CHINAHOY

27-April-2015

L’Internet mobile change la vie !

 

Le service à domicile de Helijia. (PHOTO: WEI YAO)

 

HU YUE, membre de la rédaction

Ces dernières années, l'Internet mobile s'est popularisé en Chine et a commencé à révolutionner l'accès aux services du quotidien, s'emparant en premier lieu de ceux non rattachés à une structure en dur, comme l'entretien ménager, la manucure, la photographie, etc.

À la rencontre entre le virtuel et le réel

Il y a quelques années, jamais les Chinois n'auraient imaginé pouvoir vivre ainsi : Vous vous levez le matin et votre ventre crie déjà famine, alors vous allumez votre portable et tapotez plusieurs fois sur l'écran, puis 30 minutes plus tard, un livreur sonne chez vous pour vous apporter un petit-déjeuner encore fumant ; prêt à affronter la journée après ce repas, vous pressez encore les touches tactiles de votre téléphone, puis un taxi arrive en quelques minutes en bas de votre appartement pour vous conduire sur votre lieu de travail ; vous vous apercevez une fois dans le taxi que vous avez oublié votre porte-monnaie à la maison, mais pas de panique, puisque vous pouvez régler la course directement par paiement mobile ; de retour chez vous après le travail, vous rêvez d'un massage pour vous relaxer, mais vous avez la flemme de ressortir, alors toujours avec votre portable, vous réservez une séance de massage professionnel à domicile ; toutefois, le soir, vous ne vous sentez pas bien, donc vous notez sur votre portable votre maladie, vos besoins thérapeutiques et votre adresse, après quoi quelqu'un vous livre au plus vite les médicaments adéquats.

Ce style de vie si tendance n'est possible pour l'instant que dans les grandes villes en Chine. Les utilisateurs de smartphones se dénombrent à plus de 500 millions actuellement dans le pays ! Dans les métropoles comme Beijing et Shanghai, presque tout le monde possède un téléphone de ce type, en particulier les jeunes de 20-30 ans. Pour eux, leur terminal mobile est un outil pouvant résoudre tous les problèmes qu'ils rencontrent au quotidien.

En 2014, dans les grandes villes comme Beijing et Shanghai, une foule de femmes cadres ont téléchargé l'application « Helijia » sur leur portable. Il s'agit d'un programme O2O (Online To Offline) offrant des services de manucure à domicile. Les utilisateurs peuvent sélectionner le motif et l'artisan de leur choix en ligne. Après leur commande, un prothésiste ongulaire vient chez eux à l'heure convenue. En raison de ses prix raisonnables, de son service de qualité, de son côté pratique et de ses fréquentes offres promotionnelles, Helijia compte parmi les applications de services à domicile les plus prisées en Chine.

Le fondateur de Helijia, Meng Xing, a présenté : « Le O2O est un concept à la mode aujourd'hui, non seulement dans les pays occidentaux mais aussi en Chine. Helijia s'est lancé en temps opportun sur ce marché effervescent. C'est la raison pour laquelle nous avons pu recruter rapidement un grand nombre de professionnels et enregistrer un millier de commandes par jour. Nous avons grossi à un rythme vraiment impressionnant ! Si Helijia était un salon de manucure, il ne fait aucun doute qu'il serait le plus grand de toute la Chine ! Et nos affaires peuvent doubler en quelques mois. » En parallèle des activités de manucure, Helijia a élargi sa gamme de services destinés à la gent féminine, proposant dorénavant pose de faux cils, maquillage, soin de beauté ou encore pédicure.

