CHINAHOY

30-October-2015

Les beaux paysages du Xinjiang


 

Les paysages paradisiaques du lac Tianchi.

 

LI HE*

En 2014, l'air d'Urumqi a été qualifié d'excellent 310 jours de l'année, soit 85 % du temps. C'est remarqable pour une grande ville chinoise. Surtout si l'on considère qu'en 2001, Urumqi se classait parmi les dix villes les plus polluées du pays...

« Maintenant que la qualité de l'air est quotidiennement surveillée, nous pouvons enfin voir le ciel bleu parsemé de nuages blancs au-dessus de nos têtes. Et les enfants peuvent jouer dans la neige sans risque pour leur santé », commente Zhu Hailun, secrétaire du Comité du Parti pour la ville d'Urumqi.

Et outre la qualité de l'air, des résultats engourageants ont été obtenus au Xinjiang ces dernières années en matière de traitement des eaux et de lutte contre la désertification.

Urumqi et sa transition écologique

Urumqi signifie en langue ouïghoure « beaux pâturages ». Toutefois, du fait du rapide développement économique, la généralisation du chauffage au charbon pour résister au froid qui persiste six mois de l'année, a entraîné une forte pollution de l'air environnant. Peut-on encore parler de « beaux pâturages » quand l'air est irrespirable ? Cependant, en 2014, la situation a complètement changé avec l'adoption du chauffage au gaz dans la ville.

Bien sûr, le charbon reste beaucoup moins cher que le gaz. Mais Zhu Hailun insiste : « Il est crucial de réduire la pollution atmosphérique. » Le gouvernement local s'était donné pour objectif de convertir au gaz toutes les chaudières dans la ville en l'espace d'une année. Pari tenu !

Selon les statistiques gouvernementales, dans toute la ville d'Urumqi, environ 17 000 chaudières au charbon ont été démantelées ou converties au gaz, tandis que 710 nouvelles chaudières de débit 11 800 t/h (de vapeur) ont été installées. Dorénavant, tout le centre-ville se chauffe grâce à cette énergie propre. À la fin 2013, la centrale thermique Weihuliang, première centrale du Xinjiang bâtie soixante ans plus tôt, a officiellement été fermée. Quatre autres grandes centrales thermiques du Xinjiang qui fonctionnaient au charbon sont passées au gaz. Urumqi est aujourd'hui la ville chinoise tablant le plus sur le gaz naturel comme source énergétique.

Urumqi a encore adopté d'autres mesures importantes pour limiter la pollution : resserrer la surveillance des rejets polluants émis par les grandes entreprises industrielles ; interdire à la circulation les véhicules les plus polluants (identifiés par une pastille jaune en Chine) ; et imposer des règles plus strictes à toutes les entreprises industrielles en matière de protection de l'environnement.

Qiu Jinsong, vice-directeur du Bureau pour la protection de l'environnement d'Urumqi, a précisé que depuis le Symposium national sur le travail au Xinjiang en 2010, Urumqi a hissé la protection de l'air au rang de priorité pour le bien-être social. Grâce à une meilleure réglementation, Urumqi a caracolé trois ans d'affilée en tête des villes xinjiangaises ayant le plus réduit le rejet des principaux polluants. Par ailleurs, elle a déjà atteint les objectifs de réduction des émissions définis dans le XIIe Plan quinquennal de développement économique et social pour trois des quatre principaux polluants.

Ville phare au Xinjiang en matière de qualité de l'air, Urumqi fait aujourd'hui des émules. Maintenant, chaque lieu de la région autonome exploite davantage les énergies propres, de même qu'il subventionne la construction de villes, zones et entreprises à faible empreinte carbone.

Kanas et ses eaux limpides

Le lac de Kanas, situé dans la région Altay du Xinjiang, est célèbre pour son eau aux magnifiques reflets, avec les montagnes verdoyantes en périphérie, sans oublier le monstre mystérieux qu'elle abriterait. Mais les touristes qui y affluent dégradent sérieusement ce lieu pittoresque.

Afin de protéger les beaux paysages de Kanas, le gouvernement local d'Altay a pris la décision de déménager une partie des hôtels à Jiadengyu, à 30 km du lac, afin de séparer site naturel et aire d'accueil touristique.

