CHINAHOY

4-August-2015

Escapade à Labagoumen

 

 

Labagoumen attire de nombreux touristes pendant la Fête nationale.(WEI YAO)

 

L’endroit rêvé pour tous ceux qui souhaitent se ressourcer non loin de la capitale chinoise.

WEI YAO*

Labagoumen, situé dans l’arrondissement Huairou, est le bourg le plus au nord de la municipalité de Beijing. Acculé à la frontière avec la province du Hebei, il gît à 150 km du cœur de la capitale. Son nom, Labagoumen, fait référence aux particularités géographiques du lieu : le bourg est incrusté dans une vallée en forme de trompette (« laba » signifie « trompette » et « gou » signifie « fosse » en chinois) ; par ailleurs, il est précisément placé à l’entrée (« men » signifie « porte ») de cette « trompette ».

Labagoumen est aujourd’hui le plus grand foyer de l’ethnie mandchoue dans la municipalité pékinoise : sur les 60 villages que le compte bourg, 10 sont majoritairement habités par des Mandchous.

Avec un taux de couverture forestière de 80 %, sa soixantaine de sources, son air pur et son climat confortable (aux alentours de 20°C l’été), Labagoumen a par ailleurs été étiqueté « bourg de la longévité du Nord de Chine », attirant de plus en plus de touristes. Le Parc forestier national qui y a été aménagé sur 185 km2 en constitue de nos jours le principal site. Il occupe pas moins de 60 % de la superficie totale du bourg.

Des paysages de montagne qui vous gagnent

Labagoumen, avec ses magnifiques paysages de montagne, séduit les visiteurs dès le premier regard. En octobre, les forêts deviennent multicolores. Teintes vertes, rouges et jaunes, adossées au bleu du ciel, forment telle la palette d’un peintre.

Beaucoup de Pékinois voient Labagoumen comme leur « arrière-cour », dans laquelle il est agréable de flâner le week-end. Depuis la capitale, il faut prendre la nationale G111 en direction de Huairou, au nord. Après deux heures de route environ, un décor complètement différent du dédale urbain s’offre à nos yeux. La plupart des touristes choisissent alors de séjourner chez l’habitant dans le village de Sunzhazi, tout près du Parc national.

Dans ce parc, on trouve deux points d’intérêt principaux : la plate-forme Fenghuang (« phénix ») et le lac Wulongtan (« étang des cinq dragons »), dont la plate-forme Fenghuang, à 3 km de Sunzhazi, est la plus populaire. Le parc renferme en outre les plus grandes forêts de bouleaux blancs et de chênes de tout Beijing. Le feuillage de ces arbres change de couleur à l’automne : le bouleau arbore des feuilles dorées, tandis que le chêne prend une chevelure rouge-orangé. En outre, ce lieu possédant un écosystème de montagne tempéré abrite une faune et une flore particulièrement riches.

Pour découvrir l’endroit, les visiteurs peuvent suivre une route ascendante, faire une pause dans un pavillon installé à flanc de colline, puis continuer de grimper jusqu’au sommet Nanhouding. Avec son altitude de 1 700 m, il s’agit du sommet le plus élevé de Huairou et du 4e plus haut de Beijing.

Après avoir traversé une forêt de haute futaie, nous arrivons bientôt dans une zone d’alpage. Notre vision s’éclaire tout à coup alors que nous progressons vers la crête, les herbes hautes effleurant nos mollets et la brise caressant nos cheveux. Autant de sensations propres à la randonnée. À mesure que nous nous rapprochons du pic, nous distinguons un entassement de gros rochers. Après observation, il semblerait que chacune ait été placée méticuleusement par quelque artiste mystérieux désireux de réaliser une grande œuvre.

Après bien des efforts, nous arrivons enfin tout en haut. Là, se dresse une roche carrée, sur laquelle il est possible de grimper pour mieux apprécier le paysage de montagnes sans fin. On se sent alors voyager, emporté à des kilomètres et des kilomètres...

 

Une maison typique du village de Sunzhazi.(WEI YAO)

 

Bouleaux blancs et azalées

En plus de mettre à l’épreuve vos capacités physiques, vous découvrirez un somptueux panorama tout au long de votre route. La forêt de bouleaux est l’élément qui attire le plus les touristes à Labagoumen, car dans la culture chinoise, ce genre de décor renferme une essence littéraire. Il existe d’ailleurs une chanson chinoise populaire racontant une histoire d’amour se déroulant dans une forêt de bouleaux. Du coup, beaucoup des jeunes Chinois associent les forêts de bouleaux à l’amour, la juvénilité et la nostalgie ; quant aux personnes entre deux âges, cela leur rappelle leur jeunesse, à l’heure où la société chinoise était en pleine mutation.

