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Construire le pays par les technologies de pointe
― Propos de Zhang Lei, directeur général d’Envision Energy
ZHU HONG, membre de la rédaction
Quand je suis revenu au pays, il y a cinq ans, j’étais animé du rêve de fonder une multinationale susceptible d’incarner l’intelligence chinoise et de rivaliser avec les géants de la création comme IBM et Microsoft. L’avantage concurrentiel de cette société tiendrait à l’ingéniosité, elle ne dépendrait pas des ressources et de la main-d’œuvre bon marché. J’ai maintenant réalisé mon rêve et je suis directeur général d’Envision Energy, un important fournisseur mondial de services énergétiques intelligents.
Auparavant, j’ai été analyste de stratégie commerciale en matière énergétique à la filiale londonienne de Total. J’ai aussi travaillé pour la banque Barclays où j’ai été responsable de la fixation des prix des produits financiers liés à l’énergie. À mon avis, le coût de revient des nouvelles énergies est un facteur clé dans chaque changement de type d’énergie; d’ici cinq ou dix ans, l’énergie éolienne sera probablement la seule énergie propre pouvant se mesurer aux énergies fossiles traditionnelles sur le plan du coût de production.

Au début de 2007, j’ai dirigé une équipe composée de dix Chinois rentrés de l’étranger pour fonder Envision, dans ma ville natale de Jiangyin, dans la province du Jiangsu. Par la suite, j’ai fondé un centre d’innovation à Aarhus (Danemark), des centres d’opérations et de R & D à Shanghai, un centre de services d’infonuagique (cloud computing)à Houston (États-Unis), et un centre de R & D technique sur les nouvelles énergies à Osaka (Japon). Mon travail a été reconnu par le programme national Mille Talents qui vise à recruter des experts dans le monde. Le gouvernement municipal de Jiangyin nous a aidés à construire des infrastructures d’une valeur de 100 millions de yuans, alors que le capital et les mesures préférentielles accordées par le gouvernement provincial ont permis à notre entreprise de convertir rapidement les résultats de recherches en véritables produits commerciaux.
L’industrie mondiale de l’énergie éolienne est maintenant entrée dans son deuxième cycle de développement, ce qui est particulièrement manifeste sur le marché chinois. Ces dernières années, nous avons optimisé nos ressources techniques et humaines dans le monde et avons créé de la valeur en résolvant des problèmes techniques clés dans le secteur de l’énergie propre.
Selon mes estimations, dans quelques années, la Chine serait en mesure de baisser encore de 30 % le coût de revient de l’électricité éolienne, en combinant la chaîne d’approvisionnement locale avec des technologies et expériences d’exploitation, maintenant à maturité, de l’Europe et des États-Unis, le mode japonais de production qui se perfectionne sans cesse et les ressources novatrices dans le monde.
Entreprise naissante, Envision table sur ses talents de haut niveau en provenance de différentes régions du monde. Nous avons une équipe jeune ; l’âge moyen est de 35 ans. On y trouve des anciens de McKinsey qui sont des experts en développement stratégique et en gestion de chaîne d’approvisionnement, d’anciens directeurs de fonds spéculatifs internationaux et banquiers d’investissement, des cadres supérieurs ayant travaillé pour IBM, Siemens et GE, de même que des techniciens hautement compétents en énergie éolienne. Les employés étrangers représentent 20 % de notre personnel, dont plus de 60 % sont titulaires d’un master ou d’un doctorat; 80 % sont techniciens.
Ces cinq dernières années, Envision a établi plusieurs records mondiaux. Nos turbines intelligentes de 1,5 MW avec aubes de 87 m et 93 m sont les premières du genre dans le monde, rendant ainsi possible l’exploitation d’électricité éolienne dans les zones à faible vent. En réduisant les frais d'exploitation, tout en augmentant le volume de l’électricité générée, notre plateforme intelligente de services de logiciel pour fermes éoliennes, basée sur l’« Internet des objets » et l’infonuagique, révolutionne le modèle de gestion des avoirs de l’énergie renouvelable. La technologie de contrôle par radar et d’entraînement direct du calage partiel, une technologie de notre invention qui est utilisée dans nos turbines avancées de quatre et six mégawatts, réduit de 20 % le coût de production de l’électricité en mer, ce qui rend possible une exploitation rentable à grande échelle des ressources éoliennes en mer.Quand les turbines sont sorties de la chaîne de production au Danemark, le ministre pour le Climat, l’Énergie et le Bâtiment de ce pays les a qualifiées d’espoirs de l’industrie européenne de l’énergie éolienne en mer.
