La baie Beibu, zone économique de coopération internationale pionnière

LUO YUANJUN, membre de la rédaction

La zone économique de la baie Beibu, située dans le nord du Guangxi, sert de fenêtre à l'ouverture de la Chine à l'ASEAN. Il s'agit également de l'unique zone économique chinoise reliée à l'ASEAN à la fois par voie maritime et continentale.

Au cours de la première moitié de 2014, les échanges commerciaux entre la Chine et l'ASEAN ont atteint 220,69 milliards de dollars, soit une hausse de 4,8 % par rapport à la même période de l'année précédente. En effet, pendant les dix ans depuis l'établissement du partenariat stratégique entre les deux parties, le volume du commerce bilatéral connaît une augmentation stable. Actuellement, la Chine est le premier partenaire commercial de l'ASEAN, alors que l'organisation reste le troisième partenaire commercial de la Chine, le quatrième marché pour les exportations chinoises et la deuxième source pour les importations chinoises.

La création de cette zone économique a pour objectif de soutenir la coopération économique internationale entre la Chine et les pays de l'ASEAN. Comme l'a indiqué le premier ministre chinois, le premier travail est d'élaborer un plan de développement de la zone économique de la baie Beibu et de le mettre en application. Cela revêt une importance stratégique pour les régions de l'Ouest et du Centre, et par conséquent pour toute la Chine.

Un grand corridor international

Lorsque l'on cherche le siège du comité de gestion de la zone économique de la baie Beibu sur la carte, on s'aperçoit qu'il se situe sur la « rue Chine-Thaïlande ». Dans les régions voisines, on peut également trouver la rue Chine-Singapour, Chine-Cambodge, Chine-Malaisie ou encore Chine-Vietnam. Ces rues sont nommées d'après des pays membres de l'ASEAN. Ces appellations incarnent l'amitié entre la Chine et ces pays.

Du 18 au 22 septembre 2014 se tiendra la 11^e Exposition Chine-ASEAN (CAEXPO). Cette exposition créée en 2004 se tient tous les ans au Centre des expositions internationales de Nanning, situé à l'ouest de la rue Chine-Thaïlande. Organisée conjointement par le secrétariat de l'ASEAN et les autorités compétentes du commerce de la Chine et des 10 pays de l'ASEAN, l'exposition est soutenue par le gouvernement de la région autonome zhuang du Guangxi. Ayant pour objectif de « promouvoir la construction de la zone de libre-échange Chine-ASEAN et de partager les opportunités de coopération et de développement », l'exposition concerne le commerce des marchandises, la coopération en investissement et commerce des services. C'est d'ores et déjà devenue une plate-forme importante pour élargir la coopération commerciale entre la Chine et l'ASEAN.

Si la zone économique de la baie Beibu est devenue l'avant-poste et la fenêtre de l'ouverture chinoise sur l'ASEAN, c'est que sa position géographique spéciale le permet. Située entre la Chine et l'ASEAN, deux grandes entités économiques, cette zone joue un rôle de pont dans la zone de libre-échange. C'est par ici que les provinces chinoises enclavées peuvent s'émanciper vers l'Asie du Sud-Est, alors que cette dernière peut entrer en Chine par cette porte. La zone est considérée comme un carrefour international entre la Chine et l'ASEAN.

« Une route reliant la Chine et l'ASEAN pour mieux garantir les infrastructures à l'Exposition Chine-ASEAN est en construction. Elle permettra également une meilleure coopération entre la Chine et l'ASEAN. La zone contribue aussi à la baisse du coût de la logistique et accélère son rythme. Cela est favorable pour le commerce entre la Chine et l'ASEAN, surtout pour le commerce des fruits frais par exemple », observe Zhang Zhiming, homme d'affaires malaisien.

Selon la Planification des fonctions des zones principales du pays publiée en décembre 2010 par le Conseil des affaires d'État, la zone de la baie Beibu est considérée comme la grande porte de l'ouverture de la Chine sur les pays de l'ASEAN, l'avant-poste de la zone de libre-échange Chine-ASEAN, un centre logistique régional, un pôle pour le commerce, l'industrie de transformation et l'échange d'information. À l'heure actuelle, le port Beibuwan a ouvert plusieurs lignes maritimes directes qui le relient à Singapour, Bangkok, Haiphong, Hô-Chi-Minh et le port Klang. Il a établi de même un réseau de coopération entre villes portuaires autour de Qinzhou couvrant 47 ports des pays de l'ASEAN.

