Wu Guanzhong et ses œuvres

Wu Guanzhong. (YU JIE)

LU RUCAI, membre de la rédaction

Wu Guanzhong (1919-2010) est l'un des peintres incarnant le mieux la peinture chinoise moderne du XX^e siècle. Son œuvre Bras croisés a été adjugée pour 23 millions de dollars hongkongais lors de la séance de vente aux enchères printanière 2014 organisée à Hong Kong par la maison China Guardian.

Bras croisés, dont le nom vient du croquis que l'artiste a fait sur le vif en 1984 à Gezhouba (le complexe hydraulique de Gezhouba situé à Yichang dans le Hubei est la première centrale hydraulique sur le Yangtsé), offre un paysage spectaculaire. « La création d'un tableau à l'encre couleur brise mes vieilles habitudes », a dit Wu Guanzhong. Dans ce tableau, le peintre a utilisé des lignes droites, diagonales et parallèles, au lieu des courbes denses emblématiques du style de ses paysages. Les traits noirs et gras représentent les bras des grues, tandis que les traits fins symbolisent les lignes de tirage.

Wu Guanzhong fut un élève éminent de l'école dirigée par Lin Fengmian (1900-1991). Ceux-ci poursuivaient tous les deux une forme de mélange d'art chinois et d'art occidental avec des techniques basées sur le ressenti. Lin et Wu avaient étudié en France. Différents de Xu Beihong (1895-1953) à la recherche du réalisme classique et de l'abstrait moderne Zao Wou-Ki (1921-2013), ils travaillaient surtout d'après les styles modernes tels que l'impressionnisme, le post-impressionnisme, le fauvisme et l'expressionnisme.

Après son retour en Chine, Lin Fengmian dirigea l'École nationale d'art de Hangzhou. Wu Guanzhong était alors étudiant à cette école, mais ne devint pas son disciple. Cependant, il fut inspiré par l'idée directrice d'éducation de celui-ci qui préconisait « d'introduire l'art occidental, de répertorier et mettre en valeur l'art chinois, et mélanger l'art chinois et occidental pour créer un art contemporain ». Wu Guanzhong choisit ainsi, au cours de ses études en France, le domaine artistique similaire à celui de Lin.

En 1946, Wu réussit l'examen pour partir en France et obtint une bourse. De 1947 à 1950, il étudia la peinture à l'huile au studio du professeur Jean Souverbie à l'École supérieure des beaux-arts de Paris. Après son retour au pays à l'automne 1950, il enseigna successivement à l'Académie centrale des beaux-arts de Chine, à la faculté d'architecture de l'université Tsinghua, à l'Institut d'art de Beijing, ainsi qu'à l'Académie centrale des arts et métiers (aujourd'hui, l'Académie des arts et du design de l'université Tsinghua).

Paysage du Nord. (PHOTO FOURNIE PAR CHINA GUARDIAN)

Ayant compris ce qui rapproche les arts dits-impressionnistes chinois et occidental, Wu écrivit dans son anthologie « l'Orient ancien et l'Occident moderne ne sont pas si distants », « Que Matisse vienne en Orient et Badashan ren (surnom du peintre Zhu Da 1626-1705) arrive en Occident est uniquement une question de temps. », « La peinture moderne occidentale et la peinture des lettrés chinois explorent toutes les deux l'âme, avec des méthodes différentes ».

Des années 50 aux années 70, Wu Guanzhong se consacra à des peintures de paysages pour essayer de combiner les méthodes européennes de la peinture à l'huile d'après nature à une palette chinoise de couleurs plus fine et changeante. En effet, depuis les années 70, Wu Guanzhong s'était mis à faire de la peinture chinoise. Ses peintures à l'encre présentaient une composition originale et novatrice. Il savait bien exprimer ce qui est poétique à travers le mélange de points, lignes et surfaces, ainsi que le rythme de la nature et les sentiments du peintre grâce aux formes abstraites. En 2009, la peinture à l'huile Paysage du Nord a été adjugée pour 30,24 millions de yuans lors de la séance de vente aux enchères automnale organisée par China Guardian. Cette œuvre, inspirée par le poème Neige-Sur l'air Qin Yuan Chun composé par Mao Zedong, a été créée par Wu Guanzhong en 1979 pour servir de fresque dans l'aéroport de la capitale.

Selon China Guardian, huit œuvres de Wu Guanhong ont été présentées à la séance de vente aux enchères printanière 2014 de Hong Kong. Réalisées de 1994 à 1999, elles montrent le passage du figuratif à l'abstrait, ainsi que les différents styles de l'art abstrait de Wu Guanzhong. En réalité, la « vérité » des sentiments compte pour l'artiste, qui n'attache pas de l'importance particulière sur la forme, qu'elle soit figurative ou abstraite.

Durant la dernière décennie du XX^e siècle, connue comme la « période noire brillante » de Wu Guanzhong, il créait ses peintures à l'encre de façon très libre, en essayant toutes les possibilités pouvant refléter la beauté de la forme, la scène et les vrais sentiments, au lieu de prendre le lien entre l'œuvre et la réalité objective comme unique critère.

La réalisation de Nouvelle ville en 1996 était une nouvelle tentative de Wu Guanzhong. Dans le tableau, une métropole moderne est représentée par des carrés noirs, blancs et gris. Wu ajouta de la gouache dans l'encre pour détacher les couches du plan et ainsi créer une impression d'épaisseur et d'espace. L'atmosphère un peu oppressante qui s'en dégage reflète l'inquiétude de Wu Guanzhong face au développement rapide des villes modernes. Bois de pins, réalisée en 1999, peut être considérée comme une œuvre purement abstraite. Le tronc, les branches de l'arbre et le sol étant représentés par plusieurs blocs de couleurs différentes.

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