CHINAHOY

29-November-2013

Les ONG au service des relations sino-africaines

 

Le 21 octobre 2009, 32 hommes d'affaires originaires de 15 pays africains ont participé à la Conférence Chine-Afrique sur les échanges commerciaux à Wuhan, pour discuter des points stratégiques d'investissement.

 

LI YUAN, membre de la rédaction

«La nature de la coopération sino-africaine en matière d'ONG est marquée par la sincérité. L'Afrique accueille un nombre croissant d'organisations chinoises, tout en encourageant le développement de la coopération entre les deux parties. » C'est ce qui est revenu dans les propos de plusieurs délégués africains pendant le Séminaire sur les efforts sino-africains en faveur du bien-être des peuples », organisé le 13 septembre 2013 à Beijing.

Ce séminaire a été organisé par le Réseau des ONG pour les échanges internationaux de Chine (CNIE). Ce forum a servi de plateforme d'échange d'expériences et d'idées nouvelles ayant pour objectif la promotion de l'amélioration des conditions de vie en Afrique, ainsi que le renforcement des échanges et de la coopération entre ONG chinoises et africaines.

Construire activement une plateforme de dialogue

La Chine est le plus grand pays en développement du monde, et l'Afrique est le continent avec le plus grand nombre de pays en développement. En comparaison de leurs échanges politiques et économiques, la coopération sino-africaine sur les ONG a commencée assez tard mais possède un grand potentiel de développement.

En 2000, le lancement du Forum sur la coopération sino-africaine a marqué l'entrée des relations entre les deux entités dans le XXIe siècle. En 2006, la Chine et l'Afrique ont officiellement établi un partenariat stratégique d'un nouveau type. Dès lors, le gouvernement chinois a activement promu les échanges entre ONG des deux parties afin d'arriver à une situation de gagnant-gagnant qui soit profitable aux populations chinoise et africaine.

En 2013, lorsque la nouvelle équipe de dirigeants chinois a été investie, le président Xi Jinping a choisi d'effectuer sa première tournée à l'étranger en Afrique, avec des visites en Tanzanie, en République du Congo et en Afrique du Sud. Il a proposé l'établissement d'une « communauté sino-africaine de destin ». Durant sa tournée, il a réaffirmé les principes fondamentaux de la coopération de la Chine avec l'Afrique : une coopération pragmatique basée sur le respect, l'égalité, la solidarité coopérative et le bénéfice gagnant-gagnant. Le résultat de cette tournée a été non seulement l'apport d'un soutien matériel aux pays africains, mais aussi l'établissement d'une nouvelle ligne directrice pour le développement durable des relations amicales entre la Chine et l'Afrique, en posant les jalons d'un nouveau chemin pour les échanges amicaux entre les deux parties.

En relation avec la politique macro économique de la Chine, de plus en plus d'ONG, d'entreprises et de personnes chinoises ont commencé à coopérer avec l'Afrique. On compte aussi de plus en plus d'Africains qui partent étudier, travailler ou faire des affaires en Chine. Les échanges de population entre Chinois et Africains sont de plus en plus fréquents.

L'approfondissement progressif des échanges non-gouvernementaux, à travers la Chambre de commerce Chine-Afrique, le Forum populaire Chine-Afrique, et le Séminaire sino-africain de la promotion du développement de la vie du peuple, a permis de renforcer la compréhension mutuelle. Les ONG chinoises ont fait preuve d'enthousiasme, d'esprit d'initiative et d'innovation en ce qui concerne leurs relations avec l'Afrique. Selon He Wenping, directrice du bureau de recherche africain de l'institut de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique à l'Académie des sciences sociales de Chine, le développement des relations sino-africaines s'appuie non seulement sur le soutien gouvernemental, mais aussi sur d'autres forces et canaux. Elle a expliqué : « Les projets chinois en Afrique sont étroitement liés avec la vie quotidienne des populations locales, le gouvernement et les ONG peuvent jouer des rôles différents. Il faut avant tout bien connaître les organisations en Afrique, et établir le dialogue dans différents domaines à travers les ONG. »

Selon Li Jinjun, vice-président permanent de l'Association internationale des échanges du Réseau des ONG de Chine, la fonction du gouvernement et celle des ONG sont complémentaires, les deux forces peuvent créer un nouveau modèle pour les échanges entre la Chine et l'Afrique.

Coopération menée par les ONG dans divers domaines

Dans le sillage des échanges sino-africains, les ONG des deux entités ont œuvré dans les domaines des échanges économiques, de l'assistance médicale, de la formation et de l'éducation, ainsi que dans celui des échanges culturels.

« L'Afrique est l'une des régions dont la vitesse de développement est la plus rapide au monde, mais ce développement rapide a besoin de soutiens en matière d'expériences, de techniques, de fonds et de talents. C'est la raison pour laquelle l'Afrique est devenue une destination importante pour les investissements chinois », a expliqué Lu Wenjun, membre du Réseau des ONG pour les échanges internationaux de Chine, et directeur général de la China National Heavy Machinery Corporation. Selon lui, les deux clés pour changer la vie des Africains sont l'amélioration des infrastructures et l'amélioration du niveau de développement agricole en Afrique. Les entreprises chinoises peuvent justement jouer un rôle important dans ces domaines. L'entreprise de Lu a été chargée de plusieurs projets de construction d'infrastructures dans des pays africains comme la Guinée, le Soudan du Sud, l'Ethiopie, l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Son entreprise y a réalisé, entre autres, l'installation de systèmes de distribution d'eau courante, de réseaux d'électricité, de réseaux d'assainissement (égouts) ou des projets ayant trait à l'énergie biologique et à l'agro-industrie. Toutes ces constructions ont pour but d'améliorer la qualité de vie de la population africaine et ont été bien accueillies par les habitants locaux.

