CHINAHOY

28-April-2014

La coopération sino-européenne : une nouvelle ère s'ouvre

 

Le 22 mars 2014, le président chinois est reçu par Willem Alexander, le roi des Pays-Bas.

 

ZHAO JINJUN*

En mars dernier, la visite en Europe du président Xi Jinping : Pays-Bas, France, Allemagne et Belgique, mais aussi aux sièges de l'UNESCO et de l'Union Européenne, a été l'objet de l'attention du monde entier.

Au cours de sa visite officielle de 11 jours, le président chinois a l'emploi du temps extrêmement chargé, a participé à 84 évènements différents (environ huit par jour) et signé plus de 120 accords de coopération. Dans tous les pays qu'il a visités, l'accueil a été particulièrement chaleureux. Sa visite peut donc être vue comme un grand succès, améliorant les relations amicales et de coopération entre la Chine et l'UE. Étant une priorité dans l'agenda diplomatique de la Chine en 2014, cette visite d'État reflète aussi l'importance que revêt l'Union Européenne aux yeux de la Chine.

Repositionnement de la stratégie de coopération

Dans la déclaration conjointe faite par la Chine et l'UE, les deux entités ont décidé de créer de nouveaux partenariats pour la paix, la croissance, la réforme et la civilisation. Cela révèle une volonté de coopération plus détaillée, et surtout plus pragmatique. Le but est de lier plus intimement la Chine et l'UE et de leur faire jouer un rôle de leader dans les affaires internationales à l'avenir.

La Chine et l'UE sont deux puissances politiques, mais aussi deux marchés et deux civilisations qui représentent non seulement un dixième de la superficie totale du monde mais aussi un quart de la population mondiale. Sans oublier que la Chine et l'UE représentent tous deux un tiers du PIB mondial.

Cette visite montre également une volonté de confiance politique plus forte, une coopération économique plus large et un partenariat idéologique plus resserré entre la Chine et l'UE. Pour exprimer la grande importance qu'elle accorde à l'UE, la Chine a publié un deuxième document concernant les politiques de la Chine envers l'UE lors de la visite présidentielle. Évènement très peu commun lors de ce genre de visites officielles.

Preuves de l'approfondissement des relations Chine-UE :

La visite de Xi Jinping en France a coïncidé avec le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises. À cette occasion, le président chinois a salué la France comme un « ami spécial », et exprimé son souhait que les deux pays se considèrent toujours comme des partenaires stratégiques prioritaires. Ses paroles ont mis en évidence les relations intimes et stratégiques entre la Chine et la France et définissent un modèle en matière de relations bilatérales. Les deux pays ont également convenu d'ouvrir une « nouvelle ère pour le partenariat global stratégique sino-français resserré et durable ».

Lors de son passage en Allemagne, il a été décidé pour la première fois d'établir un « partenariat global stratégique sino-allemand », visant à faire passer une nouvelle étape aux relations sino-allemandes. La chancelière Angela Merkel a également déclaré que l'Allemagne était prête à incarner le moteur des relations Chine-UE, faisant preuve d'initiative et prouvant le statut spécial de l'Allemagne dans le renforcement des relations sino-européennes.

À Amsterdam, la Chine et les Pays-Bas ont convenu de l'établissement d'un « partenariat global ouvert et pragmatique ». Enfin, à Bruxelles, la Chine et la Belgique ont déclaré établir un « partenariat global et amical ».

Ces nouvelles formulations ne doivent pas être vues comme du simple jargon politique mais comme l'incarnation du nouveau positionnement des relations Chine-UE.

De nouvelles opportunités pour des coopérations économiques plus étroites

La Chine et l'UE ont réaffirmé vouloir renforcer les coopérations économiques globales, et garder l'économie mondiale ouverte en continuant notamment à lutter contre le protectionnisme. Elles sont parvenus à des consensus importants. Le premier consiste à négocier et à compléter le traité d'investissement Chine-UE. Le second est de signer un accord de libre-échange bilatéral lorsque les conditions seront réunies. Le troisième s'engage à explorer les possibilités de coopération le long de la « Route de la soie », bande économique que la Chine a proposée. Le quatrième est de transformer le partenariat d'urbanisation sino-européen en coopération concrète, et enfin le cinquième est de renforcer les coopérations bilatérales dans le domaine financier.

