CHINAHOY

26-August-2013

Tai’an, la ville au pied du mont Taishan

 

La section la plus escarpée du mont Taishan, en automne (PHOTO: WANG DEQUAN)
 

WU MEILING

 

La ville de Tai’an et le mont Taishan, intrinsèquement liés, vous réservent bien des surprises de par leur beauté, leur héritage culturel et leurs activités de toute sorte, qui n’attendent que vous... 

 

La ville de Tai’an, au centre de la province du Shandong, se situe là où se trouvaient naguère les anciens royaumes Qi et Lu. C’est le mont Taishan, à proximité, qui vient expliquer la fondation de cette ville, dont le nom signifie « que la paix règne sur le mont Taishan ». Depuis l’antiquité, la ville accueille d’innombrables voyageurs qui viennent visiter la montagne voisine : empereurs, lettrés, personnes ordinaires... Tout le monde voue un culte à ce lieu sacré. Parmi ces visiteurs, nombreux sont ceux qui y ont composé des œuvres littéraires louant les vertus du mont Taishan. Il ne s’agit pas d’une montagne ordinaire : imprégnée des croyances spirituelles de tout un peuple, elle fait office de totem pour la nation chinoise.

 

Bien que Tai’an vive dans l’ombre de la montagne glorieuse, la ville, pourvue d’une histoire de plus de 2 000 ans, pétille pourtant d’éclats. Cet ancien berceau de la civilisation chinoise abritait autrefois la culture Dawenkou, apparue il y a 5 000 ans, culture qui a initié la transition d’une société matriarcale à une société patriarcale.

 

Le vieux Xianya (bureau gouvernemental du district à l’époque de la Chine féodale), qui était en service sous les dynasties des Song (960-1279), des Yuan (1271-1368), des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), est considéré comme un  des emblèmes de Tai’an. Les portes et fenêtres qui grincent quand on les ouvre et les sculptures en pierre sur les murs donnent aux visiteurs une juste idée de l’ancien aspect de cette ville millénaire, qui tire son existence de la montagne adjacente.

 

Le voyage de beauté au mont Taishan

 

Taishan est vénéré comme étant la montagne numéro 1 du pays, la première également parmi les cinq monts sacrés. Elle ne doit pas cette gloire à son altitude de 1 545 mètres, mais plutôt à sa longue et mystérieuse histoire.

 

Avant même l’unification de la Chine par le premier empereur Qin Shi Huang, déjà 72 monarques avaient monté au haut de cette montagne. Pour les Chinois qui vivaient sous l’antiquité, le mont Taishan était le premier lieu à se gorger des rayons du soleil chaque matin. Offrir des sacrifices au sommet de la montagne constituait un bon moyen de se rapprocher un peu plus des dieux. Toutefois, ce n’était pas n’importe quel empereur qui était autorisé à accorder ainsi des sacrifices au ciel et à la terre. Célébrer une telle cérémonie était vue comme un honneur, attribué uniquement en récompense de prouesses. Ce n’est que lorsqu’un empereur réussissait à unifier le pays ou lorsque le pays connaissait une période de paix et de prospérité qu’un monarque pouvait organiser ce rite. Selon les annales historiques officielles, seuls douze empereurs ont tenu cette cérémonie sacrée propre au mont Taishan.

 

Le mont Taishan représente le foyer spirituel de la nation chinoise. Il garde aujourd’hui les empreintes qu’y ont laissées les empereurs, mais il ne faut pas oublier qu’il avait aussi apporté quelques bonheurs aux gens ordinaires, devenant ainsi symbole de paix dans la croyance populaire. Dans l’histoire chinoise de plusieurs millénaires, la paix était déjà liée à cette montagne avant même d’en devenir son thème. Selon des proverbes, « voyager au mont Taishan permet l’instauration d’une paix rassurante » ; on dit en outre « stable comme le mont Taishan » ou encore « si le mont Taishan demeure en paix, alors il en sera de même pour le monde entier ». Difficile de nier que le mont Taishan, pour les Chinois, est une montagne sacrée.

 

Le mont Taishan est loin d’être le seul exemple dans l’histoire où l’homme a attaché une grande importance à une montagne. Cependant, le mont Taishan est le seul et unique à avoir été assimilé à la paix par toute une nation durant plusieurs millénaires.

 

À l’époque néolithique, le mont Taishan a servi de refuge naturel aux hommes préhistoriques. Et déjà, ceux-ci priaient à son sommet pour que tombe la pluie. Les poteries anciennes qui ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques comportent des motifs de soleil, de feu et du mont Taishan. On y observe d’épaisses fumées et des flammes qui s’en dégagent et montent vers le soleil, ce qui témoigne du culte que vouaient nos ancêtres au mont Taishan.

