CHINAHOY

30-September-2015

La FAO et la Chine : 30 ans de coopération

 

La FAO promeut des projets de gestion intégrée des nuisibles et d'écoles agricoles en Chine.

 

PERCY MISIKA*

En tant que pays en développement le plus peuplé, avec près de 1,4 milliard de citoyens, la Chine joue un rôle fondamental et indispensable dans la marche vers le développement d'une agriculture durable et dans l'objectif de garantir la sécurité alimentaire pour le pays, la région et le monde.

En récupérant son siège à l'ONU en 1971, la Chine a pu restaurer sa coopération étroite avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui est l'une des agences spécialisées du système onusien. La FAO est chargée de mener l'effort international visant à créer un monde sans famine ni malnutrition, dans lequel la nourriture et l'agriculture contribuent à l'amélioration du niveau de vie de tous, en particulier des plus pauvres, de façon durable à la fois sur le plan économique, social et environnemental. En 1982, c'est-à-dire peu après le lancement du programme chinois de la réforme et de l'ouverture, la FAO ouvrait son bureau de représentation en Chine.

Il ne fait aucun doute que la FAO a progressé, s'est améliorée et a rempli son rôle de plus en plus efficacement au cours du voyage de 30 années qu'a représenté sa coopération avec la Chine. Tout au long du processus de développement du pays, la coopération avec la FAO a continué de se développer, volant d'un succès à l'autre, apportant à la Chine des années d'expérience dans la mise au point de politiques agricoles et d'une structure légale efficace ainsi qu'un soutien à la planification et une assistance au développement de stratégies nationales visant au développement rural et à la sécurité alimentaire.

Ces trois dernières décennies, la FAO a investi environ 282 millions de dollars pour soutenir 457 projets sur le terrain (chiffres arrêtés en mai 2015) par le truchement de programmes tels que le TCP (Programme de coopération technique), le GCP (Programme de coopération gouvernementale), l'UTF (Fonds fiduciaire unilatéral) et ainsi de suite. La FAO a su adapter ses technologies et ses savoirs spécifiques aux secteurs de l'agriculture, de la pêche, de la sylviculture et de la gestion des ressources naturelles, ce qui a aidé la Chine à bénéficier de l'expérience internationale, mais aussi à planifier ses propres projets pilotes et ses approches novatrices pour atteindre ses objectifs de développement. Ces projets, qui s'étendent sur presque toutes les provinces, municipalités et régions que compte le pays, ont généré des résultats positifs sur le terrain et permis une amélioration du niveau de vie de millions de fermiers.

La FAO fonctionne en Chine comme un réseau d'information entre ses États membres, qui collecte, compile, analyse et retransmet données et statistiques. En outre, afin de permettre le partage de l'information et du savoir, la FAO s'est activée, en coordination avec la Chine, à organiser des forums, dialogues et événements internationaux de haut niveau, à dessein de mettre au point de meilleurs systèmes de décision dans le domaine du développement international de l'agriculture. Dans le même temps, la FAO a renforcé sa capacité de développement au niveau des collectivités locales et des acteurs institutionnels, répondant au besoin de la Chine d'être plus engagée dans l'arène internationale.

La FAO a coordonné la participation de la Chine aux travaux de normalisation par des traités et des conventions ces dernières années. En collaboration étroite avec d'autres agences de l'ONU, la FAO a aidé le pays à mettre au point des politiques et des plans destinés à répondre aux défis du changement climatique et aux situations d'urgence qui nécessitent des synergies globales. D'autre part, la Chine a également profité de l'expertise de la FAO dans ses travaux de détermination des priorités et de formulation de ses stratégies nationales, comme par exemple le Country Programme Framework (programme-cadre du pays), permettant d'accroître l'efficacité de la collaboration et de l'aide.

