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Le malentendu sur la théorie de l'« hostilité chinoise » envers le Japon
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Un homme et son petit-fils sur le pont Lugou, dans la banlieue sud-ouest de Beijing. Le 7 juillet 1937, les forces japonaises avaient fait feu sur des soldats chinois stationnés sur le pont, après que leur demande de permission d'entrer dans la cité de Wanping leur avait été refusée. Cet incident avait conduit à l'invasion de la Chine par le Japon. |
WANG TAIPING*
Depuis quelques années, « l'hostilité chinoise envers le Japon » est un terme fréquemment utilisé par les médias japonais. Toute action chinoise contre le Japon, que ce soit les manifestations chinoises contre « l'achat des îles Diaoyu » (les îles Senkaku pour les Japonais), ou les oppositions au pèlerinage du premier ministre Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni, est considérée comme une marque d'hostilité envers le Japon.
Cette théorie désoriente l'opinion publique et ne correspond pas à la réalité des choses. En cela, elle est faussée. Elle est l'outil de personnes malveillantes souhaitant semer la discorde, cherchant même à provoquer un conflit entre les deux nations. Ce problème devrait pousser les Chinois et les Japonais à maintenir le niveau de vigilance plus haut que jamais.
La Chine versus Shinzo Abe
Ce n'est pas le Japon, ni son peuple, auquel le gouvernement chinois et les Chinois s'opposent, mais la droite japonaise qui détruit consciencieusement les relations sino-japonaises pour des raisons en lien avec les intérêts internes du parti de la droite japonaise. Cette soi-disant « hostilité chinoise » envers le Japon est en réalité une protestation contre la droite japonaise. La question du territoire et celle de l'Histoire restent évidemment deux questions extrêmement sensibles dans les relations Chine-Japon. Et les hommes politiques japonais, en violant la souveraineté territoriale de la Chine et en heurtant la sensibilité du peuple chinois ont consciemment mis de l'huile sur le feu. Comment veut-on alors que les Chinois restent de marbre face à ces attaques ? Le proverbe dit bien qu'il ne peut y avoir de fumée sans feu. La réaction violente de la Chine face à ces défis est liée aux agissements et aux paroles des politiques de droite du gouvernement japonais.
Les frictions présentes dans les relations sino-japonaises ne viennent donc pas d'une contradiction entre les deux peuples, mais d'une contradiction entre la droite japonaise et la Chine. La droite japonaise cherche à mettre la Chine en colère pour servir d'argument à cette théorie de « l'hostilité chinoise envers le Japon » et de « la menace chinoise ».
Manipulation politique
Le but de cette manœuvre uniquement politique, est de modifier la Constitution japonaise, permettant ainsi au Japon de renforcer son armée et d'obtenir le droit légitime d'autodéfense collective. On peut penser que le but ultime de cette manipulation serait de redonner au Japon le droit de déclencher une guerre à l'étranger. Or la Chine estime qu'un gouvernement ayant le droit d'offensive, mais qui n'a toujours pas avoué ses erreurs historiques, est dangereux pour la paix et la stabilité de la région asiatique. Si les choses continuent de cette façon, il n'est pas exclu que les Japonais se retrouvent une nouvelle fois pris dans les pinces des militaristes...
On peut en quelque sorte dire que le peuple japonais est la victime constante du militarisme. La position du Japon sur la scène internationale après sa capitulation est due aux actes criminels commis pendant la période militariste. Le Japon devait payer cher pour avoir déclenché l'agression. Mais finalement, ce furent les Japonais eux-mêmes qui en subirent les conséquences. Plusieurs générations vivent ainsi avec les fantômes de cette période. Au vu de cela, la Chine éprouve de la compréhension et la compassion pour les Japonais qui espèrent vivre dans un pays normal. Le problème est que la vision de Shinzo Abe de ce « pays normal » est différente de celle des Japonais.
Une solution aux problèmes du Japon...