Lors de la visite de Xi Jinping, les médias européens ont également prêté beaucoup d'attention aux projets concrets de coopération entre les entreprises chinoises et européennes. Par exemple, le Dongfeng Motor Group qui a investi 800 millions d'euros pour acheter 14 % des actions du groupe français PSA Peugeot Citroën. En Belgique, le président chinois a visité l'usine d'assemblage de la Volvo Car Corporation, achetée par le groupe chinois Geely Automobile. Cela montre combien, dans le domaine automobile notamment, une tendance positive s'est formée pour des coopérations plus étroites entre les entreprises chinoises et européennes.

Dans le secteur de l'aviation, les entreprises chinoises et européennes sont également parvenues à une nouvelle coopération concernant le dernier modèle de l'Airbus A320. De plus, il a été convenu de développer les coopérations technologiques déjà existantes à de gros avions tels que l'Airbus A330 et l'Avion de Shanghai C919. Il est important que les grands projets de coopération traditionnels entre la Chine et l'UE, y compris ceux sur l'électricité nucléaire, montent en cadence. C'est pour cette raison que le président Xi a également proposé à la chancelière allemande que la Chine et l'Allemagne coopèrent davantage sur des projets stratégiques d'envergure, et suivent une voie de co-investissement, co-développement et co-production.

Les coopérations dans le domaine financier connaissent également des progrès. La Chine a notamment accepté de prendre la bourse de Paris comme lieu d'entrée pour les investissements chinois en zone euro et les investissements européens en Chine. Elle a également accepté d'allouer un quota de 80 milliards de yuans à la France sous titre de RQFII (renminbi qualified foreign institutional investors), et négocié avec celle-ci l'établissement du centre de compensation et de règlement en renminbi à Paris. Par ailleurs, la Chine soutient l'établissement du mécanisme de compensation du renminbi à Francfort.

Perspective prometteuse de coopération dans la culture et l'éducation

L'opinion publique reconnaît que les différents discours prononcés par le président chinois reflètent une certaine sagesse orientale, une connaissance accrue de l'histoire. Par exemple, parlant de l'harmonie dans le monde et des progrès de l'humanité, celui-ci a indiqué à plusieurs reprises l'importance des échanges humains et l'importance de la capacité à apprendre des autres civilisations. Dans son discours au siège de l'UNESCO, le président chinois a souligné que la tolérance est une condition importante pour éviter le « choc des civilisations ». Les échanges entre celles-ci aident les différents peuples à mieux se comprendre et à renforcer l'amitié entre eux.

De différents points de vue, M. Xi a expliqué les raisons pour lesquelles la Chine suit une voie de développement pacifique et la signification du « rêve chinois ». Selon lui, cette voie n'est ni un expédient ni une rhétorique diplomatique, mais bien une conclusion basée sur un jugement objectif du passé, du présent et de l'avenir de la Chine. Par exemple, il a déclaré que « dans l'histoire, la Chine était l'un des pays les plus puissants au monde, mais elle n'a laissé aucune trace de colonisation ni d'invasion dans d'autres pays. » Il a souligné également que la Chine ne chercherait jamais l'hégémonisme et qu'elle s'en tiendrait toujours à un développement pacifique.

Il a de plus expliqué que le rêve chinois est un rêve de paix, de bonheur et de contribution au monde. Il espère également que l'Europe et le reste du monde observent et comprennent la Chine d'une manière correcte. C'est pour cela que la Chine et la France ont décidé de créer un mécanisme d'échanges humains de haut niveau et que la Chine et l'Europe se sont accordées pour la mise en œuvre de l'Année du dialogue interculturel Chine-UE. La Chine et l'Allemagne ont également décidé d'organiser conjointement une année d'innovation et de coopération. M. Xi a également déclaré que des centres culturels chinoise seraient construits à Bruxelles et aux Pays-Bas, et que la première « Médiathèque chinoise » serait établie au Collège d'Europe basé à Bruges, en Belgique.

Il est agréable de voir que les échanges humains entre la Chine et l'Europe s'accroissent régulièrement. à la fin de l'année dernière, la Chine avait mis en place 115 instituts Confucius et 147 classes Confucius dans l'UE, et plus de 600 projets pédagogiques sont organisés conjointement par la Chine et l'UE. Le nombre d'étudiants chinois et européens faisant leurs études en Europe et en Chine a atteint 300 000. Quant au tourisme, plus de 2,38 millions de Chinois voyagent en Europe et plus de 3,17 millions d'Européens voyagent en Chine. On peut être sûr que ces chiffres augmenteront après la visite du président chinois.

