CHINAHOY

29-December-2014

Les belles histoires de la musique traditionnelle chinoise I

 

Comme beaucoup de choses anciennes en Chine, l'invention des instruments et la composition des mélodies traditionnelles sont relatées sous la forme de légendes dramatiques et émouvantes. Aperçu.

HU YUE, member de la rédaction

Au cours des millénaires de l'histoire chinoise, la musique traditionnelle chinoise s'est transmise de génération en génération, et ainsi chaque morceau possède une histoire étonnante ou pathétique, dont les Chinois aiment se souvenir aujourd'hui.

Gaoshan Liushui

Gaoshan Liushui (Haute montagne et fleuve impétueux ) est un morceau composé pour le guqin. Le guqin est un instrument traditionnel à cordes pincées. À en croire la légende, ce morceau aurait été créé par Yu Boya pour raconter son histoire avec Zhong Ziqi.

Yu Boya apprit le guqin dans son enfance, jusqu'à maîtriser à fond aussi bien la technique que l'esprit de l'instrument. Un jour que Yu séjournait à Hanyang au bord du fleuve Yangtsé, il admirait la lune d'automne, se sentait en verve et se mit à jouer une pièce sur son guqin. Le bûcheron Zhong Ziqi, qui passait là par hasard, fut enthousiasmé par la musique de Yu. Yu jouait en pensant à la montagne, et Zhong rêvait en se disant : « Ce que j'entends décrit une montagne pareille au Mont Taishan. » Yu joua ensuite en pensant au fleuve, et Zhong s'écria : « Cette fois, la musique évoque un fleuve qui coule ! ». Où que l'inspiration de Yu le conduisît, à chaque fois Zhong le comprenait parfaitement par ses accents. Yu fut ravi de rencontrer enfin un ami capable d'apprécier son art. Les deux hommes se lièrent immédiatement comme deux frères et se promirent de se rencontrer à nouveau, l'année suivante au même endroit, pour poursuivre leur dialogue musical.

L'année suivante, Yu, ponctuel au rendez-vous, apprit que Zhong était entre-temps décédé. Il poussa un long cri de désespoir en se précipitant sur la tombe de Zhong. Puis il s'assit et se mit à jouer un morceau sur son guqin. Le morceau qu'il composa alors, il l'appela Gaoshan Liushui, en souvenir de son ami intime. Lorsque la musique se tut, il s'écria : « J'ai perdu le seul ami qui savait apprécier ma musique, pour qui jouerais-je désormais ? » Et il cassa son instrument en se jurant de ne plus jouer du guqin de toute sa vie, ne laissant à la postérité que ce morceau et l'histoire de son amitié pour Zhong.

Gaoshan Liushui est devenu une expression commune dans la langue chinoise, qui exprime l'idée qu'il est difficile de trouver une âme sœur, mais aussi pour décrire une belle mélodie. Des romans, des tableaux contemporains, des films de cinéma, et même des séries télévisées se sont inspirés de cette histoire. La sonde spatiale américaine Voyager I, lancée le 22 août 1977 emportait un disque d'or qui contenait une collection de chansons du monde entier, dont le fameux morceau Gaoshan Liushui qui symbolisait l'humanité à la recherche d'un ami dans l'univers. Aujourd'hui, à Wuhan, capitale de la province du Hubei où, selon la légende, Yu Boya rencontra Zhong Ziqi, une revue s'intitule Zhiyin (l'ami intime), et c'est l'une des revues les plus vendues en Chine.

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