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À la découverte des secrets profonds de Ciqikou
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L'entrée du bourg antique. |
Près de Chongqing, le bourg ancien de Ciqikou attire les tou-ristes en foule compacte. Sous les pas des visiteurs et derrière les boutiques des marchands de babioles, le vieux bourg persiste et dévoile ses souvenirs.
WANG WENJIE, membre de la rédaction
C'est dans la matinée que je me promène dans le bourg antique de Ciqikou, avant que n'arrive le gros des touristes. Les maisons sont construites au gré des anfractuosités de la montagne, fermées de briques grises, avec des toitures en tuiles noires. Les portes et les fenêtres sont sculptées et, marchant sur les dalles un peu humides de la chaussée, je ne peux m'empêcher de m'émerveiller de ce luxe paisible.
Le bourg ancien de Ciqikou se situe dans l'arrondissement Shapingba de la municipalité de Chongqing, à environ 17 km du Monument de la Libération (arrondissement Yuzhong) qui marque le centre de la ville. Par le métro, on peut descendre à la station de Ciqikou sur la ligne 1, puis marcher une dizaine de minutes pour rejoindre le site. Celui-ci est si facilement accessible que les visiteurs se succèdent sans interruption, et l'animation ne s'arrête jamais dans cette ville. Pas besoin de demander son chemin à la sortie du métro : il suffit de suivre le mouvement de la foule.
C'est derrière le vacarme touristique que se cache son visage réel. C'est dans les profondeurs des ruelles ombragées que se cachent les rares habitants du site. C'est ce que j'ai découvert à Ciqikou. Je suis contente d'être passée outre le barrage des vendeurs de camelote à l'entrée du bourg, de n'avoir pas tourné les talons, sinon j'aurais perdu cette occasion unique de trouver le charme antique et la paix intérieure de cet endroit.
Musée naturel d'architecture
Ciqikou s'est formé en suivant les ondulations des collines. La cité, la montagne et le cours d'eau forment une image pittoresque et harmonieuse, chaque élément relevant la brillance des autres. Porte du nord de l'ancien Chongqing, Ciqikou était un port de commerce fluvial important au bord de la rivière Jialing. Il a été construit à l'époque de Xianping (998-1003), sous le règne de l'empereur Zhenzong de la dynastie des Song (960-1279). Son nom original est Baiyanchang (littéralement « champ de roche blanche »), choisi en raison d'une montagne locale nommé Baiyan.
Selon la légende, le deuxième empereur de la dynastie des Ming (1368-1644) Zhu Yunwen s'est enfui du palais impérial après que son oncle Zhu Di avait usurpé le trône, se rasant la tête pour devenir moine. En séjour à Chongqing, il se cacha pendant plusieurs années dans le monastère de Baolun, sur la montagne de Baiyan. L'histoire de l'empereur détrôné a fini par parvenir aux oreilles des habitants locaux, et le refuge fut rebaptisé monastère de Longyin (« monastère où se cache un dragon »). Baiyanchang fut également rebaptisé bourg de Longyin. C'est au début de la dynastie des Qing (1644-1911) que Longyin a à nouveau changé son nom en Ciqikou (瓷器口), en hommage à la production et au commerce de porcelaines devenus très importants. Plus tard, le nom a pris sa forme finale Ciqikou (磁器口), la même prononciation mais avec un premier caractère différent.
Ciqikou est l'un des bourgs antiques les plus proches d'une grande ville. Dès que l'on aperçoit un grand portique, c'est que nous sommes déjà tout près du centre de Ciqikou.
Les bâtiments du quartier sont des maisons et des boutiques construites essentiellement à la fin de la dynastie des Qing ou plus tard, pendant la République de Chine (1912-1949). Bien que la plupart d'entre eux sont passés par une reconstruction, leur style d'origine est préservé, et ils constituent un musée des résidences de montagne de l'ancien Chongqing.
