Une vie de pacha en Chine

Saviez-vous qu'adopter un animal de compagnie est très à la mode ces dernières années en Chine ? Entre chaussures pour chiens, café à chats et autres oiseaux promenés dans les parcs, je vous emmène faire une promenade avec les animaux des Chinois.

GUSTAVO MARTÍNEZ, membre de la rédaction

Le besoin d'être accompagné des humains est primitif, et la réponse à la question « l'affection est-elle une nécessité » est naturellement affirmative. Notre expérience quotidienne nous enseigne que nous avons besoin de l'affection des autres. Mais jusqu'à aujourd'hui, personne n'a jamais été capable de décrypter la véritable nature de ce sentiment, ni d'en comprendre sciemment la raison. C'est ainsi que depuis les temps anciens les humains cherchent une compagnie pour satisfaire ce besoin.

Et les Chinois n'échappent pas à la règle. Ceux-ci adoptent des chiens, des chats, des tortues, des lapins, des cochons d'Inde, des serpents... Enfin, tout ce que l'on peut trouver comme animal de compagnie. Certains promènent même leurs oiseaux dans les parcs le matin, d'autres leur criquet comme on peut le voir dans le film Le Dernier Empereur avec ce ministre qui promène son insecte dans une petite boîte à l'intérieur de sa poche. Les gens ne manquent pas d'affection pour leur « animal-chouchou » comme ils le disent.

Calvin Canin, Christian Dog & Cat Saint Laurent

L'accroissement important au niveau mondial du nombre de propriétaires d'animaux de compagnie a totalement dépassé les attentes et l'imagination des professionnels de l'animalerie. Il en est de même pour la Chine où ont surgi les magasins spécialisés dans la mode pour animaux. Beijing est une ville avec un grand nombre d'animaux de compagnie, et on y voit les gens promener fièrement leur petit chéri chouchouté : certains ont le poil teint, d'autres sont chaussés et habillés. Ce qui montre que les Chinois aiment, voire adorent leurs animaux de compagnie. Certains vont même jusqu'à les appeler « mon fils » ou « ma fille ».

Les marques que l'on peut trouver dans ces magasins et boutiques spécialisés sont très nombreuses, et j'ai entendu dire par des stylistes que chaque modèle proposé était pratiquement unique. Du casual au vintage en passant par le fashion et l'habillé, vous trouverez tout ce que vous voulez. On se demande même s'il n'existe pas une « Pet Fashion week » dans la capitale, tant certains chiens sont des fashion victim. À leurs dépens, bien évidemment.

L'hiver et l'automne étant les deux saisons se prêtant le plus pour habiller son chien, une quantité alléchante d'accessoires et de vêtements canins est proposée pour la promenade.

Des salons de beauté canins avec toilettage sont proposés. Les Chinois aiment teindre les oreilles de leur caniche chéri en rose, vert, jaune voire même transforment leur chien en panda et le teignant en noir et blanc…

Le professionnalisme des stylistes pékinois est respectable. Les coupes de poils originales sont très « léchées », et je suis sûr qu'un humain serait très heureux d'avoir le même look que ces impassibles passants à quatre pattes.

Le café à chats

Un des passe-temps favoris des amis des félidés est de se rendre dans un de ces cafés à chats de la capitale chinoise. Jusqu'à aujourd'hui, j'en connais trois, tous situés dans le quartier du temple des Lamas. Ces endroits sont en général très bien décorés et adaptés aux chats qui y habitent. Le plus grand est le Mao De Ting Yuan, comprenez « Le Patio des Chats ». C'est un grand local à trois étages. Dans l'entrée, sur le mur qui se trouve à droite, vous trouvez des cadres avec les photos, le nom et la fiche technique des hôtes du jour. Ici, le staff est composé de 40 matous qui se tiennent tous dans une véritable attitude d'hôtes du lieu.

En plus de pouvoir choisir celui avec lequel on a envie de prendre son café, comme on peut le supposer, une ribambelle d'amicaux chatons s'amasse autour de vous sans que vous les ayiez appelés.

Étant donné la taille du lieu, un espace jeu a même pu être aménagé pour pouvoir, assis sur de confortables coussins, se distraire avec plusieurs matous en même temps.

Ceux-ci sont sympathiques, éduqués et ne montent pas sur la table entre les assiettes et la nourriture. Ils se laissent prendre en photo, certains étant de vrais top models professionnels. Mais sans jamais perdre de leur charme félin, s'il vous plaît. Un détail intéressant est que le menu est assez bien fourni, et les prix, pas exorbitants.

Du toilettage au vétérinaire

Il est facile d'avoir une approximation du nombre d'animaux de compagnie à Beijing rien qu'en comptant le nombre de cabinets de vétérinaires. Il n'est exagéré de dire qu'il y a une clinique vétérinaire toutes les cinq rues. Et le tout est conçu avec le même professionnalisme que les Chinois mettent dans tout : jolie déco, salle d'attente confortable et en général, le personnel parle une langue étrangère.

À l'intérieur de la clinique, les secteurs sont bien définis : réception, polyclinique, salle de chirurgie, coiffeur, boutique, chenil et magasin. Pour certaines consultations, une analyse laboratoire est nécessaire. Hormis celles qui nécessitent une culture en laboratoire, elles sont obtenues immédiatement, et la majorité des cabinets vétérinaires ont même un service d'urgences 24/24. On ne paie que pour la consultation et le traitement ou le diagnostic. Les prix restent accessibles. En général, les soins vétérinaires ne sont pas trop chers en Chine.

Les compléments nutritifs ou toute autre chose désirable pour votre toutou ou votre matou sont trouvables facilement sur Internet. On peut y acheter tout ce qui est possible et imaginable, et même plus : nourriture, médicaments, et tout vous est livré directement chez vous.

Dans un salon de toilettage de Suzhou, un chien se fait raser les poils pour l'été.

Toujours à portée de patte

Dans cette ville, où j'ai pu voir tant d'affection pour les animaux, il serait dommage d'oublier ces amateurs d'oiseaux qui les sortent dans leur cage pour les promener et se retrouver avec leurs amis sur les places et dans les parcs. Ils écoutent leur rossignol chanter et font même parfois des concours de chant d'oiseaux. Cela semble être une tradition typiquement pékinoise.

C'est pour cela, que lorsque nous nous préparions à déménager en Chine, ma femme et moi avons décidé d'emporter avec nous notre chatte Rita. Une siamoise de 5 ans. Comme l'on peut le supposer, après les paperasses requises que nous réglâmes avec la patience voulue, la partie la plus difficile fut, pour ladite Rita, de supporter presque deux jours de voyage en avion. Mais tout se passa plutôt bien et nous vivons aujourd'hui avec notre chatte siamoise à Beijing. C'est une joie de l'avoir tous les jours avec nous.

En plusieurs occasions, on nous a demandé pourquoi nous avions trimballé notre chat pendant un si long voyage. Répondre que c'est l'affection qui nous y a poussé n'est pas faux. Et les Chinois comprennent bien cette raison. De plus, il faut ajouter que même si les Chinois n'aiment pas forcément les chats, c'est peut-être parce qu'ils n'ont jamais essayé d'en adopter un.

La Chine au présent