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Le bonheur est dans le pré
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Les nouveaux logements tout beaux tout neufs de Changfeng. (PHOTO FOURNIE PAR LE DISTRICT DE CHANGFENG) |
LI YUAN, membre de la rédaction
« Le bourg de Gangji se situe dans une frange urbaine-rurale, où l'on compte de nombreuses femmes dont l'époux est parti travailler dans d'autres villes ou provinces. Face à cette situation, nous déployons des efforts pour réveiller l'enthousiasme de ces femmes, de sorte qu'elles participent à la construction d'une campagne nouvelle », nous explique Wan Wan. Malgré son jeune âge (21 ans), cette fille au look décontracté (doudoune jaune et queue de cheval) travaille en tant que première secrétaire de la cellule du Parti au village de Dayao, dans le bourg de Gangji, situé au nord du district de Changfeng (province de l'Anhui).
Des jeunes dynamiques au service de la communauté
Wan Wan est diplômée de l'École de police de l'Anhui. Après avoir réussi ses examens, elle a débarqué dans le village de Zhangmiao (bourg de Gangji) en 2011, en tant qu'assistante au secrétaire de la cellule du Parti du village. Elle figurait à ce titre parmi les « cadres-étudiants affectés en zone rurale » de Hefei (chef-lieu de l'Anhui). Au mois d'avril 2014, suite à des élections réunissant les étudiants, elle a été désignée première secrétaire de la cellule du Parti à Dayao. Bien que Wan Wan travaille dans le village depuis peu, son expérience professionnelle et sa personnalité joyeuse ont très vite été reconnues et appréciées des habitants locaux.
Pour nous présenter le bourg de Gangji, elle nous conduit chez Jia Xianchuan, un villageois âgé de 68 printemps, qui nous accueille avec enthousiasme. L'interview est un peu laborieuse pour nous, en raison du fort accent local de M. Jia... Heureusement, Wan Wan nous sert d'interprète : « M. Jia et son épouse ont emménagé dans leur nouvelle maison en 2013. Ils y vivent seuls, car leurs enfants travaillent dans d'autres régions. Je viens souvent leur rendre visite et faire la parlotte avec eux pendant un moment, donc je suis dorénavant habituée à leur accent. » Wan Wan ne rechigne jamais à prêter main forte aux habitants, les aidant également à rechercher des informations en ligne, notamment dans les domaines de la culture et de la gestion d'entreprise.
Faisant le point sur ses impressions quant à son travail ces trois dernières années, elle admet que ses tâches quotidiennes sont à la fois banales, compliquées et formatrices. « Beaucoup de questions sont plus épineuses qu'elles n'en ont l'air. Tout travail auprès de la communauté nécessite non seulement fermeté et respect d'une certaine procédure, mais aussi empathie », indique Wan Wan.
Mais en aucun cas elle ne regrette d'avoir choisi cette voie de carrière, pourtant incomprise par ses parents : « Grâce à ce travail au plus proche du peuple, j'envisage certaines questions sous un autre angle. C'est une expérience de vie précieuse que je chéris. D'ailleurs, mes parents, à mesure qu'ils me voient grandir, changent leur point de vue sur mon emploi. »
À l'heure actuelle, Wan Wan s'affaire à explorer, avec d'autres cadres-étudiants dans les villages voisins, le marché de la « poire d'or » (une sorte de poire hybride). Elle voudrait pousser les portes de l'entrepreneuriat, tout en créant des débouchés pour les villageois.
« Quand on œuvre au bien-être de la population, il y a toujours des aspects qui peuvent être encore améliorés, comme par exemple, la vie spirituelle ou les ressources financières des villageois. J'espère pouvoir trouver davantage de solutions à leurs difficultés. Dans les régions rurales, les initiatives et les changements demeurent encore insuffisants. Ainsi, les cadres-étudiants de la nouvelle génération ont la responsabilité, et même le devoir, de faire évoluer la situation », ajoute Wan Wan.
L'exode de la population rurale vers les villes, qui découle des phénomènes d'urbanisation et d'industrialisation, est irréversible. Toutefois, les campagnes ont besoin de personnes qualifiées, que ce soit pour moderniser les technologies agricoles ou pour élever le niveau d'instruction des agriculteurs. Les cadres-étudiants, qui font preuve d'un grand dynamisme, constituent déjà une force non négligeable propice à l'édification de campagnes nouvelles. En agissant pour l'avenir des terres rurales avec compétence et passion, ces jeunes donnent un sens à leur vie.
Une nouvelle agglomération bien équipée
Dayao est situé au centre-nord du bourg de Gangji. Il tire son nom « grand four » de la grande quantité de fours à céramique de la fin des Qing qu'il comptait. Aujourd'hui y demeurent les vestiges de quelques-uns d'entre eux.
En 2013, Jia Xianchuan a pu faire sa pendaison de crémaillère dans ce village, tout comme les 287 autres familles qui y résident.
