CHINAHOY

17-February-2013

Pause-détente à Tengchong

JIAO FENG, membre de la rédaction

Tenchong, une ville où l'on peut se baigner dans des sources chaudes et déguster des mets locaux savoureux, le tout dans une ambiance paisible et un décor atypique. Tentant, non ?

Tengchong est une ville située dans l'ouest de la province du Yunnan, tout près de la frontière sino-birmane. Bien qu'elle soit classée au même rang qu'un district sur le plan administratif, elle porte de nombreuses appellations honorifiques, à savoir le « célèbre pays d'origine des Chinois d'outre-mer », l'« important nœud de communication de la route de la Soie entre l'Asie du Sud et de l'Ouest », le « parc géothermique », ainsi que le « plus grand centre de distribution des bijoux en jade de Chine ». Bien que peu éloignée de Lijiang et de Dali, Tengchong ne bénéficie pas de la même notoriété. En effet, du fait d'une vie concentrée sur la transformation rudimentaire de la jadéite depuis des années, les habitants locaux n'ont pas attaché d'importance au développement du tourisme. S'ajoute à cette situation son accès difficile, la ville n'étant reliée par aucun chemin de fer ni autoroute. En 2009, après la mise en service de l'aéroport Tuofeng, 50 minutes de vol suffisaient pour se rendre à Tengchong depuis Kunming, chef-lieu de la province, contre près de dix heures en bus auparavant. De plus en plus de gens commencent à connaître Tengchong et sont captivés par ses volcans, ses sources thermales et son jade, symboles si uniques de ce district. Cette fois-ci, j'ai choisi Tengchong comme destination de vacances. Là-bas, je me promenais librement dans les rues pavées tout au long de mes journées, faisais un petit somme au soleil ; à la tombée de la nuit, je me baignais dans des sources chaudes sous le ciel étoilé. C'est irrésistible ! En particulier pour les gens qui vivent au Nord, où l'hiver est particulièrement rude.

Le village du ginkgo

Jiangdong, surnommé le village du ginkgo, est situé dans le nord du centre-ville de Tengchong, à environ 40 km. D'après les habitants locaux, le village abrite plus de 3 000 ginkgos antiques, dont 50 étant âgés de plus de 500 ans. Le nombre total de ginkgos dans ce village dépasse les 30 000 si l'on prend en considération ceux plantés ces dernières années. La plus belle saison pour visiter Jiangdong s'étend de novembre à début décembre, période durant laquelle le village est inondé d'innombrables touristes venus de toutes parts. À notre arrivée, le village était recouvert d'une couche de feuilles dorées, tombées quelques jours auparavant : le long des rues, sur la place, dans les cours paysannes… Plutôt que de les balayer, les villageois laissaient ces feuilles mortes au sol, afin de préserver ce décor merveilleux. Les touristes se faisant rares à cette époque de l'année, les divers restaurants familiaux accueillaient peu de clients. Le midi, le village semblait extrêmement calme : les enfants, chacun leur sac sur le dos, se précipitaient chez eux pour déjeuner, sans prêter la moindre attention aux visiteurs qui prenaient des photos de temps à autre. Une autre caractéristique représentative de ce village est l'incontournable poulet mijoté aux amandes de ginkgo. Les fruits sont récoltés directement sur les ginkgos, tandis que les poulets sont élevés dans les arrière-cours des maisons. Abattu sur place, puis bouilli dans une marmite chauffée aux petits bois, le poulet fut servi peu de temps après : rien que ce plat délicieux justifier notre voyage.