En tant que zone de coopération internationale, la zone économique de la baie Beibu est évidemment plutôt axée sur la coopération avec l'étranger. L'État confie certains pouvoirs aux localités pour ouvrir des coopérations régionales avec les pays voisins les incluant dans une recherche pour renforcer leur capacité à innover et trouver de nouveaux moyens pour l'ouverture sur l'extérieur. Selon Guo Wanda, directeur adjoint permanent de l'Institut de l'exploitation générale de Chine à Shenzhen, pendant les trois dernières décennies, la politique de la réforme et de l'ouverture de la Chine était axée sur l'intérieur de la Chine ; la zone économique de la baie Beibu est un signal de la transformation de la réforme et de l'ouverture chinoise axée désormais sur l'extérieur.

La coopération industrielle au cœur des échanges

La division industrielle est la force motrice fondamentale pour promouvoir la coopération régionale. La coopération économique régionale entre les pays se base également sur la coopération industrielle. Grâce aux efforts conjugués de la Chine et des pays de l'ASEAN depuis une dizaine d'années, la coopération industrielle est entrée dans une phase de développement intense. Approfondir la coopération industrielle est devenue une mesure importante pour pousser les investissements mutuels Chine-ASEAN, encourager le développement de l'économie régionale et assurer le bénéfice mutuel.

« Approfondir la coopération industrielle est devenue une mesure essentielle pour promouvoir davantage la coopération en matière d'investissement entre la Chine et l'ASEAN. C'est un choix nécessaire pour réaliser le développement commun régional et les bénéfices mutuels, en même temps que c'est un moyen d'augmenter la force productive et d'élever la compétitivité sur le marché international », a indiqué Huang Yuan, secrétaire général adjoint du secrétariat de l'Exposition. Les zones économiques créées par deux pays seront plus ouvertes, attiront plus d'industries avantageuses, en même temps qu'elles fourniront des plates-formes favorables au développement des industries des deux parties et rapporteront plus de résultats à la coopération bilatérale.

La zone industrielle Chine-Malaisie à Qinzhou est un projet pilote de coopération en matière d'investissement entre les deux pays. Il s'agit de la troisième zone construite par la Chine en coopération avec un pays étranger après la zone industrielle Chine-Singapour de Suzhou et la cité écologique Chine-Singapour de Tianjin. La zone industrielle Chine- Malaisie de Qinzhou et la zone industrielle Malaisie-Chine de Kuantan ont inventé un nouveau modèle de coopération internationale en matière de zones industrielles « deux pays et deux parcs ». En octobre 2013, lors des rencontres avec le premier ministre malaisien Najib Razak, le président Xi Jinping et le premier ministre Li Keqiang ont successivement indiqué que la construction des zones industrielles de Qinzhou et de Kuantan est capitale, et doit servir de projet pilote pour tirer le développement de l'ensemble des industries des deux pays.

Dans la zone industrielle de Qinzhou, les industries clé comprennent la fabrication des équipements, l'industrie électronique et informatique, la transformation des aliments, les matériaux et les nouveaux matériaux, la technique biologique. La zone encourage les entreprises des deux pays et les établissements R&D de premier rang mondial à effectuer des échanges et coopérations dans les domaines tels que la télécommunication de nouvelle génération, les équipements multimédias, les nouveaux matériaux, la technologie biologique, ou les sciences et techniques océaniques.

La zone économique de la baie Beibu possède une bonne base industrielle pour ouvrir une coopération avec les pays de l'ASEAN adaptée aux conditions naturelles, sociales et économiques. La coopération industrielle bilatérale bat son plein. La coopération dans les techniques agricoles est devenue un sujet d'échanges réguliers. Les experts du Guangxi ont ainsi organisé toutes sortes de stages de formation dans des pays tels que le Vietnam, Brunei, la Thaïlande ou encore le Laos pour transmettre leur savoir-faire agricole. Ils ont établi des projets modèles avec le Laos et le Vietnam.

Avec le développement économique, la part des produits industriels augmente sans cesse dans la balance du commerce Chine-ASEAN. Surtout pour les produits des industries à forte densité de main d'œuvre tels que les produits pétroliers, électroniques et textiles. Les pays de l'ASEAN investissent notamment dans les industries à forte densité de main d'œuvre axées sur la transformation. La zone économique de la baie Beibu jouit d'avantages relatifs dans l'industrie sucrière, automobile, métallurgique, agroalimentaire, pharmaceutique ainsi que papetière, et œuvre depuis des années à entreprendre une coopération technologique avec l'ASEAN.