C'est par un midi froid de décembre que nous avons pénétré dans la nouvelle propriété de Jia Xianchuan. Télévision, chaîne hi-fi, téléphone fixe et appareils électroménagers de la vie courante étaient tous présents. Ordinairement, il n'y a que son épouse et lui qui dorment dans cette maison. Leurs quatre enfants travaillent dans la ville de Hefei et rentrent uniquement les week-ends ou les jours fériés au village, où eux aussi possèdent leur propre appartement.
« Auparavant, 17 pâtés de maisons étaient dispersés aléatoirement dans le village. Lorsque le vent soufflait fort ou que la pluie tombait à verse, les habitants craignaient toujours que leur habitation, en briques et tuiles, s'écroule et blesse gravement quelqu'un », se rappelle Jia Xianchuan.
En 2012, le gouvernement central a financé un programme de réaménagement de la zone rurale de Dayao. Au centre du village, l'agglomération de Jiadaying, qui se compose de deux rangs de bâtiments et d'espaces verts, occupe une superficie de 150 km². À l'image d'une ville moderne, elle est pourvue d'infrastructures perfectionnées, d'installations culturelles et d'équipements sportifs, avec notamment des routes goudronnées, des lampadaires solaires, un réseau d'égouts, une station d'épuration, un terrain de basket, une place dédiée aux activités culturelles et une salle de remise en forme.
Toutefois, près de Jiadaying demeure une caractéristique rurale : un potager de 27 mu (15 mu = 1 ha). « Grâce à cette terre, les villageois peuvent subvenir à leurs besoins alimentaires eux-mêmes. Après tout, ici, nous sommes agriculteurs de génération en génération. Certains encore sont habitués à travailler dans les champs. Par ailleurs, nous vivons à une certaine distance de la ville, ce qui n'est pas très pratique pour acheter des légumes frais, nous explique He Weihua, chef adjoint du bourg de Gang-ji. La surface totale du potager est répartie entre les villageois conformément à la taille des ménages. Ils sont libres de renégocier entre eux les parcelles ultérieurement. »
Le retraité Jia Xianchuan s'occupe soigneusement de son petit lopin. Choux chinois et citrouilles en hiver, poivrons verts et laitues en été : les légumes qu'il récolte au cours des quatre saisons garnissent la table à manger du vieux couple, qui se dit heureux de sa vie actuelle.
Le programme de construction d'une campagne nouvelle a amélioré le cadre de vie des agriculteurs. Les villageois peuvent en outre élire des bénévoles qui siègeront dans un conseil d'administration, un moyen d'apporter leur concours à la gestion de leur agglomération et de développer pas à pas dans la campagne les bons gestes pour protéger l'environnement.
L'évolution réjouissante qui a eu cours à Dayao n'est pas un cas isolé dans le district de Changfeng. Également en 2013, les habitants du village de Taoxi (dans le canton de Taolou, à 3 km de là) ont eu l'opportunité d'être installés dans des résidences toutes neuves. Attachant une haute importance aux services fournis à la population, le village de Taoxi a équipé son agglomération de cantines, supermarchés, centres d'activités, salles de fitness et garages destinés aux véhicules agricoles. Taoxi est également doté de la télévision par câble, d'Internet haut débit, du chauffage au gaz, de panneaux solaires et de caméras de surveillance.
Le développement de l'industrie écologique
« Les jeunes d'aujourd'hui préfèrent partir travailler dans les villes pour un revenu plus élevé que de rester ici à labourer les champs. Il s'agit d'un phénomène qui touche la plupart des zones rurales », indique He Weihua.
Dans ce contexte, beaucoup de terres restent en friche. Pour résoudre ce problème, le village de Dayao a décidé d'approfondir la réforme agraire par la voie du transfert des terres, afin d'élever le rendement du sol et d'augmenter les revenus des villageois.
Le village de Dayao se situe au niveau de la ligne de partage des eaux du Jiang-huai (région entre le Yangtsé et la rivière Huaihe), l'une des zones de protection des sources d'eau de 2e rang national. Le réservoir de Dafangying, situé au sud-est du village, et le réservoir de Dongpu, au sud-ouest, ont pour mission d'alimenter en eau plus de la moitié des ménages de Hefei. C'est pourquoi les industries traditionnelles à forte consommation d'énergie et hautement polluantes ne peuvent pas s'y installer, tout comme la culture et l'élevage y sont limités en raison de la contamination des sols qu'ils provoquent à travers l'utilisation d'engrais et de pesticides. Finalement, Dayao a privilégié la plantation de fleurs.
« À mesure que s'accélère l'urbanisation ces dernières années, l'industrie des pépinières est devenue un des secteurs à fort potentiel. Dayao, avec ses reliefs variés typiques de la région vallonée du Jianghuai, est le lieu parfait pour le développement des jeunes plants, d'autant plus que le village est assez proche du chef-lieu de l'Anhui, un avantage pour le commerce », précise He Weihua.
