CHINAHOY

1-July-2014

Chen Zhu : « Que les progrès sanitaires portent le rêve chinois ! »

 

Le 12 mai 2014, Chen Zhu dialogue avec les représentants de la zone industrielle pharmaceutique de Heze au Shandong. (PHOTO FOURNIE PAR CHEN ZHU)

 

Rencontre avec Chen Zhu, l'ancien ministre de la Santé chinois, qui s'est largement inspiré de son expérience française pour participer à l'élaboration du nouveau système médical.

Au moment de son interview accordée à La Chine au présent, il vient tout juste d'achever ses études sur la réforme du système médical en vigueur dans les provinces du Zhejiang et du Shandong, mais il s'apprête déjà à partir pour Paris et Lyon afin d'échanger sur la médecine et l'hygiène avec des institutions de recherche. Il s'agit de Chen Zhu, vice-président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale (APN), président du comité central du Parti démocratique paysan et ouvrier de Chine (PDPOC) et ancien ministre de la Santé chinois.

« La France est le pays que j'ai visité le plus fréquemment, fait savoir Chen Zhu. Lorsque je travaillais à l'Institut de recherche hématologique de Shanghai, puis à l'Académie des sciences de Chine et enfin, au ministère de la Santé, je m'y rendais souvent, et c'est toujours le cas aujourd'hui. À l'heure où la réforme médicale chinoise s'intensifie, il convient de s'inspirer de l'expérience et des bonnes pratiques dont fait preuve le système médical français. »

Bien qu'il ait quitté son poste de ministre de la Santé, Chen Zhu, en tant que député de l'APN (l'organe législatif chinois), cherche continuellement à contribuer à la bonne santé de son pays.

« Les principaux objectifs ont été réalisés. »

C'est en avril 2009 qu'a été lancée la dernière réforme médicale chinoise. À l'époque, Chen Zhu assumait la fonction de ministre de la Santé. S'étant lui-même impliqué dans l'élaboration et la mise en application du nouveau système médical, il estime que les principaux objectifs de cette réforme ont été réalisés en 2012, soit en l'espace de trois ans.

« D'une part, explique–t-il, nous avons mis en place un système d'assurance maladie qui couvre 99 % de la population. Le taux de remboursement a beau rester faible, un cadre institutionnel a été établi. » Chen Zhu indique qu'à l'assurance maladie de base, s'ajoute une assurance applicable à 20 maladies graves. En même temps, les autorités en charge des affaires civiles ont mis en place une assistance médicale, et ces dernières années, une assurance universelle pour les maladies graves. « Le phénomène de paupérisation due à la maladie s'est considérablement résorbé. » D'autre part, la Chine a réalisé des progrès considérables dans l'égalité d'accès aux services publics essentiels en matière de santé. « Aujourd'hui, pour un coût estimé à 35 yuans par personne, les finances publiques fournissent à la population plus de 40 types de services médicaux de base regroupés en 11 catégories. » Chen Zhu a cité plusieurs exemples, dont la constitution gratuite des dossiers des patients, les soins délivrés aux mères et aux enfants, ainsi que l'examen médical gratuit pour les plus de 65 ans. Jusqu'ici, déjà plus de la moitié des personnes âgées vivant en région rurale ont passé des examens médicaux sans frais, et plus d'un million de personnes démunies atteintes de la cataracte ont été opérées.

Cependant, Chen Zhu considère qu'il reste des failles à combler. « Il faut élever le degré de protection de l'assurance maladie en étendant sa couverture, note-t-il. De nos jours, la réforme médicale manque encore d'harmonie en termes de gestion. La restructuration du système des services médicaux est loin d'être parfaite, de sorte que ces derniers n'arrivent pas à jouer leur rôle de "gardiens de la santé". Par ailleurs, nombreux sont les patients qui, méfiants des médecins de base, ne fréquentent que les grands hôpitaux, même pour de petits riens. La réforme des hôpitaux publics est donc à la traîne. Désormais, j'accorderai davantage d'attention au personnel de santé communautaire. Dès lors que le pays disposera d'un contingent de médecins de famille de haut niveau et dignes de confiance, la réforme médicale chinoise pourra être vue comme un franc succès. »

Chen Zhu considère la France comme l'un des pays les plus performants en matière de santé. « La Chine devrait apprendre du modèle français efficace et unifié, avec sa large couverture, son taux de remboursement élevé et sa cotisation équitable à l'assurance maladie, sa hiérarchie des soins, la structure pyramidale de ses organismes affiliés. La France excelle aussi en planification sanitaire. De stricts contrôles sont effectués pour assurer aux consommateurs à la fois la salubrité des produits alimentaires et le plaisir de leurs papilles. »

« Un séjour en France dont je continue de tirer parti. »

