CHINAHOY

26-November-2014

L’APEC et la grande ambition du « rêve de la zone Asie-Pacifique »

 

Le 7 novembre 2014, l'ancien premier ministre australien Bob Hawke a prononcé un discours au Sommet de l'APEC 2014, qui avait pour thème « construire un partenariat Asie-Pacifique tourné vers le futur ». (CNSPHOTO)

 

L'édition 2014 de l'APEC qui vient de s'achever à Beijing res-tera marquante, en cela qu'elle scelle le destin commun des pays de la région Asie-Pacifique et donne une impulsion historique à son intégration économique et au rôle central que la Chine entend jouer.

ZHANG BIN*

L'édition 2014 du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui vient de prendre fin à Beijing est à marquer d'une pierre blanche, 25 ans après la création de ce forum. La réussite a été totale et elle fournit un nouveau schéma directeur pour l'avenir de la coopération économique dans la région, donnant une forte impulsion au maintien continu d'un rythme de croissance relativement rapide et permettant à la région de jouer un rôle moteur dans l'économie mondiale.

Parmi les réussites les plus remarquables de la réunion de l'APEC, nous en avons relevé trois principales.

Premièrement, le sommet a conduit à une prise de conscience : celle que les membres de la région Asie-Pacifique appartiennent à une grande famille et possèdent une destinée commune. Pour la première fois a été proposée la concrétisation de la prospérité économique et d'un « rêve de la région Asie-pacifique » mutuellement bénéfique.

Avec le déplacement du centre de gravité économique mondial vers l'Asie-Pacifique, la région occupe une position de plus en plus importante dans les activités économiques. Actuellement, l'APEC regroupe près de 2,6 milliards d'habitants, soit environ 40 % de la population mondiale. La zone est devenue la plus dynamique à l'échelle mondiale. Six ans après le début de la crise financière internationale, la croissance de l'économie mondiale reste faible et soumise à des ajustements à long terme. Or, la croissance dans la région Asie-Pacifique durant la même période a affiché de bons résultats et a contribué au développement économique mondial. Dans un contexte global à la fois d'intégration économique mondial et régionale, les membres de la région Asie-Pacifique ont noué des liens économiques d'interdépendance sans cesse plus serrés. En 2013, sur 10 partenariats commerciaux importants mis en place en Chine et au Japon, 8 l'ont été avec des membres de l'APEC ; les États-Unis et le Canada en ont établi 5 avec les membres de l'APEC. Toujours en 2013, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de la Russie. Ces relations économiques de dépendance mutuelle de plus en plus rapprochées fournissent aux économies de la région d'excellentes bases de coopération et donnent à cette coopération une impulsion naturelle.

Plus les liens économiques sont serrés, plus les relations politiques doivent être stables et harmonieuses. Chaque membre de la région Asie-Pacifique doit prendre conscience de son appartenance à une grande famille et du destin commun qui l'unit aux autres. Cela permettra non seulement de donner une impulsion à la coopération économique et au processus d'intégration économique de la région, de parvenir à un développement commun et à une prospérité partagée, mais aussi d'y voir se réaliser la paix et la stabilité. Récemment, les États-Unis ont réitéré leur volonté de ne pas entraver le développement de la Chine. Les relations sino-japonaises s'améliorent, et les deux dirigeants américain et russe ont participé, pour la première fois depuis trois ans, au sommet de l'APEC en même temps. Tout cela a contribué à l'établissement d'un climat politique propice pour cette édition 2014. Dans son allocution lors de la cérémonie d'ouverture, le président chinois Xi Jinping a souligné que « l'APEC est une grande famille. Les économies de la région Asie-Pacifique doivent établir ensemble un partenariat Asie-Pacifique de confiance mutuelle, d'inclusion, de coopération et de bénéfice partagé ».

Deuxièmement, la plus grande réussite de ce sommet aura été la promotion de l'intégration économique de la zone. Il a été décidé de lancer le processus d'établissement de la zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP), et les principales lignes directrices ont été approuvées.

Depuis de nombreuses années, alors que les négociations multilatérales dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont dans l'impasse ou rencontrent des difficultés, la région Asie-Pacifique a connu des modalités différentes, avec des accords et des négociations commerciales régionales de plus ou moins grande ampleur. On en compte actuellement 56 au total. Un nombre de plus en plus important d'accords a conduit à un enchevêtrement, tel un « bol de nouilles », de règles commerciales compliquées. Les entreprises sont dans l'incapacité de les suivre, ce qui diminue l'efficacité des arrangements commerciaux. Dans le même temps, l'intégration économique de la région Asie-Pacifique fait face à une menace de « fragmentation », où chacun agit de son propre chef, où chacun s'exclut mutuellement.

