CHINAHOY

2-August-2013

Le « phénomène Mao Yushi » et la diversification de la société chinoise

 

ZHU FENG*

La Chine poursuit sans cesse son ouverture sur le monde, par quoi sa vitalité intrinsèque se trouve constamment nourrie et développée. La personnalisation de la pensée des citoyens chinois en est une conséquence importante aujourd’hui. Résultat : l’expansion constante de la société civile et le renforcement du sens de la responsabilité individuelle pour le développement de la société et de l’État démocratique. La Chine est entrée dans une nouvelle phase de développement qu’on peut appeler la « société personnalisée ». Le « phénomène Mao Yushi » en est une manifestation éclatante.

Mao Yushi représente la conscience de la Chine

M. Mao, âgé de près de 82 ans, assume encore les fonctions de directeur de l’Institut d’économie Unirule. Il ose regarder la réalité en face et a le courage de dire la vérité. Par exemple, pour lui, la Révolution culturelle a été une tragédie pour la Chine, bien que ce pays ait connu une forte cohésion sociale de par l’extrême contrôle idéologique à l’époque de Mao Zedong, il n’y avait ni pensée indépendante ni esprit de libéralisme en Chine, où la pauvreté était vue comme un état naturel idéal. Mao Yushi a travaillé à promouvoir la réflexion sur la Révolution culturelle, pensant que, dans l’intérêt de la Chine, il convenait de rompre avec l’esprit et le mode de pensée de cette époque-là. Ce n’est qu’en ayant le courage d’admettre l’étroitesse de vue et l’extrémisme qui prévalaient alors, que la Chine sera moralement pleinement en mesure d’embrasser une Chine vraiment neuve, une Chine de réforme et d’ouverture, celle qui a été initiée par Deng Xiaoping, pour qui « la pauvreté n’est pas le socialisme ».

Mao Yushi a son franc-parler sur tous les problèmes qui surviennent dans le processus de développement de la Chine. Il dit que sa vie consiste d’une part à « lutter pour le droit à la parole d’une Chine devenue riche sur la scène internationale, et d’autre part à lutter pour les droits des pauves ». Il est toujours à la pointe du développement de l’économie de marché de la Chine. Il propose de promouvoir vigoureusement le développement de l’économie privée dans le futur et critique l’actuel monopole des grandes entreprises d’État. Il pense que la vertu essentielle de l’économie de marché est d’éliminer constamment toutes les sortes de « privilèges » apparus au cours du développement social du pays, et de permettre aux Chinois d’accéder à une véritable « égalité des chances ».

Mao Yushi donne également des suggestions pour une réforme politique de la Chine. Pour lui, la réforme politique et la constitution d’un État de droit démocratique constituent l’objet premier de la réforme et de l’ouverture de la Chine au XXIe siècle. Le Parti communiste au pouvoir et les élites doivent avoir une compréhension profonde de la structure du pouvoir chinois, et faire avancer de manière progressive la démocratisation de celle-ci. Cela non seulement répondra à la tendance naturelle du développement de la Chine, mais témoignera de ce que la Chine est capable de faire face au monde.

Toutefois, M. Mao n’est ni un idéaliste, ni un simple critique. Dans son esprit, la Chine doit suivre son propre chemin, plutôt que de simplement copier le modèle de gouvernance politique des pays occidentaux, ce n’est qu’ainsi que la Chine pourra vraiment réaliser sa modernisation. Il n’hésite jamais à dire que le système électoral démocratique de l’Occident ne convient pas à la Chine d’aujourd’hui. Selon lui, seule une pratique politique fidèle à la culture politique et à la tradition historique chinoise pourra s’enraciner dans une Chine peuplée de 1,4 milliard de personnes et répondre vraiment aux besoins de la Chine contemporaine.