Internet a fait son apparition en Chine au début des années 1990. À cette époque-là, Meng Xing en était déjà un fervent utilisateur et concevait vaguement les opportunités commerciales auxquelles cette innovation pourrait donner naissance. En septembre 2009, sa marque d'huiles essentielles Afu a ouvert un service de distribution sur la Toile. En 2010, le volume des ventes en ligne d'Afu a atteint plus de 3,3 millions de dollars. En un an de temps, cette marque peu connue s'est positionnée en leader du marché des huiles essentielles en Chine, ce grâce à Internet. Meng Xing nous a raconté, non sans fierté, son parcours d'entrepreneur : « Une multitude de talents étaient cantonnés dans les industries traditionnelles. Certains, comme moi, n'attendaient qu'Internet pour décrocher de nouvelles opportunités. La Toile, particulièrement le site Taobao, est aujourd'hui un bon espace pour monter une affaire. » Ainsi, en combinant ressources de l'industrie de la beauté et plate-forme Internet, Meng Xing a saisi sa chance avant tout le monde. À la fin de 2014, sa marque Afu était valorisée à 20 millions de dollars.

Pour la plupart de ceux qui travaillaient dans les industries traditionnelles, Meng Xing prenait des risques avec Internet. Mais quand ils ont vu sa prompte réussite, ils ont alors commencé à se tourner vers le web. Toutefois, ils avaient à nouveau une longueur de retard : Meng Xing se concentrait déjà sur l'Internet mobile, avec l'idée de créer Helijia.

 

Le 25 août 2014, des volontaires expliquent au public comment utiliser l'app de l'Hôpital pour femmes et enfants de la ville de Dongyang (Zhejiang).

 

La qualité des services : un point clé

Si vous ouvrez l'App Store d'Apple ou d'Android, vous trouverez sans trop de peine une variété d'applications dédiées aux services à domicile : Daojia et Ele.me pour l'industrie alimentaire ; Helijia, SoYoung.com et Gengmei pour le secteur de la beauté ; Didi Taxi et Kuaidi.com pour le transport ; www.iwjw.com et Zufangzi.com pour le logement ; 1jiajie et edaixi pour l'entretien ménager, etc. L'« internetisation » de l'industrie tertiaire traditionnelle a donné de nouvelles possibilités aux services. Non seulement l'Internet mobile transforme le mode de vie des Chinois, mais il crée également des opportunités d'emploi.

Meng Junxian, co-créateur de Kung-fu Bear, n'a pas toujours eu le vent favorable comme Meng Xing. Dès l'université, ce jeune en génie logiciel s'est essayé aux projets O2O, mettant en réseau par exemple un site de livraison de repas sur le campus. En 2012, son diplôme en poche, il a trouvé un poste de testeur chez le moteur de recherche Baidu. Un jour, lors d'une compétition en interne, il a développé un logiciel de comptabilité, qui lui a valu la première place. Mais Baidu n'a pas voulu financer le lancement de ce programme. Alors Meng Junxian a décidé de démissionner et de créer sa propre entreprise avec un bon ami. En 2013, il a commencé à préparer l'application Qingguo Jizhang, mais celle-ci n'a pas convaincu le marché. Les deux ont alors tenté de percer avec d'autres applications, conçues pour l'échange d'objets inutilisés, l'achat à l'étranger, le soutien scolaire, etc… Mais toutes se sont soldées par un échec. En août 2014, la société de Meng Junxian a lancé le programme Kung-fu Bear, une application de massages à domicile ciblant principalement les « cols blancs », qui ont bien souvent les yeux rivés sur un écran d'ordinateur ou de smartphone.

Pour ce logiciel, Meng Junxian a focalisé son attention sur la qualité des services rendus. Il a expliqué : « Sans bons masseurs, tout est en vain. Sans l'appréciation positive du marché, on ne peut avancer. » Craignant un nouvel échec, Meng Junxian a mis le paquet : il a visité presque tous les salons de massage de Beijing en quête de masseurs professionnels, afin de les persuader de rejoindre son groupe. C'est ainsi que le 16 avril 2014, jour de lancement de l'application, neuf masseurs sont devenus ses premiers employés. Le 11 novembre de la même année, l'entreprise a annoncé que le nombre de commandes par jour venait de dépasser la barre des 100. Une réussite qui a invité Kung-fu Bear à relever encore son niveau d'exigence. Au fur et à mesure, Meng Junxian a introduit une série de mécanismes pour sélectionner rigoureusement ses employés, les former et leur garantir un travail à temps plein. Maintenant, les masseurs de Kung-fu Bear doivent avoir au moins 5 ans d'expérience, réussir 13 examens et prendre part à 18 programmes de formation, de sorte que 50 % des postulants sont éliminés au cours du processus de recrutement. Toutes ces règles reflètent bien l'accent qui a été mis sur la qualité des services offerts.

