CHINAHOY

6-November-2012

Consultations démocratiques à Wenling — Propos de Wu Xiaoju, représentante à l’Assemblée populaire du bourg de Xinhe

 

ZHU HONG, membre de la rédaction


 

 
Wu Xiaoju présente sa proposition de révision du budget à la session de l’Assemblée populaire du bourg
 

J’ai 58 ans et les 1 117 habitants du bourg de Xinhe de la ville de Wenling, province du Zhejiang, m’ont élue représentante à l’Assemblée populaire (AP) du bourg.

Dans le passé, les sessions de l’AP du bourg consistaient surtout à écouter les cadres lire le rapport d’activité du gouvernement. Les représentants n’avaient pas la chance de faire des suggestions. Depuis 2000, le bourg de Xinhe tient une réunion de consultations démocratiques. Pour les cadres et les habitants, c’est l’occasion de s’asseoir ensemble. À cette réunion, les gens soumettent leurs problèmes, et les cadres les résolvent sur place ou fixent une date à laquelle ils les auront résolus.

Chaque fois, les consultations démocratiques attirent beaucoup de gens qui communiquent avec les cadres sur des sujets, mineurs ou importants, allant de l’environnement d’investissement et la planification de la construction, jusqu’au prix du gaz liquéfié. Après discussions, les services gouvernementaux concernés assurent le suivi des problèmes pour qu’ils soient bien résolus. Une réunion de ce genre offre un cadre permettant aux habitants d’exprimer leurs besoins et de faire leurs suggestions.

En 2005, l’AP du bourg de Xinhe a combiné l’élaboration du budget annuel du gouvernement du bourg et la réunion de consultations démocratiques, et elle a donné un nouveau nom à cette activité : le « budget participatif ». Cela signifie que les représentants comme moi peuvent participer à l’examen du budget gouvernemental. Ainsi, avant la convocation de la session de l’AP, le groupe responsable des finances et de l’économie de l’AP du bourg tient une réunion de consultations démocratiques pour étudier le budget. Il n’y a pas que les représentants qui peuvent prendre part à la réunion; tous les habitants peuvent le faire. Nous discutons du budget et nous rédigeons un rapport sur notre examen préliminaire de ce budget. Puis, à la session de l’AP, les représentants se répartissent en différents groupes qui se concentrent chacun sur un domaine particulier tels que l’agriculture, l’industrie ou l’économie. Nous discutons et faisons des suggestions concernant l’augmentation ou la réduction du budget. Enfin, l’AP et le gouvernement du bourg tiennent une réunion conjointe pour parvenir à un amendement du budget sur la base des suggestions formulées au cours des consultations démocratiques.

C’est en 2005 que nous avons eu le premier « budget participatif ». À dire vrai, au début, je doutais que le gouvernement modifie le budget en fonction de nos suggestions. À cette époque, les discussions démocratiques n’étaient pas très animées, parce que nous n’avions pas envie de parler, même si le président ne cessait de nous encourageait à nous exprimer. De plus, les suggestions des représentants se limitaient aux aspects mineurs, par exemple l’augmentation des dépenses pour l’installation des lampadaires. À la fin de l’année, quand j’ai remarqué que le budget final avait été modifié et appliqué selon nos suggestions, j’ai commencé à croire à cette consultation.

Le budget de 2005 était rudimentaire. Il était divisé en dépenses dans trois vastes domaines : l’agriculture, l’industrie et les affaires civiles. De plus, nous n’arrivions pas à évaluer si les dépenses étaient appropriées. Alors, les représentants ont suggéré que le gouvernement fournisse un budget plus détaillé. En 2006, le budget comprenait 19 catégories de dépenses, dont la gestion publique, la sécurité sociale, les activités d’accueil, les véhicules de fonction et les missions gouvernementales à l’étranger. Nous pouvions clairement voir les dépenses réelles du gouvernement dans ces domaines, à la fois pour l’année précédente et pour l’année courante.

