CHINAHOY

29-October-2014

Peng Shuai : Avancer contre vents et marées pour progresser

 

Peng Shuai lors de la demi-finale de l'US Open le 5 septembre dernier à New York. (CFP)

 

Lors de l'US Open 2014, la joueuse de tennis Peng Shuai s'est qualifiée en demi-finale simple dames, devenant ainsi la troisième Chinoise, après Li Na et Zheng Jie, à avoir accompli cet exploit dans un tournoi du Grand Chelem.

ZHU HONG, membre de la rédaction

Après dix années de carrière caractérisées par l'adversité et la précipitation, Peng Shuai a excellé sur le court en simple. De jeune fille sentimentale bourrée de talent, elle s'est transformée en vedette du tennis au sommet de la hiérarchie, en simple comme en double. « Après être passée par de mauvais moments qui m'ont fait pleurer, est enfin venu le jour où j'ai pu aborder ces souvenirs avec le sourire », a-t-elle exprimé, la gorge nouée, dans une interview après le match.

L'entraîneur de Peng Shuai, Ma Weikai, a déclaré un jour : « Avaler des couleuvres est un passage obligé pour tout grand joueur. Opiniâtreté et diligence sont les qualités essentielles à manifester sur le terrain. » Comme le dit le dicton : « Après la pluie, le beau temps... » Peng Shuai a ainsi fait face à bien des affronts dans sa marche vers le succès.

« Étoile montante de la Chine »

Dès le premier jour où elle a frappé une balle, Peng Shuai a été perçue comme étant un « petit prodige du tennis ». Son oncle Zhang Fan était autrefois membre de l'équipe nationale de tennis. C'est auprès de lui qu'elle s'est entraînée dès ses 8 ans. Sous son guidage, elle a rapidement progressé. En 1996, à l'âge de 10 ans, elle a remporté le Championnat junior de Chine. À 13 ans, elle a fini à la première place du tournoi junior organisé par la Fédération internationale de tennis. Les initiés estiment que Peng Shuai, avec sa silhouette élancée, sa technique maîtrisée et sa force étonnante, ressemble aux compétitrices occidentales. Ils la considèrent comme étant le meilleur espoir du tennis chinois.

Toute jeune déjà, Peng Shuai cherchait à se faire remarquer. Très tôt, le club de Tianjin l'a pris dans ses rangs. Il a offert à la jeune fille de 13 ans un voyage aux États-Unis pour qu'elle aille s'y perfectionner. Là-bas, elle a étudié une année complète au sein de l'école fondée par la légende américaine du tennis, Chris Evert. « À cette époque, c'était comme si je n'avais peur de rien. Sac sur le dos, j'allais en cours munie d'un dictionnaire électronique, puis je sortais de la salle, tout simplement. » À l'époque, Peng Shuai n'avait qu'un rêve en tête : celui de devenir championne de tennis !

À 19 ans, Peng Shuai a battu une série de tenniswomen de premier rang pour se qualifier en demi-finale des Internationaux de Sydney, dont Anastasia Myskina et Nadia Petrova. La même année, elle a également accédé aux demi-finales à la Classique Acura, après avoir écrasé des célébrités comme Kim Clijsters et Dinara Safina. Très tôt, elle a signé avec le fameux groupe de marketing et de management sportif International Management Group (IMG). Elle est ainsi devenue la première joueuse de tennis chinoise à être entrée dans le tennis professionnel international par le biais d'une coopération entre l'Association chinoise du tennis et une société de courtage étrangère. « Étoile montante de la Chine » : c'est ainsi que le site officiel de la Women's Tennis Association (WTA) a qualifié la jeune fille en août de la même année.

Ne jamais baisser les bras...

Au moment où Peng Shuai prenait de la vitesse dans sa carrière, des obstacles se sont dressés sur sa route. En 2005, au motif qu'elle n'a pas gagné aux Jeux nationaux de Chine, le Bureau des sports de Tianjin a cessé d'investir dans le tennis. Peng Shuai s'est retrouvée incapable de payer le salaire de son entraîneur d'alors et sans moyens de participer à une compétition à titre personnel. Elle devait se contenter de quelques matchs par-ci par-là au sein de l'équipe nationale. Elle a également perdu à ce moment-là ses deux coachs personnalisés, pour la technique et la fitness.

Alors, Peng Shui a demandé à être indépendante de l'équipe nationale, en espérant que l'organisme en charge du tennis adopterait une attitude indulgente à son égard, lui permettant de se sponsoriser, de s'entraîner et de participer à titre personnel aux compétitions, telle une joueuse en cours de professionnalisation. À l'époque, ces exigences ont fait polémique. Peng Shuai et l'équipe nationale se sont brouillées : elle devrait peut-être renoncer à l'équipe nationale pour pouvoir s'inscrire à des compétitions internationales. Des rumeurs annonçant la démission de Peng Shuai ont même émergé à ce moment-là. Heureusement, Peng Shuai est finalement restée membre de l'équipe nationale. Mais suite à cette affaire, pendant très longtemps, elle a eu du mal à se concentrer sur son jeu. Ses scores et sa place dans le classement en ont accusé le coup...