Chen Zhu, qui a étudié cinq années en France, de 1984 à 1989, voue à ce pays une affection profonde. « Mon séjour en France a marqué mon existence et exerce aujourd'hui encore une influence sur ma vie. »

Chen Zhu est né d'une famille de médecins : son père Chen Jialun et sa mère Xu Manyin sont tous deux diplômés de la faculté de médecine de l'université l'Aurore, à Shanghai. Par l'intermédiaire de ses parents, il a noué ses premiers liens avec le français. « L'université l'Aurore offrait un enseignement bilingue (anglais et français). Mes parents parlent bien français. Quand j'étais petit, je les entendais souvent converser dans cette langue, ce qui a soulevé mon intérêt pour elle. Lorsque je faisais mes études de master à l'Institut de médecine n°2 de Shanghai, j'ai commencé à apprendre méthodiquement le français, pour mes recherches médicales. Comme j'étais francophone, j'ai eu la chance d'être parmi les premiers médecins chinois envoyés en France pour y exercer, et j'ai eu l'opportunité de poursuivre mes études de doctorat à l'hôpital Saint-Louis relevant de l'université Paris VII. »

En 1985, après un an de travail à l'hôpital Saint-Louis, Chen Zhu a entamé un doctorat. Sa classe de 20 élèves comptait 18 Français et 1 Marocain francophone : son français était donc le moins bon. « À mon arrivée en France, j'étais capable de lire des textes faciles, mais je n'arrivais pas à suivre les cours : trop rapides, trop de mots de vocabulaire… » Chen Zhu devait mettre les bouchées doubles. Il consultait quantité de documents en anglais, une langue qu'il maîtrisait mieux, afin d'avoir des connaissances fondamentales dans sa branche et ainsi mieux comprendre les leçons. Trois mois plus tard, s'est opéré un radical tournant : des camarades ont commencé à lui demander ses notes, alors qu'auparavant, c'était lui qui empruntait celles des autres.

L'année suivante, Chen Saijuan, épouse de Chen Zhu, aujourd'hui membre de l'Académie d'ingénierie de Chine, camarade de classe, consœur et proche collaboratrice appelée par ce dernier, l'a rejoint pour faire ses propres études de doctorat. Ensemble, ils ont copublié six essais, jugés par leurs confrères français comme étant des « percées révolutionnaires dans le domaine de la biologie moléculaire des leucémies ».

Outre son savoir exhaustif en hématologie et en biologie moléculaire qui a jeté les bases de sa carrière médicale, Chen Zhu a appris, au cours de son séjour en France, le fonctionnement du système médical français. L'influence dégagée par cette expérience a par la suite joué un rôle important dans son travail, et notamment dans le choix d'orientation de la réforme médicale chinoise quand il était ministre de la Santé.

« La coopération médicale sino-française profite aux deux peuples. »

Selon Chen Zhu, la coopération internationale dans le domaine de la santé et des soins est cruciale pour la Chine, pays en développement abritant une large population. « Nous avons besoin d'apprendre auprès des pays avancés, mais il nous faut également trouver comment mettre en place un système efficace à moindre investissement dans un pays peuplé de 1,3 milliard d'habitants. Il est impératif d'y formuler une solution proprement chinoise. »

La Chine et la France maintiennent une coopération étroite dans le secteur de la santé. « La coopération sino-française remonte à bien longtemps, sous la forme de formations ou de transfert des techniques médicales avancées », relate Chen Zhu. L'Association médicale chinoise, dont il est président, a mis en place en 1980, conjointement avec l'Association médicale française, un mécanisme d'échanges intitulé « Journées médicales Chine-France », permettant à l'élite des deux pays d'effectuer chaque année une visite réciproque. En outre, la faculté de médecine de l'université Jiaotong de Shanghai (autrefois l'Université médicale n°2 de Shanghai), où il a étudié et enseigné, dispense depuis des décennies des cours en français. Depuis les années 1960, époque où le gouvernement chinois a décidé d'envoyer des équipes médicales en Afrique, elle se charge de former des médecins chinois francophones pour qu'ils puissent communiquer avec les patients et le personnel médical africains. Au début des années 1980, l'établissement a invité des professeurs français à venir enseigner dans ses murs et a envoyé des étudiants faire des stages en France.

