CHINAHOY

1-July-2014

Dynasty, né d'une coopération sino-française

 

Une bouteille de vin rouge Dynasty. (PHOTO PAR YU JIE)

 

LI YUAN, membre de la rédaction

La France est souvent considérée comme le pays des vins par excellence. Toutefois, la culture du vin s'étend progressivement à la Chine, notamment sous l'influence de Dynasty. Visitons son château à Tianjin !

Le 17 octobre 1980, banlieue de Tianjin. Des arômes envoûtants s'élèvent dans la petite fabrique vinicole Dynasty de 518 m². C'est le bouquet de la toute première cuvée Dynasty. Les employés qui la produisent ne le savent pas encore, mais ils sont en train d'ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire chinoise de l'industrie vinicole, tirant un trait sur la technique de coupage.

De nos jours, en entrant dans l'édifice de Dynasty Winery Ltd, on remarque surtout les innombrables drapeaux tricolores, rappelant les liens étroits que cette entreprise possède avec la France. En effet, cette coentreprise, aujourd'hui la deuxième plus importante en Chine et la première à Tianjin, a été fondée en 1980 en association avec le groupe français Rémy Martin, producteur de cognac de renommée mondiale.

Il y a 34 ans, dans cette fabrique vinicole de Tianjin, le directeur Xu Wenheng a levé son verre de Rémy Martin à la santé du PDG français André Hériard Dubreuil : la coopération entre les deux parties a officiellement commencé. 34 ans plus tard, même endroit, cette fois-ci c'est le fils d'André, François Hériard Dubreuil, actuel président du groupe Rémy Cointreau, qui a porté un toast au responsable de Dynasty, en vue d'approfondir sa coopération avec ce dernier.

Première poignée de main

Vétéran dans l'industrie des spiritueux, Rémy Martin possède non seulement une longue histoire, mais aussi une fine connaissance du marché.

En 1978, la 3e session plénière du XIe Comité central du PCC a propulsé la Chine dans une économie de marché. Rémy Martin a pleinement pris conscience que la Chine, s'engageant dans cette politique de réforme et d'ouverture, représenterait un marché potentiel considérable et s'est alors mis en quête d'un partenaire approprié. Soucieux d'installer une usine près de cultures viticoles, Rémy Martin est finalement parvenu à une coopération avec le Bureau de défrichement agricole de Tianjin, en possession de 3 000 m² de vignes.

Un premier dialogue avec l'Occident pour l'industrie chinoise du vin, longtemps restée repliée sur elle-même. Poussés par un désir de coopération et un esprit audacieux, le Bureau de défrichement agricole de Tianjin et Rémy Martin ont tenu une série de consultations et ont finalement conclu un accord de coentreprise : le Bureau de défrichement agricole de Tianjin céderait une vieille usine d'une valeur de 800 000 yuans et détiendrait 62 % des parts ; Rémy Martin mettrait lui 500 000 yuans sur la table, pour acquérir 38 % des parts.

À l'amorce de la collaboration, Rémy Martin a fourni à Dynasty des équipements modernes, lui a enseigné de nouveaux procédés et l'a mis aux normes vinicoles internationales. La partie française a encore envoyé des vignerons expérimentés et du personnel technique.

Le premier vigneron en charge de la coentreprise sino-française Dynasty, qui se prénommait Peter, a raconté : « J'avais été recruté par Rémy Martin pour développer la joint-venture à Tianjin. Je venais tout juste d'obtenir mon diplôme de vigneron à l'époque. J'étais donc tout excité par cette première mission : partir à l'étranger, commencer de zéro, produire son vin... »

Après avoir étudié le marché et négocié avec la partie chinoise, Peter a décidé de produire en premier lieu du vin blanc, se disant que cette catégorie de vin serait plus conforme que les autres aux goûts des consommateurs chinois.

Bien que la Chine ait commencé à planter des vignes il y a plus de six millénaires et à produire divers vins il y a plus de deux, ce n'est qu'à la fin du XIXe et au début du XXe siècle qu'est apparue l'industrie vinicole moderne. Les alcools traditionnels en Chine demeurent le baijiu (« alcool blanc ») et le huangjiu (« vin jaune »). Toutefois, les Chinois considèrent le vin comme un alcool plus doux.

