Zhoushan, les îles protégées par la Déesse de la Miséricorde

Le pavillon Chaoyang au mont Putuo.

WU MEILING

Un jour où le temps était clair, un moine japonais du nom de Hui’e (ou Egaku) voulut rapporter dans son pays natal la statue de Guanyin (la Déesse de la Miséricorde) dressée sur le mont Wutai. Mais alors que son navire approchait l’archipel Zhoushan, le vent se leva brusquement, empêchant l’avancée de l’embarcation. Et quand enfin, le vent et les vagues s’apaisèrent, des milliers de fleurs de lotus s’épanouirent dans la mer et lui bloquèrent le passage. Surpris, Hui’e se mit à prier : « Si les dieux s’opposent à ce que les Japonais fassent la rencontre de cette déesse, je n’ai d’autres choix que de la déposer ici. » À ces mots, la mer redevint d’huile et les fleurs disparurent. Ainsi, Hui’e débarqua sur une des îles et plaça la statue dans la grotte Chaoyin du mont Putuo.

L’archipel Zhoushan est en fait dans le prolongement de la chaîne de montagnes Tiantai, dans l’est du Zhejiang. Avec l’élévation du niveau de la mer il y a entre 8 000 et 10 000 ans, une partie des terres a été submergée, donnant naissance aux îles. L’île du mont Putuo forme aujourd’hui l’une des principales d’entre elles. « Putuo » vient du sanscrit et signifie « terre sainte du bouddhisme ». Ce site pittoresque abritant rochers, grottes, forêts et temples, est d’ailleurs surnommé le « pays bouddhiste de la mer et du ciel ». Le bouddhisme est apparu à Putuo sous la dynastie des Tang (618-907). À l’âge d’or de cette religion, l’île comptait trois grands temples, 88 monastères et 128 salles de méditation. Aujourd’hui, son attrait repose en outre sur la dizaine de sites naturels qu’elle héberge, dont la pierre Pantuo ou encore les plages Qianbu et Baibu. Le mont Putuo jouit d’une grande réputation en Chine comme à l’étranger, grâce à son panorama d’exception. Les anciens décrivent : « L’association parfaite des paysages de montagne et de lac donne le lac de l’Ouest ; l’association parfaite de paysages de montagne et de mer donne Putuo. »

L’île Daishan, l’un des douze districts insulaires de Chine, est situé à 40 minutes en bateau de l’île Zhoushan.

Les paysages de l’île Daishan m’ont laissé une profonde impression, notamment ceux de sa saline, brillante au soleil, qui s’étend sur 800 hectares. Le sel entassé forme des montagnes argentées sous le soleil couchant, ce qui n’est pas sans rappeler les panoramas de la Grèce. Car tout comme ce pays caractérisé par sa palette de bleus et de blancs, ces deux couleurs sont prédominantes à Daishan, qui prend des allures de peinture impressionniste.

L’archipel Shengsi est un peu plus loin au large du continent. Cette distance l’éloigne de l’ambiance des grandes villes ; ici, on se laisse plutôt bercer au son du ressac. La succession de hauts-fonds et de bas-fonds fait varier la couleur de la mer. Cette alternance de teintes bleues et vertes confère aux Shengsi un caractère paradisiaque.

Les locaux appellent tout de même les îles Shengsi des « mini-villes ». Ce n’est pas faux, car sur l’archipel de 400 îles, qui occupent une surface maritime de 8 738 km2, résident 76 000 habitants. Ceux-ci sont répartis sur 16 îles, chacune étant considérée comme une « mini-ville ».

Localisées au sud-est de Shanghai, les îles Shengsi disposent d’un avantage géographique unique. Elles sont reliées, par le pont Donghai, au port Luchao de la nouvelle zone Pudong de Shanghai. Ces deux dernières années, ce pont nouvellement construit a permis à certains Shanghaïens de réaliser leur rêve de visiter cet archipel, en en facilitant l’accès.

Île spécialisée dans la pêche, Shengshan est imprégnée d’une culture maritime. Sur les murs des maisons des pêcheurs, on peut admirer les peintures entre impressionnisme et réalisme que ces derniers ont réalisées eux-mêmes. À travers cette combinaison gracieuse des coloris, ils expriment leur amour pour la mer et leur appétence envers le monde extérieur. En outre, en haut des collines, les habitations composent une mosaïque de couleurs qui se mêle avec le bleu de la mer et du ciel, contribuant encore au charme de l’île.

La Chine au présent