En mai 1997, la Chine et la France ont signé un accord intergouvernemental de coopération en matière de santé et de médecine. Grâce à la somme des efforts fournis ces dernières années, les champs de cette coopération ne cessent de s'élargir, tandis que les échanges non gouvernementaux sont de plus en plus actifs, permettant la mise en place d'une coopération à différents niveaux et à divers canaux. Chen Zhu s'est dit particulièrement impressionné par la coopération sino-française dans la prévention et le traitement des nouvelles maladies contagieuses, dont il a suivi tout le processus de près. « Début mai 2003, l'épidémie de SRAS a violemment frappé la Chine. L'Institut Pasteur a alors dépêché en Chine un groupe d'experts. La France a été le premier pays européen à prendre cette initiative. Début 2004, a continué Chen Zhu, le président chinois d'alors Hu Jintao a effectué une visite en France, au cours de laquelle j'ai signé, au nom de l'Académie des sciences de Chine, un accord de coopération avec l'Institut Pasteur pour créer l'Institut Pasteur de Shanghai relevant de l'Académie des sciences de Chine. » À l'origine, cette coopération avait pour objectif de former, en l'espace de dix ans, 200 chercheurs. Aujourd'hui, l'Institut Pasteur de Shanghai compte 400 chercheurs de renommée mondiale en virologie moléculaire et en immunologie, lesquels jouent un rôle important dans la prévention et le contrôle des épidémies en Chine.

Au-delà de l'Institut Pasteur, le laboratoire P4 contre les nouvelles maladies contagieuses constitue également un bon exemple de la coopération sino-française en matière de santé. « Il s'agit du projet de coopération stratégique le plus important qui ait été dressé dans le domaine médical depuis l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, a affirmé Chen Zhu. Lors de sa visite en France en mars dernier, le président Xi Jinping a visité le centre BioMérieux et a fait un parallèle avec le laboratoire P4, actuellement en construction à Wuhan. » Après dix années d'efforts conjugués, ce laboratoire P4 devrait être achevé en fin d'année. « Je suis convaincu qu'il améliorera le niveau de biosécurité dans le pays, contribuera à la prévention et au contrôle des nouvelles maladies contagieuses en Chine voire dans le monde entier, et deviendra un symbole important de la coopération et de l'amitié sino-françaises. »

De plus, la coopération sino-française est prospère pour ce qui est de la formation du personnel médical et de la médecine traditionnelle chinoise. « La France possède des techniques de pointe pour extraire les principes actifs des plantes médicinales, tandis que la Chine dispose d'une grande culture médicale traditionnelle. La coopération sino-française dans les recherches fondamentales et cliniques, ainsi que dans la fabrication de médicaments traditionnels chinois, sera bénéfique pour les deux parties : elle portera la modernisation de la médecine traditionnelle chinoise et contribuera à la santé des deux peuples. »

« Mon expérience dans les régions rurales a déterminé mon choix de vie. »

Chen Zhu attache une grande importance à l'assurance maladie des habitants ruraux. En 2007, année où il a été nommé ministre, le nouveau système médical mutualisé pour les campagnes, jusqu'alors en essai dans certaines régions, a commencé à être étendu à l'ensemble du territoire chinois. L'année suivante, ce système couvrait pratiquement toute la Chine.

L'affection de Chen Zhu à l'égard de la campagne et des paysans s'explique par ses cinq années de travail aux champs, il y a plus de 30 ans. « Cette expérience en tant que jeune instruit envoyé dans les régions rurales a considérablement déterminé mes convictions et mes choix de vie. Au début, je ne connaissais rien des paysans. Plus tard, j'ai éprouvé de la compassion à leur égard, au point de joindre mon destin au leur en tentant de contribuer à leur santé et à leur bien-être. »

De 1970 à 1975, Chen Zhu a successivement travaillé dans les districts de Xinfeng et de Hengfeng au Jiangxi, à l'image de millions de jeunes instruits. « À cette époque-là, la vie était relativement monotone dans les régions rurales : on travaillait, on mangeait, on dormait. » Chen Zhu n'avait que 17 ans et venait de terminer ses années de collège. Après le travail, il s'adonnait à son activité favorite : la lecture. « Chaque jour, ma besogne accomplie, je lisais tout seul jusqu'à minuit. Le lendemain matin, je me levais tôt pour apprendre l'anglais avant d'aller travailler. » Il lisait tellement que sa moustiquaire était toute noircie par la fumée s'échappant de la lampe à pétrole. Une fois, il avait même failli l'enflammer par imprudence.

En plus des connaissances politiques, économiques et historiques qu'il a assimilées durant cette période d'études, il a acquis de bonnes bases en médecine et en anglais. « Mes parents, qui travaillaient tous les deux à l'hôpital Ruijin de Shanghai, m'envoyaient souvent des livres de médecine. Lorsque je rentrais à Shanghai l'hiver, je jouais à "l'interne" dans les services de médecine traditionnelle chinoise et de médecine générale dans cet hôpital. D'où ma grande passion pour cette discipline. » Pour étudier l'anglais, Chen Zhu n'avait que deux manuels : les Citations du président Mao Zedong (en version bilingue chinois-anglais) et le mensuel anglais China Reconstructs – l'ancêtre de notre revue – auquel son père l'avait abonné à Shanghai. Chaque numéro coûtait un yuan, une « grosse somme » à l'époque, puisque les frais de vie mensuels variaient entre sept et huit yuans. « Mon père me demandait de traduire tous les articles concernant la médecine et de les lui envoyer ; lui les corrigeait puis me les renvoyait. Cette correspondance a duré cinq ans, soit tout le temps où j'ai été un jeune instruit. » Grâce à cette expérience, Chen Zhu est devenu en 1974 un médecin aux pieds nus, avant d'être admis sur recommandation à l'École médicale de Shangrao, dans le Jiangxi, et d'y devenir enseignant une fois ses études terminées. C'est alors qu'a commencé sa carrière médicale.

