- Accueil
- Médecine chinoise
- Toit du monde
- Cuisine
- Livre
- Proverbe
- Francosphère
- A la chinoise
- Tendance
- Mots clés pour comprendre la Chine
- Aux quatre coins du pays
- Objets d'art
- Sci-Edu
- Environnement
- Personnalité
- Sport
- Tourisme
- Culture
- Economie
- Société
- Focus
- Convergence
- Propos d’expert
- Reportage spécial
- Dossier
- Galerie photo
- Actualité
Le scandale du lait néo-zélandais contaminé
![]() |
Les ventes du lait en poudre néo-zélandais ont chuté en Chine l’été dernier. |
La Chine, premier pays importateur des produits laitiers néo-zélandais, a été terriblement choquée à l’annonce des différents cas de contamination détectée dans ces marchandises. Malgré les excuses publiques, les mesures de rappel prises et les enquêtes menées, l’image des marques laitières néo-zélandaises reste profondément entachée.
JIAO FENG, membre de la rédaction
Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Murray McCully, a atterri le 20 août en Chine, pour aider dans le traitement de l’affaire du lait en poudre contaminé, vendu par Fonterra. Le premier ministre néo-zélandais, John Key, a également déclaré qu’il souhaitait voir l’enquête achevée avant la fin de l’année, tout en espérant pouvoir se rendre personnellement en Chine pour faire part au gouvernement et aux consommateurs chinois des résultats de cette investigation.
Une succession d’affaires
Le 2 août, Fonterra, la plus grande compagnie laitière en Nouvelle-Zélande, a révélé que des lots de concentré de protéines de petit-lait avaient été contaminés par une bactérie pouvant causer le botulisme, un type d’intoxication alimentaire. Des laits maternisés et boissons énergétiques fabriqués à partir de ce petit-lait ont ainsi été exportés vers la Chine, l’Australie, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam et l’Arabie saoudite. Des marques néo-zélandaises ont également été concernées.
Quelques jours plus tard, le gouvernement sri-lankais a annoncé que dans plusieurs laits en poudre importés de Nouvelle-Zélande, dont ceux de Fonterra, avaient été détectés des traces de dicyandiamide. Bien que Fonterra ait nié la contamination de ses produits par cette substance chimique, il a rappelé le 10 août deux lots de lait en poudre mis en cause, par mesure de précaution.
Peu de temps après, l’Administration générale du contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine de Chine a signalé une teneur anormale en nitrate dans deux lots de lactoferrine mis sur le marché par la société néo-zélandaise Westland Milk Products et a décidé de suspendre l’importation de ce produit. Elle a également exigé de Westland et d’autres sociétés laitières de Nouvelle-Zélande qu’elles présentent un rapport de tests au nitrate, avant d’exporter de la lactoferrine ou tout autre produit laitier vers la Chine. Le gouvernement néo-zélandais a été appelé à contrôler in extenso les marchandises et le système de gestion des entreprises locales exportant leurs produits vers la Chine.
Aucun cas d’intoxication n’a jusqu’à présent été rapporté. Mais ces affaires qui se sont succédées durant un mois ont toutefois jeté une ombre sans précédent sur la réputation de l’industrie laitière néo-zélandaise, jusqu’alors considérée comme « propre et écologique ». Selon certains analystes, cette série de scandales a mis l’accent sur le fait que ces problèmes de qualité n’étaient pas des cas isolés, nuisant gravement à l’image des produits laitiers néo-zélandais.
La réaction de la Nouvelle-Zélande
Lors d’une conférence de presse tenue le 3 août, Fonterra a dévoilé plus de détails : un tuyau temporaire mal stérilisé dans une usine de Nouvelle-Zélande aurait causé la contamination de trois lots de 38 tonnes de concentré de protéines de petit-lait fabriquées en mai 2012. D’après les résultats des tests, ce petit-lait serait susceptible de contenir une bactérie pouvant causer l’intoxication du consommateur. Fonterra a aussi admis que des problèmes de qualité avaient pu être observés en mars dernier, l’analyse microbiologique d’un lot de produits s’étant avérée positive. Les diverses bactéries découvertes furent jugées pour la plupart inoffensives, et des tests complémentaires furent effectués. Le 31 juillet, il a été noté qu’un des échantillons analysés contenait la bactérie responsable du botulisme. Le 2 août, Fonterra a informé le ministère des Industries primaires de Nouvelle-Zélande de cette affaire touchant à la sécurité alimentaire.
La protéine de lactosérum en poudre contaminée avait été utilisée comme additif dans un total de 870 tonnes de lait en poudre maternisé pour bébés, de jus/boissons lactées, de yaourts et d’autres aliments en poudre. Fonterra a ordonné le rappel des produits concernés. Le président du groupe, John Wilson, a présenté des excuses publiques pour la contamination bactériologique de ses produits laitiers. Gary Romano, le directeur général du département chargé des produits laitiers chez Fonterra en Nouvelle-Zélande, a démissionné de son poste, ses fonctions étant temporairement assumées par le PDG Theo Spierings. Fonterra a par ailleurs constitué une commission indépendante pour continuer d’enquêter sur les causes de l’incident.
