CHINAHOY

28-April-2014

La plus grande « mine urbaine » de Chine du Nord

 

Equipements pour démanteler les appareils électroménagers hors d'usage.

 

DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

Entre Beijing et Tianjin, deux grandes villes du nord de la Chine, se trouve une localité nommé Ziya. C'était auparavant un lieu où les arbres fruitiers avaient du mal à pousser et où l'eau des nappes phréatiques n'était pas potable en raison d'une grave pollution. Ziya est aujourd'hui devenue une zone exemplaire en matière d'industrie de recyclage. Les appareils électriques et les véhicules hors d'usage peuvent être transformés en ressources renouvelables comme le cuivre, l'aluminium, le fer ou le caoutchouc. Les résidents locaux peuvent reprendre une vie heureuse.

Intégration des petits ateliers

Il y a quatre ans, Yuan Zhezhong, qui habite le village de Xiaoyaopu dans le bourg de Ziya (district de Jinghai) à Tianjin, a décidé d'exploiter un verger d'une superficie de 3 mu (1 mu = 1/15 ha). Il est revenu à sa profession d'origine. En effet, il avait lui-même abattu plus tôt ses propres arbres fruitiers.

« Je n'avais pas d'autre choix car il m'était impossible de vendre mes fruits à cause de la pollution », explique Yuan. Cette pollution était le résultat de l'industrie du démantèlement manuel des appareils usagés, un métier qui était répandu dans le bourg à ce moment-là. Les locaux cherchaient à récupérer toutes sortes de choses en découpant et en brûlant des fils métalliques et des appareils électriques hors d'usage. Malgré quelques revenus pour les habitants du village, la pollution s'aggravait de jour en jour, et cela a fini par rendre les arbres fruitiers malades et l'eau des nappes phréatiques impropre à la consommation.

Bien que les habitants du coin fassent toujours ce travail, Ziya est aujourd'hui le plus grand centre d'industrie de recyclage de Chine du Nord, et offre au marché quantité de ressources renouvelables tout en ne générant aucune pollution des sols ni de l'air.

« Ziya se trouve sur un terrain qui était auparavant en mer. Du fait de la salinisation et de l'alcalinisation très élevées des sols, l'agriculture locale avait du mal à se développer, et les habitants gagnaient leurs vies grâce à la production de pétards et au démantèlement des déchets, dit Tang Guilan, directrice adjointe du comité de gestion de la Zone industrielle d'économie de recyclage de Ziya. Plus tard, les ateliers de production de pétards furent mis hors la loi après plusieurs accidents. Il n'est plus resté que le démantèlement aux habitants. »

« Dans les années 1980 et 1990, la capacité de démantèlement des petits ateliers familiaux était très limitée. Ne possédant pas de machines professionnelles, très chères, les habitants étaient incapables de démonter des câbles et des fils électriques fins comme des cheveux et choisissaient donc de les brûler. 80 ou 90 % des villageois faisaient ainsi. Le lendemain de ces feux, les arbres et la surface de l'eau étaient couverts de cendres noires. Le taux de morbidité du cancer des poumons était alors très élevé », ajoute Tang Guilan.

Le premier pas de la transformation économique de Ziya a été l'intégration de plus de 800 ateliers de démantèlement en 80 entreprises. Puis celles-ci ont été transférées à un emplacement spécial réservé par le gouvernement local. En 2001, la construction de la Zone industrielle d'industrie de recyclage de Ziya a été planifiée.

En tant que plus grande zone dédiée à l'industrie du recyclage en Chine du Nord, la Zone industrielle de Ziya occupe une superficie totale planifiée de 135 km². Pour le moment on compte 50 km² en construction, dont 21 km² pour la production et le traitement, 20 km² pour l'économie forestière, ainsi que 9 km² pour les recherches scientifiques, le logement et les services. Les secteurs clés de la Zone concernent six domaines : les produits électromécaniques usagés, les produits informatiques et électroniques inutilisables, les véhicules hors d'usage, le traitement du caoutchouc, le traitement approfondi des matériaux de récupération, ainsi que les énergies nouvelles. Réutilisable, écologique, durable, pratique, et où il fait bon vivre, voilà le nouveau mode de vie de Ziya.

« La plupart des résidents de Ziya et des environs travaillent dans cette zone et occupent différents emplois selon leurs niveaux d'éducation, et ont des salaires différents. Par exemple, les ouvriers chargés du démantèlement gagnent 3 000 ou 4 000 yuans par mois, tandis que le salaire est de 7 000 ou 8 000 yuans pour des personnes hautement diplômées et qualifiées », explique Tang Guilan.

« Aujourd'hui, une petite cité est en construction à l'intérieur de la Zone. Elle accueillera à peu près 16 000 personnes venant de neuf villages. En effet, on offre une panoplie de conditions séduisantes, principalement en matière d'emploi, de logement, de scolarisation des enfants, d'assurance retraite et de profits à long terme », ajoute-elle.

