CHINAHOY

26-September-2013

Les derniers maîtres de la xylogravure de Mianzhu

 
Li Fangfu, héritier de la xylogravure de Mianzhu

 

LI YUAN, membre de la rédaction

Certains affirment que ce sont les dieux du portail d’entrée qui ont sauvé Li Fangfu et son atelier à Mianzhu, dans la province du Sichuan, lors du séisme dévastateur de Wenchuan en 2008. Dernier représentant encore en vie de la vénérable lignée artisanale de xylogravure de Mianzhu, Li Fangfu, 83 ans, et ses associés, ont honoré cette déité de la vie de tous les jours pendant des décennies à travers la production d’estampes sur bois dans leur atelier.

Chen Xingcai, officiellement le seul héritier avec Li Fangfu de l’art de la xylogravure de Mianzhu à l’échelon national, étant décédé l’année passée, Li est désormais le dernier détenteur du titre et le seul à maîtriser encore cette technique.

Li est né en 1930 à Gongxing, une petite bourgade du district de Mianzhu. À l’âge de douze ans il devint l’apprenti de maître Huang Anfu de l’école de xylographie du Nord. Des décennies de dévouement à sa tâche ont permis à Li de maîtriser à la perfection les techniques sophistiquées d’impression quadrichromiques de l’école et l’ont amené à développer son propre style. Des groupes d’acheteurs spécialisés dans cet art populaire, chinois comme étrangers, se succèdent tous les ans pour venir voir Li dans son atelier de dix mètres carrés situé dans une ruelle très quelconque, et passer commande.

Li a reçu en 2006 une reconnaissance officielle pour l’ensemble de ses réalisations et pour ses contributions aux gravures du Nouvel An, quand il a été parmi les premiers à bénéficier du titre d’héritier du patrimoine culturel immatériel de Chine.

Les gravures sur bois incluses au patrimoine culturel immatériel

Les gravures sur bois de Mianzhu ont connu leur première vogue sous la dynastie des Song (960-1279), alors que l’imprimerie chinoise était en plein essor. Elles représentent l’une des quatre écoles majeures de gravures du Nouvel An chinois traditionnelles, les trois autres étant celles de Yangliuqing à Tianjin, Yangjiabu à Weifang dans le Shandong et Taohuawu à Suzhou dans le Jiangsu. Toutes les quatre ont été incluses dans le premier lot inscrit au patrimoine culturel immatériel national.

Autrefois, le papier constituait la première industrie à Mianzhu. Les ateliers qui bordaient la petite rivière qui traverse la bourgade produisaient un papier fin qui bénéficiait d’une grande réputation dans la région. Ils ont posé les bases du succès futur du commerce des gravures de Mianzhu.

Tout comme la coutume occidentale de suspendre une couronne de houx au dessus de la porte d’entrée à la Noël, la tradition chinoise de décorer les maisons d’estampes du Nouvel An à la fête du Printemps, où au début de l’année lunaire, remonte à plusieurs siècles en arrière. Les femmes de la maisonnée décorent les portes, les fenêtes, les vestibules, les chambres intérieures, les cuisinières, et même les jarres à eau, avec des gravures colorées et de bonne augure pour annoncer la venue du printemps.

La demande pour les gravures du Nouvel An chinois a fluctué avec le temps, a repris et s’est transformée, mais celles-ci sont vues depuis longtemps comme une partie essentielle de l’art populaire chinois.

À côté de l’opéra du Sichuan et de la cuisine, les gravures de Mianzhu, avec leurs accumulations d’images populaires de Nouvel An au style typiquement sichuanais, sont indéniablement un des principaux aspects de la culture Bashu. Chacune part d’une ébauche qui est ensuite dessinée, précisée, imprimée et peinte. C’est le procédé de coloriage qui distingue les gravures de Mianzhu, car chacune d’entre elles est peinte individuellement à la main. On peut donc sans conteste affirmer que chaque estampe de Mianzhu est une pièce unique.

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