La Fondation Amity prête plus d'attention aux villages africains. En 2011, cette fondation a initié un projet de biogaz à Madagascar afin de construire et gérer plus de 500 digesteurs de biogaz dans les villages. Selon She Hongyu, directrice du département de recherche et développement de cette fondation, un digesteur de biogaz de 8 m³ peut produire 400 m³ de méthane par an, ce qui remplace 2 000 kg de bois, ou 3 tonnes de charbon, et permet d'économiser 600 yuans par an. À ce jour, la fondation a construit plus de 10 000 digesteurs dans les villages chinois, et elle veut aujourd'hui partager ce projet avec l'Afrique.

L'amélioration des conditions sanitaires est un autre but important du développement en Afrique, c'est aussi un des domaines principaux des échanges entre la Chine et l'Afrique. L'Association chinoise de la planification familiale a lancé des programmes de formation pour la prévention du SIDA auprès des adolescents africains au Zimbabwe et au Kenya. En 2012, la Fondation de la paix et du développement de Chine et une fondation soudanaise ont lancé un programme qui a offert à plus de 200 patients une opération gratuite de la cataracte. L'ancien président du Soudan, Abdel Rahman Swar al-Dahab a déclaré : « Les ONG chinoises ont fourni une aide sincère aux peuples africains. »

Les échanges culturels sont importants pour renforcer l'amitié sino-africaine. Fred Mecque, président de l'Association des étudiants chinois en Tanzanie, précise que son association s'est évertuée à promouvoir la culture chinoise en Tanzanie, en y établissant une école d'arts martiaux et des troupes de danses des lion et du dragon, etc. Il espère que les Chinois puissent également apprendre plus de la culture africaine.

En Chine, la culture africaine est transmise de plusieurs manières. Un couple de la ville de Changchun (province du Jilin), Li Songshan et Han Rong, amoureux de la culture africaine, a investi et construit un musée dédié aux sculptures Makonde, originaires d'Afrique. Il s'agit du plus grand musée au monde consacré à cet art. 120 000 sculptures Makonde et tableaux africains ont été collectionnés et y sont exposés. En fait, il y a beaucoup de Chinois comme Li Songshan et Han Rong qui aiment la culture africaine.

Il est à noter que les échanges entre la Chine et l'Afrique sont de plus en plus croisés et équilibrés. Les relations sino-africaines deviennent vraiment une communication à double sens.

Les 6 et 7 décembre 2012, le troisième Forum de coopération sino-africaine – Forum juridique a été organisé à Port Louis, en Ile Maurice, et plus de 200 experts juridiques des relations sino-africaines y ont participé et ont discuté de la coopération juridique mutuelle, ainsi que de l'influence des lois des différents pays dans le domaine des échanges économiques et de la résolution des conflits commerciaux.

He Wenping a déclaré : « Les ONG africaines sont de plus en plus actives ces dernières années, elles sont en train d'augmenter leur influence et de gagner le droit de parole dans le monde. Par conséquent, les ONG chinoises doivent s'engager dans des projets et dans des activités concrètes pour améliorer la qualité des échanges entre les ONG des deux parties. »

Renforcer la coopération et approfondir la compréhension

« L'amitié entre les peuples est quelque chose d'important dans la relation entre deux pays. Les ONG sont liées d'un côté au gouvernement et de l'autre côté à la population, elles sont plus souples. Dans la phase future de la coopération sino-africaine, le gouvernement bâtira la scène, et les ONG feront le spectacle. On aime beaucoup ce modèle », dit Xu Wei, directeur de l'institut du développement afro-asiatique du Centre de recherche et développement du Conseil des affaires d'État.

Cependant, bien que les ONG aient obtenues de bons résultats, elles doivent toujours faire face à de nombreux défis en suivant l'approfondissement de la coopération économique sino-africaine, la nouvelle tendance du développement de la diplomatie de la Chine à l'égard de l'Afrique, et les nouvelles demandes de partenariat stratégique entre les deux parties. Il faut bien réfléchir à la meilleure façon pour une ONG d'établir une coopération à long terme.

« Bien que l'on ait établi de nombreuses plateformes de communication, il y a toujours un déficit de compréhension entre les peuples. Il reste encore beaucoup de choses à faire au niveau des échanges », a expliqué Zhao Minghao, expert du Centre chinois des études du monde contemporain. Selon lui, les échanges sino-africains grâce aux ONG sont actuellement limités par plusieurs éléments. Aujourd'hui, de plus en plus de Chinois participent aux échanges sino-africains mais ils ne sont pas assez compétents pour résoudre tous les problèmes ; les Africains ne connaissent pas très bien la Chine ; les puissances occidentales influencent négativement les échanges sino-africains.

Selon Zhao Minghao, il faut approfondir la connaissance que les Africains ont de la Chine et rééquilibrer la situation asymétrique des relations sino-africaines pour renforcer la coopération mutuelle. De plus, il faut éviter la politisation des problèmes économiques, augmenter la responsabilité des entreprises chinoises en Afrique, leur conscience juridique et écologique, et renforcer le dialogue entre ONG.

Erfiki Hicham, un doctorant marocain à l'Université de Beijing, a affirmé que la coopération entre la Chine et l'Afrique était différente de celle avec les États-Unis. « On ne doit pas imiter le modèle des ONG occidentales, mais créer un nouveau modèle adapté à la situation de la Chine et de l'Afrique. »

Selon le responsable d'une ONG et avocat nigérian, les gouvernements africains, les ONG africaines et les intellectuels peuvent apprendre des expériences du développement de la Chine. En observant les nombreux projets chinois en Afrique, les Africains devraient adopter une attitude médiane entre « acceptation sans critique » et « rejet systématique ».

 

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