 

Axes de circulation de la zone économique de recyclage de Ziya.

 

Une véritable mine urbaine

Quels que soient la nature du démantèlement, la classification et la composition chimique des déchets, ou le traitement des eaux usées, des déchets et du gaz, TCL-AOBO Environmental Protection and Development Co., Ltd (Tianjin) a mis en place une automatisation complète de son atelier de production. Les appareils hors d'usage y sont transformés en matières réutilisables comme le plastique ou le verre, ainsi qu'en métaux comme l'or, l'argent, le cuivre, le fer et l'aluminium, mais il n'y a ni bruit ni pollution.

« Nous possédons dix-huit lignes de traitement de top niveau mondial destinées aux appareils électriques et aux produits électroniques hors d'usage. Nous récupérons au maximum les ressources réutilisables, et attachons une haute importance au traitement de décontamination des déchets », indique Wang Wenhua, secrétaire du directeur général de TCL-AOBO.

Cette entreprise est seulement un exemple parmi d'autres dans la Zone industrielle de Ziya. Fin décembre 2013, 231 entreprises y étaient implantées, et elles respectaient toutes, sans exception, le principe de « zéro-émission » et « zéro-pollution » lors de leur fonctionnement.

À l'heure actuelle, la capacité de démantèlement et de traitement de la Zone industrielle de Ziya atteint 1,5 million de tonnes, avec un apport annuel au marché de 450 000 tonnes de cuivre, 250 000 tonnes d'aluminium, 300 000 tonnes de fer, 300 000 tonnes de caoutchouc et plastiques, ainsi que 200 000 tonnes d'autres matériaux. Une véritable mine urbaine !

La Zone industrielle de Ziya a réalisé de gros progrès en ce qui concerne l'économie d'énergie et la réduction des émissions. Le recyclage effectué dans la zone permet chaque année une économie de 5,24 millions de tonnes de charbon standard et de 1,8 million de tonnes de pétrole, ainsi qu'une réduction des émissions de CO2 et de SO2 de respectivement 1,66 et 0,1 million de tonnes.

« Le taux de recyclage des produits mécaniques et électriques hors d'usage touche quasiment 100 %, et celui des appareils électroménagers et des véhicules varie entre 90 % et 92 % », fait remarquer Tang Guilan.

Le développement de la Zone industrielle de Ziya se concentrait au début sur le démantèlement, mais s'oriente aujourd'hui vers le traitement approfondi des déchets, la reproduction et les nouvelles énergies liées à la protection de l'environnement. En 2013 a été créée une matière nommée « bois plastique », fabriquée avec du plastique usagé et des résidus de bois. Non seulement écologique, elle est beaucoup plus durable que les matériaux en bois communs. En général, la durée de vie d'une rambarde en bois est de deux ans, mais celle d'une rambarde en bois plastique atteindra au moins dix ans.

En accord avec les différentes fonctions de la chaîne industrielle, la Zone est divisée en huit parties : les services généraux, le démantelage et le traitement, le traitement approfondi, le traitement de la pollution, la logistique, les recherches scientifiques, les services de vie quotidienne, ainsi que le logement.

Une zone écologique

La Zone industrielle de Ziya prend toujours en considération l'écologie. S'en tenant au concept « les ateliers et les forêts se mélangent », elle a établi un système complet d'économie d'énergie et de protection de l'environnement qui comprend la collecte des eaux usées et pluviales, ainsi que le traitement des déchets. En ce moment, une station d'épuration des eaux usées dont la capacité de traitement journalière est estimée à 80 000 tonnes est en construction. 200 millions de yuans ont été dépensés pour établir un centre de traitement des déchets solides dont la capacité de traitement annuelle est prévue à 40 000 tonnes. De plus, toutes les entreprises au sein de la Zone possèdent un lieu de stockage protégé de la pluie, du vent et des infiltrations d'eau. On peut dire que le taux de recyclage des eaux, le taux de décontamination des déchets et la proportion des bâtiments verts ont tous atteint 100 %.

« La partie résidentielle colle également au concept de l'économie d'énergie et de la protection de l'environnement. Les bâtiments publics et les appartements sont équipés de système de chauffage solaire. Par ailleurs, il y a une section de 20 km² destinée à l'économie forestière, située entre la partie résidentielle et la partie industrielle, qui joue un rôle positif dans l'amélioration de l'environnement », explique Tang Guilan.

Tous les produits électromécaniques hors d'usage débarqués ici via le port de Tianjin doivent être dédouanés dans la Zone industrielle de Ziya. Un système complet de supervision est appliqué, couvrant la douane, l'inspection et la quarantaine, la protection de l'environnement ainsi que celle de la Zone elle-même. « Il faut éviter les transferts tiers autant que possible », conclut Tang Guilan.

En ce qui concerne le futur développement de la Zone industrielle d'industrie de recyclage de Ziya, Tang Guilan dit : « Il s'agit d'une industrie émergente en Chine. Son avenir s'annonce très brillant. »

 

La Chine au présent

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