CHINAHOY

28-April-2014

Consensus et prospérité économique de l'Asie-Pacifique

 

Le 8 avril, un sous-forum sur l'innovation et l'entreprenariat s'est tenu au moment de l'édition 2014 du Forum annuel de Bo'ao pour l'Asie. (CNSPHOTO)

 

ZHOU WENZHONG*

Le forum Bo'ao pour l'Asie est une plate-forme d'échanges dirigée par les pays de l'Asie-Pacifique permettant une meilleure intégration entre ceux-ci dans différents domaines. Depuis sa création en 2002, celui-ci a permis de résoudre ou de poser les bases des solutions aux défis d'intégration de la région et de créer par la discussion, de meilleurs conditions pour le développement prospère des pays asiatiques.

Le forum Bo'ao

La session annuelle 2014 du Forum de Bo'ao pour l'Asie (FBA) s'est tenue du 8 à 11 avril à Bo'ao de la province de Hainan (sud de la Chine). À la cérémonie d'ouverture étaient présents le premier ministre chinois Li Keqiang, une dizaine d'autres chefs d'État et de gouvernement, ainsi que plus de 40 responsables des organisations internationales et fonctionnaires de niveau ministériel. S'y trouvaient présent également 50 présidents de conseil d'administration et PDG, 30 vice-présidents exécutifs ou présidents de la région Asie-Pacifique, et 70 présidents de la région Chine de 150 entreprises classées sur la liste de Fortune 500.

En jetant un regard rétrospectif sur les thèmes des sessions précédentes du FBA, du premier en 2002 qui était « Nouveau siècle, nouveaux défis, nouvelle Asie », à celui de cette année, « Nouvel avenir de l'Asie : identification de nouveaux moteurs de croissance », on se rend compte des tendances de développement de l'Asie et des régions connexes durant les douze dernières années.

Le développement économique de l'Asie

Au cours des dernières décennies, le développement de l'Asie a été le plus rapide du monde. Depuis l'éclatement de la crise financière mondiale en 2008, ce continent est devenu un moteur important tirant la reprise et la croissance de l'économie mondiale vers le haut. Selon les statistiques de certaines institutions, l'Asie a contribué à la croissance de l'économie mondiale pour plus de 50 % au cours des dernières années.

La contribution de l'économie chinoise à ce développement est évidemment non négligeable. Il faut dire que la croissance chinoise a bénéficié à la fois d'une mondialisation économique ouverte et inclusive ainsi que des efforts du pays dans sa réforme économique.

Les changements qui se sont produits en Chine et dans d'autres économies émergentes d'Asie exerceront certainement une influence profonde et durable sur l'avenir de l'économie de la région et du reste du monde. Les pays asiatiques, y compris la Chine, connaissent actuellement un important rééquilibrage économique et font face au même dilemme : maintenir la croissance économique ou effectuer des réformes structurelles. La manière dont les économies asiatiques relèvent ces nouveaux défis indiquera la direction de la réforme future en Asie.

Le processus d'intégration régionale de l'Asie s'accélère

Les liens commerciaux et les investissements entre les pays asiatiques, dont la plupart pratiquent une politique d'ouverture, se resserrent de jour en jour. Les coopérations bilatérales, qu'elles soient régionales, sous-régionales ou encore interrégionales se développent progressivement. La coopération et les échanges s'accroissent sans cesse dans plusieurs domaines, notamment ceux de l'industrie, du commerce et de la finance, de la technologie, du transport mais aussi de la culture.

Ceux entre l'ASEAN, la Chine, le Japon et la Corée du Sud (10+3) sont entrés dans une étape substantielle. L'intégration économique de l'ASEAN et la coopération sous-régionale comme celles du Grand Mékong et l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale sont en cours. Les coopérations interrégionales comme l'APEC, le sommet Asie-Europe, le Forum de coopération Asie de l'Est – Amérique latine progressent également.

Selon les prévisions et analyses de la Banque asiatique de développement (BAD), d'ici 2050, le PIB de l'Asie devrait représenter 51 % du PIB mondial, et la coopération régionale et l'intégration joueront un rôle clé pour la prospérité future de l'Asie.

