CHINAHOY

29-April-2014

L'accord de libre-échange : Une étape importante dans les relations sino-islandaises

 

Stefan Skjaldarson, ambassadeur d'Islande en Chine.

STEFAN SKJALDARSON*

Cette année, la Chine et l'Islande font l'histoire ensemble avec l'accord de libre-échange sino-islandais qui entrera en vigueur le 1er juillet. L'accord, signé il y a un an lors de la visite officielle en Chine de l'ex-premier ministre, Mme Jóhanna Sigurðardóttir, fut le premier accord de libre-échange avec un pays européen. Peu de temps après, la Suisse a fait de même, et l'on peut s'attendre à ce que d'autres pays suivent ces exemples dans un futur proche.

La relation entre l'Islande et la Chine s'est développée favorablement depuis longtemps déjà malgré la distance géographique et leurs systèmes politiques différents. Il est intéressant de noter que l'Islande fut l'un des premiers pays d'Europe de l'Ouest à recevoir une délégation culturelle chinoise peu après l'établissement de la République populaire de Chine en 1949. À ce que je sais, une troupe de l'Opéra de Beijing, faisant partie d'une délégation culturelle, a effectué une visite en Islande peu après la fondation de la RPC, et une délégation islandaise a effectué une visite en Chine en 1952 et y a rencontré, entre autres, le président Mao Zedong.

En dépit de ces contacts précoces, le commerce et la coopération économique entre l'Islande et la Chine ont commencé relativement tard. Cela était dû en grande partie à la grande distance séparant les pays, et à leurs différences de taille, de culture et d'histoire. Toutefois, le commerce et la coopération entre les deux pays ont crû à un rythme rapide, particulièrement après l'ouverture de l'ambassade d'Islande à Beijing en 1995.

En 2006, l'Islande et la Chine ont décidé d'entamer des négociations sur un accord de libre-échange. Cette année-là, le commerce bilatérale a augmenté d'environ 50 % par rapport à 2005, et a plus que doublé par rapport à 2004. Depuis lors, de nouveaux records en termes de commerce ont été battus presque tous les ans. Cette solide croissance de la coopération économique et du commerce bilatéral a même résisté à l'épreuve de la crise financière de 2008. Cette crise a mené l'Islande à un effondrement financier qui a eu pour conséquence l'entrée en récession du pays en 2009 et 2010. Mais malgré cela, le commerce sino-islandais a continué de croître, alors que celui avec des partenaires traditionnels de l'Islande en a souffert.

En 2012, lorsque les négociations sur l'accord de libre-échange étaient proches de se conclure, la Chine était devenue le 4e fournisseur de biens étrangers de l'Islande. Alors que l'Islande importe une large gamme de produits manufacturés en provenance de Chine, dont de plus en plus de produits industriels et hi-tech des domaines de l'électronique, des machineries et de l'équipement par exemple, l'Islande exporte principalement en Chine des produits de la mer. En 2012, la Chine était le 19e marché extérieur pour les produits islandais.

L'accord de libre-échange va sans aucun doute apporter de nouvelles opportunités pour les produits islandais en Chine, pas uniquement pour les produits de la mer, mais aussi pour d'autres produits qui seront désormais plus faciles à commercialiser en Chine.

Les consommateurs chinois se préoccupent de plus en plus du caractère écologique et sain de leur alimentation. Ils sont également de plus en plus soucieux de la durabilité de la production alimentaire. L'océan entourant l'Islande est naturellement pur grâce à de forts courants océaniques et aux longues distances séparant le pays des grands pays industrialisés. De plus, l'industrie de la pêche islandaise est gérée selon le principe de l'utilisation durable des ressources marines existantes, basé sur des recommandations scientifiques. La production agricole islandaise repose également sur la durabilité et des techniques de production écologiques dans un environnement sain. Donc, il n'y a pas que les produits de la mer islandais qui sont naturellement sains pour la consommation et produits selon un mode durable, mais également les produits agricoles. De plus, il devrait y avoir du potentiel pour les produits de santé et les cosmétiques islandais fabriqués avec des matières premières extraites de la faune et de la flore immaculée de l'Islande.