Le premier ministre John Key a également déclaré que le gouvernement mènerait l’investigation sur cette affaire au niveau ministériel, afin de préciser comment les produits contaminés sont entrés sur le marché international et si les mesures de contrôle à cet égard sont suffisantes.
La Nouvelle-Zélande est le plus grand exportateur de produits laitiers dans le monde. L’industrie laitière, dont dépend grandement son économie, représente ainsi un quart du total des exportations du pays. Fonterra compte pour près de 90 % de la production de lait en Nouvelle-Zélande. Suite à cette affaire, des pays ont interdit l’importation de certains produits laitiers néo-zélandais, notamment la Chine, la Russie, le Vietnam et le Sri Lanka. Inévitablement, la communauté internationale a, dans une certaine mesure, perdu confiance envers les produits laitiers néo-zélandais.
La Chine gravement affectée
La Chine est le plus grand marché d’exportation des produits laitiers de Nouvelle-Zélande. L’année dernière, les exportations néo-zélandaises vers la Chine se chiffraient à environ 6,9 milliards de dollars néo-zélandais, 37 % de ce total étant associé aux produits laitiers.
Selon Wang Dingmian, membre de l’Association laitière de Chine et spécialiste du milieu, 80 % des 600 000 tonnes de lait en poudre importées par la Chine chaque année proviennent de Nouvelle-Zélande. Et Fonterra représente 70 % des exportations néo-zélandaises. En d’autres termes, plus de la moitié des protéines de lactosérum en poudre que l’on peut trouver sur le marché chinois sont produites par Fonterra.
Parmi les huit entreprises qui avaient acheté le concentré de protéines de petit-lait contaminé par la Clostridium botulinum, on retrouve entre autres Coca-Cola, Wahaha, Dumex et Abbott. Ce petit-lait avait servi à la composition des boissons des deux premières marques citées ; les deux dernières avaient rappelé respectivement douze lots et deux lots de lait en poudre pour bébés contaminé. Le Centre de Hong Kong pour la sécurité alimentaire avait également annoncé le rappel de deux lots de lait en poudre pour bébés de 1 à 3 ans produit par la société britannique Cow & Gate, soupçonnée d’avoir utilisé des protéines de lactosérum contaminées.
Selon l’enquête d’un journaliste, après ces évènements, la vente de lait en poudre néo-zélandais a chuté sur la partie continentale de la Chine, et les consommateurs ont commencé à se tourner vers le lait en poudre produit en Europe ou sur le territoire national.
Mais les choses étaient loin d’être terminées. Quinze jours plus tard, l’entreprise laitière chinoise Wandashan avait affirmé avoir trouvé des quantités excessives de nitrate dans la lactoferrine importée de Westland. Mais il fut confirmé que les 390 kg de matières premières devant être exportés vers la Chine n’avaient pas encore été mis en circulation sur le marché chinois. L’organisme néo-zélandais de réglementation de l’agriculture avait alors retiré la licence d’exportation pour ce lot de lactoferrine.
Une préoccupation internationale
Alors que le gouvernement néo-zélandais s’efforçait de redorer l’image de ses entreprises laitières, de nouvelles péripéties survinrent.
Un institut de recherche en technologie industrielle relevant du ministère sri-lankais des Sciences et Technologies a détecté des résidus de dicyandiamide, une substance agrochimique, dans le lait en poudre de Fonterra. Suite à cela un tribunal au Sri Lanka a ordonné le 16 août la suspension pendant quatorze jours des ventes dans le pays de tout produit fabriqué par Fonterra et l’interdiction de diffuser les publicités de la marque.
Fonterra a réfuté ces accusations de contamination au dicyandiamide, sans fournir d’explications supplémentaires. La succursale de Fonterra au Sri Lanka a rappelé deux lots de lait en poudre, soit un total de 39 tonnes de produits.
Le Sri Lanka est le cinquième plus grand marché d’exportation de lait en poudre de la Nouvelle-Zélande. Les produits laitiers représentent 98 % des exportations néo-zélandaises vers le Sri Lanka.
En fait, en janvier dernier, Fonterra avait indiqué qu’une partie de ses produits contenaient en faible quantité des résidus de dicyandiamide. Un responsable du ministère des Industries primaires de la Nouvelle-Zélande avait confirmé que dans 5 % des pâturages néo-zélandais étaient utilisés des engrais à base de dicyandiamide, deux à trois fois par an, de sorte que certains produits laitiers étaient susceptibles d’en contenir quelques traces. Estimant que ces résidus ne portaient pas atteinte à la salubrité des aliments ni ne pouvaient affecter la santé, le gouvernement néo-zélandais n’avait pas pris de mesures de rappel. Mais cette information suscite toujours la crainte des consommateurs à travers le globe.
La Chine au présent
Economie
- Nouvelle tendance de fusion-acquisition des entreprises chinoises
- Le travail temporaire limité par une nouvelle loi
- Les ONG au service des relations sino-africaines
- Développement diversifié
- La décadence de Yahoo Chine
- Développement de l'industrie logistique en Chine
- Les investissements chinois sont les bienvenus à Paris