CHINAHOY

18-January-2013

L’histoire de la peinture Monts Fuchun selon le style de Huang Gongwang

 

Par sa maîtrise du coup de pinceau, Dong Qichang avait donné une nouvelle naissance à un chef-d’œuvre de la peinture chinoise traditionnelle, Séjour dans les Monts Fuchun de Huang Gongwang.

 

Dong Qichang (1555-1636), peintre à la fin de la dynastie des Ming (1368-1644), était un artiste controversé. C’est surtout durant la période de la République de Chine que sa conduite et ses travaux furent beaucoup critiqués. Cependant, de la dynastie des Ming jusqu’à ce jour, nombreux sont ceux qui ont apprécié ses œuvres. Ces dernières années, elles ont été sollicitées par les collectionneurs nationaux et étrangers et leur prix n’ont fait qu’augmenter.

 

Lors des ventes aux enchères d’automne 2012 de la maison China Guardian, la peinture Monts Fuchun selon le style de Huang Gongwang de Dong Qichang a été, après plusieurs offres, adjugée à 62,675 millions de yuans, un nouveau record pour les œuvres de cet artiste.

 

Il s’agit d’un tableau au format 28,5 × 297 cm, qui a été réalisé par Dong Qichang en 1627, durant les dernières heures de sa vie. Dans cette œuvre, qui imite la peinture Séjour dans les Monts Fuchun de Huang Gongwang, Dong Qichang a appliqué l’ensemble des compétences qu’il avait acquises tout au long de sa vie pour retracer les montagnes Fuchun, qui constituent une légende millénaire. Sous la dynastie des Qing (1644-1911), elle a été conservée dans la précieuse collection de peintures et de calligraphies de la cour impériale, mais a été perdue à la fin des Qing. Plusieurs collectionneurs ont depuis fait son acquisition, mais cette œuvre est encore en bon état aujourd’hui. Ce tableau, qui a fait sa réapparition sur le marché, pourra servir de nouvelle référence pour étudier Séjour dans les Monts Fuchun de Huang Gongwang. Sa valeur historique est à vrai dire aussi inestimable que l’œuvre de Huang.

 

Séjour dans les Monts Fuchun de Huang Gongwang (1269-1354), peintre sous la dynastie des Yuan (1271-1368), est classée parmi les dix peintures chinoises majeures passées à la postérité. Ayant pour toile de fond la rivière Fuchun dans la province du Zhejiang, cette œuvre affiche de beaux reliefs de montagne et d'eau, grâce à la technique de l’alternance des encres, claire ou foncée. Au début de la dynastie des Qing, cette peinture fut brûlée et déchirée en deux. La première moitié, renommée Sheng Shan Tu, « Montagnes restantes », est conservée dans le Musée provincial du Zhejiang ; l’autre moitié, nommée Wu Yong Shi Juan, « Œuvre de maître inutile », se trouve dans le Musée national du Palais à Taipei. Le 1er juin 2011, ces deux morceaux ont été réunis et exposés à Taiwan. Il est à noter que le montant pour assurer le premier morceau pour cette exposition a atteint 150 millions de yuans. Un film d’action, Switch, a été tourné, utilisant pour décor cette exposition qui réunissait les deux morceaux de Séjour dans les monts Fuchun. Dans le film, à l’approche de l’exposition, la mafia japonaise et des bandits anglais passent à l’action pour voler le célèbre tableau et la police rivalise d’esprit et de courage pour contrer ces brigands.

 

Deux collectionneurs jouèrent un rôle important dans la transmission de l’œuvre Séjour dans les Monts Fuchun : l’un est Shen Zhou (1427-1509), peintre et calligraphe sous les Ming, et l’autre est justement Dong Qichang. Shen Zhou, qui avait conservé le tableau, le contemplait chaque jour avec admiration. Mais ce dernier fut volé ; il le reproduisit alors de mémoire à l’âge de 61 ans. Cette reproduction s’est vendue à 8,8 millions de yuans en 1996. Dong Qichang fit l’acquisition de Séjour dans les Monts Fuchun à l’âge de 42 ans et quelques années plus tard, il reçut la reproduction de Shen Zhou. Par la suite, Dong, déjà septuagénaire, réalisa le tableau Monts Fuchun selon le style de Huang Gongwang, en se référant aux tracés de l’original.

 

Dong Qichang était à la fois lettré et fonctionnaire. Démissionné de son poste, il s’adonna à la peinture et à la calligraphie. Il inaugura le style de peinture Songjiang. Excellant dans la peinture de paysages, il se concentra à l’étude des techniques traditionnelles et rechercha la subtilité du coup de pinceau et la grâce de l’encre, de sorte que ses œuvres sont un ensemble de traits fins et élégants. L’ouvrage Histoire de la peinture, rédigé en 1631, fait l’éloge de Dong Qichang, soutenant que « la technique de sa plume est la meilleure de la dynastie ». Ses œuvres notables comprennent la toile Gao Yi Tu et la peinture Passes dans la montagne s'éclaircissant après une neige. En 2011, son Album de peintures et calligraphies a été adjugé à 48,49 millions de dollars hongkongais à Hong Kong.

 

Dong Qichang a également rencontré un grand succès dans le domaine de la calligraphie, surtout en écritures cursive, droite et régulière. Il assimila les styles des dynasties des Jin (265-420), des Tang (618-907), des Song (960-1279) et des Yuan, puis créa sa « griffe » personnelle.

 

Par ailleurs, Dong Qichang était connaisseur et collectionneur de peintures et de calligraphies. Il possédait une grande collection d’œuvres datant des dynasties antérieures et écrivait beaucoup d’ouvrages théoriques sur ces sujets. Ces livres ont eu une grande influence dans le milieu artistique après la dynastie des Ming.

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