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Les paysans et l’expérience du système coopératif
―Propos de Zheng Bing, chef du conseil de l’Association des paysans Puzhou-Hanyang
LI GUOWEN, membre de la rédaction
Dans l’Association des paysans Puzhou-Hanyang, il y a plus de 3 800 membres venant des bourgs de Puzhou et Hanyang de la ville de Yongji, province du Shanxi; son siège se trouve dans le village de Zhaizi du bourg de Puzhou. Cette association rurale est en fait le regroupement d’un certain nombre de coopératives professionnelles, dont 22 sont actuellement enregistrées.
Il y a 14 ans, j’étais instituteur à l’école primaire de ce village de 368 familles. Aujourd’hui, quand on me parle en privé, on m’appelle encore professeur Zheng, mais quand c’est plus officiel, on me donne le titre de chef du conseil de l’Association. Que ce regroupement soit appelé communauté rurale, coopérative agricole ou association de paysans, en fait, c’est une organisation d’entraide entre paysans.

Lors de la débâcle du fleuve Jaune en 1995, j’ai été touché par la solidarité et l’entraide des pisciculteurs sur les berges de ce fleuve. Au début de 1998, en plus d’enseigner, j’ai décidé d’ouvrir un magasin de produits pour l’agriculture, le « Centre technique de Zhaizi », le prédécesseur d’une chaîne de magasins pour ce type de produits. À ce moment-là, je trouvais que les paysans achetaient les pesticides et engrais chimiques sans avoir les connaissances nécessaires; ils ne savaient pas le type et la quantité d’engrais dont ils avaient besoin. J’ai donc invité des spécialistes à faire de la formation technique à l’intention des paysans, ce qui a justifié le qualificatif « technique » dans le nom de mon magasin. Puis, en décembre 1998, j’ai demandé au directeur de l’usine qui produisait les engrais d’inviter des professeurs de l’Université agricole du Nord-Ouest et de l’Institut agricole de Yuncheng à venir donner des cours à 80 paysans; finalement, contre toutes attentes, il en est venu plus de 400. Cet immense intérêt des paysans m’a beaucoup encouragé, de sorte que cette formation technique se donne encore aujourd’hui : c’est maintenant l’École technique des paysans de Puzhou, enregistrée au Bureau de l’éducation de la ville de Yongji.
En plus de ma tâche d’enseignant, je m’occupais des affaires du magasin et de la formation technique des paysans; pour m’assurer de ne pas nuire à la qualité de l’enseignement à l’école primaire de Zhaizi, j’ai démissionné de mes fonctions d’enseignant après le Nouvel An1999.
Ces années-là, c’étaient les femmes qui étaient les plus nombreuses dans le village, parce que leur mari était parti travailler en ville. Même après avoir reçu une formation technique, elles n’osaient pas décider toute seules, car elles manquaient de confiance en elles. C’est alors que, pour améliorer leur confiance et enrichir leur vie culturelle, j’ai décidé de les rassembler et d’organiser des danses dans la rue. Après un mois, 70 % des femmes du village y participaient.
Par la suite, j’ai encouragé les femmes à organiser des débats où elles pourraient discuter de sujets proches de leur vie quotidienne, par exemple les difficultés des relations entre la belle-mère et la belle-fille, le port des hauts talons versus celui des chaussures à talon plat. Les activités culturelles qui étaient organisées ont non seulement renforcé la confiance des femmes, mais les ont aussi encouragées à prendre des initiatives. Chacune se demandait ce qu’elle pourrait faire; puis, en 2004, on a organisé une coopérative de travail manuel des femmes du village, dont un groupe pour les papiers découpés, un autre pour les broderies.
Pendant toute cette période, nous avons reçu beaucoup de soutien politique, technique et financier de la Fédération des femmes, du Bureau de l’agriculture, ainsi que du Bureau de la culture de la ville de Yongji.
À partir de 2003, des hommes du village se sont intégrés à nos activités. En plus des activités culturelles, ils ont implanté le système coopératif dans les secteurs sylvicole et fruitier. C’est ainsi qu’en 2005 une coopérative d’agriculture bio et une ferme des jeunes ont été établies.
En juin 2004, l’Association des paysans Puzhou-Hanyang a été enregistrée au Bureau des affaires civiles de Yongji. Après la promulgation de la Loi sur les coopératives spécialisées des paysans de la République populaire de Chine, selon les clauses de cette loi, notre regroupement a été officiellement enregistré comme l’Association des producteurs de fruits. Ensuite, nos autres coopératives spécialisées ont tour à tour été enregistrées en vertu decette loi. Peu à peu, nous avons évolué d’une simple organisation d’activités culturelles à une association synthétique de paysans qui œuvre non seulement dans le domaine de la coopération économique, mais aussi dans celui des services d’intérêt public.