 

Aujourd’hui encore, il en est qui arpente la montagne pour implorer la protection de l’empereur Dongyue (grand dieu terrestre protecteur du mont Taishan) et de la déesse surnommée « grand-mère Taishan ».

 

Voyager au mont Taishan vous plonge également au cœur de la culture traditionnelle chinoise. Cette montagne abrite effectivement un grand nombre de trésors littéraires. De styles divers et variés, les inscriptions gravées sur les stèles de pierre font partie des grands chefs-d’œuvres de la calligraphie chinoise. La stèle la plus ancienne date de la dynastie des Qin (221-207 avant notre ère), tandis que les autres gravures, qui se dénombrent à plus de 2 200 pièces, ont été laissées par les empereurs des Tang (618-907), Song, Ming et Qing, retraçant ainsi l’histoire de 5 000 ans du mont Taishan. Le Musée des beaux-arts sur Taishan, situé à l’extrémité est de la rue Huanshan à Tai’an, préservent des collections de peintures de paysages et des calligraphies ayant pour thème cette montagne. Cette richesse scripturale que l’on peut y admirer forme également l’essence de la culture du mont Taishan.

 

N’oublions pas, parmi les trésors de la culture chinoise, les poèmes. Les grands maîtres comme Confucius, Sima Qian, Li Bai et Du Fu avaient dans leurs temps composé des vers élogieux en l’honneur de cette montagne imposante. En fait, on compte même 16 000 poésies sur le mont Taishan ! Escalader le mont Taishan permet donc non seulement d’admirer des paysages magnifiques, mais aussi de s’imprégner de l’histoire de la culture chinoise.

 

Le mont Taishan est à la fois vieux et jeune. Vieux, car il transmet une culture cinq fois millénaire ;  jeune, car il déborde encore de vigueur. Depuis 1987, chaque année est organisé le Festival de l’ascension de la montagne, événement qui a ravivé son dynamisme. De plus en plus de touristes y viennent pour en apprécier le décor somptueux.

 

Quand on arrive au pied de la montagne, on reste d’abord pantois devant sa spectaculaire grandeur et hauteur.

 

Sur le versant sud de la montagne, trois grandes failles, celles de Yunbuqiao, Zhongtianmen et Taiqian, forment comme un escalier. Ce « relief en marches » est divisé en trois tronçons distincts, bornés par les portes Nantianmen, Zhongtianmen et Yitianmen, situées à différentes altitudes. La porte Zhongtianmen est 700 m plus haute que la ville de Tai’an ; le pic Yuhuangding est, lui, encore 700 m au-dessus de cette porte Zhongtianmen. La voie depuis la vallée Songshan jusqu’au sommet Nantianmen, qui comporte plus de 1 600 marches, est la plus escarpée du mont Taishan. Mais comme dans la randonnée, le plaisir réside dans l’effort de grimper, le mont Taishan est telle une lampe magique capable d’exaucer ce vœu.

 

Les paysages de cette montagne sont réputés pour être originaux, ravissants, paisibles et profonds. Depuis le temple Daimiao, au pied de la montagne, jusqu’à la porte Zhongtianmen, le terrain en pente douce est recouvert d’une dense forêt de pins et de cyprès. Passée la porte Zhongtianmen, le relief change d’apparence, laissant place à des pics élevés et des passages abrupts. Le chemin entre la porte Zhongtianmen et le sommet de la montagne est le plus accidenté, mais selon le proverbe, « c’est au sommet périlleux que se trouvent les paysages les plus pittoresques ».

 

Voyage au mont Taishan vaut vraiment la peine, car celui-ci vous réserve quatre merveilles sensationnelles : le lever du soleil, le fleuve Jaune, une « mer de nuages » et le soleil couchant. Le lever du soleil est certainement le spectacle le plus splendide : se tenir au sommet de la montagne à l’aube, regarder au loin, voir les étoiles disparaître petit à petit et le ciel se dépouiller de sa couleur grise pour prendre une teinte éclatante. Le ciel devient jaune orangé, et en un clin d’œil, les rayons pourpres du soleil percent à travers les nuages multicolores, faisant rougir la « mer de nuages », la masse montagneuse, et même l’eau émeraude en contrebas.

 

La zone touristique Taishan Colorful Time

 

Un voyage de loisirs à Tai’an

 

Le tourisme à Tai’an ne se limite pas au mont Taishan mondialement connu : une multitude d’autres splendeurs vous attend dans cette ville.

 

Le Tai’an Fangte Happy World, la zone touristique Taishan Colorful Time, le Centre de sources chaudes de Taishan, le Monde d’activités aquatiques de Tianlecheng, le Shuihu Movie City (Shuihu, traduit en français par Au bord de l'eau, est un des grands romans classiques chinois), l’orchestre national de Taishan, le Liulaogen Grand Stage… sont tout autant de sites qui valent la visite et promettent des souvenirs inoubliables.