Le 8 mars 2015, Kung-fu Bear s'est implanté sur le marché de Shanghai, où le volume des commandes quotidiennes s'élève désormais à 1 600. Cependant, cette popularité de l'application ne comble pas encore Meng Junxian. « Je sens qu'une lourde responsabilité pèse sur mes épaules. Outre le développement de mes affaires, je rêve aujourd'hui de rétablir la réputation des 30 millions de masseurs en Chine. »

Il faut dire que l'industrie du massage n'est pas sans problème en Chine : la profession de masseur n'est pas reconnue à sa juste valeur ; le niveau des prestations est très variable suivant les salons ; les recettes ne sont pas élevées ; le temps de travail des employés est souvent abusif, etc. Ceux qui ont rejoint les rangs de Kung-fu Bear se sont sentis considérés et fiers à nouveau de leur travail : ils ont eu l'occasion d'améliorer leurs techniques ; leurs horaires sont désormais plus raisonnables ; mais surtout, leur salaire a nettement progressé. Actuellement, le meilleur maître tuina de Kung-fu Bear perçoit un salaire mensuel supérieur à 30 000 yuans, tandis que 80 % des employés gagnent plus de 10 000 yuans par mois.

Des investisseurs séduits

À la fin de mars 2015, Kung-fu Bear a réalisé son financement de série A, qui lui a rapporté plus d'un million de dollars, et s'apprête à lancer une autre de série B. Toutefois, le montant des financements qu'a reçus Helijia est ahurissant en comparaison. Début 2014, à sa création, Helijia a obtenu 5 millions de dollars de la part d'IDG (International Data Group). En juillet de la même année, il a accompli une levée de fonds de série B, qui a fait grimper la valeur de la société à 160 millions de dollars. En février 2015, Meng Xing a annoncé sur son WeChat que Helijia venait d'acquérir encore près de 50 millions de dollars à travers son tour de financement de série C. Après ce triomphe, l'entreprise a été valorisée à 300 millions de dollars.

300 millions de dollars de fonds en seulement un an ! Un tel triomphe ne peut pas être le seul fruit du hasard… Surfant sur la tendance d'« Internet+ », les services O2O disponibles sur l'Internet mobile conquièrent de plus en plus d'utilisateurs en Chine. Meng Xing nous a avoué qu'au lancement de Helijia, il n'envisageait pas de s'octroyer une marge sur le chiffre d'affaires, ce qui signifie que 100 % de l'argent versé par les clients finit dans les poches des manucures. Quoi qu'il en soit, Meng Xing est convaincu que de nouveaux investisseurs s'intéresseront à sa plate-forme et que celle-ci continuera de se développer.

De nos jours, effectivement, de plus en plus d'investisseurs se tournent vers les services O2O, plus sûrs et plus concrets, plutôt que vers l'e-commerce. Prenons l'exemple de Kung-fu Bear : après sa première levée de fonds, il a pu étendre ses activités à la mégapole de Shanghai. Meng Junxian a déclaré : « Nous ambitionnons de faire entrer Kung-fu Bear dans davantage de villes chinoises encore, pour consolider l'industrie du massage. »

À l'avenir, l'Internet mobile devrait continuer de prospérer et de faciliter la vie de la population en Chine, dans les métropoles bien sûr, mais peut-être aussi bientôt dans les petites villes et les villages.

 

La Chine au présent

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