À l'entrée principale du site touristique se dresse également une porte, devant laquelle les visiteurs s'arrêtent presque tous pour prendre leur première photo du bourg antique. Suivons maintenant la ruelle étroite de Huangjiaoping, qui s'étire derrière le portique, puis rejoignons la rue principale, qui est aussi la plus longue. Pendant les fêtes et jours fériés, une foule immense de touristes se presse, emplissant les boutiques magnifiques de la rue. C'est pourquoi il faut se lever très tôt si l'on veut réellement admirer Ciqikou. D'autre part, il ne faut pas s'arrêter à la zone commerciale. C'est en escaladant les ruelles qui s'accrochent au flanc de la montagne que l'on découvre les profondeurs du bourg.
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La fenêtre bien décorée d'une boutique. (Photo par Wang Wenjie) |
Une chaussée pavée, un bourg millénaire
Chaque bourg ancien est plein d'empreintes et d'inspirations que les siècles n'effacent pas, et les accidents de l'histoire forment le charme propre à chacun. À condition d'éviter les foules et de rechercher les recoins calmes, laissant derrière soi les magasins semblables à ceux de tous les sites touristiques, afin de trouver le vrai visage de la cité.
Ciqikou n'est pas très grand. Il se divise en deux parties : la rue principale, qui forme la zone touristique, et puis des ruelles secondaires, où l'on trouve beaucoup de boutiques créatives.
À l'embranchement de la ruelle de Huangjiaoping et de la rue principale, deux directions s'offrent à nous. À gauche, une section tranquille avec des salons de thé et des galeries d'art de peintures et de calligraphies. On peut s'y asseoir et ressentir une douce oisiveté en savourant une tasse de thé. À droite, au contraire, s'ouvre une rue très animée, où la chaussée pavée m'entraîne jusqu'au bord de la rivière Jialing, sur laquelle se dresse un autre portique fin et décoloré, qui indique « Longyinmen » (porte de Longyin) côté rue, et « Ciqikou » côté rivière.
À quelques pas de là, en passant la porte de Longyin, on trouve la rue horizontale du bourg, longue de 240 m pour une largeur de 2,5 m, qui coupe la rue principale. On y voit quelques échoppes de diseurs de bonne aventure, mais surtout, une enfilade de boutiques exquises qui débordent de parfums culturels et artistiques.
J'apprécie beaucoup cette rue, à tel point que j'ai du mal à sortir d'une échoppe après avoir passé une heure à admirer les merveilles qui s'y entassent. Les bâtiments antiques auxquels sont suspendus des chapelets de lanternes rouges, la nourriture de rue, les colporteurs à palanche, le cordonnier qui attend avec patience les clients, les cartes postales éclatantes, les dessins humoristiques intéressants… Vraiment un lieu magique propre à exciter l'imagination, à faire rêver les photographes amateurs aussi bien que les wenyiqingnian (jeunes amateurs de culture et d'art). L'autre élément très appréciable, c'est que les boutiquiers s'occupent généralement d'aligner des bibelots dans leur boutique ou de s'adonner à la création artistique, laissant tranquilles les visiteurs.
On dirait que le temps s'écoule plus vite dans l'ancienne cité. Avant que j'aie pu m'en apercevoir, voilà que déjà la matinée se termine, ma plage de liberté s'achève, et une grande quantité de touristes est venue s'ajouter à ceux qui visitaient déjà le site. Il me faut cesser mon va-et-vient entre les boutiques et commencer, entraîné par la foule, la visite des curiosités culturelles.
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La rue horizontale du bourg. (Photo par Wang Wenjie) |
Un livre ancien au bord de la rivière Jialing
Les principaux centres d'intérêt de Ciqikou sont la maison de la famille Zhong, le jardin de Hanlinyuan (académie impériale), le monastère de Baolun et le temple de Wenchang. La maison de la famille Zhong est située tout près du portique à l'entrée du bourg. Elle rassemble deux styles différents de siheyuan (maison à cour carrée) et crée une harmonie entre les particularités du jardin impérial du nord et celles des bâtiments résidentiels du sud. Si cette maison possède un tel apparat, c'est parce que son premier propriétaire, Zhong Yunting, était l'un des gestionnaires de l'impératrice douairière Cixi (1835-1908).