Les défis des relations sino-européennes

Dans l'ensemble, la Chine et l'UE maintiennent de bonnes relations, sans conflits d'intérêt fondamentaux. Elles ont établi un mécanisme de dialogue et de négociation dans plus de 60 domaines. En 2013, le volume des échanges commerciaux s'est élevé à 559,1 milliards de dollars, et les coopérations techno-scientifiques ont obtenu un grand succès. On peut donc affirmer que les relations Chine-UE sont parmi les relations bilatérales les plus influentes du monde.

Bien sûr, rien n'est absolu. Malgré leurs relations généralement bonnes, la Chine et l'UE font toujours face à des divergences et même à des frictions. Des problèmes restent en suspens. Ainsi, l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine depuis 25 ans et les restrictions imposées par l'UE sur les exportations de produits de haute technologie vers la Chine sont toujours considérés par celle-ci comme constituant une sorte de discrimination politique étant incompatible avec le partenariat stratégique global sino-européen. De plus, il est injuste que l'UE refuse toujours de reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine, alors qu'elle accepte de reconnaître celui de pays dont le niveau de l'économie de marché est nettement inférieur à la Chine. En outre, l'UE interfère parfois dans les affaires internes de la Chine, notamment les questions concernant le Tibet et les droits de l'Homme. Il est évident que cela défavorise le développement des relations Chine-UE. La Chine espère que les pays européens prendront le plus tôt possible des mesures pour empêcher que ces obstacles influencent le développement des relations entre la Chine et l'Europe.

Au cours des rencontres avec ses homologues européens, le président Xi Jinping a souligné plusieurs fois que le respect mutuel dans les questions qui touchent les intérêts fondamentaux et les préoccupation des deux partenaires sont des conditions primordiales dans les relations bilatérales. Il a également proposé de régler les différends entre la Chine et l'UE par le dialogue et la négociation. Sur ce plan, le peuple chinois est ravi qu'Angela Merkel ait dit au président chinois que l'Allemagne était consciente de tous les défis auxquels la Chine était confrontée et que son pays réalisait que la Chine ne pouvait pas appliquer complètement les critères allemands ou plus généralement européens. Cette déclaration de la chancelière montre non seulement du respect de sa part mais aussi une attitude rationnelle qui favorisera la compréhension mutuelle ainsi que les coopérations bilatérales dans la pratique des relations sino-européennes.

Horizon radieux pour les relations sino-européennes

On remarque que dans la déclaration conjointe publiée par la Chine et l'UE lors de la visite du président chinois au siège de l'UE, il est indiqué que la visite de M. Xi en Europe est un jalon historique dans les relations sino-européennes.

Tout d'abord, la Chine et l'UE sont déterminées à renforcer leurs coopérations au niveau mondial, à faire face ensemble aux défis régionaux et mondiaux et à élargir leurs intérêts communs dans le domaine de la sauvegarde de la paix et de la stabilité du monde.

Ensuite, elles sont conscientes de leurs responsabilités à l'international pour stimuler l'économie mondiale et aider à la prospérité du monde. En outre, elles réaffirment leur volonté de défendre l'ouverture de l'économie mondiale et de lutter contre le protectionnisme.

De plus, elles conviennent de renforcer les échanges dans la culture et l'éducation ainsi que les échanges entre les jeunes.

Enfin, la Chine qui s'efforce de son côté de mener à bien l'approfondissement global des réformes, et l'UE qui s'efforce de réaliser l'intégration européenne et sa stratégie 2020, sont toutes deux dans une période de réforme et de développement. Il est certain que le renforcement des coopérations entre la Chine et l'UE répondra aux intérêts de celles-ci et les aidera à atteindre leurs objectifs. Dans le même temps, le renforcement des coopérations sino-européennes seront également une contribution majeure à la sauvegarde de la paix, de la stabilité et de la prospérité à l'échelle mondiale.

La Chine et l'UE envisagent également d'élever le volume du commerce à un millier de milliards de dollars en 2020 en unissant les coopérations Chine-Europe à la construction de la bande économique de la Route de la soie, permettant ainsi de construire un grand marché euro-asiatique faisant à terme, de la Chine et de l'UE, deux moteurs de la croissance économique mondiale.

La marge de développement reste encore très large. C'est ce qui nous permet d'être plein de confiance dans les relations Chine-Europe, et de nous diriger sereinement vers de plus beaux horizons sino-européens !

 

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