Envision a mis seulement cinq ans pour devenir un conglomérat comptant 500 employés, avec des ventes annuelles qui ont grimpé à 5 milliards de yuans. Au moment où les affaires de beaucoup de nos rivaux déclinent, nous réalisons une croissance exponentielle. Cela confirme ma conviction qu’une entreprise ingénieuse compte sur les talents, et que la prouesse technique est la clé pour dénicher un créneau dans le marché et maintenir le potentiel de croissance.
Auparavant, Jiangyin avait ancré son économie dans les industries traditionnelles. Plus de la moitié des entreprises locales œuvraient dans les secteurs manufacturiers, dont le textile, la métallurgie et la machinerie. Ces dernières années, l’orientation des professionnels en science et technique a donné un vigoureux essor à la ville grâce à l’évolution des industries émergentes, notamment les équipements pour l’électricité éolienne, les technologies de l’information et la biopharmacie. Envision est l’un des principaux acteurs de ce changement. L’entreprise a aussi stimulé la croissance de la chaîne industrielle de l’électricité éolienne dans la région : environ une dizaine de compagnies de la ville sont nos fournisseurs. En 2009, le plan national Flambeau, une initiative gouvernementale pour les industries de technologies de pointe, a établi un centre de production d’équipements pour l’électricité éolienne à Jiangyin, ce qui a encouragé la ville à abandonner son statut de centre conventionnel de fabrication pour adopter celui de chef de file de la production liée aux nouvelles énergies.
L’Union européenne prévoit qu’en 2030, 50 % de son approvisionnement en électricité sera assuré par les énergies renouvelables, et 100 % en 2050. Quant à la Chine, elle prévoit qu’en 2020 la part des énergies non fossiles dans les énergies primaires atteindra 15 %. La manière de réduire considérablement le coût de revient des énergies renouvelables et la façon de s’intégrer au réseau électrique national constituent les deux principaux obstacles; ce sont donc les priorités de notre entreprise pour l’avenir.
Au moment où j’ai décidé de revenir au pays, je ne m’attendais pas à vivre dans le confort, mais plutôt de permettre à plus de gens de mener une vie meilleure.
Document
Mille Talents, un programme chinois de recrutement d’experts dans le monde, a été lancé en 2008. Centré sur la stratégie de développement national, il vise à attirer, d’ici cinq à dix ans, des scientifiques remarquables et des chefs de file qui sont à même de faire une percée technologique clé, de développer des secteurs de technologies de pointe ou de faire progresser des disciplines émergentes. Pour ce faire, par des politiques préférentielles, le programme s’applique à faire venir ou revenir ces gens en Chine pour qu’ils innovent ou montent leur propre entreprise. Les personnes qualifiées sont recrutées pour des projets d’innovation et dans des disciplines d’importance nationale; elles œuvrent dans des laboratoires clés nationaux, des entreprises relevant directement du gouvernement central, des établissements financiers et commerciaux d’État, des universités et instituts de recherche scientifique et technique, de même que des technopôles d’État.
Les personnes ayant étudié à l’étranger constituent la principale source du contingent des professionnels de haut niveau en Chine. Elles représentent 72 % des chefs de file dans le domaine scientifique, 81 % des académiciens de l’Académie des sciences de Chine et 54 % des membres de l’Académie d’ingénierie de Chine. Dans les quelque 60 zones aménagées pour que les étudiants chinois revenus de l’étranger puissent créer des entreprises, on compte plus de 5 000 entreprises fondées par ce type de personnes et dont la valeur totale de la production annuelle dépasse 10 milliards de yuans. En 2006, 67 % des scientifiques de premier plan ayant remporté le prix d’État des sciences naturelles, 40 % de ceux qui ont gagné le prix d’État d’invention technique et 30 % de ceux qui ont obtenu le prix d’État pour le progrès scientifique et technique avaient tous des antécédents d’éducation à l’étranger.
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