À mon humble avis, pour redorer l'image du Japon auprès des peuples asiatiques mais aussi dans les autres continents et créer ce « pays normal », le meilleur moyen est de poursuivre une voie de développement pacifique et d'adopter une attitude sincère face aux faits historiques. Enfin, il faut gagner la confiance de la communauté internationale par des actes concrets.
Tenter de renverser les fait historiques à son avantage et de se détourner de la voie de développement pacifique suivie depuis la capitulation en 1945 ne peut mener qu'à une impasse. Les Japonais eux-mêmes dans leur majorité ne le permettraient pas, la communauté internationale encore moins.
Essayer d'inciter à la haine nationale par la détérioration de ses relations avec les pays voisins et faire de la Chine un ennemi imaginaire ne permettra pas à Shinzo Abe de réaliser son objectif de « pays normal ». Comme le dit Eric Heginbotham, chercheur de la Rand Corporation, « la meilleure méthode pour régler les problèmes du Japon consisterait à reconnaître ses erreurs commises pendant la Seconde Guerre mondiale et à faire que cette pensée impérialiste et militariste stupide ne contamine pas les générations futures ». « Shinzo Abe ne peut pas faire progresser le Japon en réadaptant l'histoire. La solution des problèmes du Japon ne réside pas dans le nationalisme », a également commenté le Financial Times.
...la sincérité historique
L'année dernière, le réalisateur américain Oliver Stone a critiqué l'attitude du Japon face à l'histoire lors de son discours à Hiroshima, tout en tirant la sonnette d'alarme. « L'Allemagne et le Japon sont les deux pays vaincus de la Seconde Guerre mondiale. Mais il existe une grande différence entre les deux. L'Allemagne, elle, a tiré une leçon douloureuse à travers cette guerre, elle est devenue aujourd'hui une puissance défendant la paix mondiale. Le Japon, quant à lui, reste un pays dépendant des États-Unis. »
Les actes de l'Allemagne ont prouvé une vérité : un pays qui maintient une connaissance lucide sur son histoire, y compris les erreurs commises par le passé et qui a le courage d'en prendre la responsabilité est promis à un avenir radieux et prospère. Le Japon devrait s'inspirer de l'attitude de l'Allemagne face à son histoire. Certains Japonais font peu de cas de la comparaison entre leur pays et l'Allemagne. Ils trouvent avec un sérieux affecté des raisons pour se mettre hors de cause.
L'opinion publique japonaise erronée
Cela nous fait penser que « les connaissances générales du monde sont parfois des non-sens au Japon ». Est-il difficile de savoir si c'est l'opinion de la communauté internationale qui a un problème ou si c'est l'amertume secrète de certains Japonais qui s'opposent à la comparaison. Il faut souligner que l'idée de faire la comparaison entre le Japon et l'Allemagne n'a pas été posée par des individus ou dans des intentions particulières, mais est un consensus général de la communauté internationale. Cela est un appel bienveillant à la reconnaissance d'un fait, pas une volonté de la communauté internationale d'embarrasser le Japon. Si le Japon faisait comme le proverbe « Quand on rencontre un homme vertueux, on cherche à l'égaler », il se rendrait très vite compte que c'est plus profitable pour lui.
Une maxime chinoise dit que « la paix bénéficie aux deux, tandis que l'hostilité les détériore ». Les expériences et les leçons de l'Histoire devraient être retenues par les deux peuples. Aujourd'hui, les relations sino-japonaises sont dans la situation la plus compliquée depuis la normalisation de leurs relations diplomatiques. La Chine en est évidemment extrêmement attristée. Les deux pays doivent s'efforcer d'atténuer les interférences entre eux et agir pour remettre les relations entre la Chine et le Japon sur la voie d'un développement sain et stable le plus rapidement possible. Cela est profitable à tout le monde.
*WANG TAIPING a été consul général chinois à Sapporo, à Fukuoka et à Osaka.
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