En 2006, j’ai suggéré que le gouvernement augmente les dépenses dans la construction des rues dans la zone urbaine ancienne du bourg. Là-bas, les rues en dalles avaient été construites dans les années 1970, de sorte qu’elles étaient en mauvais état et boueuses pendant les jours de pluie. Cela causait de grandes difficultés lorsque les gens voulaient sortir, surtout les personnes âgées et les enfants. De nombreux habitants espéraient que je parviendrais à proposer au gouvernement de procéder à la réfection de ces rues.

Selon les règlements et procédures, si cinq représentants ou plus s’opposent au budget du gouvernement, ils peuvent présenter une demande pour qu’il soit révisé. Ils peuvent proposer de réduire, d’augmenter ou de rejeter les dépenses consacrées à un projet en particulier. Puis, après une certaine procédure, l’amendement du budget est voté à la session plénière de l’AP. Une fois que l’amendement est adopté par vote, le gouvernement doit l’appliquer. Pour ce qui est de ma proposition de réfection de rues, comme elle n’avait pas été correctement rédigée ― elle ne mentionnait pas les sommes nécessaires ―, elle était irrecevable pour cette année-là.

En 2007, le gouvernement a organisé, à l’intention des représentants, des formations sur la présentation d’un budget, les procédures et règlements sur le « budget participatif », et aussi sur la manière de bien rédiger les propositions. Lors de la session de l’AP de cette année-là, j’ai de nouveau proposé d’effectuer la réfection des rues du quartier ancien. Peut-être les représentants avaient-ils fait trop de propositions, mais la mienne n’a pas pu figurer sur la liste de vote. Le gouvernement l’a cependant adoptée et a repavé les deux rues principales.

J’étais satisfaite de l’action du gouvernement, mais je croyais que cela ne suffisait pas. En 2008, avec dix représentants, j’ai proposé au gouvernement d’augmenter le budget d’un million de yuans pour que toutes les rues de la zone urbaine ancienne soient refaites. Or, ma proposition n’a pas été adoptée lors du vote secret. Cette fois-là, j’ai pleuré, parce qu’elle représentait les intérêts de tous les habitants de ce quartier.

Malgré ce revers, je n’ai pas abandonné ma proposition. Je la mentionnais à chaque réunion de consultations démocratiques. J’ai découvert que, dans le rapport d’activité du gouvernement de Wenling, il était écrit que 10 % du revenu de la ville serait réservé à l’amélioration du bien-être du peuple. J’ai donc souligné que le problème du quartier ancien faisait partie du bien-être du peuple, et que si nous voulions vraiment rendre les habitants plus heureux, il fallait procéder à la réfection des rues de ce quartier.

Durant la seconde moitié de 2008, la situation a pris une tournure plus favorable. Cette fois-là, les amendements du budget temporaire comprenaient la réfection des rues du quartier ancien. En ce moment, 90 % de ces rues ont été refaites. Quand des gens me rencontrent, beaucoup me sourient et me remercient. Je crois que le système de consultations démocratiques facilite la communication entre les citoyens et le gouvernement.

Étant donné qu’ils ont de grosses dépenses dans les secteurs de l’éducation, de la sécurité sociale et des projets liés au bien-être du peuple, les gouvernements de l’échelon du bourg font face à beaucoup de problèmes financiers et à une forte pression pour maintenir l’équilibre entre les recettes et les dépenses. Les fonds sont malheureusement toujours limités. Les représentants comme moi peuvent maintenant communiquer directement avec les hauts dirigeants du bourg, et ceux-ci connaissent mieux les besoins de la population et modifient le budget en conséquence.

Aujourd’hui, le budget de dépenses de Xinhe est plus ouvert et plus transparent. À la fin du premier semestre de chaque année, le gouvernement organise une réunion de consultations démocratiques pour expliquer toutes les dépenses. Tous les trimestres, le gouvernement du bourg rend compte auprès de l’AP du bourg de la façon dont le budget a été exécuté. De cette manière, les habitants participent désormais de manière active aux consultations démocratiques. Tout le monde travaille à atteindre le même but : améliorer la vie de tous.

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