En ce qui concerne la Chine, l'accord de libre-échange devrait encore faciliter les exportations chinoises car la plupart des produits chinois ne seront soumis à aucune taxe. Cela les rendra encore plus compétitifs qu'avant et ça profitera, nous l'espérons, aux entreprises chinoises tout comme aux consommateurs islandais qui gagneront en pouvoir d'achat.

Les investissements bilatéraux sont aussi à la hausse entre l'Islande et la Chine. Environ 20 entreprises islandaises se sont installées en Chine. Ces entreprises opèrent dans différents secteurs comme le développement de jeux vidéo, les technologies automatisées de transformation des aliments, les systèmes de manutention et de conditionnement des produits de la mer, le commerce des produits de la mer, le transport maritime, les dispositifs médicaux, les prothèses hi-tech, les technologies d'économie d'énergie, et les énergies renouvelables. Des experts islandais en géothermie donnent par exemple des conseils pour le développement de l'énergie géothermique en Chine. Une entreprise islandaise joue un rôle clé dans l'utilisation des ressources géothermiques en ce qui concerne les systèmes de chauffage de certaines zones urbaines en Chine du Nord, et aide à identifier les zones du pays où les ressources géothermiques peuvent être utilisées de façon durable. Un nouveau projet d'investissement islandais de ce type a récemment été réalisé dans la province du Jiangsu, et d'autres projets sont à l'étude.

Des entreprises chinoises se sont montrées intéressées par des investissements en Islande, particulièrement dans les secteurs des énergies nouvelles et du tourisme. De plus, la position géographique stratégique de l'Islande, dans l'Atlantique Nord à la lisière sud de l'Océan Arctique et à mi-chemin entre les continents européen et nord-américain, est également intéressante pour certaines entreprises chinoises des secteurs pétrolier et du transport maritime.

En ce qui concerne le tourisme, l'Islande est louée dans les médias chinois pour sa nature préservée et comme étant une destination exotique pour les visiteurs chinois. Un nombre croissant de touristes chinois visitent l'Islande chaque année en dépit de la grande distance géographique à parcourir et de frais de voyage relativement importants. Presque 18 000 touristes en provenance de la partie continentale de la Chine ont visité l'Islande l'année dernière, même si aucun vol direct ne relie les deux pays. La croissance du nombre de touristes chinois a été substantielle durant la dernière décennie. Je suis convaincu que le nombre de touristes chinois continuera de croître dans les années à venir. Les touristes chinois sont les bienvenus en Islande pour apprécier notre nature immaculée, notre nourriture et notre environnement sain, ainsi que notre culture vibrante.

Des Islandais de tous horizons regardent aussi de plus en plus la Chine comme une destination intéressante, entre autres, pour le tourisme, les études, les sciences, la culture, ou les affaires. Cette tendance mènera inévitablement à de plus en plus de contacts interpersonnels entre Chinois et Islandais. Cela est très important dans l'optique d'une meilleure compréhension entre les deux pays, et l'Islande et la Chine en bénéficieront.

Je suis certain que l'on se souviendra, en Islande comme en Chine, de l'Année du Cheval, 2014, comme l'année où les relations sino-islandaises auront fait un grand bond en avant grâce à l'application de l'accord de libre-échange entre les deux pays. L'importance de l'accord de libre-échange ne réside pas seulement dans les opportunités d'une augmentation du commerce, de la coopération économique et des investissements entre l'Islande et la Chine. Ca va bien au-delà. Cet accord symbolise peut-être avant tout le renforcement des bonnes relations qu'ont développées les deux pays dans tous les domaines depuis des années. Cet accord montre aussi que la deuxième plus grande puissance économique au monde et celle au rythme de croissance le plus rapide peut s'unir avec l'une des plus petites économies sur un pied d'égalité et ainsi montrer au monde que les relations bilatérales ne sont pas toujours conditionnées par la taille. L'accord de libre-échange représente une réaffirmation des excellentes relations entre l'Islande et la Chine, et sera un pilier pour l'élargissement et l'approfondissement de nos relations bilatérales dans tous les domaines.

*STEFAN SKJALDARSON est l'ambassadeur d'Islande en Chine.

 

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