CHINAHOY

1-April-2015

La coopération internationale pour la biodiversité

 

Des antilopes du Tibet gambadent dans une zone inhabitée de cette région.

 

WCS, une société internationale de protection des espèces menacées, coopère avec les autorités chinoises pour renforcer son arsenal juridique pour sauvegarder la biodiversité, aussi bien au niveau national qu'international.

CHRISTOPHE TRONTIN, membre de la rédaction

La première chose que j'ai apprise de Rachel Hemingway, avant même de la rencontrer, c'est qu'elle préfère le Grand Ouest chinois à la froide modernité de Beijing. Cette amoureuse des grands espaces n'est nulle part aussi à l'aise que sur son vélo ou en train d'escalader des falaises !

Professionnellement, elle travaille pour WCS (Wildlife Conservation Society), une association non gouvernementale qui s'est donné pour mission de protéger les espèces animales en danger dans le monde.

WCS fut créé aux États-Unis en 1900. À cette époque, il s'agissait de sauver le bison d'Amérique du Nord, emblème du pays, qui risquait de disparaître de la surface du globe. Une campagne de sensibilisation a été lancée, et quelques décennies plus tard, le bel animal sortait du livre rouge des espèces en danger. Depuis sa création, WCS a conduit plus de 500 projets qui se classent en quatre grandes catégories : changements climatiques, exploitation de ressources naturelles, questions liant la faune sauvage aux questions de santé humaine et enfin développement éco-durable de l'habitat humain.

Désormais, l'organisme s'est mondialisé. Avec la globalisation de l'économie et des marchés, les mouvements de population, les disparités légales et de revenu, les problèmes sont devenus planétaires. Le premier défi est aujourd'hui de faire passer des accords internationaux pour interdire la chasse et la capture, le transport et l'exploitation d'espèces rares. Le second est bien sûr de faire appliquer ces réglementations au niveau local. De bons résultats ont été obtenus en Afrique, et grâce à la coopération de certains pays, les populations d'éléphants, de rhinocéros, d'antilopes et d'autres animaux menacés commencent à se redresser. WCS a fondé son premier bureau de représentation en Chine en 1996. L'équipe chinoise s'est étoffée jusqu'à employer aujourd'hui 23 personnes.

 

Dans le zoo de Shiyan (province du Hubei), un employé nourrit un tigre de Sibérie au biberon.

 

Le rôle de la Chine

Bien sûr la loi chinoise, liée par des traités internationaux, interdit le commerce des produits prohibés mondialement, comme dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction (CITES), de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et du réseau de surveillance du commerce des espèces sauvages (TRAFFIC).

Le commerce de l'ivoire, par exemple, est sévèrement réglementé. Depuis 1989, les éléphants d'Afrique sont protégés par la convention CITES signée par 175 pays, qui avait dans un premier temps permis de réduire le braconnage. Selon ce traité, chaque objet doit désormais présenter un passeport avec photographie permettant de l'identifier.

Pour alimenter les sculpteurs agréés et leur permettre d'exercer leur art sans encourager le braconnage, des autorisations périodiques de mise sur le marché ont été décidées en prélevant sur les stocks d'ivoire saisis par les autorités. Une mesure controversée parce qu'elle maintient en vie une industrie et un commerce qui continuent d'encourager le trafic. La Chine est évidemment en première ligne pour la résolution de ce problème, car c'est ici que se trouve le plus gros marché mondial de l'ivoire, aussi bien du point de vue des sculpteurs que de celui des acheteurs de figurines. Il est donc capital que la loi soit appliquée en Chine pour contribuer à la sauvegarde des éléphants en Afrique, où la population s'est désormais stabilisée à environ 500 000 individus.

Des programmes ambitieux et variés

En Chine, WCS a mis en place toute une série de programmes de sauvegarde des espèces menacées. Parmi les plus emblématiques, le tigre de l'Amour, le yack sauvage, l'alligator de Chine, l'antilope du Tibet, l'antilope saïga et le pangolin. Diverses campagnes de sensibilisation, de lutte contre le braconnage et de sanctuarisation des habitats naturels sont à l'étude pour reconstituer les populations. Dans certains cas, les facteurs adverses sont multiples et demandent des programmes complexes. L'antilope saïga, par exemple, est recherchée pour sa corne qui entre dans la composition de médecines traditionnelles, mais souffre aussi de la réduction de son habitat par l'élevage extensif et d'épidémies transmises par les animaux domestiques.

Le trafic d'animaux et de produits d'origine animale est mondial. Des contrôles ont été mis en place dans toutes les douanes du pays pour essayer d'endiguer la contrebande d'espèces interdites. La police intervient régulièrement pour démanteler des réseaux de trafic illégal d'animaux, de plantes protégés, ou de produits en provenance de ces espèces. Mais comme dans tous les trafics illégaux, la loi et les forces de l'ordre font face à des mafias internationales inventives et bien organisées.

L'un des problèmes identifiés par WCS en Chine, m'explique Rachel, était que les agents des douanes avaient des difficultés à distinguer les espèces protégées des espèces autorisées et se laissaient souvent abuser par les faux documents produits par les trafiquants. La réponse fut d'organiser des séminaires de formation pour plus de 1 500 agents des douanes, des gardes forestiers et des responsables de l'autorité de la pêche maritime. Tout de suite après ces séminaires, le taux d'identification d'animaux protégés a bondi de 200 %. En revanche, une étude de suivi des résultats a montré que 6 mois seulement après le séminaire, les connaissances biologiques et botaniques acquises par les agents fondaient comme neige au soleil, et qu'en moyenne ils ne pouvaient se rappeler que de 41 % des données apprises.

WCS se pencha sur cette question et produisit une nouvelle solution : une application gratuite téléchargeable sur smartphone ou sur tablette, Guardian App, proposant aux agents des tableaux détaillés d'identification des espèces. Un autre avantage de cette application réside dans son actualisation permanente : chaque nouvelle espèce protégée, chaque évolution de la loi est immédiatement inclue et donc tenue à la disposition des agents. Guardian App comprend actuellement la description d'environ 500 espèces ou produits qui font l'objet de trafics en Chine. La base de données permet de télécharger les informations nécessaires à l'identification des produits, ainsi que les données relatives aux lois chinoises concernant ces espèces et produits, ce qui facilite le travail des agents et le rend plus efficace.

Un bel exemple d'inventivité au service de la loi

WCS souhaite contribuer à ce que le public chinois prenne conscience de ces problèmes et se mobilise pour préserver le patrimoine naturel du pays. Saviez-vous que 10 % des espèces animales présentes en Chine, tout comme le panda géant, ne vivent à l'état sauvage que dans ce pays ?

 

La Chine au présent

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