CHINAHOY

28-November-2013

Baoding : de la porte de la capitale vers le jardin de Beijing

 

Le mont Baishi.

 

Baoding, dans le Hebei, littéralement « la protection de la capitale » ou « la sécurité de l'état », est vue comme la porte sud de la capitale grâce à sa position militaire importante. La ville, située dans la partie nord de la Chine, au pied des montagnes Taihang, sert de protection à la capitale. C'est un endroit plein de légendes militaires : dans l'antiquité, Huangdi et Chiyou se battirent dans le nord de Baoding ; Jing Ke (époque des Printemps et Automnes), qui a inspiré tant d'hommes locaux courageux et généreux, était originaire de Baoding ; les cinq soldats qui sautèrent d'une falaise du mont Langya après avoir été à court de munitions, écrivant une histoire dramatique ; la « guérilla des tunnels souterrains » qui marqua un chapitre grandiose de l'histoire militaire chinoise ; la mélodie jouée, au son du cor, par Gao Jianli ; le bataillon Yanling...

Baoding est non seulement la ville natale des empereurs Yao, Liu Bei et Taizu de la dynastie des Song, mais est également le lieu où se trouvent les mausolées de quatre empereurs des Qing : Yongzheng, Jiaqing, Daoguang et Guangxu. Cette ville est également réputée pour sa brillante littérature : elle comptait une école de niveau préfectoral sous la dynastie des Song, une école gouvernementale sous la dynastie des Ming, ainsi que l'école Lianchi sous la dynastie des Qing. Y ont étudié Zu Chongzhi, qui fit le calcul de Pi, Li Daoyuan, qui écrivit le Commentaire sur le Livre des Eaux, Guan Hanqing, qui écrivit Dou E, victime d'une injustice, et Wang Shifu (Le Pavillon de l'Ouest.)

Baoding fut créée sous la dynastie des Han. Elle est devenue préfecture sous la dynastie des Tang, ville au statut de préfecture sous la dynastie des Yuan et ville au rang de province sous la dynastie des Ming. En 1669, Baoding remplaça Zhengding en tant que capitale de la province du Zhili (aujourd'hui le Hebei) et sert de centre politique, militaire et culturel de la province depuis plus de 300 ans.

Grâce à sa longue histoire, Baoding fait partie de la liste des villes historiques et culturelles et de celle des villes touristiques de Chine. On y compte aujourd'hui 47 sites historiques et culturels classés au niveau national, 3 500 sites historiques et culturels, 3 parcs géologiques, un site touristique et 5 parcs forestiers, tous classés au niveau national...

Une résidence du gouverneur, symbole de l'histoire des Qing

Dans la vieille cité de Baoding, sur une superficie de quelques dizaines de km², sont situées 72 yamen (bureau ou résidence des fonctionnaires). C'est l'unique cité où se situent les yamen des cinq échelons, dont la résidence du gouverneur du Zhili qui est la mieux protégée.

Depuis 1729 – et ce durant 182 ans – 74 personnes se sont succédées au poste de gouverneur, qui a changé à 99 reprises sous les règnes de Yongzheng, de Qianlong, de Jiaqing, de Daoguang, de Xianfeng, de Tongzhi, de Guangxu et de Xuantong.

Une plaque écrite par l'empereur Yongzheng reflétait l'importance du gouverneur du Zhili : protection de la capitale et conseiller de l'empereur. Il était à la première place parmi les huit gouverneurs. Après les hauts ministres, notamment Zeng Guofan, Li Hongzhang et Yuan Shikai qui assumèrent la fonction de gouverneur du Zhili vers la fin de la dynastie des Qing, le gouverneur du Zhili eut une position et un pouvoir plus important. Li Hongzhang exerçait le pouvoir militaire et administratif du Zhili et était également en charge des affaires internes et externes du gouvernement des Qing.

La résidence du gouverneur du Zhili, d'une superficie de 3 000 m² est un ensemble de bâtiments dans le style officiel des Qing. Mais aujourd'hui, elle ressemble à la maison luxueuse d'un commerçant riche. On peut néanmoins ressentir la majesté impériale si l'on prête attention aux objets utilisés par Zeng Guofan et Li Hongzhang. En écoutant les histoires des gouverneurs, on a bien du mal à la quitter. En étudiant la résidence du gouverneur du Zhili, on peut bien connaitre l'histoire des Qing : un gouverneur analphabète, un gouverneur qui construisit l'école Lianchi, un gouverneur qui fût le premier à dénoncer le fonctionnaire cupide Heshen, un gouverneur qui emprisonna un fils de l'empereur jusqu'à sa mort, un gouverneur qui emprisonna un régent coréen à Baoding, un gouverneur qui fût condamné à mort par les forces coalisées des huit puissances dans la salle de la résidence... Cette demeure a été le témoin des vicissitudes de la dynastie des Qing.