Selon le personnel du site Guanyutai (« plate-forme pour regarder les poissons »), un village était autrefois aménagé en face, sur l'autre rive du lac. Chacun des foyers faisait chambre d'hôtes, et leurs affaires étaient prospères. Mais le volume des eaux usées domestiques s'est peu à peu accru. Par mesure de précaution, le gouvernement a donné l'ordre de déplacer ce village. Il a été réinstallé du côté de Guanyutai, mais à distance du lac pour éviter de le polluer.

Le site Hemu de la zone touristique de Kanas a également mis en place un nouveau plan d'urbanisme, déménageant le bureau gouvernemental ainsi que les installations touristiques d'1,5 km. En outre, des stations d'épuration ont été construites ; des mesures ont été prises pour traiter sans danger les déchets présents sur le site, l'utilisation des énergies propres, comme l'éolien et le solaire, est vivement encouragée.

Le Xinjiang étant relativement pauvre en ressources hydriques, conserver l'eau est à présent l'objet principal du travail de protection de l'environnement de la région. Le lac de Bosten, le plus vaste du Xinjiang, est l'un des huit lacs pilotes nationaux en la matière. Depuis 2012, les lacs de Kanas, Ulungur et Sayram ont aussi ce statut de lacs pilotes à l'échelle de la région autonome du Xinjiang.

La qualité de l'eau s'améliore : elle a été qualifiée d' « excellente » dans 94 % des principales rivières, contre 88 % en 2009. Dans les lacs et réservoirs, ce chiffre est passé de 43 % en 2009 à 68 % actuellement, un chiffre bien supérieur à celui des autres régions du pays.

Aksu et sa victoire face à la désertfication

Sur la route allant de la ferme Hongqipo vers le centre ville d'Aksu, s'étendent un peu partout des vergers de pommiers, de jujubiers et de noyers. Impossible d'imaginer que ce lieu était un désert 20 ans plus tôt...

Aksu se trouve à l'extrémité nord du désert du Taklamakan et était jadis un endroit dépourvu de verdure et de vie. Son milieu écologique était particulièrement fragile, en proie à la stérilité, à l'érosion, à la salinisation et à la désertification des sols. Dans les années 1980, des nuages de poussière enveloppaient la région plus de 100 jours par an. Et au printemps, des tempêtes de sable y déferlaient. En 1986, le gouvernement local a décidé de prendre des mesures contre la désertification : il a lancé le projet de reboisement Kokyer pour contrer le vent et l'avancée des sables. Dès lors s'ouvrait un duel de longue haleine opposant l'homme et la nature...

Bao Wei, employé au poste de gestion de la protection environnementale du projet Kokyer, a présenté : « Planter des arbustes, c'est une chose, mais il faut les arroser. Donc les travailleurs ont d'abord dû creuser des fossés pour acheminer l'eau depuis la montagne Tianshan. Irriguer 100 mu (1 mu = 1/15 d'hectare) de terres demandait 15 jours de travaux, dans les conditions les plus pénibles. »

En 33 phases, ce projet de verdissement a permis de planter 13 millions d'arbres de variétés diverses sur une superficie de 208 000 mu. Un miracle contre la désertification : cette nouvelle forêt s'étirant entre Aksu et Wensu est telle une « Grande Muraille verte » de 25 km de long et de 4 km de large. Le désert d'autrefois est ainsi devenu une ville agrémentée d'arbres et un modèle en termes de protection environnementale. Kokyer a même été listée parmi les 500 plus beaux endroits du monde par les Nations unies.

En 2013, le projet de reboisement Kokyer a également permis d'atteindre une production annuelle de 200 000 tonnes de fruits, créant 6 000 emplois et rapportant un revenu total de 2,154 milliards de yuans aux habitants locaux.

Actuellement, la 5e phase du projet Kokyer est à l'œuvre. D'ici 2020, 250 000 mu supplémentaires seront plantés d'arbres. Une forêt de 500 000 mu traversera sur 200 km toute la région d'Aksu, élevant son taux de couverture forestière à 6,5 %.