En décembre 2008, on a élaboré un plan décennal de développement. Depuis quatre ans, on avance étape par étape en encourageant le développement de notre regroupement; pour les femmes, l’accent est mis sur les activités culturelles, puisqu’on vise à améliorer l’éducation familiale. On a aussi établi un centre de loisirs pour personnes âgées; cela permet aux ainés d’avoir une vie plus agréable. Au plan économique, on a combiné la production agricole, l’industrie de la transformation et le marché de consommation.
Certes, il y a eu de nombreux échecs, mais cela nous a poussés à dresser un bilan de nos actions, ce qui nous a permis de progresser encore mieux. De 2005 à 2007, en réunissant des fonds, 75 familles avaientétabli une petite usine d’enduit. Autre exemple : douze femmes avaient ouvert une boulangerie de petits pains cuits à la vapeur. Mais ces commerces ont toutefois eu du mal à subsister. On a alors conclu que la vente était notre point faible, et on a formé deux groupes d’études de marché, l’un à Yongji et l’autre à Yuncheng, pour progressivement développer un marché pour nos produits agricoles bio.

Ces dernières années, de nombreuses coopératives agricoles viennent échanger des expériences avec nous. Avant de venir, elles ne comprennent habituellement pas que l’on ait des projets de services d’intérêt public; selon elles, ce type de services va au-delà de la responsabilité d’une coopérative. Je pense toutefois que certaines coopératives mettent trop d’accent sur le rôle de l’argent dans un village. Une simple coopération économique est souvent entravée par les relations complexes qui existent à l’intérieur d’un village, stabilité et perspectives de développement limitées font souvent partie des problèmes rencontrés.
Il faut que les services d’intérêt public et la coopération économique progressent simultanément, ce qui permet non seulement un espace distinct de travail, mais aussi une évolution réciproque. Ainsi, on peut mobiliser pleinement les ressources du village et rendre le développement de la coopérative plus durable. De plus, aux projets de services d’intérêt public, on a ajouté le concept du « trio de services » – aux personnes âgées, aux femmes et aux enfants – et on l’a appliqué également dansla pratique du développement de la production de l’Association.
Cette année, on a classé les projets en trois catégories : projet de services d’intérêt public qui assume l’entière responsabilité de ses profits et pertes; projet de coopération économique qui réalise un peu de bénéfices; et projet de coopération économique qui réalise vraiment des bénéfices. On verse à l’Association 30 % des bénéfices réalisés par les projets, tels que les magasins de produits pour l’agriculture, les coopératives de produits bio et le centre de transfert foncier; grâce à cela, l’Association peut couvrir ses dépenses quotidiennes et investir dans le développement durable.
Beaucoup de coopératives de la plaine de la Chine du Nord ou des villages du Sud viennent échanger des expériences avec nous. Ces coopératives pratiquent l’agriculture mécanisée, ce qui est impossible à Puzhou, parce qu’à Puzhou et à Hanyang, en plus des plaines, il y a des zones de montagnes et les berges du fleuve Jaune ; notre sol est aussi très différent du leur.
On a un espace de 800 mu (1 mu=1/15 ha) qui regroupe les terrains de 175 familles. À travers maints essais, on a trouvé la bonne méthode : les cultures associées. Par exemple, dans un champ de coton, on cultive aussi du sésame parce que son goût peut chasser les pucerons. Aussi, pour prévenir les ravages causés par les insectes, on met des lampes insecticides à haute tension dans les champs, et les insectes morts ainsi récupérés peuvent être vendus comme aliments pour les animaux de basse-cour.
Tous les responsables et les principaux travailleurs sont maintenant des quinquagénaires. En 2018, lorsque le plan décennal sera achevé, les jeunes seront alors responsables de ces affaires. Depuis 2005, on a embauché 50 diplômés d’université ou d’institut d’agriculture; cinq viennent d’autres villes.
Je pense que la ville n’est pas nécessairement le meilleur endroit pour que des étudiants issus d’un village fondent leur entreprise; au contraire, le village natal est probablement un espace mieux approprié. J’ai trois exigences pour ces jeunes : il faut cultiver la terre, participer à une coopérative et maintenir le contact avec le village, parce que ce sont les bases du travail. Pour s’enraciner dans un village, il faut commencer par là.
Ces années de pratiques m’ont fait comprendre qu’il faut encourager l’initiative des paysans. Il faut mettre les humains au centre de tout, et non pas l’argent.
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