 

Les tombeaux de l'ouest des Qing

 

Les tombeaux de l'ouest des Qing

Ces tombeaux situés dans le district Yixian de Baoding sont composés de grandioses mausolées impériaux des Qing. 80 personnages y sont enterrés dont quatre empereurs (Yongzheng, Jiaqing, Daoguang et Guangxu), des impératrices, des concubines, des princes et des princesses. Avec le mont Yongning au nord et la rivière Yishui au sud, le site se caractérise par des pins épais, des montagnes vertes et des eaux limpides. Les 14 tombeaux se trouvent sur une plaine entourée de montagnes. Les pavillons aux tuiles vernies de jaune sont splendides tandis que les tombeaux aux tuiles vernies de couleur verte sont relativement petits. Les pins ont un âge moyen de 340 ans et les plus jeunes ont 120 ans. Ce sont les pins les plus âgés de Chine du nord. Une centaine de statues en marbre sont disséminées entre les pins, le tout ressemblant à une vieille peinture.

Il y eut, après leur prise de Beijing, 10 empereurs de la dynastie des Qing. A l'exception du dernier empereur, Puyi, les 9 autres furent enterrés dans les tombeaux de l'est et de l'ouest. Après sa prise de Beijing, Shunzhi, premier empereur des Qing qui règne à Beijing, choisi Zunhua comme lieu de son futur tombeau lors d'une partie de chasse. Ce tombeau est appelé Xiaoling. Ensuite, l'empereur Kangxi fit construire le tombeau Jingling à l'est de celui de son père. Cette règle marquée par le tombeau du fils près de celui du père fut changée sous le règne de l'empereur Yongzheng.

L'empereur Yongzheng, quatrième fils de l'empereur Kangxi, choisit un autre lieu pour son tombeau. Il existe deux explications à cela :

Premièrement, l'empereur Yongzheng usurpa le pouvoir en falsifiant le décret de son père sur le choix du successeur. Il n'osa pas s'approcher de son père car il n'était pas monté sur le trône de façon honnête.

Deuxièmement, l'empereur Yongzheng, clairvoyant, ne voulait pas se retrouver au-dessous des autres. Comme le tombeau de l'empereur Shunzhi avait occupé la position suprême à l'est, il ne put choisir qu'un autre endroit.

Dès lors, la famille impériale des Qing eut deux cimetières à l'intérieur du passage de Shanghaiguan. Zunhua, à l'est de la capitale, fut appelée « les tombeaux de l'est », tandis que le district de Yixian, à l'ouest de la capitale, « les tombeaux de l'ouest ».

Comme l'empereur avait décidé que son tombeau serait à l'ouest, son successeur, l'empereur Qianlong aurait dû le suivre. Mais il fit construire le tombeau Yuling à l'est en suivant le principe de « géomancie ». Ensuite, l'empereur Jiaqing, fils de Qianlong fut enterré à l'ouest. Ainsi, la règle de la séparation des tombeaux entre père et fils pris forme.

Une anecdote fut transmise depuis 200 ans : le corps de l'empereur Yongzheng n'avait pas de tête car il avait été décapité par Lü Siniang. Certains disaient que Yongzheng mourut d'empoisonnement car il s'intéressait depuis plusieurs années à l'alchimie. Il est mis en doute qu'il mourut deux jours après être tombé malade. On découvrira la vérité quand le tombeau fut ouvert.

Le mont Langya, site incontournable

Le mont Langya, situé à l'est des montagnes Taihang, est baptisé en raison de ses pics abrupts en forme de dents de loup. Il est connu en raison de l'histoire des cinq soldats de la VIIIe Armée de Route qui sautèrent du haut d'une falaise pendant la Guerre de Résistance contre l'agression japonaise.

Je suis venu devant le mont Langya avec respect pour les cinq soldats et la nostalgie pour les textes de mes manuels scolaires. Ce qui est incroyable c'est que les pics en forme de dents de loup qui se dressent ici ressemblent aux forêts de pics de Zhangjiajie. Ces montagnes élégantes sont rares dans le nord de Chine.