Avant de prétendre au marché international, le vin chinois avait besoin d'être fabriqué à base de raisins de haute qualité. Après que Peter et des techniciens français sont venus inspecter l'ensemble des cépages de Tianjin et juger du niveau de la viticulture, ils ont pris la résolution de tabler sur le muscat.

« À l'époque, ce parfum de muscat emplissait tout l'atelier. Un œnologue venu goûter notre vin s'était exclamé : "Une nouvelle ère du vin vient de s'ouvrir !" », narre Wang Shusheng, directeur adjoint de Dynasty, qui se remémore ces souvenirs non sans fierté.

Dès l'année de son établissement, Dynasty a sorti son premier cru : le blanc demi-sec Dynasty, un vin 100 % jus de raisins fermenté. Alliant subtilement saveurs européennes et caractère chinois, ce vin a remporté cinq ans d'affilée une médaille d'or au Concours mondial de Bruxelles. Il s'est également vu décerner le « Trophée de la haute qualité internationale », l'unique vin chinois à avoir eu cet honneur. À ce jour, après 34 années de prospérité, Dynasty écoule annuellement 60 millions de bouteilles.

Au fur et à mesure de son développement, Dynasty n'a cessé d'étendre ses vignobles, en Chine comme à l'étranger. À l'heure actuelle, Dynasty dispose de plus de 40 000 mu (1 mu = 1/15 ha) de vignes, réparties au Xinjiang, au Ningxia, au Shandong et en périphérie de Tianjin. D'autre part, Dynasty a fait l'acquisition d'une vaste usine en Australie et se prépare à acheter en France trois grandes exploitations à l'origine de prestigieuses cuvées.

Ainsi, la petite fabrique vinicole Dynasty qui employait 17 travailleurs est devenue l'un des premiers producteurs de vins naturels en Asie ; son capital initial établi à 1,37 million de yuans a bien grossi, atteignant désormais 3,007 milliards. Aujourd'hui, les vins Dynasty sont exportés vers plus de vingt pays et régions, et sont servis dans 231 représentations diplomatiques chinoises à l'étranger. Dynasty fournit également le Grand Palais du Peuple lors des banquets officiels.

L'ancien PDG André Hériard Dubreuil avait déclaré un jour, la voix remplie d'émotions : « J'ai collaboré avec de nombreuses entreprises, dans le monde entier. Et jusqu'ici, parmi mes projets d'investissement, Dynasty est celui qui a connu le plus franc succès. »

 

Vue nocturne du château de Dynasty. (PHOTO FOURNIE PAR DYNASTY)

 

Innover par ses propres forces

« Dynasty garde des origines françaises, mais a grandi sur le sol chinois. Différentes étapes de croissance se sont succédé : introduction, assimilation, innovation des techniques. À travers une constante innovation, Dynasty cherche à renforcer par lui-même son image de marque », explique Wang Shusheng.

À Tianjin, la société Dynasty prend des allures de petit village. Sur l'avenue Bourgogne, un bâtiment blanc passe légèrement inaperçu. Il s'agit d'un centre de R&D. Autrefois petit laboratoire, aujourd'hui centre technologique national de plus de 9 000 m², c'est là que naissent nouvelles techniques, nouveaux équipements, nouvelles productions. À plusieurs reprises, Dynasty a été récompensé au Prix national des progrès en sciences et technologies pour ses inventions.

Wang Shusheng a fait savoir qu'en vue de se montrer compétitif sur le plan international, Dynasty est toujours le premier en Chine à importer des équipements avancés. La société a réalisé successivement une ligne de production Siemens, des ateliers de 10 000 et 20 000 tonnes, une nouvelle usine d'embouteillage. N'oublions pas dans la liste la centaine de caves où sont empilés des tonneaux de fermentation d'une capacité de 400 tonnes. Dynasty a encore introduit des technologies et méthodes avancées, comme des chromatographes en phase gazeuse et des fûts de chêne de qualité française. Tous ces dispositifs de pointe ont non seulement permis de raccourcir les cycles de production des vins Dynasty, mais aussi de hausser la qualité de ces derniers.

