CHINAHOY

11-November-2014

Économies émergentes, pour plus de droit de parole dans la gouvernance mondiale

Lu Rucai

Lors de son discours à l’Assemblée nationale du Brésil le 16 juillet dernier, le président chinois Xi Jinping a spécialement insisté sur l’inviolabilité de la souveraineté dans le domaine de l’information. Selon lui, la communauté internationale doit, par une coopération active et efficace, s’efforcer d’édifier un espace Internet pacifique, sûr, ouvert et coopératif, ainsi qu’un système international de gouvernance de l’Internet multilatéral, démocratique et transparent.

Lorsque l’on pense aux actes du gouvernement américain dans le domaine de l’Internet : les écoutes de dirigeants étrangers mais aussi de citoyens ordinaires, on se rend compte que les paroles du président Xi Jinping ne sont pas sans raison.

Depuis que Snowden a révélé le projet Prism, la répugnance envers l’absence de scrupules des États-Unis dans leurs façons de faire, leur supériorité technique en Internet, leurs écoutes de pays tiers est de plus en plus profonde. Par mécanisme de cause à effet, la nécessité de renforcer les protections sur Internet se fait de plus en plus grande. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont d’ors et déjà pris des initiatives sur cette question. 

En décembre 2013, les haut représentants sur les questions de sécurité des BRICS ont décidé d’instaurer un groupe de travail sur les questions de la sécurité informatique pour renforcer la coopération dans la gouvernance de l’Internet. En avril dernier, une loi civile sur l’Internet a été promulguée lors de la réunion sur ce sujet : NETmundial tenue à Sao Paolo. Son but est de changer les règles actuelles de gouvernance de l’Internet.

Le mois de juillet au Brésil a été chaud. D’abord avec la Coupe du Monde de football qui vient de se terminer. Et ensuite avec l’arrivée dans la foulée des dirigeants russes et chinois. Une arrivée qui n’est pas passée inaperçue aux États-Unis. Le 6e sommet des BRICS qui s’est tenu du 15 au 16 juillet et la Déclaration de Fortaleza ont continué de faire les projecteurs se tourner vers le Brésil. La plus importante réalisation de ce sommet est sans équivoque la création d’une nouvelle Banque de développement des BRICS. Le capital initial de cette banque s’élève à 100 milliards de dollars investis à part égale par chacun des pays membres.

La création de la Banque de développement des BRICS était nécessaire. Après la crise financière asiatique de 1997, ce furent d’abord l’initiative de Chiang Mai et la Réserve asiatique commune de devises étrangères qui firent leur apparition. Puis la crise de 2008 engendra directement la création du G20 en même temps qu’elle a amorcé la réforme du système économique international actuel. Tandis qu’après la crise de la zone Euro, l’EMS (mécanisme de stabilité financière européen) a été créé.

Aujourd’hui, alors que la Banque mondiale et le FMI rencontrent des obstacles, les BRICS ne peuvent que choisir de contourner ceux-ci et d’agir pour renforcer leur droit à la parole dans la gouvernance mondiale.

Arrivée à un stade où le G7 ne peut plus régler seul les affaires mondiales, où la Banque mondiale n’a plus les capacités pour soutenir le financement de développement à grande ampleur et le FMI, celles de gérer les aides financières lors des crises financières, la Banque de développement des BRICS devient alors un choix providentiel pour les pays émergents. En comparaison avec la Banque mondiale ou les autres banques de développement dans le monde, la Banque de développement des BRICS soutiendra surtout le développement d’infrastructures et des projets de développement durable. Son périmètre d’action ne se limitera pas comme la Banque de développement asiatique ou la Banque de développement d’Amérique latine à une région particulière ni uniquement aux BRICS, mais s’étendra aux pays émergents et en développement du monde entier.

Dans le processus historique qu’ont engendré les pays émergents pour obtenir plus de droit de parole dans la gouvernance mondiale, il ne fait nul doute que la Banque de développement des BRICS est une borne sur la route. On peut être sûr que son utilité se fera grandement sentir dans les années à venir !

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