Le pic d'où les cinq soldats sautèrent n'a rien de spécial. Les touristes sont impressionnés par la beauté du mont Langya. Certains pénètrent dans les grottes d'agate, les autres sont captivés par le pic principal, Qipantuo. Le « voyage rouge » devient un « voyage vert ». Mais je crois que les cinq soldats ne les critiqueraient pas, car ils sautèrent de la falaise justement pour sauver les masses populaires.

Le monument aux morts commémorant les cinq soldats se dresse sur le pic du mont Langya. Neuf caractères écrits par le général Nie Rongzhen sur le monument nous font ressentir la passion pour la patrie. En effet, le mont Langya est non seulement connu pour ces soldats, mais aussi pour son histoire. Il est entouré de mystères de par le refuge du fils de l'empereur Wudi des Han, et par l'histoire du dieu Erlang qui remplit la mer pour le peuple.

Yesanpo, au sommet des montagnes Taihang

Le site de Yesanpo se situe au point de rencontre, près de la capitale, des deux chaînes de montagnes du nord de Chine, les montagnes Taihang et les montagnes Yanshan.

Le site de Yesanpo a été découvert dans les années 1980 mais il couvre une structure géologique typique du nord de la Chine vieille de 3 milliards d'années : roche intrusive, roche volcanique, roche organique, roche métamorphique, etc… En entrant à Yesanpo, on peut admirer non seulement des sites pittoresques, mais aussi une histoire écrite par la nature depuis 3 milliards d'années. Chaque roche, voire même chaque pierre raconte son histoire.

En tant que passage stratégique primordial reliant la capitale à la région au nord de la Grande Muraille, Yesanpo a été une position disputée par les stratèges depuis l'antiquité. Le passage céleste de Longmen, la forteresse Longmen, la Grande Muraille intérieure, chaque site nous évoque des généraux et des soldats ayant marqué l'histoire, notamment le général Xiao Ke il y a 70 ans. Il y a fondé la base Pingxi pour contrer l'agression japonaise, les montagnes Taihang sont devenues un champ de bataille contre les agresseurs.

Sur une superficie de 600 km², sont répartis 6 sites touristiques, plus de 200 sites naturels qui sont des parcs forestiers au niveau national et également des parcs géologiques au niveau mondial. Ce qui est le plus impressionnant, c'est le site de « cent li », composé de trois vallées sous forme de triangle dont la structure ressemble à la forme d'un cor de cerf. Elles ont une longueur de 52,5 km mais une largeur de quelques mètres seulement. La section la plus étroite ne fait qu'un pas de large. Dans les vallées, on découvre de nombreux rocs dentelés et des arbres épais. Les trois vallées sont reliées les unes aux autres. Malgré leur profondeur égale, les trois vallées sont recouvertes de plantes différentes. La vallée Haitangyu est caractérisée par des fleurs, la vallée Xiezigou par des herbes tandis que la vallée Shixuanxia par de gros rocs.

Ces vallées sont caractérisées par des paysages paisibles, exaltants, étranges et mystérieux. Le paysage change à chaque pas. En entrant dans les vallées, des fleurs diffusent des parfums exquis au printemps ; la température y est agréable et fraîche en été. On se croirait au paradis…

Les eaux limpides des montagnes Taihang se jettent à Yesanpo, dans le fleuve Juma qui est connu grâce au général des Jin, Zu Ti, qui résista ici aux Qiang. C'est aussi le fleuve mère de Yesanpo qui irrigue les terres environnantes. Le fleuve Juma traverse les sites de Yesanpo. Pour admirer les pics pittoresques des deux côtés du fleuve, on peut prendre une barque, monter à cheval, ou bien s'asseoir sur les rives.

Le mont Baishi, fleur planté par Dieu

Le mont Baishi est baptisé ainsi en raison de la couleur blanche de ses roches. Les roches granites, vieilles de 100 millions d'années fondirent et révélèrent la dolomite, ancienne de 700 millions d'années pour créer ces merveilles naturelles. La Chine compte des forêts de pics de divers types géologiques, dont le site de Zhangjiajie en roche sablonneuse (dans le Hunan), la forêt de pierres en roche calcaire (dans le Yunnan) et la forêt de pics de marbre du mont Baishi, à Baoding. Situé à 1 400 m d'altitude, celle-ci est composée de roches calcaires sur la partie supérieure et de roches sous-jacentes sur la partie inférieure, ce qui est très rare.

