CHINAHOY

6-September-2015

La réserve de chasse impériale de Mulan

 

Un éleveur, au guidon de sa moto, mène ses chevaux dans la prairie.

 

L'endroit rêvé pour tous ceux qui souhaitent se ressourcer non loin de la capitale chinoise.

WEI YAO*

La réserve de chasse impériale Mulan se trouve à l'intersection du Hebei et de la Mongolie intérieure. Beaucoup de touristes l'appelle « Bashang ». Au départ, le mot désignait juste un plateau recouvert de prairies et de pâturages verdoyants.

Aujourd'hui, le Bashang désigne plusieurs grandes prairies situées à Zhang-jiakou, Chengde et Chifeng. On distingue le Bashang du Nord à Zhangjiakou, le Bashang de Fengning à Chengde, le Bashang de Guyuan à Zhangjiakou, et le Bashang de la réserve de chasse impériale de Mulan. Ce dernier est certainement le plus beau.

La réserve de chasse impériale de Mulan est située à une altitude moyenne de 1 400 à 1 600 m. Le climat est un climat continental de plateau tempéré avec mousson. L'hiver y est très long et rude. Mais en été, le temps y est frais et agréable. En juillet, alors que le nord de la Chine est écrasé par la chaleur, la température moyenne de la réserve reste à moins de 24oC, des couvertures épaisses ne sont pas de trop pour la nuit.

La réserve est pleine d'endroits intéressants : prairies, lacs, forêts, marais et vallées. Ces dernières années, la réputation de la réserve a même dépassé celle du Palais d'été de Chengde, elle est devenue une nouvelle destination de vacances. N'étant pas loin de Beijing, la plupart des gens de la capitale la considèrent comme le « jardin de derrière de la capitale ».

Une prairie enchanteresse

Grâce à la bonne desserte par autoroute, de Beijing, sept heures de voiture suffisent pour arriver dans la réserve. Lorsqu'on part de Beijing vers la direction de Cheng-de, sur la route on peut sentir le l'air frais et apercevoir le Palais d'été de Chengde. Si l'on prend le train, il faut partir de la gare Nord de Beijing et s'arrêter à la station Chengde ou Siheyong, puis prendre l'autobus jusqu'à la réserve.

La réserve est divisée en deux parties : le Parc national de Saihanba dans la province du Hebei, et la prairie Ulan Buh en Mongolie intérieure. Le parc Saihanba est le plus grand parc national du nord de la Chine. Il fait 1,41 million de mu (1 mu = 1/15 ha) dont 1,06 million mu de forêt. Les paysages de pâturage d'Ulan Buh sont très jolis. En voiture, on peut visiter d'abord le Parc national Saihanba, puis traverser le pont qui sert de frontière entre le Hebei et la Mongolie intérieure pour arriver dans la prairie de Ulan Buh.

La plupart de voyageurs choisissent d'habiter dans l'ancien haras de l'armée à Hongshan. La région est assez touristique depuis une dizaine d'années et possède de bonnes infrastructures d'accueil pour les visiteurs. On trouve pas mal d'hôtels et d'auberges. Mais pendant la pleine saison, il est tout de même difficile de réserver une chambre ou un lit, donc il vaut mieux s'y prendre en avance.

Mo Binxu, éditrice d'un site de voyage à Beijing, est allée à la réserve de chasse de Mulan pour la première fois pendant l'été 2011. Grâce à son travail, elle voyage régulièrement à travers toute la Chine. Mais elle est restée ébahie devant la beauté de ces pâturages.

Mo Binxu avait emmené son chien Ponyo pour se promener dans la prairie. Celui-ci s'est senti comme chez lui, courant partout pour se défouler. Les amis de Mo avaient choisi de monter à cheval pour faire les cow-boys, mais après plusieurs d'heures de chevauchée, ils ont trouvé que c'était tape-cul.

En fin de journée, les gens viennent au lac Jiangjun Paozi pour admirer le coucher du soleil. Les amateurs de photographie s'en donnent à cœur joie. Paozi signifie en patois du coin « une mare dans la prairie ».

C'est la source de la rivière Yinhe et de la rivière Tuligen. La réserve de chasse de Mulan possède de riches ressources aquatiques. Hormis le lac Jiangjun Paozi, on trouve aussi le lac Qixing (des sept étoiles), le lac Gongzhu (de la princesse), le lac Yueliang (de la lune).

