CHINAHOY

28-April-2014

Un appel pour la paix

 

Le 25 mars 2014, photo de groupe des dirigeants participants au 3e Sommet sur la sécurité nucléaire de la Haye. (XINHUA)

 

WU JIANMIN*

Lors de sa visite en Europe, du 22 mars au 1er avril 2014, le président chinois Xi Jinping était présent au 3e Sommet sur la sécurité nucléaire, a effectué des visites d'État aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et en Belgique, et a aussi visité le siège de l'UNESCO et le siège de l'UE. Il s'agit d'une page d'importance pour la diplomatie chinoise et également d'une forte stimulation des relations sino-européennes.

Je me suis rendu, à la veille et pendant cette visite d'importance mondiale, en Grande-Bretagne, en France et en Belgique, et ai assisté au discours que M. Xi a prononcé le 1er avril au Collège d'Europe, à Bruges. Après avoir échangé des points de vue avec quelques Européens venant de différents milieux, je me suis rendu compte que la signification de la visite en Europe du président chinois ne se limitait pas aux relations sino-européennes. En effet, elle a joué un rôle positif pour la paix et la stabilité mondiales.

On a assisté depuis la fin de l'année 2013, dans de nombreux pays, y compris en Chine, à une vague de comparaisons entre la situation actuelle et l'histoire. Certains grands médias occidentaux trouvent que la situation internationale en 2014 ressemble beaucoup à celle de 1914, année où éclata la Première Guerre mondiale. Avant 1914, les relations économiques et commerciales anglo-allemandes avaient connu un développement rapide, apportant des avantages aux deux pays. Le Britannique Sir Ralph Norman Angell a publié en 1910 un livre intitulé La Grande Illusion (titre original : The Great Illusion) dans lequel il indiquait que les relations économiques et commerciales très étroites entre les pays occidentaux rendaient très improbable l'éclatement d'une guerre. Avant 1914, aucun pays ne désirait la guerre. Et pourtant elle a fini par éclater. Ce fut la guerre la plus tragique de l'histoire de l'humanité. Il est ainsi sous-entendu que le déclenchement d'une guerre en 2014 est possible, car la situation actuelle est considérée comme similaire à celle de 1914.

Les opinions publiques internationales exagèrent beaucoup la situation tendue en Asie de l'Est. Certes, la dispute sur les îles Diaoyu rend les relations sino-japonaises très tendues, mais ce n'est pas ce que désire la Chine. « Les relations bilatérales entre la Chine et le Japon sont très importantes pour les deux pays ; il faut déployer des efforts pour que ces relations stratégiques redeviennent mutuellement bénéfiques », a déclaré l'ambassadeur de Chine au Japon, Cheng Yonghua, le 20 décembre 2013 lors de son entretien avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida. En ce qui concerne l'attitude de celui-ci, il a dit : « L'atmosphère de l'entretien était amicale. Nous avons échangé des idées significatives et nous sommes arrivés à un consensus sur le développement du dialogue de manière active. »

On espérait que les relations sino-japonaises pourraient se normaliser. Bien que le premier ministre japonais, Shinzo Abe, connaisse notre position, il a visité le sanctuaire Yasukuni le 26 décembre 2013, rendant hommage à des criminels de guerre japonais morts pendant la Seconde Guerre mondiale, dont 14 de classe A. Évidemment, il ne veut pas d'une amélioration des relations sino-japonaises. Il espère même une situation encore plus tendue entre les deux pays, il s'agit pour lui d'une nécessité politique.

Shinzo Abe a indiqué, le 22 janvier 2014 lors du Forum économique mondial à Davos, qu'à l'heure actuelle, les relations sino-japonaises ressemblaient beaucoup aux relations anglo -allemandes d'avant 1914 où éclata la Première Guerre mondiale. Ses propos ont immédiatement suscités des commentaires. Certains pensent même que « l'Asie du Nord-Est est la région la plus dangereuse du monde ».