En 2006, lors de la réunion de l'APEC à Hanoi au Vietnam, l'idée d'une zone de libre-échange avait déjà été envisagée, mais elle était restée dans les tiroirs. Cette année, la Chine a profité pleinement de sa position de pays organisateur pour lancer le processus de création de cette zone de libre-échange Asie-Pacifique, tout en obtenant le soutien unanime des membres de l'APEC.

Le lancement officiel de la zone de libre-échange Asie-Pacifique revêt une signification marquante. Elle sera constituée des 21 économies membres de la région Asie-Pacifique. Une fois constituée, elle sera la zone de libre-échange la plus grande du monde. Elle participera à la libéralisation des échanges et des investissements ainsi qu'au processus d'intégration économique, et constituera la voie royale pour une croissance continue et une prospérité commune dans la région, tout en bénéficiant à la croissance économique mondiale.

Dans le même temps, les dirigeants ont réaffirmé leur opposition à toute forme de protectionnisme commercial, leur volonté de poursuivre leurs efforts pour concrétiser les « objectifs de Bogor », leur soutien au processus de négociation pour un mécanisme commercial multilatéral, ainsi que leur pression en faveur de la conclusion rapide des négociations du cycle de Doha.

Enfin, tout en élargissant un peu plus l'envergure de la coopération, cette édition de l'APEC accentue la coopération dans la région Asie-Pacifique en terme de croissance innovante et d'interconnexion.

L'édition 2014 de l'APEC a vu la réalisation d'un consensus pour la coopération d'ensemble, dans des domaines aussi divers que le renforcement de l'établissement de mécanismes, la sécurité énergétique et alimentaire, la coopération économique et technologique, la lutte contre les défis mondiaux communs (terrorisme, épidémie, catastrophes naturelles) et le soutien inclusif (créer des emplois, développer la force de travail, prêter attention aux catégories vulnérables, prendre en considération le rôle des femmes dans le développement économique). Elle a proposé des initiatives dans les sphères de la chaîne de valeur globale, de la chaîne d'approvisionnement et de la création de capacités notamment.

Le développement économique de la région Asie-Pacifique est entré dans une période transitoire cruciale, et le sommet de cette année a mis en relief la signification que revêtaient l'innovation et la réforme, ainsi que l'exploration de nouveaux domaines de développement économique, pour promouvoir la croissance dans la région et maintenir son rôle de moteur de croissance économique mondiale. Après la crise financière internationale, les économies développées de la région ont, comme aux États-Unis, connu une croissance faible pendant un certain temps, à l'instar du Japon, longtemps plongé dans la dépression. Durant cette période, les économies émergentes de la région ont joué un rôle sans cesse croissant de moteur de l'économie mondiale. Après une longue période d'essor économique rapide, la Chine, en qualité de deuxième économie mondiale, est aussi entrée dans une « nouvelle configuration » de croissance économique moyenne et forte. La Chine a modifié son modèle de développement : la croissance axée sur l'innovation est devenue un thème majeur des autorités chinoises, tout comme celui des économies de la région. Le sommet de l'APEC de cette année s'en est fait l'écho, les économies de la région allant renforcer la coopération dans l'innovation et la création d'un environnement novateur.

Enfin, cette édition du sommet de l'APEC a aussi mis en relief la signification que revêtent le renforcement de l'interconnexion et le développement des infrastructures de base pour la croissance économique de la région et la prospérité commune. L'interconnexion au sens large comprend non seulement les liaisons rail-route-air ainsi que les oléoducs, mais aussi la mise en place de mécanismes et les échanges entre les peuples. Ces liaisons portent sur la construction d'infrastructures de base relativement importantes, ainsi que sur des arrangements en termes de financements. C'est identique à la proposition de la Chine d'établir la « ceinture économique de la Route de la Soie et la Route maritime de la Soie du XXIe siècle ». La Chine occupe une superficie importante en Asie-Pacifique et possède le plus de frontières communes avec les pays de la région. Afin d'apporter son soutien financier aux projets relatifs à l'interconnexion, tels que le développement des infrastructures de base et des ressources ainsi que la coopération industrielle et financière avec les pays riverains de « la ceinture et la route », la Chine dotera un Fonds de la Route de la Soie de 40 milliards de dollars. À l'avenir, elle pourra fournir davantage de biens publics à la région en matière d'interconnexion.

 

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