À l'extrême nord de la chaîne de montagnes Taihang, d'une longueur de 400 km, le mont Baishi se situe à la rencontre de la plaine de la Chine du nord, du plateau du Shanxi et du plateau de la Mongolie intérieure. D'une altitude de 2 096 m, le mont Baishi ressemble à une grosse roche en marbre dolomite d'une superficie de 20 km² sur une base en granite de 54 km². Le pic principal brillant sous le soleil ressemble à une fleur blanche s'épanouissant.

Le mont Baishi est caractérisé par ses pics extraordinaires en forme de pousses de bambou, de grandes mains ou de briques. Certains pics semblent très fragiles à cause de l'érosion éolienne ; certains se tiennent l'un contre l'autre ; certains se dressent singulièrement, certains sont penchés.

Grâce aux nuages flottant parmi les pics, les montagnes semblent bien structurées et les pics semblent irréels. Les nuages du mont Baishi sont extraordinaires parce que l'on peut entendre le son des petites gouttes d'eau flottant dans les airs et les sentir sur ses mains.

Le mont Baishi est couvert de végétation du pied jusqu'au sommet. Il se révèle être de diverses couleurs en différentes saisons. La forêt de bouleaux rouges est la plus célèbre. Elle s'étend sur la face nord, de 1 600 à 2 000 métres d'altitude. Sur une superficie de plus de 1 000 mu, la forêt est composée d'arbres hauts et épais, le tout ressemblant à un monde féerique. En automne, les feuilles des arbres sont couleur d'or, c'est la haute saison pour admirer la forêt.

Le mont Baishi est extraordinaire grâce aux chutes d'eau suspendues à flanc de montagne, à l'endroit où les roches de marbre et de granite se rencontrent à une altitude de 1 400 m.

La « guérilla des tunnels souterrains » à Ranzhuang

Situé sur la plaine de Jizhong, Ranzhuang est un village de 3 000 habitants. Durant la Guerre de Résistance contre l'agression japonaise, les villageois ont vaincu les agresseurs malgré une position d'infériorité, en créant une guerre souterraine, miracle de l'histoire militaire chinoise et mondiale. Ranzhuang brille ainsi sur le territoire chinois. Le site de « guérilla des tunnels souterrains » expose l'état d'esprit des Chinois il y a plus de 50 ans. En pénétrant dans les tunnels, on peut se remémorer les années de guerre.

En juillet 1937, après l'incident de Lugouqiao, les agresseurs japonais envahirent en masse le nord de la Chine. Instantanément, la région et son peuple basculèrent dans la guerre. Ranzhuang, situé dans la plaine Jizhong, sombra dans la misère. Le 15 juin 1939, à l'aube, une armée japonaise encercla le village, chassant les villageois devant le temple Sanguan avec des fusils. Ce jour-là, les Japonais en tuèrent 13, en blessèrent 11 et en arrêtèrent 11. 700 maisons furent incendiées et une centaine de chariots de biens furent pillés, ce qui constitue « l'incident du 15 juin ».

L'agression évoque la résistance. Sur cette plaine sans protection, les villageois ne pouvaient que demander de l'aide à leur terre. Toutes les familles creusèrent de profonds souterrains à l'intérieur et à l'extérieur de leur village. Ensuite, sous la direction du comité du Parti local, on allongea et élargit les cavités afin de mettre en place des tunnels reliant le village avec les villages voisins, les rives, l'extérieur et les cimetières. Les sorties qui reflétaient le mieux l'intelligence des villageois furent installées au pied des murs, sous les mangeoires des animaux, les soufflets, les kang (lit de brique chauffé par dessous) et les cuisinières ; au carrefour, on déposa une planche retournable ou un piège ; les soufflets furent liés aux puits ; dans les ruelles principales furent construits des ouvrages de défense telles que des maisons hautes, des forteresses, des temples, des rouleaux de pierre pour moudre le grain et des chambres secrètes qui furent reliées entre-elles par des tunnels, facilitant l'observation et le combat contre l'ennemi.

En effet, sur la plaine Jizhong, tous les villages comptaient des tunnels, d'une longueur totale de 12 500 km, surnommés Grande Muraille souterraine.

En 1950, une délégation composée de visiteurs de 36 pays a été frappée d'admiration devant les tunnels de Ranzhuang. Plus tard, des dizaines de milliers de visiteurs chinois et étrangers sont venus à Ranzhuang toutes les années. Aujourd'hui, le site a reçu un total de presque 10 millions de visiteurs. Une centaine de films y ont été tournés, dont le plus connu est La Guerre souterraine, réalisé en 1965. La ville de Baoding brille aux côtés de la capitale grâce à sa grande histoire et à ses paysages pittoresques.

 

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