CHINAHOY

26-September-2013

Histoire des sceaux

 

Les plus anciennes formes d’écriture chinoise comprennent entre autres les inscriptions sur os et carapaces de tortue, les inscriptions sur bronze antique, les inscriptions sur pierre. Mais toutes celles gravées sur des matériaux comme l’or, le bronze, le jade et la pierre sont désignées par un même nom : 金石 (jinshi), littéralement « inscriptions sur des tablettes en bronze ou en pierre ».

Les sceaux font partie de cette catégorie jinshi. Ils furent inventés à l’origine pour certifier les contrats d’échanges commerciaux. 

Sceau en jade blanc ayant appartenu à l’empereur Qianlong des Qing, d’une valeur de 66,7 millions de yuans

 

Avant la dynastie des Qin (221-206 av. J.C.), tous les sceaux étaient appelés indistinctement 玺 (xi), qu’ils soient officiels ou privés. Mais après que l’empereur Shihuangdi (259-210 av. J.C.) des Qin a unifié la Chine, ce caractère 玺 (xi) a été réservé exclusivement aux sceaux impériaux ; les sceaux privés étaient alors nommés 印 (yin). Avant et pendant la dynastie des Han (206 av. J.C.-220), les sceaux étaient destinés à sceller les lettres écrites sur des pièces de bambou et de bois, pour éviter le décachetage clandestin. Les sceaux officiels symbolisaient alors le pouvoir.

En général, les sceaux étaient accompagnés d’un encreur rouge. Objets d’art particuliers, ils étaient utilisés non seulement pour des procédures quotidiennes, mais aussi pour signer peintures et calligraphies. Les premiers sceaux étaient fabriqués principalement en bronze, argent, or, jade et verre. Plus tard, les matières de base se sont étendues à l’ivoire, la corne, le bois, le cristal, etc. Après la dynastie des Yuan (1271-1368), ce sont les sceaux en pierre qui sont devenus les plus populaires.

Sous la dynastie des Tang (618-907), Wu Zetian (624-705), la seule femme empereur dans l’histoire chinoise, a ordonné de changer le nom du sceau impérial en 宝 (bao), car elle trouvait que la prononciation de 玺 (xi) ressemblait trop à celle du caractère 死 (si), qui signifie la mort. Dès lors, 宝 (bao) et 玺 (xi) étaient utilisés à tour de rôle, et très souvent combinés en un seul terme 宝玺 (baoxi).

Qin Shi Huangdi a créé le « système des huit sceaux », selon lequel l’empereur disposait de huit sceaux impériaux consacrés chacun à une fonction administrative particulière. Ce système a été adopté tel quel par le premier empereur de la dynastie des Han, et la tradition s’est perpétuée jusqu’à la dynastie des Sui (581-618), durant laquelle les sceaux impériaux ressemblaient fort à ceux de la dynastie précédente, avec des noms, styles, normes et écritures similaires. L’impératrice Wu Zetian a ensuite mis en place le « système de neuf sceaux ». Puis, sous la dynastie des Ming (1368-1644), le chiffre est passé à 24 sceaux.

Lors des ventes aux enchères du printemps 2013 organisées par la maison China Guardian, deux sceaux impériaux ont été particulièrement appréciés du public : l’un ayant appartenu à l’empereur Qianlong (1711-1799) s’est vendu à un montant de 66,7 millions de yuans ; l’autre ayant appartenu à l’empereur Jiaqing (1760-1820) a été adjugé pour 34,5 millions de yuans.

Le sceau de Qianlong a été fabriqué en 1789 pour être offert en cadeau au 80e anniversaire de l’empereur, qui tombait l’année suivante. Sur le jade blanc immaculé, sont gravés les quatre caractères 自强不息, qui signifient « faire des efforts inlassables pour se perfectionner ». Ce sceau faisait partie de la collection du Français Émile Guimet (1836-1918), fondateur du Musée national des arts asiatiques - Guimet à Paris. Au début du XXe siècle, Émile Guimet l’avait acheté auprès de l’antiquaire parisien Florine Langweil. 

 

Sceau en jade vert ayant appartenu à l’empereur Jiaqing des Qing, d’une valeur de 34,5 millions de yuans

 

 Jiaqing, le 15e fils de Qianlong, a hérité du trône suite à l’abdication de son père. Le sceau de Jiaqing est fabriqué à partir de jade vert, sur lequel sont gravés six caractères en relief 嘉庆御笔之宝, ce qui veut dire « sceau pour l’écriture de l’empereur Jiaqing ».

Les 60 ans de règne de Qianlong, le 4e empereur des Qing – si l’on omet les deux empereurs qui ont vécu avant que les troupes des Qing ne franchissent le passage de Shanhaiguan, évènement qui a permis aux Qing de prendre le contrôle de la Chine –, ont marqué l’apogée de cette dynastie. En 1746, l’empereur Qianlong a sélectionné 25 sceaux impériaux pour représenter et englober les divers domaines du pouvoir suprême de l’État. À l’heure actuelle, la Cité interdite conserve environ 5 000 sceaux qui autrefois étaient la possession d’empereurs et d’impératrices des dynasties des Ming et des Qing (1644-1911).

 

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