Bien que Peng Shuai ait réussi à ses débuts à vaincre à plusieurs reprises des adversaires comptant parmi les dix plus grands noms du tennis international, elle a trébuché sans cesse dans sa longue carrière, sans jamais parvenir à se démarquer en simple. Elle perdait constamment la balle de match ; passait à deux doigts du titre de champion ; changeait fréquemment d'entraîneur... Selon les champions de tennis, pour se qualifier à un Grand Chelem, il faut déjà posséder la puissance d'un joueur de calibre mondial. Alors arriver jusqu'aux quarts de finale représente déjà un défi énorme pour les compétiteurs de haut niveau.

Confrontée à divers échecs, Peng Shuai a néanmoins continué à aller de l'avant, sans perdre de sa vigueur. Souffrant d'une maladie cardiaque congénitale, elle s'est fait implanter 6 endoprothèses dans le cœur. Toutefois, elle n'a pas abandonné le tennis. Son corps n'est donc pas sorti indemne de ces années de lutte. Mais après que son aura de « petit prodige » s'est dissipée, Peng Shuai adulte a fait preuve de toujours plus de ténacité sur le court, ce qui s'avère d'autant plus touchant.

« Face aux sarcasmes d'autrui, j'ai appris à sourire indifféremment, parce que j'y lis ma propre histoire. Face à son arrogance, j'ai appris à sourire avec humilité, parce que je m'y observe comme dans un miroir. Face à ses persécutions, j'ai appris à sourire affablement, parce que j'y vois mon avenir. » Il s'agit d'un message signé Peng Shuai. De plus, elle répète souvent : « Tout reste à venir. »

Des frustrations qui rendent plus fort

À force d'endurer dépression et souffrance, Peng Shuai s'est endurcie. Au moment où la plupart considéraient que la « petite prodige » avait progressivement sombré, Peng Shuai a tout à coup repris ses forces dans un match en double. La « combinaison par-delà le détroit » qu'elle a formée avec la joueuse taiwanaise Hsieh Su-Wei a remporté en juillet 2014 le double féminin au tournoi de Wimbledon. Et la même année, dans la même discipline, les deux ont à nouveau brillé au Championnat de fin d'année de la WTA, marquant ainsi l'histoire du tennis asiatique. En juin 2014, elles étaient également sorties vainqueurs du tournoi de Roland-Garros.

Ce double triomphe a permis à Peng Shuai de reprendre confiance en elle, comme si elle se réveillait après un rêve. Elle a engagé un de ses anciens entraîneurs, s'est focalisée sur la compétition, a progressivement travaillé les matchs simples. Au début de l'année, son tableau de résultats étant médiocre, elle était partie en voyage au Tibet pour décompresser. À son retour, un ami tibétain lui a adressé ces mots : « Chéris tes intentions premières ». Elle s'est alors demandé quelles étaient celles-ci à l'égard du tennis. « Peu importe les difficultés ou les défaites, il faut garder en tête ses intentions premières, s'accrocher à ce que l'on souhaite le plus, pour que notre esprit puisse trouver une forme de sérénité. Il n'y a pas de mal à ce que les gens fassent ce qui leur plaît, en dépit des difficultés, comme moi je prends plaisir à participer à des compétitions », a expliqué Peng Shuai.

À l'US Open 2014, Peng Shuai s'est montrée tout aussi brillante qu'en sa jeunesse. Pour la première fois dans sa carrière « accidentée », elle s'est propulsée en demi-finale simple dames d'un des tournois du Grand Chelem. Après le match, Peng Shuai a dévoilé son rêve : remporter ce Grand Chelem.

Une aura de « petit prodige », des larmes au gré des péripéties de sa carrière, l'ombre de l'échec qui plane, les contestations des autres, puis, victoire à deux reprises d'un Grand Chelem en double dames, premier titre du Championnat de fin d'année de la WTA dans la même catégorie... Avec ce bagage, Peng Shuai, du haut de ses 28 ans, se montre plus détendue que jamais. « Le tennis est un sport particulièrement difficile. Mais après avoir traversé tous ces déboires, on peut lentement commencer à apprécier le pratiquer. Je suis reconnaissante envers le tennis qui m'a permis de gagner en confiance et en courage, même si bien sûr, certains épisodes m'ont brisé le cœur. Néanmoins, il est évident que ce sport a enrichi ma vie », a conclu Peng Shuai.

 

La Chine au présent

Liens