CHINAHOY

5-August-2015

Wu Changshuo et ses œuvres

 

Prunier et Pierre.

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

Calligraphie, peinture ou gravure de sceaux ? Il n’y a pas à choisir pour cet artiste : tout est matière à l’expression esthétique.

Lors de la séance de ventes printanières consacrée aux peintures et calligraphies chinoises des temps modernes, organisée par la maison China Guardian, la peinture traditionnelle Glycines de Wu Changshuo (1844-1927) a été adjugée pour 9,2 millions de yuans.

Wu Changshuo créa cette œuvre Glycines en 1918, en ayant recours aux styles utilisés dans la calligraphie et dans la gravure sur bronze ou pierre. Sur cette peinture, on peut voir les tiges de glycine, avec leurs feuilles luxuriantes et leurs fleurs telles des papillons pourpres, grimper et s’enchevêtrer. Pour peindre les tiges de la plante, l’artiste emprunta une technique de gravure, tandis que pour réaliser les autres détails, il fit appel aux méthodes du calligraphe. La minutie de la production est en tout cas révélatrice de la virtuosité de Wu Changshuo.

Il faut dire que la glycine était son thème de prédilection. Mais cette œuvre de grand format s’avère néanmoins d’une beauté très rare. Il est généralement bien difficile de représenter des tiges sinueuses. Cela demande au peintre un grand talent artistique pour arriver à un tout harmonieux.

Wu Changshuo est un peintre, calligraphe et graveur de sceaux qui vécut à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911) et au début de la République de Chine (1912-1949). Pour créer ses peintures, il s’inspirait de ce qui se faisait de mieux dans la calligraphie et la gravure. Au fil de sa pratique, il mit au point son propre style pour ses peintures traditionnelles chinoises. « Peindre à l’aide des moyens du calligraphe : tel est mon point fort », commenta-t-il lui-même.

Wu Changshuo, Ren Bonian, Zhao Zhiqian et Xu Gu étaient appelés les « quatre grands peintres de l’école Haipai », un courant qui avait émergé dans la région de Shanghai. En tant que maître débarqué au stade final du développement de cette école Haipai, Wu Changshuo hérita des mérites de la génération précédente, tout en inspirant les artistes de la génération suivante. Son influence s’étendit même jusqu’au Japon.

 

Glycines.

 

Fleurs de prunier, légumes et fruits sont les éléments qu’il préférait représenter, bien qu’il accomplît également des peintures de paysages et des portraits. Dans ses dernières années, il prit souvent pour thème la fleur de prunier dans sa création. Cette fleur, symbole d’un caractère noble et intègre, était en fait un leitmotiv des lettrés et des peintres chinois dans l’antiquité.

En plus de la peinture et de la calligraphie, Wu Changshuo excellait dans l’art de la gravure des sceaux. Issu d’une famille d’intellectuels à Ji’an (province du Zhejiang), il apprit la calligraphie et découvrit la poésie dès l’enfance. À l’âge de 10 ans, il s’amusait déjà à graver des sceaux, grâce à son père qui lui avait appris la technique. Par la suite, il quitta sa province natale ravagée par la guerre, et vécut plusieurs années dans le Hubei et l’Anhui. À 21 ans, il retourna sur les terres de son enfance et devint agriculteur. À la fin de ses journées de travail, il prenait le temps de lire ou d’approfondir son étude de la calligraphie et de la gravure des sceaux. Arrivé à l’âge adulte, il s’inspira d’inscriptions gravées sur des bronzes ou des pierres pour son art. De même, il exploita des techniques propres à la calligraphie pour sculpter les sceaux. Ceux qu’il grava révèlent encore une beauté naturelle.

En 1899, Wu Changshuo fut recommandé au poste de chef du district d’Andong (aujourd’hui district de Lianshui), dans la province du Jiangsu. Cependant, un mois après, il démissionna. En 1913, en coopération avec des artistes comme Ye Weiming, Ding Ren et Wu Jinpei, il fonda la société Xiling à Hangzhou, une association dédiée à l’art des sceaux dont il fut élu président. Derrière lui, il laissa un grand nombre de sceaux taillés avec grande finesse, dont près de 2 000 sont aujourd’hui parvenus jusqu’à nous.

D’ailleurs, ces dernières années, les productions de Wu Changshuo sont de plus en plus prisées des collectionneurs. En décembre 2010, sa peinture Paravent de fleurs s’est vendue à 36,96 millions de yuans, un record parmi ses œuvres. En 2011, Album des fleurs a été adjugée pour 28,75 millions de yuans.

Dans l’ancienne demeure de Wu Changshuo, située dans le district d’Anji, une peinture intitulée Dessin de glycines est accrochée au mur du salon. Il ne s’agit pas de sa création, mais de celle de son petit-fils, Wu Changye. Dans la bibliothèque au premier étage se trouvent encore, face à une petite fenêtre, un vieux bureau, un porte-pinceau qu’il avait fabriqué lui-même ainsi qu’un couteau à graver. Un décor qui nous en dit long sur la vie du maestro, lequel a véritablement consacré son existence à la gravure des sceaux, à la calligraphie et à la peinture.

 

 

La Chine au présent

Liens