« Si je garde toujours cette part de simplicité en moi, si même aux postes dirigeants j'essaie toujours de servir la population, c'est grâce à cette expérience qui m'a formé et m'a aidé à forger mes convictions et valeurs. » C'est en fait cette volonté de contribuer au bien-être du peuple qui a poussé Chen Zhu, alors simple médecin et chercheur, à oser assumer les plus hautes fonctions. Désormais, il se réjouit de voir les progrès obtenus par la Chine dans le domaine médico-sanitaire en milieu rural. « J'ai le sentiment d'avoir réalisé des choses utiles. Toutefois, il reste beaucoup à faire encore, et je compte bien poursuivre inlassablement mes efforts. »

« Je demeurerai toujours le Pr Chen. »

« À Shanghai, plutôt que de m'appeler par mon titre officiel, les gens me nomment Pr Chen. » Malgré ses fonctions administratives, Chen Zhu n'a jamais cessé ses travaux de recherche et d'enseignement. « Personne, ni mes confrères ni mes étudiants, n'accepterait que je renonce à mon poste d'universitaire. » En 2013, Chen Zhu est devenu académicien étranger de la Royal Society. Auparavant, il avait déjà été élu membre de l'Académie des sciences de Chine en 1995, de l'Académie des sciences du Tiers-Monde en 2000, de l'Académie nationale des sciences des États-Unis en 2003, de l'Académie des sciences de France en 2005 et de l'Académie américaine des sciences médicales en 2007. « Tous ces honneurs m'ont d'autant plus encouragé à continuer mes recherches », a exprimé Chen Zhu.

De retour de France en 1989, « Pr Chen » a donné des cours à la classe de français de la faculté de médecine de l'université Jiaotong de Shanghai. Durant les années 1990, il dispensait deux matières pour les étudiants de licence : hématologie et génétique médicale. En 2000, il a commencé à travailler à l'Académie des sciences de Chine à Beijing. Certains se sont demandé : Mais pourquoi l'académicien Chen a-t-il continué d'être enseignant auprès d'étudiants de licence ? Voici la réponse de Chen Zhu : « Je pense que le cursus de licence est particulièrement important. Il pose les assises indispensables à d'ultérieures études plus approfondies. Mais il existe une autre raison : quand on enseigne, on apprend en même temps. »

« Je ne me fixe pas d'objectifs particuliers dans le cadre de mes recherches scientifiques. C'est avant tout pour moi une passion, qui me permet de ne pas me faire absorber par la bureaucratie. » Se tenir informé des sciences d'avant-garde lui a permis en outre d'être capable de prendre des décisions avisées lors de situations complexes et l'a beaucoup aidé dans son travail à l'APN et au sein du PDPOC. « Je reste en contact avec mes étudiants ainsi qu'avec mes patients. Être témoin des souffrances de ces derniers me met au défi de les soigner. Je resterai toujours le "Pr Chen" ! »

Chen Saijuan, son épouse, consacre également ses recherches à l'hématologie. Quant à leur fils, il a choisi les sciences naturelles, une discipline en lien étroit avec la médecine. Parfois, les trois s'engagent à ne pas débattre de leurs recherches académiques à la maison, pour pouvoir se détendre en famille.

Cependant, lorsque Chen Zhu s'est installé à Beijing en 2000, Chen Saijuan, au nom de la recherche, a continué ses travaux sur les maladies du sang engagés à Shanghai. Une décision douloureuse pour ce couple. Loin l'un de l'autre la majorité du temps, ils se parlent au téléphone chaque soir. « Je culpabilise quand je songe à Saijuan. Néanmoins, il me semble que nous avons de la chance : nous vivons au temps de l'essor de la Chine ; nous pouvons nous consacrer pleinement à nos recherches scientifiques qui nous sont si chères ; et nous pouvons nous soutenir mutuellement dans notre carrière et lutter ensemble. »

« La recherche contre le cancer n'en est qu'à ses débuts. Pléthore de patients atteints de leucémies attendent beaucoup de notre part. Quel que soit le poste que j'occupe, je souhaite que le rêve chinois soit porté par les progrès sanitaires, qui permettront à chaque Chinois d'être à l'abri de la maladie. Tel est mon plus grand rêve ! »

 

La Chine au présent