyance constituent respectivement la pierre angulaire et la garantie fondamentale au développement des relations sino-françaises ; la coopération gagnant-gagnant représente un puissant moteur pour le progrès durable des contacts entre les deux pays. À l'occasion du cinquantenaire des relations sino-françaises, les dirigeants des deux pays ont réaffirmé ces principes fondamentaux pour favoriser le développement des relations bilatérales, dont 2014 marquera sans doute un jalon.

 

Le 21 octobre 2014, l'exposition « Splendeurs des Han, essor de l'empire céleste » s'est ouverte au Musée Guimet. (CNSPHOTO)

 

« Innovation » pour mot d'ordre

Le 26 mars 2014 à Paris, la Chine et la France ont signé le Plan de développement des relations sino-françaises à moyen et long terme, qui couvre une diversité de secteurs sans précédent et incluent des projets de coopération plus concrets que jamais, ce qui a permis de porter les relations bilatérales à un nouveau palier. Quand nous dressons l'inventaire du progrès des relations sino-françaises en 2014, nous voyons clairement que l'innovation est en train de devenir le mot d'ordre pour sans cesse multiplier les domaines de coopération, sur la base de l'institutionnalisation des relations bilatérales.

Premièrement, au fil de ces 50 années de développement, les relations sino-françaises se sont institutionnalisées à tous égards : elles sont aujourd'hui encadrées par des mécanismes de dialogue et d'échanges, dont la rencontre annuelle des deux chefs d'État. En novembre 2014, les 4èmes Rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise a eu lieu à Strasbourg, signe que les plates-formes de coopération, autrefois l'œuvre exclusive des gouvernements, se tiennent désormais au niveau des collectivités locales également. Actuellement, la coopération sino-française politique et militaire couvre l'intégralité des questions planétaires : les deux pays s'engagent à renforcer leur coopération au sein de l'ONU, à mener un dialogue bilatéral sur le développement en Afrique, à entreprendre des consultations au niveau de la direction sous-ministérielle sur des questions spécifiques, ainsi qu'à renforcer leur collaboration sur les dossiers d'actualité internationale, tels que la lutte contre la piraterie, le problème du nucléaire iranien, la paix et la stabilité en Afghanistan, les pourparlers à six et la non-prolifération des armes nucléaires. En matière de défense et de sécurité, la Chine et la France renforceront leurs échanges et coopération militaires, en mettant en place des ateliers de formation pour les officiels de haut rang et en participant à des exercices militaires bilatéraux et multilatéraux.

Deuxièmement, la coopération sino-française économique, commerciale, budgétaire et financière s'est intensifiée. En 2014, année pourtant perturbée par la crise de la dette européenne, les relations économiques et commerciales entre les deux pays ont su maintenir une bonne dynamique de développement. Selon les statistiques d'Eurostat, entre janvier et juin 2014, le volume de l'import-export entre la Chine et la France a atteint 26,53 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,5 %. Les exportations françaises vers la Chine se sont élevées à 9,95 milliards de dollars, soit une hausse de 5,3 %, tandis que les importations françaises depuis la Chine se sont établies à 16,58 milliards, soit une croissance de 5,7 %. Sur cette même période, la Chine a constitué la 8e destination des exportations françaises et la 7e source des importations françaises. Pour approfondir la coopération dans les milieux précités et élaborer de nouveaux principes directeurs pour le commerce international, la Chine et la France ont ouvert en 2014 un dialogue et une coopération tous azimuts, traitant de la réforme des quotas et de la gouvernance de 2010 du Fonds monétaire international (FMI), de l'efficacité du filet de sécurité financière mondiale et de la promotion des négociations en vue d'un accord d'investissement sino-européen. Pour favoriser toujours plus leurs échanges commerciaux et d'investissement, les deux pays ont discuté en priorité de la réduction du déficit commercial de la France vis-à-vis de la Chine, par le biais de la croissance économique, d'un « rééquilibre » des relations économiques bilatérales, du choix de secteurs concrets dans lesquels renforcer la coopération entre PME, de la création d'un fonds d'investissement pour les PME, de la signature dans les meilleurs délais d'un accord sino-français relatif à la protection sociale et la reconnaissance mutuelle des permis de conduire, le tout afin d'encourager les investissements réciproques et les échanges humains. Concernant leur coopération budgétaire et financière, la Chine et la France sont parvenues à un consensus sur la contribution chinoise au projet « Grand Paris », le dialogue sur la réforme concernant la régulation financière, la coopération entre les autorités fiscales, la mise en place d'accords de compensation et de règlement en RMB à Paris, ainsi que le renforcement de la coopération entre les institutions financières des deux pays. Toutes ces avancées forgent ainsi des conditions favorables au développement global de la coopération sino-française sur les plans économique, commercial, budgétaire et financier.