Des accords de libre-échange

À la différence de la voie de l'intégration européenne qui est construite et poussée sur le plan politique, le processus d'intégration de l'Asie a été motivé principalement par le marché au cours des trentes dernières années. Les économies asiatiques ont la volonté d'éliminer les barrières commerciales, qui ont un impact négatif important. Une série d'accords bilatéraux de libre-échange conclus permettent d'accélèrer la coopération économique entre les pays asiatiques.

En 1993, on comptait quatorze accords de libre-échange entre les pays asiatiques. À la fin de 2013, une centaine d'accords de ce genre avaient été mis en œuvre entre eux. Le commerce a joué un rôle clé pour faire de l'Asie la région la plus dynamique du monde.

Ronald Coase, lauréat du prix Nobel d'économie, avait écrit : « Il manque en Asie un marché commun équivalent à l'Union européenne ou la zone de libre-échange nord-américaine. Conséquences : le déplacement de capitaux et de main d'œuvre au sein de l'Asie n'a pas atteint le niveau dû... La forte réduction du coût de déplacement deviendra un moteur puissant pour la croissance de l'Asie dans les prochaines années. »

L'analyse de Coase indique les disparités dans la construction d'une communauté asiatique et met en lumière l'importance des politiques d'intégration à tous les niveaux et couvrant toute la région dans le développement économique de l'Asie-Pacifique. Bien que les vues des parties soient partagées sur l'intégration régionale, les politiques de l'Asie et d'autres économies connexes s'attachent clairement à l'unification du processus d'intégration à travers les accords de libre-échange.

Malgré la controverse, un consensus s'est progressivement dessiné : des accords de libre-échange significatifs visent non seulement à réduire les droits de douane, mais aussi à réglementer le commerce et les investissements, les services et la propriété intellectuelle afin de parvenir à créer des règles commerciales internationales. La portée et l'étendue des accords de libre-échange détermineront leur capacité à apporter des avantages aux économies asiatiques.

La responsabilité de la Chine dans la coopération économique régionale à l'avenir sera une large participation à l'intégration, surtout dans la coopération au niveau institutionnel.

De meilleures infrastructures pour les échanges

Adam Smith, dans son ouvrage La Richesse des nations écrivait : « Les routes bien construites, les canaux et les cours d'eau navigables permettent de stimuler le développement des régions reculées d'un pays, et leur permettent d'atteindre le même niveau que les zones urbaines, en réduisant les coûts de transport. » Plus de deux siècles après, cette théorie est encore valable.

Aujourd'hui, les infrastructures dans la région d'Asie-Pacifique notamment dans le transport et les réseaux d'énergie laissent à désirer, tant en nombre qu'en qualité. D'après certaines données, la plupart des pays asiatiques consacrent chaque année moins de 3 % de leur PIB aux infrastructures ; pour le secteur privé, les investissements dans les infrastructures sont inférieurs à 1 % du PIB. Les infrastructures restent donc un goulot d'étranglement pour l'intégration de l'Asie.

Zeng Peiyan, vice-président du Conseil du FBA a appelé les économies asiatiques à développer les échanges et coopérations sur la plannification des infrastructures et à coordonner étroitement leurs plans et objectifs pour l'interconnexion de celles-ci. Selon lui, il convient de procéder à des discussions sur les projets de construction de réseaux d'infrastructures transfrontalières et interrégionales. Les partenaires doivent s'efforcer de trouver un consensus, et sur cette base, élaborer leurs plans respectifs à moyen et long terme, afin de faciliter les échanges économiques, culturels et humains à travers un réseau d'infrastructures plus ouvert et performant.

Accroître les investissements dans les infrastructures et élargir la demande intérieure permettra de former de nouveaux pôles de croissance,et de réparer les maillons faibles créés par le développement rapide antérieur. L'amélioration des infrastructures aidera également au réajustement structurel et stimulera le développement de nouvelles industries. Cela en contribuant à une croissance plus régulière et à la création des emplois.

Conscient de la valeur ajoutée des infrastructures, le FBA a organisé un séminaire spécial sur l'interconnexion en Asie -Pacifique, en octobre dernier à Bali. L'occasion d'un échange sur l'interconnexion et le renforcement de la coopération.

