CHINAHOY

27-September-2013

La Chine et son voisinage : relations et stratégies futures

 

 

En raison des relations sino-indiennes actuellement un peu tendues, la visite en Chine, en mai dernier, du ministre indien des Affaires étrangères Salman Khurshid a particulièrement été suivie par les médias.

 

Promouvoir l’intégration de l’Asie de l’Est

La configuration géopolitique en Asie de l’Est, actuellement en pleine mutation, fait naître de très fortes contradictions. Les États-Unis tentent de renforcer et d’élargir leur pouvoir d’influence, tandis que la Chine est en train de rétablir dans cette région l’influence qu’elle y exerçait autrefois. Le nouvel échiquier de l’Asie de l’Est prend peu à peu sa forme sur fond de vives luttes. Dans ce processus, la Chine doit prendre les devants sur le plan diplomatique. En ce sens, les pays de l’Asie de l’Est vont sans doute devenir la priorité de la diplomatie chinoise. Les relations sino-américaines doivent se subordonner à la diplomatie chinoise.

En réalité, pour la Chine, soigner ses relations avec les pays de l’Asie de l’Est bénéficiera aussi grandement à ses relations avec les États-Unis. Dans les affaires diplomatiques en Asie de l’Est, la Chine, d’un côté, s’oppose fermement aux quelques représentants des forces extérieures, et de l’autre s’unit à la majorité des pays attentistes, afin de construire activement une communauté stratégique et sûre. Il est à noter que les différends sur la souveraineté des mers qui ont éclatés entre la Chine et certaines nations ne sont pas de même nature. Très peu d’entre eux relèvent de la lutte contre l’hégémonie ; la majorité correspond à des problèmes localisés de faible portée.

La stratégie chinoise en Asie de l’Est promeut essentiellement l’intégration de l’Asie du Nord-Est et de l’Asie du Sud-Est. À cette fin, la Chine doit jouer un rôle crucial dans l’écartement des obstacles posés par l’ingérence extérieure, afin d’empêcher que la coopération de l’Asie de l’Est ne soit remplacée par la coopération de l’Asie-Pacifique. Il faut garder à l’esprit qu’un pays continental et un pays insulaire affichent des caractéristiques géopolitiques différentes. Il convient pour la Chine d’encourager l’intégration de toute la région de l’Asie de l’Est au moyen de coopérations avec les pays continentaux dans les domaines des infrastructures, de l’économie et de la sécurité.

En somme, la stratégie chinoise pour la sécurité et le développement requiert au pays de faire appel à toutes ses forces pour lutter contre les menaces principales. En outre, la partie continentale de la Chine doit tenter de résoudre par tous les moyens la question de Taiwan au plus vite, afin d’élargir la sphère de sécurité et de développement en Asie de l’Est et dans le Pacifique Ouest.

Les frictions entre la Chine et l’Inde peuvent être contrôlées

Les litiges territoriaux entre la Chine et l’Inde ne datent pas d’hier, mais le phénomène semble s’aggraver ces dernières années, avec l’explosion récente d’une série de confrontations. Dans le même temps, l’Inde prête de plus en plus d’attention à l’Asie de l’Est et s’active à approfondir sa coopération, en particulier sur le plan militaire, avec le Japon, le Vietnam et les Philippines. Par ailleurs, suite à la visite en Inde en juillet dernier du vice-président américain Joe Biden, les relations américano-indiennes se sont renforcées. Les États-Unis ont souligné à plusieurs reprises qu’ils soutiendront le développement de l’Inde vers l’est de l’Asie, espérant la voir jouer un rôle stratégique plus important dans cette région à l’avenir. Il paraît évident que les États-Unis veulent se servir de l’Inde pour contenir la Chine. Toutes ces manœuvres ont sans doute accentué les facteurs d’instabilité auxquels la Chine est en proie dans cette région.

Certes, les conflits territoriaux avaient autrefois résulté en une guerre entre la Chine et l’Inde. Cependant, ce ne sont pas actuellement ces différends territoriaux qui détériorent le plus les relations sino-indiennes. Le problème fondamental réside dans le fait que l’Inde ne veut pas voir la Chine devenir la grande puissance dominante de l’Asie, refusant de finir deuxième dans cette compétition. Par conséquent, l’Inde saute sur l’occasion offerte par la stratégie américaine de rééquilibrage en Asie-Pacifique : elle diffuse son influence vers l’est et intervient dans les affaires de l’Asie de l’Est, augmentant la pression que subit la Chine. Tel est le choix stratégique adopté par l’Inde. Toutefois, elle ne cherche qu’à resserrer l’étau autour de la Chine. En comparaison avec les États-Unis ou le Japon, elle n’a ni la force ni l’intention de combattre la Chine. Plus important encore, c’est avant tout l’océan Indien qui est vital pour l’Inde, pas l’Asie de l’Est ni l’océan Pacifique. Et dans cette zone, l’Inde est plus menacée par les États-Unis que par la Chine. Cela signifie que l’Inde contient la Chine tout autant qu’elle se prémunit face aux États-Unis, phénomène qui prendra de l’ampleur dans les années à venir.

Vu sous cet angle, il apparaît que les frictions, voire conflits, entre la Chine et l’Inde sur la question territoriale peuvent être contrôlés, tant en termes d’étendue que de gravité. L’Inde n’est pas l’ennemi de la Chine à tous égards. Ces désaccords ne s’apparentent pas à une menace stratégique fondamentale pour la Chine.

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