Dynasty a par ailleurs activement soutenu l'expertise de la production, encourageant la recherche et l'innovation dans les domaines de la culture des vignes, de la transformation en vin et de la conservation de l'alcool. Parmi ses réalisations, beaucoup sont en pôle position en Chine et dans le peloton de tête mondial, le fabricant chinois tirant ainsi vers le haut toute l'industrie. Cette dernière décennie, Dynasty a déboursé 500 millions de yuans dans la R&D et lancé 168 nouveaux produits sur le marché, lesquels ont généré 1,7035 milliard de valeur de production, soit 35 % de son chiffre d'affaires total.

Michel Rolland, œnologue français hautement réputé à travers le globe, a visité le domaine Dynasty. Après dégustation, il a exprimé sincèrement : « Trente ans plus tôt, je n'aurais jamais imaginé l'Asie capable de fabriquer du bon vin. Aujourd'hui, je suis en Chine, en train de goûter du vin Dynasty de calibre mondial ! »

Ces dernières années, Dynasty a signé des accords de coopération stratégique avec des entreprises de renom : l'italien Bertolaso, premier fabricant de matériel vinicole au monde ; la tonnellerie française Seguin Moreau, leader mondial dans la fabrication de fûts de chêne ; la plus importante usine d'embouteillage de vins et bières de la planète ; le français Grands Chais de France, principal distributeur de vins en Europe ; l'allemand Metro, détaillant numéro 1 en Europe et numéro 3 dans le monde. Des équipements de première classe mondiale aux techniques les plus avant-gardistes, en passant par des alliances stratégiques systématiques : une démarche qui ne peut mener qu'au succès !

Diffuser la culture du vin

« Nous ne présentons aux consommateurs que des bonnes cuvées, pour diffuser la culture du vin, plus répandue à l'étranger. Nous sommes en cela à l'affût des nouvelles tendances du marché. Cela fait partie des responsabilités de l'entreprise vis-à-vis du peuple », indique Wang Shusheng.

Chaque route dans le domaine Dynasty a été nommée d'après un vignoble français : avenue Bordeaux, avenue Bourgogne, avenue Champagne...

Côté sud de l'entreprise se dressent un ensemble de constructions féeriques, bâties dans le style classique des châteaux français. Dynasty a investi 200 millions de yuans dans l'édification du plus imposant château viticole d'Asie.

À l'intérieur, se trouvent un musée du vin, une vaste cave souterraine, des espaces dégustation, un couloir exposant les différents types de raisins... Cette vitrine présente aux visiteurs l'histoire et le développement de Dynasty, le processus de vinification et les meilleurs vins de toute la planète. En outre, y sont collectées des pièces de valeur, comme le fauteuil de Joséphine de Beauharnais (première épouse de l'empereur Napoléon Ier) ou encore une bouteille de cognac issue de la série exclusive Louis XIII Black Pearl. Des trésors vecteurs de la culture du vin d'après Dynasty. Pour les plus amateurs, Dynasty a établi un couloir visant à détailler la culture du vin dans le monde, et notamment en Chine. Chaque année, ce château attire des dizaines de milliers de visiteurs.

Notons que face à la rude concurrence sur le marché national, Dynasty préfère miser sur son image de marque et la diffusion de la culture du vin, plutôt que de se lancer dans une « guerre des prix ». Il s'appuie en outre sur la créativité pour satisfaire la demande des consommateurs.

En juin 2014, dans le cadre des activités pour célébrer le cinquantenaire des relations diplomatiques sino-françaises, ont été exposées au Musée de Tianjin les œuvres d'art de Deanna Gao, peintre chinoise résidant en France et présidente de l'Association culturelle franco-chinoise. Avec l'appui de l'ambassade de France en Chine, Deanna Gao avait consenti à dessiner des chats sur les étiquettes d'une édition limitée de vieux merlots « spéciale cinquantenaire ». Un moyen d'étendre la civilisation du vin via la culture.

 

La Chine au présent

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