Le vieux bourg de Heshun

Le vieux bourg de Heshun ne se trouve qu'à 3 km du centre-ville de Tengchong, d'où l'on peut prendre l'autobus n° 6 pour s'y rendre. Par rapport aux autres bourgs anciens, Heshun est plus calme et culturelle, moins commerciale et animé. Outre les visites conventionnelles, rien n'empêche de faire l'expérience de la vie des habitants locaux : détendue et paisible. Le long des deux rives de la petite rivière qui entoure le bourg étaient érigés des temples ancestraux, des portiques, des balustrades et des maisons avec une toiture en tuiles. Tout témoigne de la prospérité et de la richesse culturelle d'antan qui émanent de ce lieu natal des Chinois d'outre-mer. Le bourg abrite plus de 1 300 foyers, mais plus de la moitié de la population réside à l'étranger, au Myanmar, en Inde, à Singapour, aux États-Unis, au Japon, au Canada et dans d'autres pays. La bibliothèque rurale de Heshun a été fondée en 1938 grâce aux largesses des compatriotes d'outre-mer, qui à l'époque avaient recueilli de l'argent et fait des dons de livres. Elle conserve plus de 70 000 ouvrages, dont plus de 10 000 exemplaires rares et anciens, ce qui en fait la plus grande bibliothèque rurale de Chine. Le long de la rivière, on peut trouver des lavoirs pavés en pierre et avec une toiture en bois, où l'on peut nettoyer son linge, des légumes, ou tout simplement se reposer en profitant de l'air frais. On dirait que les hommes de Heshun ont aménagé ces lavoirs afin que les femmes puissent se mettre à l'abri du vent et de la pluie lorsqu'elles font la lessive, un cadeau simple mais doux que ces hommes de Heshun qui partent travailler à l'extérieur de la maison ont offert à leur femme qui reste au foyer. Heshun n'est pas très grand, si bien que l'on peut s'y promener librement et aisément sans avoir recours à une carte. Par ailleurs, les visiteurs peuvent aborder les habitants locaux, si chaleureux, pour leur demander leur chemin. Si la fatigue se fait sentir, on peut se reposer nonchalamment en s'asseyant sur le seuil de n'importe quelle maison. Depuis longtemps, suivant une tradition, les gens de Heshun construisent des routes à mesure qu'ils gagnent de l'argent. Plus une famille construit de routes, plus elle se sent glorieuse. Ainsi, à Heshun, nul passage n'est nu. Toutes les voies qui sillonnent le bourg sont dallées, ce dernier ressemblant donc à un vrai labyrinthe culturel. À vrai dire, il est difficile de dresser une liste des sites à voir en particulier. Chaque coin, chaque toit, chaque chemin de Heshun est mémorable. Partout souffle un vent de culture et de vie. Cependant, ce vieux bourg est en train de changer. À l'entrée, petites et grandes boutiques de jade s'accumulent dans la rue commerciale. Des résidences populaires ont été transformées en auberges ou en bars-cafés. Heshun s'ouvrant au tourisme, de plus en plus de gens entendent parler de ce bourg, dont le caractère est aujourd'hui en pleine mutation.

Les volcans et le parc géothermique

Du point de vue géologique, Tengchong se situe à la jonction de la plaque eurasienne et de la plaque indienne. En raison du mouvement de ces plaques tectoniques, la ville se trouve dans une zone où se concentrent des volcans. D'après les statistiques, Tengchong en compte 99. En outre, riche en ressources géothermiques, elle renferme 88 stations thermales naturelles. Il s'agit d'ailleurs de l'unique région chinoise où coexistent volcans et ressources géothermiques. Tôt le matin, comme convenu, le conducteur nous a rejoints pour nous emmener jusqu'aux sites touristiques. Faute d'autobus, il est nécessaire de prendre un taxi ou de louer une voiture pour aller visiter le Parc national géologique des volcans, le village du ginkgo ou la vallée aux fleurs de cerisier. Si vous louez une voiture, négociez le prix à l'avance. Le Parc national géologique des volcans de Tengchong abrite des sites tels que le cratère du Dakongshan (grande colline creuse), celui du Xiaokongshan (petite colline creuse), des orgues basaltiques et une « rivière aux poissons noirs ». Le matin, il est possible de s'envoler en montgolfière pour avoir une vue panoramique sur Dakongshan. Néanmoins, pour ce faire, il faut parcourir un long chemin. Nous avons donc choisi de visiter Xiaokongshan. Xiaokongshan, en forme de cône tronqué, est recouvert de forêts luxuriantes. Du haut jusqu'en bas du cratère, dont la profondeur atteint 47 m, partout s'amoncellent des cendres volcaniques. J'ai ramassé quelques roches volcaniques auprès du cratère. Cette catégorie de roche, appelée « pierre ponce », est si légère qu'elle flotte sur l'eau. Nous avions du mal à savoir ce qu'« orgues basaltiques » pouvaient bien désigner jusqu'au moment où nous les avons vus de nos propres yeux. En fait, il s'agit de roches cylindriques, qui se forment naturellement au moment de l'éruption volcanique, par le refroidissement brutal du magma jaillissant. Mère Nature est vraiment magique ! Cependant, ce phénomène ne s'observe pas sur tous les volcans. À l'origine, la « rivière aux poissons noirs » était une rivière souterraine. Le magma du volcan ayant bloquée son écoulement, elle a finalement trouvé une issue à la surface de la terre. D'après la population locale, chaque été et automne, vivent dans cette rivière des milliers de petits poissons noirs. Avant, se nourrissant d'insectes et même d'autres espèces de poissons dans la rivière souterraine, ils étaient longs et minces. Mais depuis qu'ils nagent dans la partie « découverte » de la rivière, ils grossissent rapidement grâce à la nourriture plus riche et sous l'effet du soleil. Les résidents locaux font griller ces poissons, un vrai délice ! Cette rivière, la plus grande source tiède de Tengchong, offre également une eau minérale naturelle de haute qualité. Après avoir savouré du poisson grillé et pris une pause, nous sommes partis en direction du Parc géothermique, la « mer chaude ». Le parc, d'une superficie de 9 km2, se trouve dans le sud-ouest du centre-ville de Tengchong. Malgré son appellation de « mer chaude », le parc est en fait une vallée parsemée de sources naturelles, dont la température de l'eau dépasse les 90 °C pour 14 d'entre elles. À l'entrée, nous avons acheté des œufs et des pommes de terre, pour les faire cuire dans les sources chaudes. De là, on pouvait déjà sentir une forte odeur de soufre. Avant de nous baigner dans les sources chaudes, nous avons décidé de faire un tour dans ce parc. L'attraction la plus célèbre à l'intérieur de ce parc est bien sûr le « chaudron bouillonnant », qui mesure 3 m de diamètre, d'où émergent sans interruption des bulles énormes au-dessus desquelles flottent des nuages de vapeur. À côté de ce trou, les visiteurs placent des œufs, des pommes de terre, des arachides, etc. J'ai moi aussi déposé des œufs et des pommes de terre que j'avais apportés pour les déguster quelques minutes plus tard. Outre ce chaudron bouillonnant, se trouvent d'autres sources connues comme entre autres la « source des perles », la « source des crapauds » et la « source des lunettes ». Après la visite, nous vous conseillons de vous détendre dans un SPA ou bien de manger un grand bol de nouilles de riz locales. Au clair de lune, nous sommes repartis à l'hôtel. La vallée était totalement silencieuse sous le ciel étoilé. Rares sont les gens qui ont l'occasion de pouvoir l'admirer dans les grandes villes.