L'année 2014 marque le 120e anniversaire de la Guerre sino-japonaise (1894-1895) ; la comparaison entre 1894 et 2014 est devenue récurrente en Chine. Des magazines ont fait les unes ou de longs reportages sur le thème « Et si la Guerre sino-japonaise de 1894 se répétait ? », et certaines chaînes de télévision ont invitées des « experts » à faire des analyses sur ce sujet. Ces derniers jours, où je me suis beaucoup déplacé dans le pays, beaucoup de gens m'ont posé la même question : « Est-ce qu'il y aura une guerre ? »

De plus, cette année marque également la période la plus critique depuis la guerre froide en ce qui concerne les relations entre la Russie et les pays occidentaux. Depuis le mois de février, la crise en Ukraine ne cesse de s'aggraver ; après un référendum organisé le 16 mars, la Crimée a décidé de se rattacher à la Russie ; la Russie masse des troupes à la frontière ukrainienne, aggravant la tension entre les deux pays ; les dirigeants des pays membre du G7 (États-Unis, Grande Bretagne, France, Allemagne, Canada, Italie et Japon) se sont réunis pour discuter de la crise en Ukraine ; l'OTAN a organisé une conférence des ministres des Affaires étrangères, déclarant la suspension de toutes les coopérations avec la Russie pour « protester contre l'annexion de la Crimée par la Russie »…

À la fin de la guerre froide, en 1991, la situation mondiale était dans l'ensemble pacifique, malgré quelques guerres régionales continuelles, et l'économie mondiale a connu un essor sans précédent. Ainsi, c'est la première fois depuis la fin de la guerre froide que les opinions publiques internationales parlent autant de guerre.

Quelle perspective pour la situation internationale ? Vers la guerre ou vers la paix ? Est-ce que la paix, le développement et la coopération gagnant-gagnant continueront d'être les tendances dominantes de l'époque ? La Chine s'en tiendra-t-elle à son chemin de développement pacifique ? Voici des problèmes d'importance qui se posent au monde, et également des questions posées au président chinois Xi Jinping lors de sa visite en Europe, continent qui fut le principal champ de bataille lors des deux Guerres mondiales.

L'appel à la paix a constitué le thème principal des discours de Xi Jinping durant ses 11 jours en Europe. Le 23 mars, il a publié un article dans le journal néerlandais NRC Handelsblad, montrant clairement que l'accent de sa tournée européenne était mis sur le thème de la paix.

Le 27 mars, lors de la conférence commémorant le cinquantenaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, il a indiqué : « Le rêve chinois, c'est la recherche de la paix. Il ne peut être réalisé que si la paix est garantie. La nation chinoise poursuit depuis des milliers d'années le haut idéal d'un monde en paix où l'entente entre les nations est bonne. Ayant connu de nombreuses souffrances dans le passé, elle attache un prix particulier à la paix et entend travailler main dans la main avec les autres pays du monde pour la bâtir, la réaliser et la sauvegarder. »

Le 28 mars, M. Xi a souligné à Berlin que la Chine s'en tiendrait fermement à la voie d'un développement pacifique. Cela a non seulement servi de réponse à la communauté internationale qui s'interrogeait sur la nature du développement chinois, mais a aussi exprimé la confiance en soi de la Chine et la conscience qu'ont les Chinois de leurs objectifs de développement.

Le 1er avril, dernier jour de sa visite en Europe, il a fait un discours au Collège d'Europe, à Bruges. Il a réaffirmé son credo : la Chine veut la paix pas la guerre, préconise le multilatéralisme contre l'unilatéralisme, et soutient le dialogue contre la confrontation.

En somme, la visite en Europe de Xi Jinping a prouvé avec éloquence que la Chine était une grande puissance au service de la paix et de la stabilité mondiales. L'aspiration à la paix est non seulement une demande du peuple chinois, mais également une demande des peuples du monde entier.

À la suite du discours de M. Xi à Bruges, des Européens m'ont dit qu'ils avaient apprécié l'appel à la paix du président chinois : « Cet appel est fait en temps voulu. Vu la situation actuelle, il est dangereux d'exciter les tensions et de parler à la légère de la guerre. » L'appel à la paix répond à la tendance du moment et reçoit le soutien des peuples. La visite en Europe de Xi Jinping joue un rôle positif dans la promotion de la paix mondiale.

 

*WU JIANMIN est un ancien ambassadeur de Chine en France et le vice-président permanent de l'Institut chinois pour l'innovation et le développement stratégique.

 

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