Feng Jinping : étendre la culture chinoise au monde

Feng Jinping, le mineur devenu artiste.

LI WUZHOU, membre de la rédaction

Feng Jinping est né et a grandi dans un petit village situé sur la côte est de la province du Jiangsu. Arrivé à l’âge adulte, il a exercé la profession de mineur. Ainsi, s’appuyant uniquement sur sa passion pour l’art, qui est née chez lui dès son enfance et se poursuit aujourd’hui depuis plus de trente ans, cet homme qui n’avait pas reçu la moindre éducation artistique régulière est devenu un maître en peinture et calligraphie chinoises populaires. D’une part, l’utilisation qu’il fait des couleurs dans ses tableaux est innovante, recourant audacieusement au rouge écarlate et au jaune vif ; il a ainsi créé sa propre école de peinture. D’autre part, il a insisté sur le côté décoratif des peintures chinoises, en mettant à la portée de tous cet art autrefois réservé à un cercle restreint de lettrés. Cette initiative a permis à des personnes de différents niveaux et de divers pays de comprendre et d’apprécier la peinture et la calligraphie chinoises.

Montagnes et rivières en automne.

Historiquement, les peintures traditionnelles chinoises n’intègrent pas cet aspect ornemental, la majorité étant des travaux de lettrés d’une élégance simple, mais au fond, trop savants et difficiles d’accès pour les gens ordinaires. En apportant des éléments nouveaux aux bases de la peinture traditionnelle chinoise, Feng Jinping a réalisé des œuvres empreintes d’un style décoratif contemporain. Il y a intégré des teintes vivantes et éclatantes dans l’air du temps, adaptées au rythme effréné de la vie moderne et convenant à l’esthétique actuelle. Ainsi, la peinture chinoise est en mesure de répondre aux besoins artistiques des différentes catégories de personnes et, en particulier, les étrangers n’ayant jamais baignés dans la culture chinoise, qui peuvent alors comprendre cet art et l’apprécier. Les étrangers ont d’ailleurs un goût prononcé pour les tableaux de Feng Jinping.

Le jaune vif, symbolisant la majesté impériale, et le rouge, signe de fête, sont les deux couleurs de prédilection de l’artiste. En appliquant ces deux tons particulièrement chauds et attrayants, ainsi qu’en dotant ses peintures chinoises d’un style impérial, il a établi une école du « somptueux ». Ses plus grands succès sont Huagui tu (Peinture somptueuse) et Wanshan hongbian (D’innombrables montagnes en rouge). Le rouge est similaire à celui des murs de la Cité interdite ; le jaune vif est similaire à celui des tuiles vernissées de ce palais. Les couleurs vives et hautes en contraste illustrent l’atmosphère impériale et reflètent une beauté solennelle et gracieuse.

Les peintures de Feng Jinping possèdent encore un autre trait distinctif : chacune est innovante et singulière. Même sur certains détails, tels que la structure des roches, il cherche à produire quelque chose de différent de ce que l’on trouve habituellement dans les peintures traditionnelles.

Au-delà de la peinture, Feng Jinping excelle en calligraphie et en gravure des sceaux. En calligraphie, Feng Jinping a un tracé énergique, libre, alternant points et traits avec une densité maîtrisée et un élan qui ne laisse pas le public indifférent. Admirer ses œuvres permet d’appréhender pas à pas la conception artistique de la calligraphie chinoise : « un poème sans mot, une danse sans mouvement, une peinture sans dessin, une musique sans son ». Son village natal se trouvant sur le territoire de l’ancien Royaume de Qi, il a hérité d’un tempérament plutôt fort. Et il s’est initié à l’art en suivant le modèle du calligraphe Yan Zhenqing. Par conséquent, il aime tout particulièrement écrire de grands sinogrammes plutôt imposants, de manière vigoureuse.

Vue enneigée.

Du fait de l’interprétation personnelle et unique que Feng Jinping fait de la culture chinoise, ainsi que des nouveautés qu’il a introduites dans la peinture traditionnelle, ses tableaux et calligraphies ont exercé une certaine influence à l’étranger. Ses œuvres d’art ont déjà été récompensées à travers une dizaine de pays, dont la Corée du Sud, Singapour, le Japon et le Brésil. À l’occasion du 60e anniversaire de la fondation de l’Organisation des Nations unies, l’une de ses calligraphies avait reçu la médaille d’or de l’Exposition des beaux-arts pour la paix mondiale. Taohua jian chunse (Torrent de fleurs de pêcher aux couleurs printanières) avait remporté le Prix international académique et culturel au cours de l’Exposition des beaux-arts pour la paix mondiale en 1999. Son œuvre Wanshan hongbian avait, quant à elle, décroché un prix d’excellence lors de l’Exposition internationale des beaux-arts des Nations unies. En outre, à plusieurs reprises, Feng Jinping a été invité à participer à des expositions internationales, notamment au Brésil, au Japon, aux États-Unis, en Australie et à Singapour, l’occasion de faire découvrir la peinture et la calligraphie chinoises à davantage d’âmes dans le monde. De plus, il a signé un contrat avec l’agence américaine Artkey pour qu’elle gère en exclusivité ses droits d’auteur.

En Chine également, la valeur artistique de ses œuvres est de plus en plus connue et reconnue. En 2004, Jiangsu Telecom avait édité une série de cartes téléphoniques sur lesquelles étaient imprimées des œuvres choisies de Feng Jinping. L’artiste était apparu en couverture de la revue illustrée Shijie Renwen, relevant du ministère des Affaires étrangères, qui avait présenté ses réalisations artistiques à des organismes tels que la Worldwide United Chinese Association. Mais il convient surtout de noter qu’en 2008, la maison d’édition de la China Federation of Literary and Art Circles avait publié le Recueil de vingt calligraphes contemporains chinois et étrangers, ouvrage qui incluait notamment Feng Jinping, le plus jeune de la liste, parmi d’autres artistes comme Li Keran, Huang Yongyu, Wu Guanzhong, Shen Peng, Ding Shaoguang et Jìn Shangyi.

La Chine au présent