Il n’en reste pas moins, selon M. Mao, que la Chine devrait apprendre auprès de l’Occident, et s’inspirer des systèmes politiques démocratiques du monde. Il souligne que l’essence du confucianisme et de la culture confucéenne est de pouvoir se mettre à l’école des autres et de pouvoir assimiler leurs points forts. Ainsi pourra-t-on rénover le système et développer l’économie du pays.

La controverse sur le « phénomène Mao Yushi » signe l’apparition d’une société civile active

Bien que les points de vue de Mao Yushi ne représentent jamais que les conseils et suggestions offerts par un intellectuel responsable pour l’avenir de la Chine, ses idées suscitent de grandes controverses dans une partie du public chinois.

Par exemple, les gens qui critiquent Mao Yushi gardent toujours le souvenir de la Chine du temps de Mao Zedong. Pour eux, malgré la pénurie matérielle et le faible revenu des gens, à cette époque-là, il n’y avait pas un tel écart entre les riches et les pauvres, comme aujourd’hui. L’État appliquait un vrai système de protection socialiste, personne ne s’inquiétait du logement individuel, de la santé et de l’éducation.

Parmi ceux qui critiquent les points de vue de Mao Yushi, certains estiment que le monde est toujours divisé entre l’« Occident » et le reste du monde. La Chine, appartenant par nature à l’« Orient », accuse un grand écart avec l’« Occident » où dominent les économies développées. Ils pensent donc que la Chine, qui monte en puissance, doit s’en tenir à la tradition orientale et la développer, qu’elle doit renforcer encore sa puissance pour contrebalancer l’« Occident ». Ils s’obstinent dans l’idée que la montée en puissance de la Chine n’est pas accueillie favorablement par l’Occident et que la division du monde entre « Est » et « Ouest » est éternelle.

M. Mao est le produit de la pensée sociale et politique de la Chine. Il reflète non seulement la diversité des opinions ayant cours en Chine aujourd’hui, diversité qui émane d’une population nombreuse et s’explique par le lourd fardeau historique de la Chine, mais il reflète aussi la nouvelle vitalité des Chinois, fruit de la collision et des frictions entre de multiples façons de penser.

La « société personnalisée » : l’espoir de la Chine

Le « phénomène Mao Yushi » traduit le progrès politique et social de la Chine. La Chine d’aujourd’hui est passée d’une « société ouverte » à une « société personnalisée ».

Cette « société personnalisée » se caractérise non seulement par l’essor et le choc de toutes sortes de points de vue, mais aussi par une meilleure compréhension d’eux-mêmes et un auto-perfectionnement des Chinois au contact du monde. C’est d’ailleurs pour cette même raison que les Chinois se mobilisent de façon unanime pour la « société personnalisée », et que les citoyens assument consciencieusement l’édification d’une Chine moderne comme étant leur responsabilité. Dans une Chine où de multiples pensées s’entrechoquent, la vitalité sociale et politique se développe comme jamais.

Aujourd’hui, la pratique politique de la Chine consiste seulement à saisir la vitalité de la « Chine personnalisée » et à laisser chacun prendre la mesure de l’atmosphère nouvelle qui règne dans les divers domaines. Lors des septièmes études collectives du Bureau politique du Comité central du PCC, le 26 juin 2013, le président chinois Xi Jinping a indiqué que la Chine devait suivre sa propre voie, mais aussi suivre la tendance mondiale du développement. « Suivre sa propre voie », cela signifie que toute la pratique de la Chine dans la réforme et l’ouverture doit correspondre à la conjoncture nationale de la Chine et à ses traits culturels et historiques ; « suivre la tendance mondiale de développement », cela signifie saisir fermement les courants du monde de la démocratie, du droit et de l’innovation, pour ainsi promouvoir un développement simultané de la Chine et du monde.

Dans la Chine d’aujourd’hui, malgré les divers problèmes dans le processus de développement, on voit un flot de vitalité incessant, qui est le résultat de la « société personnalisée » et des tendances mondiales. En ce sens, M. Mao, malgré ses 82 ans, est un symbole de la vitalité de la Chine d’aujourd’hui.

 

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