 

Dans le Tai’an Fangte Happy World, se dresse un château qui semble tout droit sorti d’un rêve, avec au centre du parc, un lac transparent, qui produit un sentiment de douceur, contrastant avec les diverses attractions tout autour, toutes plus saisissantes, fantastiques ou excitantes les unes que les autres. Il s’agit sans doute d’une expérience bien différente de Disneyland !

 

Les fleurs au printemps, la baignade en été, la cueillette des fruits en automne et la neige en hiver : à chaque saison son thème dans la zone touristique Taishan Colorful Time. Dans ce décor tropical luxuriant, ont également été lancées récemment des représentations à caractère ethnique, qui invitent les visiteurs à participer aux spectacles. Alors, serez-vous le prochain à apprendre les danses ethniques ?

 

Dans le Monde d’activités aquatiques de Tianlecheng, vous pourrez vous prélasser sur des plages de sable blanc qui n’ont rien à envier à celles de l’île de Phuket. Ouvert tout au long de l’année, ce complexe aquatique couvert, le plus grand d’Asie, vous garantira un confort maximal.

 

Au XXIe siècle, les thermes sont devenus les « stars » des vacances. Inondées de la chaleur des pierres et de la spiritualité émanant du mont Taishan, les sources chaudes naturelles de Tai’an donnent aux visiteurs l’occasion d’établir un contact étroit avec la montagne sacrée.

 

Le complexe touristique de Baotailong, dont les travaux ont pris fin au mois de juin 2013, se démarque des autres de par ses loisirs et installations originaux, dont entre autres, le rafting souterrain, les zones marécageuses artificielles, son village de style européen, le parc des industries culturelles. Tirant parti de la formation rocheuse particulière de l’endroit, un passage de 6 000 m de long pour l’activité de rafting a été creusé, aujourd’hui le plus long corridor souterrain à usage touristique d’Asie.

 

 

Un voyage culturel à Tai’an

 

Le Centre d’art et de culture de Tai’an, qui se trouve au sud de la ligne ferroviaire Beijing-Shanghai passant près de la ville, se divise en quatre parties : la Bibliothèque municipale, le Musée d’art de la ville, le Musée des beaux-arts de Tai’an et le Grand Théâtre de Taishan. Cet espace permet les échanges et la formation aux diverses cultures.

 

Situé dans le district de Dongping, le Studio de cinémas de Shuihu est empli des couleurs et des senteurs de la dynastie des Song. Après cette visite, nous vous conseillons d’aller sur le quai de l’ancien bourg de Shuihu. Là, vous pourrez naviguer sur le lac Dongping, la seule vaste étendue d’eau restante parmi celles décrites dans le roman Au bord de l’eau. Rendez-vous également sur la rive nord du lac pour découvrir le Liugongshan Shuihu Village, où se dégage l’essence même de la culture de Shuihu.

 

Le quartier Yuehai Xintiandi Plaza est un lieu touristique très animé, où se concentrent des enseignes de loisirs connues, telles que le Salon de thé Lao She, le Billard Club de Pan Xiaoting et le Liulaogen Grand Stage. Sans oublier les nombreuses activités inscrites au patrimoine culturel immatériel qui y ont cours, tels que le théâtre d’ombres chinoises de Taishan, le verre borosilicate de Zibo, le papier découpé de Gaomi, les cerfs-volants de Weifang, les figurines en argile de Huimin et l’estampe sur bois du Nouvel An de Yangjiabu.

 

La gastronomie de Tai’an ne vous laissera pas non plus en reste. Le tofu de Taishan, le poisson provenant des sources du mont Taishan, le Taishan Daughter Tea (une sorte du thé Pu’er), la crêpe chinoise de Taishan… Tellement de plats à ne pas manquer !

 

Chaque soir, alors que la nuit recouvre la Terre de son sombre manteau, un spectacle d’envergure intitulé « La grande cérémonie de sacrifices sur le mont Taishan » se prépare au pied du mont Taishan. Durant 80 minutes, 500 acteurs, qui revêtent au total 5 000 costumes éblouissants au cours de la représentation, jouent des scènes historiques dans lesquelles les empereurs de cinq dynasties (Qin, Han, Tang, Song et Qing) offrent des sacrifices au Ciel et à la Terre.

 

Vu du ciel, le mont Taishan ressemble à une gigantesque statue qui se dresse sur la plaine de la Chine du Nord, tandis que la ville de Tai’an prend la forme d’un encensoir. Tout à fait inséparables l’un de l’autre, ensemble, ils développent leurs atouts de charme et de beauté.

 

 La Chine au présent

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