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Huang Nubo : un homme avide de défis
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En 2013, au sommet de l'Everest, Huang Nubo déploie le message : « Faisons davantage pour la société ». (PHOTO FOURNIE PAR HUANG NUBO) |
ZHOU LIN, membre de la rédaction
Mais qui est Huang Nubo ? Investisseur, poète, aventurier, défenseur du patrimoine… Entretien avec cette personnalité à la vie bien remplie.
Président du groupe Zhongkun Investment, une société privée axée sur l'immobilier et l'hôtellerie, Huang Nubo avait capté l'attention des médias internationaux lorsqu'il avait dévoilé son plan d'investissement en Islande.
Mais au-delà de son statut d'homme d'affaires, M. Huang a bien d'autres casquettes. Poète, il a créé la fondation Zhongkun pour le développement de la poésie ; alpiniste, il a gravi les sommets des cinq continents ; aventurier, il est parti en expédition en Antarctique et en Arctique. Et il espère que sa vie va ainsi continuer d'être riche en défis.
Un poète reconnu en France
« En mai dernier, à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, nous avons organisé avec succès les Rencontres poétiques sino-françaises, a indiqué M. Huang, contenant difficilement son excitation. Mon recueil de poèmes Le Gène du Garde rouge - Souvenirs de la Révolution culturelle sera publié par Gallimard. C'est la première fois que cette célèbre maison d'édition fera paraître un recueil poétique composé par un poète asiatique. Il s'agit, d'après moi, d'un évènement historique, qui démontre que l'Occident commence à s'intéresser aux poèmes chinois. » Poète, c'est le titre dont est le plus fier Huang Nubo, ou plutôt Luo Ying, son nom de plume.
« Je suis avant tout poète. J'écris de manière pure et barbare à la fois, sans imiter qui que ce soit. En tant qu'homme d'affaires, je suis aussi plus libre d'écrire sur ce qui m'intéresse, car le gain n'est pas ma motivation », a déclaré M. Huang. En 2013, il a offert au président français François Hollande son recueil de poésie Lapins, lapins, une œuvre saluée par les lecteurs francophones.
André Velter, homme de lettres qui fait autorité dans le cercle poétique français, a indiqué lors des Rencontres poétiques sino-françaises : « Cela fait presque dix ans que je connais Luo Ying. C'est un personnage tout à fait unique, non seulement dans la poésie chinoise, mais également dans le monde de la poésie mondiale actuelle. Son premier recueil Lapins, lapins a reçu un accueil favorable en France, et nous espérons que son deuxième y rencontrera également un bon écho. »
Un défenseur du patrimoine culturel
Huang Nubo est un grand amateur de défis. Comme alpiniste, il a accompli en 2011 son projet « 5 + 2 », à savoir, gravir les plus hauts sommets des cinq continents et explorer à pied les deux pôles. Et alors qu'il descendait pour la troisième fois l'Everest, il s'est demandé : « Mais que vais-je bien pouvoir faire une fois ce plan achevé ? » « Pour moi, une vie sans défis, ça n'en vaut pas la peine. J'ai donc décidé de parcourir 758 patrimoines culturels, répartis dans plus de 160 pays, en dix ans », a raconté M. Huang. Ainsi est né l'initiative « Les Visages de l'Humanité ».
Il s'agit à la fois d'une découverte culturelle et d'un exercice spirituel. « J'ai envie de me pencher sur l'histoire de chacun des pays, d'en savoir plus sur leur culture et les conditions de vie actuelles des populations, d'écouter également leurs points de vue sur l'avenir. C'est pourquoi j'ai appelé cette activité « Les Visages de l'Humanité », parce que ce qui m'importe le plus, c'est bien de partir à la rencontre des gens. » Fin mars dernier, M. Huang est revenu de France, après avoir visité 34 sites divers inscrits au patrimoine culturel français. « Afin de comprendre la vie des habitants locaux, j'ai mené une grande quantité d'entretiens, y compris avec des personnalités politiques et culturelles telles que le président de l'Assemblée nationale, l'ancien ministre de la Culture, l'ancien ambassadeur de France en Chine et de célèbres représentants du milieu intellectuel. Mais j'ai également discuté avec des Français ordinaires : agriculteurs, chauffeurs de taxi, prostituées... »
D'après M. Huang, les Français ont naturellement de bons sentiments à l'égard des Chinois. Ses visites de l'héritage culturel français ont largement été couvertes par les médias du pays, dont Le Figaro et Nouvelles d'Europe. « Les échanges culturels étaient au cœur de ma visite, mais à vrai dire, la presse se passionnait davantage pour mes ascensions en montagnes et mes poèmes. »
En 2013, arrivant au haut de l'Everest pour la troisième fois dans sa vie, il a récité non seulement ses poèmes, mais aussi la déclaration de l'Unesco, y plantant le drapeau de l'organisation. En effet, lui et l'Unesco ont signé officiellement un accord de partenariat stratégique, convenant d'établir un fonds conjoint et de chercher ensemble à construire un modèle de tourisme durable sur les sites du patrimoine culturel. Cette année, l'Unesco et le groupe Zhongkun vont inaugurer la « Base de coopération Sud-Sud » dans le village de Hongcun (province de l'Anhui) et organiser des conférences internationales.
Au cours de sa visite en France, M. Huang a également rencontré Hans d'Orville, sous-directeur général de l'Unesco, à qui il a promis deux choses : premièrement, de guider, au nom de l'Unesco, de jeunes Japonais dans leur ascension du mont Fuji, dans l'objectif de sceller une amitié entre les peuples chinois et japonais ; deuxièmement, d'investir à travers son groupe Zhongkun dans la protection des sites africains classés au patrimoine culturel, de sorte à montrer qu'il est possible d'en tirer adéquatement profit.