L’automne est la meilleure saison pour admirer ces bouleaux, quand leurs feuilles de couleur dorée ressortent sur le fond bleu du ciel. Un plaisir incomparable pour les yeux. Et leur tronc blanchâtre à la texture rugueuse leur donne une allure d’autant plus artistique. Avec ses 70 000 mu (1 mu = 1/15 ha) de forêt secondaire (qui a repoussé par régénération naturelle), Labagoumen est le bourg possédant la plus grande couverture forestière de toute la municipalité de Beijing. Les visiteurs aiment se poser entre deux grands arbres, restant là à écouter le bruissement des feuilles sous le vent en observant les rayons du soleil percer la canopée par endroits. Rapidement, ils oublient la vie urbaine trépidante et envisagent de séjourner ici quelques jours dans une cabane.

En octobre 2010, Li Hao, étudiante en master à Beijing, s’est laissée attirer par le joli panorama de Labagoumen. Originaire de Hangzhou (chef-lieu du Zhejiang), c’était la première fois qu’elle s’aventurait avec ses amis dans une de ces forêts si romantiques du Nord de la Chine. Son excursion lui a laissé une impression complètement différente par rapport au doux lac de l’Ouest de sa ville natale. Aujourd’hui, elle poursuit ses études en doctorat à Hong Kong, mais elle garde un souvenir encore bien vivant de son escapade à Labagoumen. Pour elle, cette forêt de bouleaux blancs reste représentative d’une partie de sa jeunesse à Beijing.

Mais les feuilles du bouleau, chaque automne, demeurent dorées une semaine seulement. Puis elles tombent à mesure que baisse la température et que se lève le vent du nord. Un caractère éphémère qui rend cette beauté encore plus précieuse.

Outre les bouleaux, au mois de mai chaque année, les montagnes de Labagoumen se couvrent d’azalées en fleur, qui restent épanouies pendant presque un mois. Ces fleurs rouges traduisent un sentiment de grande vitalité.

En Chine, cette plante pousse dans les montagnes du Nord-Est, comme par exemple celles de Changbai, en Mongolie intérieure, et plus rarement aux monts Emei dans le Sichuan. En tout cas, elle foisonne à Labagoumen, vu que ce bourg est presque sur la même latitude que la Mongolie intérieure et que l’altitude y est supérieure à 1 000 m. « Azalée » se dit en chinois « yingshanhong », ce qui signifie « qui colore la montagne en rouge ». Toutefois, à Labagoumen, cette fleur possède une teinte rose clair. Cette couleur se mêle harmonieusement au coloris des roches et des arbres, constituant un paysage d’exception.

Développement du tourisme

Il y a encore peu, l’accès à Labagoumen était difficile puisque le bourg est situé dans une zone de montagnes, avec des villages amplement dispersés. Ainsi, comme les touristes ne connaissaient pas les beaux paysages que renferme ce lieu, il demeurait un paradis tranquille, loin de tout trouble. Ces dix dernières années, Beijing a développé à grande échelle son réseau de transport de banlieue, en construisant un grand nombre de routes menant à des villages reculés. Les conditions de transport pour atteindre Labagoumen se sont donc améliorées, à l’avantage du bourg.

Désormais, par exemple, à l’entrée du village de Sunzhazi, la voie est si large et si propre que l’on peut apprécier le paysage environnant depuis l’intérieur de sa voiture. À l’automne, lorsque les feuilles jaunes des peupliers au bord de la route jonchent le sol, on croirait même traverser une forêt canadienne.

Le tourisme rural est devenu l’un des piliers de l’économie de Labagoumen. Le gouvernement local a décidé de déplacer certains locaux pour établir le Parc forestier national, de même qu’il a construit un ensemble de logis aux caractéristiques mandchoues, tout cela afin d’attirer les visiteurs. L’idée, d’une part, est de protéger l’environnement écologique tout en bâtissant des infrastructures touristiques, et d’autre part, d’améliorer la qualité de vie des habitants en frayant pour eux une voie d’enrichissement. Après plusieurs années, tous les villages ont constitué des projets touristiques spécifiques en s’appuyant sur leurs ressources propres. Un environnement de saine concurrence est alors né, portant le développement durable des divers patelins.

Prenons l’exemple de Sunzhazi. Proche de l’entrée du Parc national, ce village est le premier à avoir vu le nombre de chambres d’hôtes croître : chaque maison réservait deux ou trois pièces à l’hébergement des voyageurs. La compétition avec les autres villages se renforçant, Sunzhazi a amélioré ses dispositifs d’accueil. Beaucoup de locaux ont créé un site Internet pour faire connaître leur auberge et permettre la réservation en ligne via des plates-formes mobiles. Chaque auberge cherche aussi à mettre en valeur son cachet et propose dorénavant des services multiples, dont le Wifi, devenu un incontournable.

Nous vous recommandons, la nuit, de monter sur la terrasse de l’auberge, de vous s’asseoir parmi les plantes potagères et de contempler les étoiles. N’hésitez pas non plus à prendre des photos et à les publier sur les réseaux sociaux pour partager votre expérience de la vie rurale avec vos amis restés en ville. La société se développe tellement vite de nos jours ! Il serait dommage de passer à côté de ce havre de paix.

 

 *WEI YAO est photographe pour Beijing Review.

 

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