CHINAHOY

26-August-2013

Il faut bien comprendre le rêve chinois

 

WANG YIWEI*

La Chine a son « rêve », les États-Unis ont le leur, l’Europe et l’Afrique ont chacun leur rêve. Ces rêves ont des points communs mais il existe également entre eux des différences. Ainsi le veut la diversité du monde !

Le rêve chinois ne se pose pas en s’opposant, mais il cherche l’innovation et le dynamisme en vue de contribuer au développement du monde. Néanmoins, les opinions publiques nourrissent toutes sortes de malentendus à l’égard du rêve chinois. On peut essentiellement en compter dix :

Premier malentendu : le rêve chinois est le rêve de la Chine. Certains médias l’ont interprêté comme le « rêve de la Chine », non comme le « rêve chinois ». Ils pensent que la réalisation de ce rêve se fera au détriment du public. C’est une interprétation étroite qui témoigne d’une compréhension limitée de la Chine.

Deuxième malentendu : le rêve chinois va remplacer le rêve américain. L’« American Dream » est un aspect du softpower des États-Unis. Certains pensent que le rêve chinois concrétise et matérialise la menace du softpower de la Chine. Ils considèrent les relations entre la Chine et les États-Unis sous l’angle des relations entre deuxième et première puissances mondiales et pensent que le rêve chinois va remplacer le rêve américain. En fait, c’est une incompréhension de la tolérance de la culture chinoise. La Chine n’est pas du tout un obstacle dressé sur la voie des autres vers leur objectif.

Troisième malentendu : le rêve chinois est en quelque sorte une utopie. Le mot utopie est un terme péjoratif en anglais, et en chinois, l’utopie signifie un rêve qui ne peut pas être réalisé. Pensant qu’il puise sa source dans le bouddhisme, certains estiment que ce rêve est une forme d’opium qui empoisonne la volonté des Chinois pour la réforme et aide à dissimuler les contradictions sociales. En fait, la société chinoise est laïque, et pour elle il importe de traduire les connaissances abstraites en actions concrètes. Loin de n’être qu’un réconfort spirituel, le rêve chinois combine l’idéal et la réalité.

Quatrième malentendu : le rêve chinois signifie le rejet du communisme. Certains médias associent le rêve chinois et l’identité étatique de la Chine et pensent que ce rêve reflète un certain rejet de la pensée communiste. En fait, la Chine est un pays socialiste dirigé par le parti communiste qui s’est fixé l’enrichissement commun comme objectif fondamental. Le rêve chinois ne refuse pas la pensée communiste et poursuit l’objectif d’un enrichissement collectif. On peut dire que le rêve chinois est celui de l’enrichissement commun de toutes les ethnies chinoises et de tous les peuples du monde.

Cinquième malentendu : le rêve chinois signifie que l’on abandonne l’ancienne démarche dite « traverser le fleuve en tâtonnant » . Certains pensent que la Chine rejette la voie des réformes qu’elle a suivie jusqu’ici. En fait, le rêve chinois met l’accent sur la gestion concrète menée depuis la réforme et l’ouverture et a toujours les pieds sur terre.

 Sixième malentendu : le rêve chinois est celui d’un gouvernement constitutionnel, des droits de l’homme et de la démocratie. Le rêve chinois reflète le plus fidèlement possible le consensus des Chinois et intègre toutes les demandes légitimes, justes et raisonnables.

  Septième malentendu : le rêve chinois est celui de la modernisation. La modernisation est un rêve national dans l’histoire moderne de la Chine. Certains veulent importer tel quel le modèle occidental sous prétexte de modernisation. Le rêve chinois n’est pas celui de l’application du modèle et de l’idéal politique de l’Occident. Il aspire plutôt à permettre à la Chine, en adéquation avec sa propre situation, de suivre sa propre voie socialiste aux caractéristiques chinoises.

Huitième malentendu : le rêve chinois est celui de la renaissance du pays. Certains pays s’inquiètent parce qu’ils pensent que la Chine rêve de faire revivre l’époque glorieuse des dynasties des Han et des Tang, voire même le système de tribut. Ce malentendu va renforcer le spectre d’une « menace chinoise ». En fait, la Chine est un pays possédant une civilisation ancienne. Le rêve chinois désigne une renaissance de la civilisation. Elle veut pousser la transformation de la civilisation humaine par cette renaissance et permettre un développement durable. C’est en fait une responsabilité.

Neuvième malentendu : le rêve chinois se limite au redressement de la Chine sur son propre sol. En fait, le rêve chinois va plus loin. Il implique un repositionnement de la Chine sur la scène internationale après son redressement et le renforcement de ses demandes propres. La proposition du rêve chinois signifie qu’à l’intérieur, le pays s’engage avec fermeté et pragmatisme dans une voie socialiste aux caractéristiques chinoises et qu’à l’étranger, il œuvre à promouvoir la démocratisation des relations internationales, ainsi qu’à réaliser une réconciliation entre l’« Est » et l’« Ouest » et un équilibre entre le Nord et le Sud, et ainsi bâtir le rêve d’un monde harmonieux.

Dixième malentendu : le rêve chinois exprime le nationalisme de la Chine. Certains médias le prennent pour un rêve nationaliste, une expression du nationalisme. En fait, le rêve chinois ne repousse pas le rêve des autres pays et même les aide à réaliser leur propre rêve.

En somme, le rêve chinois est celui de tous les Chinois, d’abord le bien-être et le bonheur de la population chinoise, puis la prospérité et la puissance du pays, enfin celui de la civilisation chinoise. Cela veut dire que la civilisation chinoise se doit de fournir un trésor spirituel à toute l’humanité tout en développant son économie.

*WANG YIWEI est professeur à la faculté des études internationales de l’université du Peuple de Chine et chercheur à l’Institut de Chahar.

 

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