Nouveau printemps à Altay

Selon les données de surveillance, Altay a connu 362 jours sans pollution l'année 2014, soit 99 % du temps, et l'air a été qualifié d'excellent 267 jours. Au Xinjiang, il s'agit de la ville où l'air est le plus pur. Si Altay a réalisé une si belle performance, c'est essentiellement parce que cette ville a promu ces dernières années le concept de protection de l'environnement.

Altay est enserrée entre les montagnes Jiangjunshan et Luotuofeng. Dans les années 1950 et 1960, les habitants abattaient des arbres pour se chauffer l'hiver ou encore faire la cuisine. Bientôt, les flancs des deux monts se sont retrouvés nus.

Pour protéger l'écosystème et faire revivre cette zone, le gouvernement local a récemment multiplié les efforts pour le reboisement des deux montagnes ainsi que de la région alentour. Li Zhixing, directeur du Bureau pour le logement et le développement urbain et rural d'Altay, a indiqué : « Les précipitations à Altay sont estimées à 200 mm par an, neige comprise en hiver. Alors que, chaque année, 1 900 mm d'eau s'évaporent dans la région. Il est donc difficile de planter des arbres sur les coteaux. Dès lors, nous avons pris plusieurs mesures : promotion du traitement des eaux usées, construction d'un réservoir, collecte de l'eau l'hiver pour arroser les plantes sur la montagne l'été.

De nos jours, Jiangjunshan est entièrement recouverte d'arbustes, autour desquels serpentent des tuyaux en caoutchouc qui acheminent l'eau destinée aux jeunes plants.

Pour l'heure, 1,4 million d'arbres ont été plantés, faisant reverdir 13 000 mu de la montagne. Nous interrogeons Ma Liming, un habitant s'accordant une pause dans un pavillon perché à flanc. Il affirme : « Comme Altay est entouré de montagnes, il n'y a pas beaucoup de vent. Mais avec la végétation ravagée, de la poussière volait dans la ville. Au fil du reboisement, la qualité de l'air s'est nettement améliorée. D'ailleurs, chez moi, je n'ai plus besoin de passer la serpillière aussi régulièrement qu'avant. »

Selon les statistiques, grâce à la mise en œuvre d'un projet de protection des forêts naturelles, le taux de couverture forestière a progressé dans la région autonome. Aujourd'hui, les zones naturelles protégées y occupent 12,87 % des terres du Xinjiang, un taux qui place celui-ci au 4e rang à l'échelle du pays.

Korla et son potentiel touristique

Par rapport à Aksu, Korla a eu la chance de ne jamais avoir été menacée par la désertification. Surnommée « la perle derrière la Grande Muraille » ou encore « pays de la poire », la ville est traversée par le Tarim, la plus longue rivière endoréique de Chine. Y coule encore la rivière Kongquehe, considérée comme la « source nourricière » de Korla. Abondantes ressources en eau et bon ensoleillement sont la recette parfaite pour la culture des fruits. À Korla, ce sont les poires qui abondent. Les poires de Korla sont connues aux quatre coins de la Chine.

On peut donc dire que Korla jouit d'atouts indéniables assez rares dans l'Ouest de la Chine. Grâce à ses ressources naturelles, elle a pu se développer suivant un modèle écologique.

En marchant dans la ville, vous verrez une fontaine plantée au milieu de la rivière, des habitants faire du sport le long de la rive... Face à ces scènes, difficile de croire que le désert n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres. Korla a su tirer profit des trois rivières que sont Kongquehe, Dujuanhe et Bailuhe : c'est grâce à elles que la ville a aménagé des espaces verts, a dressé son plan d'urbanisme délimitant zones résidentielles, zones commerciales et zone de loisirs, et a construit un ensemble de sites culturels.

Citons par exemple la rivière Tian'ehe, s'étirant sur 5 km, dont les rives ont été réaménagées en juillet 2013. Les vieux baraquements agglutinés sur 2,5 millions de m² ont été remplacés par des espaces verts publics. Depuis, des oiseaux sauvages y ont élu domicile, dont des cygnes, des cormorans ainsi que des canards colverts et mandarins. Et aujourd'hui, ce lieu classé site national AAAA attire également une foule de touristes.

 

*LI HE est jounaliste du quotidien chinois Science and Technology Daily.

 

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