Conseils aux voyageurs

Autres sites à voir :

Musée sur la Guerre de résistance contre l'agression japonaise à la frontière sino-birmane : situé dans le vieux bourg de Heshun, il s'agit du premier musée en Chine ayant pour thème la Guerre de résistance contre l'agression japonaise qui a été construit grâce à des fonds privés et qui est soutenu par des collectionneurs privés.

Cimetière des victimes de guerre : à 1 km du sud-ouest du centre-ville de Tengchong et au bord de la rivière Dieshui, il a été édifié en mémoire des officiers et soldats du 20e corps de l'armée expéditionnaire chinoise qui ont donné leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Chute d'eau de la rivière Dieshui : elle prend sa source dans la rivière Daying, située dans le nord-est de Tengchong. À 2 km à l'ouest de la ville, la rivière Dieshui tombe d'une hauteur de 46 m, puis suit son lit. Cette rivière sur « deux étages » a donc pris le nom « Dieshui » (eau superposée).

Zone humide de Beihai : à 12,5 km du nord-ouest de la ville, il s'agit de la seule zone humide sous protection nationale, parmi les 33 du pays, qui soit située dans la province du Yunnan..

Vallée aux fleurs de cerisier : à 26 km à l'est de Tengchong, dans le village de Shuangpo, elle fait partie de la réserve naturelle du mont Gaoligong, qui jouit d'un climat humide toute l'année. La vallée est réputée pour ses sources chaudes naturelles.

Alimentation locale :

Les plats de Tengchong sont plutôt salés, mais vous pouvez demander aux cuisiniers d'ajouter moins de sel.

Da Jiu Jia ou Erkuai sautés : Les Erkuai sont produits à base de riz fin local et peuvent être préparés sous la forme de nouilles ou de morceaux.

Poudre de pois : ce plat est composé de petits pois trempés dans de l'eau, puis moulus et bouillis, assaisonnés avec de la coriandre, de l'huile pimentée, de l'huile de sésame, etc.

Zong Bao : il s'agit du fruit de palmier coupé très fin, sauté avec des carottes et des tranches de viande fraîche. C'est l'une des spécialités de Tengchong.

Gan Ma Rou : non gras, mais savoureux et nutritif, il est fait de morceaux de viande de porc braisés, assaisonnés avec des épices variées.

Spécialités :

Les boutiques les plus nombreuses à Tengchong sont celles spécialisées dans le jade et la sculpture sur bois. Les jades issus du Myanmar sont entrés en Chine par la province du Yunnan. Cela fait déjà près de 600 ans maintenant que les habitants de Tengchong se sont lancés dans la transformation de la jadéite. Tengchong recèle aussi de riches ressources forestières. Imprégnées de la profonde histoire culturelle de la ville, les sculptures sur bois ou à partir de racines sont devenues de plus en plus populaires, formant une nouvelle industrie.

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