 

Des jeunes touristes s'affrontent dans une compétition de tir à l'arc.

 

La réserve de chasse de l'empereur

La beauté du site n'a pas été découverte hier. C'est depuis la dynastie des Liao (916-1125) que c'est une réserve de chasse impériale. À l'époque du règne de l'empereur Kangxi de la dynastie Qing (1644-1911), cette réserve s'étendait sur 14 000 km².

À chaque chasse, un mandarin faisait former un cercle à une troupe de cavalerie pour cerner un endroit de la prairie. Puis, portant un masque de cerf et imitant le brâme du cerf, il attirait les biches en quête de partenaire pour l'accouplement. Les cerfs eux aussi se rameutaient pour s'affronter. Les autres animaux en profitaient pour

venir attaquer les biches. Les cavaliers rétrécissaient alors le cercle petit à petit et le privilège de la première flèche était évidemment laissé à l'empereur. Le second à tirer était le fils de l'empereur, le troisième son petit-fils puis seulement les autres membres de la famille impériale.

Dans le musée du Palais d'été de

Chengde, on peut admirer une peinture intitulée Scène de chasse de l'empereur Qianlong à la réserve de chasse impériale Mulan, qui décrit avec vivacité ces parties de chasse. Chaque partie durait une vingtaine de jours. À la fin de la saison de la chasse, un grand banquet était organisé où l'empereur récompensait les dignitaires en leur octroyant des prix.

Mais ce n'est pas que le loisir de la chasse qui faisait venir l'empereur dans ces contrées. La réserve de chasse est située entre Beijing et la Mongolie, et occupe donc une position stratégique importante. La chasse organisée par les Qing était en fait un prétexte pour effectuer des manœuvres militaires.

En 1690, l'empereur Kangxi a gagné les combats à Ulan Buh et écrasé la révolte de Galdan. Dès lors, Kangxi, Qianlong et Jiaqing sont venus chasser plus de 105 fois à la réserve. Une des séries télé les plus célèbres en Chine, La Princesse Huanzhu a été tournée dans la réserve, et retrace certaines parties de chasse qui eurent lieu là-bas.

Aujourd'hui, la réserve n'est plus le terrain d'affrontements militaires. Les habitants y ont développé le tourisme, mis en avant les coutumes des ethnies minoritaires, et s'efforcent de faire connaître la culture des steppes. Pendant la journée, les touristes peuvent monter à cheval, faire du karting, et même du parapente. Le soir, on peut passer la soirée typique d'une famille mongole, en mangeant du mouton rôti, et en profitant de l'air frais et des étoiles dans le ciel.

 

Des voyageurs se baladent à cheval. (PHOTOS : WEI YAO)

 

Un paradis pour les photographes

Si les touristes profitent de la beauté et des attractions de la prairie, pour les photographes, c'est un vrai paradis. En été, en automne comme en hiver, il y a toujours de belles prises à faire ici : les paysages de prairie l'été, les forêts de bouleaux dorés l'automne, les neiges hivernales… Chaque image ici devient magnifique.

Zhang Shuwen, un gars du coin, a créé une auberge à Hongshan pour accueillir les photographes. Il est tombé amoureux de la photographie en 2008, et a commencé à accueillir ses amis dans la prairie pour aller prendre des photos ensemble. Au fur et à mesure, cela est devenu sa principale activité. Zhang a accumulé un nombre de clichés impressionant. Son pseudonyme Bashang Laozhang est très connu sur Internet et parmi les photographes.

Chaque jour, Zhang conduit sa Jeep pour faire visiter les alentours aux photographes et amateurs. Zhang connaît tous recoins où sont cachés les plus beaux paysages et ce, à cent kilomètres à la ronde de la réserve de chasse, et il adore cette terre.

On peut dire que ce sont les photographes qui sont venus dans la réserve cette dernière décennie qui l'ont rendu populaire. Actuellement, les locaux comme Zhang se servent des photos pour montrer la beauté de leur terre. La beauté de la réserve s'imprime sur les clichés dans un dégradé de jolies couleurs : bleu azur pour le ciel, vert clair pour la prairie, et fixe sur le papier les formes magnifiques des vallées et des forêts, et tous les aléas du climat de la région. Tout ici, pousse les photographes à revenir, pour y retrouver un peu du paradis perdu.

 

*WEI YAO est journaliste de Beijing Information

 

 

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