Par ailleurs, la Chine et l'ASEAN augmentent continuellement les investissements réciproques. À la fin de juin 2014, les investissements des deux parties atteignaient 120 milliards de dollars. Les investissements chinois dans les pays de l'ASEAN étaient à peu près de 40 milliards de dollars ; ceux provenant de l'ASEAN étaient supérieurs à 80 milliards de dollars.

Établir une grande plate-forme

Wang Yong fait du commerce entre la Chine et les pays de l'ASEAN. Le développement et l'ouverture continue de la zone économique de la baie Beibu lui rapportent des avantages non négligeables. D'après lui, autrefois, comme le yuan n'était pas directement convertible en monnaie des pays de l'ASEAN, il subissait des pertes dues au change de devises : il fallait convertir le yuan en monnaie intermédiaire. Le passage par la monnaie intermédiaire lui faisait perdre de l'argent à cause du taux de change. La conversion directe et le règlement en yuans effectué par les banques chinoises facilitent dorénavant grandement le commerce extérieur.

Effectuer les transactions transfrontalières libellées en yuans est la réforme pilote menée de premier abord dans la zone économique de la baie Beibu ; en 2012, la Commission nationale de la réforme et du développement a ratifié l'établissement du fonds d'investissement et de l'organisme de gestion des investissements dans la zone économique de la baie Beibu. La réforme du règlement en yuans des transactions frontalières y a été également ouverte. Ces mesures ont favorisé le développement du commerce frontalier dans les ports de marchandises comme Dongxing et Pingxiang. En 2013, l'État chinois a entériné le Programme général relatif à l'établissement des zones frontalières pour la réforme financière à l'essai dans le Yunnan et le Guangxi, dont l'essentiel est de promouvoir l'innovation du règlement en yuans dans le commerce Chine-Vietnam, de perfectionner le mécanisme d'échange de la coopération financière transfrontalière et d'améliorer le système d'organisation financier pour le marché des capitaux.

Avec l'augmentation du volume commercial entre la Chine et l'ASEAN et l'avancement du processus de l'intégration financière Chine-ASEAN, la région autonome zhuang du Guangxi se voit obligée de mettre en place un centre de règlement en monnaies régionales Chine-ASEAN, un centre de financement régional, un centre des industries financières, un centre de marché financier, un centre d'information financière et un centre de régulation financière à Nanning, ville clé de la zone économique de la baie Beibu. Avec son ouverture s'élargissant, la zone économique de la baie Beibu a bâti une série de mécanismes et de plate-formes de communication avec le monde extérieur.

En ce qui concerne la plate-forme logistique, la zone économique de la baie Beibu a établi un réseau de coopération entre les villes portuaires de la Chine et de l'ASEAN basé sur le port Beibuwan. Elle possède un canal de coopération de l'Exposition Chine-ASEAN axé sur Nanning et une plate-forme de coopération logistique ayant pour base arrière les villes de Chongzuo et Yulin.

Le système d'entreposage sous douane a été établi dans la zone économique de la baie Beibu. Il pourra servir le sud, le sud-ouest et le centre-sud de la Chine. Une chaîne de service destiné à l'Asie du Sud-Est a pris forme. La zone portuaire franche de Qinzhou, la zone franche générale de Pingxiang et le centre d'entreposage sous douane de Nanning ont été successivement achevés et mis en service. La construction d'une aire d'extention de la zone de transformation destinée à l'exportation de Beihai a été ratifiée par le Conseil des affaires d'État. Une série de zones logistiques modernes ont été construites. Ces plates-formes ont jeté une solide assise à l'approfondissement de la coopération entre le Guangxi et l'ASEAN.

L'Exposition Chine-ASEAN (CAEXPO) qui se tient annuellement en septembre est sans doute l'une des importantes plates-formes de coopération régionale entre la Chine et l'ASEAN. D'après Zheng Junjian, secrétaire général du secrétariat de la CAEXPO, celle-ci est conjointement organisée par 11 pays et a choisi comme lieu permanent Nanning. Depuis 10 ans, l'Exposition Chine-ASEAN a organisé des réunions et des forums de haut niveau ayant pour thèmes le commerce, l'investissement, la finance, les ports, la protection de l'environnement, la société ou encore le secteur humain, et décentralisé la coopération Chine-ASEAN en unissant l'exposition et les réunions.

La Chine au présent