CHINAHOY

17-February-2013

Chen Danqing et ses peintures à l'huile

Chen Danqing s'est illustré dans de nombreuses professions : peintre, écrivain, professeur. Ses sources d'inspiration sont tout aussi diverses : les représentations de la vie quotidienne rurale française au XIXe siècle, le Tibet, le postmodernisme new-yorkais... Chen Danqing, un artiste à multiples facettes à découvrir et redécouvrir sans cesse.

Né en 1953, Chen Danqing est devenu un homme influent dans les milieux littéraire et artistique. Ce critique compte d'ailleurs de nombreux admirateurs, qui aiment son franc-parler. Lors de la vente aux enchères d'automne 2012 organisée par la société China Guardian Auctions, son œuvre National Study Institute, qu'il avait réalisée en 2001, a été adjugée pour 20,7 millions de yuans, le plus haut prix fixé pour une peinture à l'huile lors de cet événement. Elle s'était vendue à 13,44 millions de yuans seulement lors de la vente aux enchères 2007 organisée par la Poly International Auction.

Chen Danqing avait peint National Study Institute à l'occasion du 90e anniversaire de l'université Tsinghua. C'est l'unique toile grand format (187 x 223 cm) que Chen Danqing ait produite au cours de ses cinq années passées dans cette université. Il y a représenté cinq grands maîtres académiques de l'histoire moderne chinoise, à savoir (de gauche à droite) Zhao Yuanren, Liang Qichao, Wang Guowei, Chen Yinke et Wu Mi. Ce National Study Institute avait été fondé par l'université Tsinghua en 1925, puis fermé en 1929. Comme son nom l'indique, il était spécialisé dans l'enseignement de la culture chinoise. Les cinq maîtres mentionnés ci-dessus y avaient travaillé. C'était la première fois que Chen prenait pour thème des personnalités réelles, révélant remarquablement bien les caractéristiques distinctes de chacune.

Chen est un peintre autodidacte. Il a obtenu son brevet des collèges à l'époque de la Révolution culturelle. Il a ensuite travaillé pendant huit ans à la campagne, période au cours de laquelle il s'est formé tout seul à la peinture et s'est acquis une certaine renommée. En 1976, Chen est parti au Tibet, où il s'est inspiré de sujets touchant les ethnies minoritaires. Ses œuvres Tears Flooding the Autumnal Fields et L'armée entrant au Tibet ont été sélectionnées pour faire partie respectivement de l'Exposition nationale des beaux-Arts et l'Exposition des beaux-Arts de toute l'armée en 1977.

En 1978, Chen a été admis en master au département de peinture à l'huile de l'Institut central des beaux-Arts, dans lequel il a par la suite travaillé après l'obtention de son diplôme. Afin de préparer ses travaux de fin d'études, il s'est rendu une seconde fois au Tibet en 1980, créant le mémorable album Tableaux tibétains, constitué de sept peintures dont les dimensions sont toutes inférieures à un mètre carré. Cette série de peintures avait pour objectif de souligner l'évolution du réalisme influencé par l'URSS vers le réalisme classique européen dans le milieu de la peinture à l'huile en Chine, qui met aujourd'hui l'accent sur la vie quotidienne plutôt que sur les héros.

Chen a déclaré que les peintures françaises illustrant des scènes champêtres l'avaient beaucoup influencé : « peindre plus petit et plus simplement comme Millet et Courbet » et « peindre ce que l'on voit ». En décembre 2007, sa toile Sheepherder, qui fait partie des Tableaux tibétains, s'est vendue à 35,84 millions de yuans à Beijing, un prix vingt fois supérieur à celui qu'on lui avait attribué en 2003 et un nouveau record pour l'artiste.

En 1982, Chen a démissionné et s'est installé à New York, où l'art postmoderne était en plein essor. Il a alors cherché à donner une nouvelle lecture aux peintures historiques. Au début des années 1990, il a créé une série de peintures sur deux ou trois colonnes, voire plus, mettant côte à côte de nombreux ouvrages historiques célèbres et des images contemporaines, à dessein de dévoiler les similarités et les différences des comportements et concepts humains au fil de l'évolution historique.

Par exemple, Chen a associé une image en noir et blanc de femmes contemporaines avec la fameuse peinture Les glaneuses de Millet, dans l'intention de montrer la différence entre les aspirations des femmes contemporaines appartenant à la classe moyenne et celles des femmes rurales françaises du XIXe siècle.

En 1995, il a réalisé une œuvre intitulée Nature morte sur dix colonnes, s'étendant sur 2 m de large et 15 m de long, composée de neuf dessins sur l'art d'installation moderne. En septembre 2006, son Street Theater, qu'il avait créé en 1991, a été vendu aux enchères pour 1,47 million de dollars à New York. Dans cette production sur deux colonnes, il a juxtaposé l'image d'une rue de Beijing prise par le photographe américain David Turnley et celle d'une autre rue de France prise par le célèbre correspondant de guerre Robert Cape.

En 2000, à l'invitation de l'université Tsinghua, Chen est retourné en Chine travailler comme professeur à l'Institut des beaux-Arts. Se remémorant ses jours là-bas, il a écrit : « Durant mes premières années à Tsinghua, ma vie ainsi que mon travail ont beaucoup changé. J'ai rencontré bien des difficultés au cours du processus de recrutement des étudiants, car toute négociation avec l'établissement était vaine. Le nombre d'interviews que j'accordais aux médias se multipliant et mon travail d'écriture s'intensifiant, ajoutés au fait que je retournais voir ma mère aux États-Unis deux fois par an, je n'avais presque plus de temps pour m'adonner à la peinture. J'avais même dû profiter de la fête du Printemps pour réaliser ma seule création à Tsinghua, National Study Institute. »

En 2007, il a démissionné et s'est consacré exclusivement à l'écriture et à la peinture. Plusieurs fois, il a organisé des expositions personnelles ou participé à des expositions collectives en Chine et à l'étranger.

En tant qu'écrivain, Chen a publié une dizaine d'ouvrages, comme Random Notes from New York, Foreign Music in a Foreign Country et Extra Material. Les thèmes abordés dans ses livres couvrent les domaines social, culturel, artistique ou encore littéraire.

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