Troisièmement, la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement sont devenues des priorités au cœur des relations sino-françaises. Paris accueillera d'ailleurs en 2015 la Conférence mondiale sur le climat. En 2014, la Chine et la France ont donc mené une coopération générale dans ces domaines : poursuite des échanges sur le marché du carbone ainsi que développement de technologies pour le captage-stockage du CO2 ; organisation de rencontres entre experts chinois et français sur des sujets relatifs au changement climatique, dont la stratégie bas carbone et la transition énergétique en France ; coordination sur les énergies vertes, l'efficacité énergétique et la réduction des émissions dues aux combustibles fossiles… La Chine et la France ont également entamé une coordination sur les technologies vertes dans le cadre multilatéral de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), s'engageant à favoriser, lors de la prochaine Conférence sur le climat, l'adoption d'un protocole ou d'autres textes à valeur juridique convenus d'un commun accord et applicables à toutes les parties contractantes, en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L'objectif sera bien sûr de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de maîtriser le réchauffement climatique, conformément aux engagements pris à la Conférence de Cancun.

Quatrièmement, la France se montre la plus active parmi les pays occidentaux dans sa coopération avec la Chine dans les secteurs des hautes technologies, tels que le nucléaire et l'aviation civils. Pour ce qui est du nucléaire civil, les deux pays ont poursuivi en 2014 leur collaboration associant aspects technico-scientifiques et aspects industriels, dans le cadre de l'Accord sino-français sur la coopération en matière d'utilisation pacifique du nucléaire et du 11e Protocole de coopération entre la Chine et la France sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Cette collaboration couvre la sûreté nucléaire, les réacteurs, le cycle du combustible nucléaire, le traitement des déchets radioactifs, la formation du personnel et la fusion nucléaire contrôlée. Parmi les principaux projets bilatéraux en cours, on compte notamment la centrale nucléaire de Taishan, l'usine de production du combustible MOX servant au retraitement des combustibles usés, la centrale de Hincklez Point au Royaume-Uni, ainsi que la prospection et l'exploitation conjointes de mines d'uranium à l'étranger. Côté aviation civile, la Chine et la France ont continué cette année de soutenir le projet d'usine d'assemblage des A-320 à Tianjin, dans le but de faire de cette ville un centre de construction d'Airbus en Asie. Pour approfondir la coopération bilatérale dans ce secteur, l'Administration de l'aviation civile de Chine (CAAC) et de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) de France ont noué un partenariat global, tandis que le ministère chinois de l'Industrie et de l'Informatisation et la DGAC ont établi un groupe de travail sino-français sur la fabrication des aéronefs civils, lequel sera chargé de promouvoir la coopération entre les compagnies aériennes chinoises et françaises.

Les échanges socioculturels pour le développement des relations bilatérales

En outre, les échanges socioculturels poussent le développement des relations sino-françaises. D'ailleurs, le renforcement continu de la compréhension mutuelle entre les deux pays jette une base pour l'inspiration, les échanges réciproques et l'approfondissement de la coopération bilatérale. En 2014, la Chine et la France ont toutes deux répété que la culture est un élément essentiel, marqueur de l'identité nationale et support des rapports sociaux et de l'intégration régionale. Elles ont réaffirmé l'importance d'élaborer des politiques publiques ambitieuses, de protéger et de promouvoir la diversité des expressions culturelles. Elles ont en outre engagé des négociations sur des questions multilatérales, notamment la place de la culture dans l'Agenda pour le développement post-2015 et les pistes de réflexion à suivre pour mettre en application la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée par l'UNESCO. Actuellement, les échanges socioculturels sino-français regroupent un grand nombre d'activités, telles que l'édification d'un centre culturel dans chacun des pays, la coopération entre les musées, l'organisation croisée de festivals du film et d'arts, la collaboration dans les domaines du cinéma, de la télévision, des médias, du tourisme, du sport et de l'éducation.

En 2014, la Chine et la France ont organisé nombre d'échanges culturels dans le cadre du 50e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques, à savoir : un concert exceptionnel à l'Opéra royal du château de Versailles le 27 mars ; l'exposition « Chefs-d'œuvre des musées nationaux français » en avril 2014 en Chine ; le 9e Festival du cinéma français à Beijing, Xi'an, Shenzhen, Wuhan, Shanghai, Nanjing et Chengdu ; le 4e Festival du cinéma chinois en France organisé par le Centre culturel chinois à Paris en mai ; la représentation de pièces de théâtre chinoises au Festival d'Avignon en juillet ; ou encore le Forum culturel de haut niveau Chine-France en juillet également. Plusieurs expositions sont prévues pour la période octobre 2014-janvier 2015 : en France, « Splendeurs des Han, l'essor de l'empire céleste », « Apercevoir au loin l'horizon, nouvelles et jeunes voix de l'art contemporain chinois », ainsi que l'exposition de sculptures contemporaines chinoises « Jardin oriental » ; en Chine, « Un Maître et ses maîtres – Xu Beihong et la peinture académique française », « Volti, un architecte de la féminité », « Rodin, l'œuvre d'une vie » ou encore le défilé du Cheval-Dragon mécanique français.

Les fréquents échanges socioculturels ont enrichi le développement des relations sino-françaises, tout en approfondissant connaissance et compréhension mutuelles entre les deux peuples.

 

*TIAN DEWEN est chercheur à l'Institut d'études sur l'Europe relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine.

 

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