CHINAHOY

2-April-2015

Le charme des objets en jade

 

Encensoir en jade blanc aux motifs taotie datant du règne de Qianlong de la dynastie des Qing.

 

Selon un dicton chinois, « on peut estimer l'or mais le jade est inestimable »...

LU RUCAI, membre de la rédaction

En 2014, plus de 90 pièces en jade ont été vendues lors des séances d'enchères automnales consacrées aux objets en jade, organisées par la maison China Guardian. Beaucoup dataient de l'époque de l'empereur Qianlong (1736-1795) de la dynastie des Qing (1644-1911). C'était notamment le cas d'un encensoir en jade blanc aux motifs taotie (représentation stylisée et symétrique d'un animal imaginaire féroce), qui a été adjugé à 5,75 millions de yuans (1 euro = 7,1 yuans). Autre pièce taillée à la même époque : un vase en jade blanc représentant un dragon, qui a été vendu au montant de 4,6 millions de yuans. Également, un ruyi (objet symbole de bonheur) en jade blanchâtre sculpté de pêches et de chauves-souris, datant du milieu de la dynastie des Qing, qui a été cédé pour 690 000 yuans.

La Chine est parfois surnommée le « pays du jade ». En effet, dans l'antiquité, le jade était considéré comme un véritable trésor. Empereurs, concubines, lettrés... Tous possédaient des accessoires en jade dont ils ne se séparaient jamais. Sous la dynastie des Qing, à la veille de l'époque prospère entre les règnes de l'empereur Kangxi (1662-1722) et de l'empereur Qianlong, les techniques de fabrication des objets en jade s'étaient amplement améliorées, tandis que les sources de cette matière s'étaient multipliées. Au temps de l'empereur Kangxi, une voie de circulation entre la Chine et la Birmanie a été inaugurée ; une route pour le transport du jade de Hetian au Xinjiang a ensuite été ouverte sous le règne de l'empereur Qianlong, au fil de nombreuses batailles. Le jade était alors abondant, de sorte que la production d'objets en jade a atteint son apogée.

L'encensoir aux motifs taotie que nous avons évoqué a été fabriqué avec finesse à partir de jade provenant de Hetian. Cet objet de grande taille et de haute qualité brille de tout son lustre, même de loin. Son aspect lisse et sa forme élégante font de cette pièce magnifiquement sculptée un trésor très rare. Dans la Chine ancienne, l'encensoir était considéré comme un objet indispensable dans les bureaux des empereurs, mandarins et lettrés. Cet encensoir servait à agrémenter le palais de Qianlong. Il s'agit également d'une réplique des imposants trépieds en bronze conçus sous les Zhou (XIe siècle - 256 av. J.-C.). Ainsi, cet encensoir manifeste un charme d'antan.

 

Ruyi en jade blanchâtre.

 

Le vase a lui aussi été sculpté dans du jade blanc, satiné comme du savon. Ce vase de forme ovale est décoré de motifs de dragons sur ses deux côtés. Son col est également garni de figures abstraites. Les côtés sont tous deux ornés de la tête d'un animal de bon augure légendaire. Sur la panse du vase, se trouvent encore trois dragons, à gauche comme à droite : un imposant en haut qui regarde droit devant lui ; puis deux petits symétriques au-dessous. Cette pièce d'ornement copie les objets anciens fabriqués sous l'époque florissante des Qing. Malgré sa simplicité antique, ce vase ne perd pas de sa magnificence.

Le ruyi en jade blanchâtre, enfin, a été sculpté dans un bloc de jade entier. Le ruyi, qui servait à l'origine de gratte-dos, est devenu un symbole de bénédiction. Jadis, il était commun que la famille ou les proches donnent un ruyi à une personne s'apprêtant à partir en voyage. En outre, un ruyi était offert au nouvel empereur lors de la cérémonie d'intronisation, pour souhaiter une gouvernance réussie et l'union du peuple. Avec son aspect étincelant et ses courbes fluides, ce ruyi mis aux enchères a été taillé avec habileté et a été parfaitement poli. Sa partie supérieure prend la forme d'un champignon : le ganoderme luisant. Son manche est orné de motifs de chauves-souris et de poissons, ainsi que du caractère de 寿 (shou, « longévité »). Le milieu et le bout du manche bombé sont sculptés de pêches, de bambous, de narcisses et de champignons. Sur l'extrémité, est encore dessinée une chauve-souris. Ces quelques décorations forment un ensemble harmonieux, signe de bon augure.

Les pièces en jade datant de l'époque Qianlong ont pour caractéristique d'emprunter les thèmes de la peinture traditionnelle chinoise tels que paysages, portraits ou fleurs et oiseaux. L'empereur lui-même se passionnait pour la peinture. À l'époque, bien des lettrés participaient aux activités de sculpture sur jade. En 2011, un sceau en jade de forme ronde portant les inscriptions d'un poème de l'empereur Qiaolong s'est vendu à la somme astronomique de 161 millions de yuans.

Une de ces séances de vente automnales par China Guardian était dédiée aux sculptures de jade contemporaines. 59 pièces ont été vendues au cours de celle-ci. Les œuvres du sculpteur Zhai Yiwei y ont remporté un vif succès. Parmi elles, une plaque en jade blanc qui a été adjugée à 3,45 millions de yuans. Cette sculpture affiche une composition originale : les deux côtés portent le caractère naturel du jade ; au milieu sont sculptées comme des gouttes de pluie qui font écho aux cascades représentées à l'arrière-plan. On peut également distinguer la silhouette d'une jeune fille jouant d'un instrument de musique à l'ombre des arbres. Le son des gouttelettes accompagnant la mélodie jouée confère à cette scène une parfaite sérénité. Sur le revers de la plaque est gravé un vers du poète Rabindranath Tagore. Toutefois, la police des caractères n'est pas uniforme. C'est ainsi que la plaque présente à la fois un style antique et moderne.

En outre, deux autres plaques en jade blanc du même artistes, Jouer de la flûte en automne et Rêverie, se sont vendues respectivement à 2,3 millions et 2,185 millions de yuans. Une œuvre de Yu Xuetao, Sceau en jade blanc naturel, a été adjugée à 2,99 millions de yuans. Ce sceau assez massif pèse plus d'un kilo. Comme la qualité et la forme naturelle du jade étaient déjà presque parfaites, le sculpteur n'a pas eu besoin de trop tailler la pierre. Le sceau garde ainsi son charme naturel, simple et majestueux.

Aujourd'hui en Chine, le jade est utilisé pour créer des objets d'ornement, mais aussi des bijoux. Pour les Chinois, il s'agit de la pierre la plus noble. Douce et apaisante, elle serait favorable à la santé, voire capable de protéger du mauvais œil et de préserver l'énergie vitale. C'est pourquoi les femmes, quel que soit leur âge, apprécient tant porter du jade.

 

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