CHINAHOY

29-October-2014

Être ramasseur de balles à I’Open de Chine

 

Les ramasseurs de balles chinois et français entrent sur le court de tennis.

 

On les voit souvent courir dans tous les sens sur le terrain pour ramasser les balles, mais ils restent pourtant souvent anonymes. Ils sont l'objet de toutes les attentions pour cet Open de Chine 2014, partie intégrante d'un projet de coopération international majeur dans les échanges entre la Chine et l'étranger. Service !

MA HUIYUAN, membre de la rédaction

L'Open de Chine, tournoi annuel de tennis chinois, s'est déroulé du 27 septembre au 5 octobre à Beijing au Centre de tennis de Chine. À part des joueurs brillants qui viennent du monde entier pour participer, l'Open de Chine de l'édition 2014 a également accueilli cette année six ramasseurs de balles étrangers. Et ce n'est pas une blague à deux balles : quatre ramasseurs du Tournoi de Roland-Garros et deux de l'Open d'Australie étaient présents. Même si cela peut paraître ridicule alors que c'est très sérieux, en tant que tournoi international émergent, le programme d'échanges de ramasseurs de balle avec le tournoi de Roland-Garros et l'Open d'Australie s'avère un projet de coopération internationale qui revêt une importance particulière pour l'Open de Chine.

Qui sont-ils ?

En ouvrant la porte de la salle de repos des ramasseurs du Centre de tennis de Chine, on a l'impression d'entrer dans une salle de classe de collège : l'ambiance déborde d'éclats de rire et tout le monde a le sourire. Ils sont une centaine dans la salle et deux se distinguent par leur profil occidental : Thomas et Camille. Les deux ramasseurs de Roland-Garros sont en train de regarder avec grand plaisir le match en direct.

Thomas vient de célébrer son 15e anniversaire. Cette année, il a passé un anniversaire joyeux et unique avec ses copains chinois à Wuhan, capitale de la province du Hubei. Il est devenu ramasseur de balle il y a deux ans. Lorsqu'on lui demande pourquoi il a choisi de ramasser les balles, il nous confie : « C'est pour être près des grands joueurs à Roland-Garros. C'est une expérience spéciale. Les matchs où j'ai servi pour Rafael Nadal et Maria Sharapova sont inoubliables. Rafael Nadal est mon joueur préféré. Mais des fois, il peut être compliqué : il utilise deux serviettes et des bouteilles spécifiques pour les matchs. Il faut comprendre rapidement ce qu'il veut. »

Âgée de 14 ans, Camille est une fille vive et dynamique avec deux ans d'expérience à Roland-Garros. Elle a ramassé pour les 10 meilleurs joueurs de Roland-Garros. Elle nous raconte : « Les techniques et les règlements pour les ramasseurs en France et en Chine sont très différents. On doit s'entraîner et s'adapter à l'Open de Chine. » À ce moment là, Pierre-Louis et Saskia sont revenus du court de tennis pour une pause. À l'Open de Chine, chaque groupe de ramasseurs est composée de six enfants et les groupes alternent régulièrement toute les 40 minutes. Les quatre jeunes français viennent de participer à l'Open de Wuhan et sont maintenant à Beijing, pour l'Open de Chine.

En dehors du site, Zoé et Jake, deux ramasseurs de balle de l'Open d'Australie sont en train de pratiquer leur technique de « rouler la balle ». Ils sont les meilleurs ramasseurs de l'Open d'Australie, sélectionnés pour aller en Chine représenter les ramasseurs australiens. Quand nous parlons des ramasseurs de balle chinois, Zoé nous raconte : « On joue ensemble pendant la pause et on apprend ensemble le français. Certains parmi eux parlent parfaitement l'anglais et on s'amuse bien. » Zoé a ramassé deux fois pour Li Na. « J'aime vraiment Li Na. C'est une excellente joueuse et elle est très sympa avec nous. » C'est aussi en marge de cette édition de l'Open de Chine que Li Na a fait ses adieux à ses fans le soir du 30 septembre.

C'est la première fois que ces six jeunes ramasseurs étrangers visitent la Chine. L'Open leur a préparé une journée de visite pour mieux apprécier la ville et la culture chinoise. Au programme : Grande Muraille, Palais d'été et Nanluoguxiang. Thomas nous avoue en souriant : « Beijing, c'est vraiment différent de Paris, c'est une ville énorme avec de grands bâtiments. Nous avons fait du shopping et avons mangé dans beaucoup de bons restaurants. Mais je suis moins à l'aise avec les baguettes qu'avec une raquette ! »

Dans la salle de repos, l'organisateur a aussi préparé des activités intéressantes pour les jeunes. Le jour de l'interview était prévue une rencontre avec Tomáš Berdych, joueur de tennis tchèque, une séance d'autographes ainsi qu'un cours du français donné par les deux ramasseurs français de Roland-Garros. Ils y ont enseigné les salutations et les chiffres à leurs copains chinois et australiens.

 

Les jeunes ramasseurs étrangers sur la Grande Muraille.