« C'est au niveau national que devraient être menées ces initiatives, mais nous, entreprises privées, nous avons aussi une part de responsabilité », indique Huang Nubo
Construire une marque touristique mondiale
La Chine se trouve actuellement en période de transition. Face à l'urbanisation rapide, le président chinois Xi Jinping a rappelé qu'il fallait parfois faire preuve de nostalgie.
Huang Nubo partage cet avis. « L'urbanisation ne doit pas se résumer en la destruction d'anciennes bâtisses pour construire à la place de nouveaux immeubles. Sur le brillant modèle du village Hongcun que nous avons réussi à créer, nous envisageons de mettre en œuvre un projet, à Pu'er, dans la province du Yunnan », déclare Huang Nubo. Ces projets visent à rechercher comment mieux protéger et exploiter l'héritage culturel.
Le groupe Zhongkun a d'abord morcelé la région de Pu'er selon ses caractéristiques, définissant certains lieux comme terres d'agriculture, zones de culture du thé, paysages pittoresques et villages traditionnels. Puis, il a effectué des recherches pour savoir comment protéger les vieilles maisons et aménager les villages anciens. Mais aussi comment préserver les arts et métiers traditionnels ainsi que les coutumes populaires. Enfin comment perpétuer l'héritage agricole transmis par nos ancêtres villageois.
« Nous devons non seulement retrouver et protéger les souvenirs de Pu'er pour les faire revivre, mais aussi profiter des ressources culturelles pour développer le secteur des vacances. En retour, se servir des gains économiques perçus pour sauvegarder ces traces du passé. Pour cela, il convient d'abord de protéger les sites avant de les exploiter, afin que les générations suivantes éprouvent elles aussi de la nostalgie, un sentiment qui nourrit ce désir de préserver les éléments anciens. Tels sont les objectifs de notre projet intitulé Nostalgie au XXIe siècle », explique-t-il.
« Tous ces programmes dans lesquels j'investis existeront toujours dans un siècle. Par exemple, celui du village Hongcun existera même dans un millénaire, et celui de Kachgar au Xinjiang sera encore d'actualité dans 500 ans. En revalorisant et en préservant le patrimoine culturel chinois, j'estime que je fais de grandes choses, que je suis donc un grand homme. » Voilà l'esprit qu'incarne Huang Nubo.
« Aujourd'hui, mon rêve est d'inviter les Chinois fortunés à découvrir les divers patrimoines culturels à travers le monde entier, pour des séjours culturels et un enrichissement spirituel. Les riches ne sauraient se contenter d'acheter des produits Louis Vuitton ou des jets privés. Ils aspirent à faire l'expérience des cultures étrangères. Grande puissance économique, la Chine est actuellement en passe de devenir une grande puissance culturelle. Il faut s'attendre dans le futur à ce que la consommation culturelle et spirituelle soit prédominante. »
« Je veux créer une plate-forme culturelle destinée aux vacances de calibre mondial. En Chine, avec plus de 150 lieux d'intérêt, notre groupe est l'entreprise qui propose l'accès au plus grand nombre de sites touristiques, des plus reconnus aux plus insolites. Aux États-Unis, nous sommes en train d'étendre notre offre aux prairies du Tennessee. Nous envisageons, d'ici cinq ou dix ans, de nous développer en Europe du Nord, où nous proposerons des explorations en Norvège, en Finlande, en Suède, au Danemark et en Islande. L'industrie touristique en Europe du Nord n'en est qu'à ses balbutiements. La péninsule scandinave dispose de paysages magnifiques avec des caractéristiques géographiques particulières et d'un environnement politique stable. Des éléments qui justifient le choix de l'Europe du Nord comme ultime destination touristique », a conclu M. Huang.
Selon lui, il existe aussi un large potentiel de coopération entre le groupe Zhongkun et la France. Le maire de la ville d'Arras lui avait proposé d'investir dans le château fort de Vauban, inscrit au patrimoine culturel mondial. « Lors de ma rencontre avec le ministre français du Commerce extérieur à Kunming, je lui avais soumis l'idée de transformer le tourisme traditionnel de la France en divertissement culturel. En France, les installations à cet égard sont relativement faibles. Nombre d'anciens châteaux et villages pourraient être revalorisés », a ajouté M. Huang, qui ambitionne de créer d'ici dix ans une agence de voyages dont l'image de marque sera respectée sur le marché global.
Un entrepreneur qui n'oublie pas la société
Le directeur du musée norvégien Kode a également participé aux Rencontres poétiques sino-françaises.
L'année dernière, Huang Nubo a versé un don de 10 millions de couronnes au musée Kode, situé dans la ville de Bergen ; en contrepartie, le musée va rendre sept colonnes de marbre blanc qui autrefois décoraient l'ancien Palais d'Été. Elles devraient revenir en Chine en septembre prochain, où elles seront exposées en accès gratuit à l'université de Beijing, établissement duquel M. Huang est sorti diplômé.
Concernant le futur de son groupe, M. Huang a déclaré : « Zhongkun se veut une entreprise engagée dans les causes sociales. J'envisage ainsi de rendre à la société les bénéfices que je vais réaliser au cours de la décennie, à travers l'établissement de fonds pour la protection culturelle. C'est mon objectif stratégique. »
Quant à sa vie personnelle, M. Huang a martelé : « Un jour digne d'être pleuré et chanté vaut mieux qu'une année sans la moindre activité. Une mort héroïque vaut mieux qu'une vie banale. À quoi bon vivre cent ans, si c'est dans la platitude ? Ce que je veux, c'est une vie passionnée regorgeant de défis. »
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