À la lumière des idées de « conserver l'eau », « replanter » et « optimiser la structure industrielle », toutes les parcelles de terre disponibles à Dayao ont été louées à des entreprises cultivant de jeunes pousses. Selon He Weihua, un mu de terre louée apporte aux villageois 600 yuans par an, tandis que ceux qui sont employés par ces entreprises, notamment des femmes et des personnes âgées, peuvent obtenir une rémunération de 80 yuans par jour. Toujours d'après lui, cette politique de transfert des terres a permis d'augmenter de 12 000 yuans le revenu annuel de chacun des ménages du village.
Revenons à présent à Taoxi, pour s'enquérir de la situation à cet égard. Dans le centre de services du village, nous rencontrons Chen Jun, un entrepreneur majeur ici.
Cet homme de 40 ans est né dans le district de Shouxian (au centre de l'Anhui). Il a fait fortune par la vente de graines et d'engrais. Faisant appel à sa riche expérience dans le domaine des affaires, il se dit très optimiste quant aux perspectives de développement de l'agriculture bio, qui bénéficie de la politique de transfert des terres. Il a commencé à louer des parcelles en 2011. De nos jours, il exploite plus de 3 000 mu (dont près de 2 000 mu à Taoxi) pour cultiver du riz, des légumes et des arbres fruitiers selon des principes écologiques.
« De par son bon environnement naturel, sa proximité par rapport à Hefei et la commodité de ses transports, le canton de Taolou est bien placé pour développer l'agriculture verte ! » remarque Chen Jun. En plus de s'être enrichi à un degré enviable, cet entrepreneur a joué un rôle de premier plan dans l'augmentation des revenus des habitants locaux, en leur attribuant des emplois. Il a employé 2 000 à 3 000 salariés, dépensant plus d'un million de yuans pour leur rémunération.
Pour l'heure, le village de Taoxi dispose de 3 223 mu de terre louée à des entrepreneurs, soit un taux de transfert de 92,6 %. En outre, le village a accueilli 9 entreprises agricoles et créé 6 coopératives professionnelles. Abritant 2 000 mu de potagers qui produisent chaque année 8 000 tonnes de légumes biologiques, Taoxi est connu de tous comme étant le « village aux légumes ».
Un centre culturel aux activités variées
Au son de la mélodie d'un erhu (un instrument de musique chinois), nous entrons dans le centre culturel de Taolou. Deux personnes âgées se divertissent : l'une joue d'un instrument de musique, l'autre chante. Puis, il nous est précisé qu'au sein de ce centre culturel, a aussi été créée une école destinée aux personnes âgées dans laquelle il est possible de lire, s'initier à l'opéra chinois ou encore jouer aux échecs. En plus, l'école organise souvent des conférences, dont les thèmes tiennent compte des préoccupations des gens du troisième âge.
Comme beaucoup d'autres régions rurales en Chine, Taolou a largement subi les répercussions de l'urbanisation : presque les trois quarts de la population exercent leur profession dans d'autres régions, de sorte que le village est peuplé essentiellement de femmes, enfants et personnes âgées de plus de 65 ans. Le degré de mécanisation s'étant élevé et la charge de travail s'étant abaissée, les agriculteurs disposent d'un peu plus de temps libre. Ainsi, il est devenu urgent d'enrichir la vie culturelle de la population rurale dans le contexte d'édification d'une campagne nouvelle.
« Autrefois, notre centre culturel était composé de quelques modestes maisons basses. De dimension réduite, il ne proposait qu'un petit rayon d'activités. Mais maintenant, grâce au fonds annuel de plus de 100 000 yuans alloué par le gouvernement, le centre culturel est considéré comme une belle œuvre qui étoffe la vie des habitants », raconte Shen Peifang, membre chargé de la communication du comité du Parti à Taolou.
Le centre culturel de Taolou a ouvert ses portes en 2010. L'immeuble de deux étages comporte une salle de jeux, une bibliothèque, une médiathèque, une salle de musique et de danse, une salle d'exposition de peintures et calligraphies, un centre d'activités pour les personnes âgées, ainsi qu'un centre de services visant à vulgariser les technologies agricoles et à faciliter le partage des connaissances entre les agriculteurs.
« Chaque année, nous organisons au moins trois formations animées par des professeurs d'université ou des experts conseillers. Ils donnent aux agriculteurs des cours sur l'arboriculture et l'agriculture écologique. Les frais de scolarité et de matériel sont intégralement exonérés pour les participants, dont le nombre atteint régulièrement 60 ou 70 personnes », raconte Shen Peifang.
La bibliothèque et la médiathèque sont les espaces les plus fréquentés par les jeunes. Soutenue financièrement par diverses sources, la bibliothèque dispose actuellement de plus de 4 000 volumes, mais ce chiffre augmente tous les ans. Les livres les plus lus sont principalement ceux portant sur la politique, les sciences et technologies, ainsi que les divertissements.
« Les spectacles culturels et artistiques sont également très populaires. Nous invitons souvent des groupes artistiques d'autres régions à venir donner des représentations chez nous, ajoute Shen Peifang. Par ailleurs, les fidèles talents de notre centre créent parfois des numéros. Ces derniers se sont produits il y a quelques jours dans la maison de retraite du canton. Tout en s'amusant, ils contribuent au bonheur de la société. »
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