Le jardin de Hanlinyuan, qui abrite aujourd'hui le salon de thé de Hanlin, était à l'origine une petite école privée créée par la famille Sun vers la fin de la dynastie des Qing. Parmi ses anciens élèves, on compte trois juren (qui ont passé le deuxième degré des examens impériaux) ainsi que deux jinshi (qui ont passé le troisième et dernier degré, le plus difficile, des examens impériaux). Tous ces derniers sont entrés à l'Académie impériale. On peut dire que ce lieu était autrefois une sorte de « Mecque intellectuelle ».
Le monastère de Baolun (ou de Long-yin) est situé dans la rue horizontale. On y entend des tambours le matin et des cloches le soir : il ne souffre jamais de manque de pèlerinages ni d'animation. En gravissant l'escalier de pierre depuis l'entrée du monastère, on arrive au palais du Roi céleste, d'où l'on embrasse une perspective à vol d'oiseau sur l'ensemble du bourg antique. Juste à côté se trouve la Tour de la collection des livres boud-dhistes, du haut de laquelle on a une vue plongeante sur le monastère. C'est dans l'autre moitié du monastère que se situe le palais principal, dont l'histoire remonte à plus de 600 ans. Sa dernière restauration date de la dynastie des Ming (1368-1644), et on dit que cet imposant bâtiment de bois ne comporte aucun clou métallique.
Le temple de Wenchuang construit dans la dynastie des Ming se trouve sur la montagne de Jinbi, l'une des trois montagnes de Ciqikou (les deux autres sont celles de Ma'an et de Fenghuang). On l'aperçoit de loin, depuis les bateaux passant sur la rivière de Jialing. À l'intérieur du temple trône la statue de Wenchang Dijun (dieu respecté des hommes de lettres du fait de son métier qui apporte la sagesse à l'humanité).
Quant à la gastronomie de Ciqikou, on peut y découvrir beaucoup de spécialités, comme les nouilles de riz aigre-piquant, la gelée à l'ambre, le gâteau de riz glutineux et les abats de poulet aux piments marinés. Pour les amateurs d'exotisme, on peut tenter le maoxuewang (un plat confectionné au sang de canard), ou les feuilles de tofu sautées et les cacahuètes salées aux épices, que l'on appelle les « trois trésors du vieux bourg ». Ce qui attire les clients les plus nombreux, au point qu'on y fait la queue comme chez Ladurée, ce sont les mahua (bâtons de pâte torsadés) de Chen Changyin, surnommée Chen mahua. Presque tous les touristes achètent un sac ou plus de ces pâtisseries célèbres.
Une demi-journée ne suffit pas à découvrir tous les charmes de Ciqikou. évidemment, l'omniprésence des vendeurs de souvenirs et le piétinement des touristes finissent par peser un peu, mais ce n'est là que la surface des choses. L'aspect intérieur de la cité est comme un gros livre ancien posé au bord de la rivière, livre qui mérite d'être lu et savouré avec patience.
Très prospère dans sa période de port fluvial, très fréquenté à nouveau en tant que site touristique, Ciqikou est considéré comme une sorte de Chongqing miniature, mais qui aurait gardé son style antique et son paysage de collines, ainsi que la simplicité et l'honnêteté de ses habitants. Quel sera son développement futur ? Comment racontera-t-on les histoires locales ? Les ruelles profondes resteront-elles aussi tranquilles ? Ce sont les questions qui se bousculent dans ma tête alors que je quitte le bourg, et déjà l'envie me tenaille de revenir le visiter une fois de plus.
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