L'obstacle du financement

Le financement est parfois un obstacle pour la construction des infrastructures en Asie. Selon les estimations de la BAD, de 2010 à 2012, pour que les infrastructures d'Asie atteignent le niveau moyen mondial, elles auraient besoin d'un investissement de 8 000 milliards de dollars au niveau national, et de 300 milliards au niveau régional. Le montant manquant du financement est énorme.

À propos de ce problème, le président chinois Xi a déclaré, dans son allocution prononcée lors de la cérémonie d'ouverture de la session 2013 du FBA, que la Chine allait accélérer l'interconnexion avec ses voisins et explorer activement la création d'une plate-forme de financement régional pour promouvoir l'intégration économique et améliorer la compétitivité régionale.

La mise à niveau des infrastructures offrira un espace à la croissance des économies émergentes en Asie. La Chine, avec ses progrès dans le transport, le développement urbain et d'autres infrastructures au cours des 30 dernières années, est forte d'une expérience solide qui peut servir aux économies émergentes de la région. Les entreprises chinoises peuvent également par leurs capitaux et techniques, développer des coopérations avec d'autres pays en matière de construction d'infrastructures.

À cette fin, la Chine appelle à la création d'une banque asiatique d'investissement pour infrastructures (BAII), et a affirmé être prête à fournir un soutien financier aux pays en développement de l'Asie, y compris les pays de l'ASEAN. La BAII proposée permettra, grâce à une plate-forme financière régionale, de compenser les énormes insuffisances de financement dans les pays en développement de l'Asie, et de réduire la fuite des capitaux. Cela pour les rediriger vers l'investissement local afin de garantir la vitalité et la croissance de l'économie asiatique. Les avantages qui en résulteraient pourraient s'étendre de l'Asie au monde entier, au point même d'étayer la reprise de l'économie mondiale.

Asie-Pacifique, un développement commun

Avec le développement continu de la mondialisation et de la régionalisation économique, les pays asiatiques ont besoin de renforcer les échanges et la coopération entre eux, mais aussi leur coopération avec le reste du monde. Ils font face au même problème : maintenir le développement sain de l'économie asiatique et renforcer la concertation et la coopération entre eux dans le contexte de la mondialisation.

Lors de la cérémonie d'ouverture du FBA 2013, le président Xi a cité un proverbe disant que « Les voisins, tout comme les parents d'une même famille souhaitent que tout le monde vive bien ensemble ». Il a également ajouté que le développement de la Chine apporterait plus d'opportunités de développement à l'Asie dans son ensemble et au monde. Par la suite, après le XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois, la Chine a lancé une série de mesures de réformes très remarquées.

Il est clair que le développement économique de l'Asie, ainsi que les essais entrepris dans le cadre de l'intégration économique jouent un rôle accru dans l'échiquier économique mondial. L'Asie est sans aucun doute un sujet remarquable dans l'histoire économique du XXIe siècle.

2014 verra la poursuite des réformes dans les économies asiatiques. La Chine, le Japon, l'Inde et l'Indonésie sont en train d'appliquer énergiquement leur nouveau programme de réformes. Sans pouvoir compter sur les facteurs externes comme par le passé, la croissance de l'Asie doit désormais se réaliser par des forces endogènes. La communication, la coopération et le soutien mutuel entre les économies asiatiques sont cruciaux pour le développement commun.

Le FBA est la première organisation internationale vraiment dominée par les pays asiatiques et traitant, à partir des intérêts et des opinions de l'Asie, les affaires asiatiques. Son but est de promouvoir les échanges et la coopération entre les pays asiatiques, ainsi qu'entre eux et d'autres régions du monde. Il s'attache à servir l'Asie, mais est aussi ouvert au monde. Il devient de jour en jour une plate-forme importante à travers laquelle les milieux politiques, industriels et commerciaux, ainsi qu'institutionnels des pays asiatiques et d'autres régions dialoguent pour améliorer la compréhension, élargir la confiance mutuelle et promouvoir la coopération régionale. En outre, le FBA fournit en Asie-Pacifique une voie rapide pour le rassemblement des avis, des idées, afin de donner une orientation positive aux activités économiques.

L'Asie a besoin plus que jamais d'un tel pont de communication, où un consensus général se construit pour promouvoir la prospérité économique de l'Asie-Pacifique.

 

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