 

Coopération entre Open de Chine et Roland-Garros

En 2010, un accord de coopération a été signé entre la Fédération française de tennis et son homologue chinois. Lucas Dubourg, responsable du développement international pour la Fédération française de tennis, nous présente la coopération du Roland-Garros avec l'Open de Chine : « Notre coopération a commencé par un premier accord entre les deux fédérations portant sur la formation des entraîneurs et des joueurs chinois en 2010. Puis en 2011, la joueuse chinoise Li Na a remporté le tournoi de Roland-Garros. On a décidé en 2012 de faire le premier évènement Roland-Garros à Beijing pour promouvoir le tournoi et le tennis sur la terre battue. C'était le ''Roland-Garros in Beijing''. Et puis on a développé d'autres évènements en 2013 et 2014. Cette année on va recevoir les juniors chinois en France. » Le projet d'échange des ramasseurs de balle a commencé l'année dernière lors de l'Open de Chine. « On a envoyé six jeunes Français à Beijing. Cela leur a permis de découvrir la Chine et de ramasser des balles au côté des ramasseurs chinois. Au cours de cette période, on a recruté aussi six jeunes Chinois qui sont venus cette année à Roland-Garros au mois de juin. La semaine dernière ils étaient à Wuhan pour la première fois pour l'Open de Wuhan, un tournoi féminin et ils sont arrivés hier à Beijing pour l'Open de Chine. »

Les autres projets d'échange : la création d'un terrain en terre battue, un tournoi junior dans lequel le vainqueur du tournoi en Chine gagne la possibilité d'aller à Paris et de participer au tournoi junior de Paris ainsi que l'envoi du trophée de Roland-Garros à Beijing devant la Grande Muraille et la Cité interdite. « L'idée est de promouvoir le tennis et le tennis sur la terre battue en Chine, car le Roland-Garros est le grand tournoi du tennis de cette catégorie, c'est notre devoir d'aider les pays comme la Chine à développer le jeu sur terre battue et le tennis. Surtout parmi les jeunes, c'est pourquoi on a créé cette coopération du tournoi junior sur la terre battue en Chine. Aujourd'hui les juniors chinois ont très peu d'occasions de jouer dans sur ce type de terrain. C'est important de former les juniors à jouer dans ces conditions car cela requiert énormément de qualités techniques, tactiques, et physiques », nous explique Lucas.

Ramasseur de balles, un thème culturel

Chaque édition du tournoi de Roland-Garros recrute environ 250 ramasseurs de balle âgés de 12 à 16 ans. Cette année, durant les matchs de l'Open de Chine, l'entraîneur français des ramasseurs a sélectionné quatre ramasseurs parmi les jeunes Chinois pour le prochain Roland-Garros 2015. Lucas nous décrit les exigences : « Les critères de la sélection sont multiples. Il faut être rapide, précis, attentif et connaître chaque joueur par cœur. Chaque pays a une manière de ramasser différente. Ce qui ressort vraiment, c'est que les ramasseurs chinois apprennent très vite. »

« Cela fait deux ans que je reviens en Chine régulièrement et je vois de plus en plus de pratiquants et d'intérêt pour le tennis en Chine. L'année dernière c'était la 10e édition de l'Open China. Au bout de dix ans d'histoire, l'Open de Chine est déjà devenu un tournoi qui compte pour les joueurs. Maintenant, c'est un rendez-vous annuel incontournable », estime-t-il.

Lucas nous donne ses prévisions quant à l'avenir de cette coopération : « On espère aller encore plus loin. Maintenant nous sommes en train de travailler pour ouvrir un club de tennis Roland-Garros en Chine. Il y aurait des courts en terre battue et des échanges sur comment concevoir ce type de court, comment on l'entretient ainsi que des échanges sur l'entraînement des jeunes et la gestion d'un club de tennis. Nous avons vraiment envie de participer à la promotion du tennis en Chine, puisque c'est un sport qui va devenir majeur dans les années à venir. »

Les ramasseurs chinois du Grand Chelem

Yin Kai, ancien responsable des projets internationaux de l'Open de Chine qui a initié ce projet d'échange des ramasseurs, nous présente la situation des ramasseurs de balle en Chine. « En 2011, suite à la coopération entre la Fondation Soong Ching Ling et l'Open de Chine, la Fondation du développement de tennis junior s'est établie pour promouvoir ce sport en Chine. Roland-Garros et l'Open d'Australie font toutes les deux partie du Grand chelem depuis une centaine d'années. À travers des coopérations avec ces tournois, nous pouvons améliorer les capacités et les performances de nos ramasseurs. En 2012, nous avons commencé la sélection des ramasseurs de balle dans six villes de Chine pour l'Open de Chine. Nous avons envoyé six ramasseurs à l'Open d'Australie en 2013 et six ramasseurs au Roland-Garros en 2014. L'année dernière, l'Open de Chine a reçu six ramasseurs australiens et six ramasseurs français. »

« Roland-Garros est un tournoi qui accorde une attention particulière à l'esthétique. Dans le stade de Roland-Garros, on a l'impression d'être dans un grand parc plein de fleurs : la terre battue rouge, la balle jaune et les décorations florales. Ce n'est pas seulement un court de tennis, mais une présentation magnifique de l'esthétisme des Français. En tant que tournoi de tennis émergent, l'Open de Chine a encore beaucoup de choses à apprendre de Roland-Garros », nous indique Yin Kai.

Lors de leur séjour à Paris, les ramasseurs de balle chinois ont visité le Louvre et la Seine, ce qui a approfondi leur connaissance sur la culture française. Cette expérience à Roland-Garros a amélioré la ponctualité et l'autodiscipline de ces jeunes Chinois. Yin Kai nous signale : « L'influence de Roland-Garros pour ces jeunes ramasseurs est vraiment profonde, et notamment le voyage en France grâce à ce projet d'échange. Cette expérience de près à Roland-Garros a impressionné les jeunes tant au plan culturel qu'au plan artistique. »

 

La Chine au présent

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