Tout au long des années 1980 et 1990, les travaux de la FAO en Chine se sont focalisés sur des programmes d'assistance au développement des infrastructures agricoles et la généralisation de technologies avancées. Mais au tournant du XXe siècle, ces programmes ont suivi une évolution qui les a fait passer d'une aide à sens unique vers une collaboration dans les deux sens : la FAO est restée très active sur les questions d'assistance technique pour la mise au point des politiques et leur application, la création de normes et de standards, la lutte contre les épidémies transfrontalières frappant animaux et végétaux, la lutte contre les nuisibles, le contrôle de la qualité des aliments et de la sécurité alimentaire, la gestion durable des ressources naturelles, d'une part ; d'autre part, la Chine devient un partenaire de plus en plus incontournable pour la promotion des projets de coopération Sud-Sud visant à améliorer la capacité d'autres pays en développement à poursuivre une agriculture durable.

Résultats et partage d'expériences

En plus de trois décennies d'ouverture et de réforme, la Chine a pu maintenir une croissance économique à la fois rapide et stable, jusqu'à devenir la deuxième économie du monde. Grâce à ses résultats remarquables, elle produit actuellement un quart de la nourriture produite dans le monde et parvient à nourrir un cinquième de la population mondiale sur moins de 10 % des terres arables. La Chine a fourni le gros de l'effort international en vue d'atteindre la cible 1C des objectifs du Millénaire, c'est-à-dire, réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion des personnes souffrant de la faim. Dans ce processus, la Chine a accumulé une expérience précieuse qu'elle peut offrir au monde et partager avec d'autres pays en développement aux prises avec des difficultés de sécurité alimentaire.

Depuis le projet de Coopération Sud-Sud (SSC) lancée par la FAO en 1996 dans le cadre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire, la Chine a constamment participé à toutes les initiatives, et ses efforts sont reconnus par la FAO et les pays bénéficiaires. À ce jour, la Chine a envoyé plus de 10 000 de ses experts et techniciens, par l'intermédiaire de la FAO, vers l'Afrique, l'Asie, les Caraïbes et le Pacifique Sud en vue d'y fournir une assistance technique. Cinq centres chinois de recherche et de formation ont été choisis par la FAO pour servir de centres de référence de la SSC en 2014, dans le cadre de la création d'un réseau de savoirs Chine-FAO pour la SSC. Grâce à un engagement fort de la part du gouvernement chinois, un Fonds fiduciaire de la SSC doté de 30 millions de dollars a été créé en 2008. En 2014, ce fonds a été enrichi de 50 millions de dollars supplémentaires par la Chine pour assurer le développement continu de la SSC dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, de la sylviculture et de la gestion des ressources naturelles dans les pays en développement.

En dépit de sa modernisation rapide, la Chine reste un pays en développement qui peine à trouver un mode de développement équilibré et peu émetteur de CO2, qui embrasserait à la fois la modernité et l'industrialisation, un mode équitable et durable d'un point de vue environnemental. Alors que nous célébrons nos résultats de ces trois dernières décennies, nous reconnaissons en même temps que la Chine a toujours devant elle plusieurs défis à surmonter pour maintenir son développement agricole durable et sa sécurité alimentaire.

Tout défi renferme des opportunités. Sur la base des avantages comparatifs de la FAO et des priorités de développement agricole en Chine, cinq domaines de coopération prioritaires entre la Chine et la FAO au cours du XIIe plan quinquennal ont été identifiés : 1) consolidation de la sécurité alimentaire ; 2) amélioration du niveau de vie des populations rurales pauvres ; 3) renforcement des capacités de contrôle de la qualité et de la sécurité des productions agricoles ; 4) promotion d'une intensification raisonnable de la production agricole compatible avec la résilience des écosystèmes et la préservation de l'héritage des techniques anciennes ; 5) renforcement des capacités de prévention contre les épidémies et les catastrophes naturelles, en réponse au changement climatique. À la lumière du programme-cadre qui doit être formulé puis mis en œuvre lors du XIIIe plan quinquennal, la FAO espère renforcer encore son excellente relation avec la Chine, afin de travailler en tandem pour réaliser bien d'autres succès dans les années à venir.

 

*PERCY MISIKA est le représentant de la FAO en Chine, Corée du Nord et Mongolie.

 

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