CHINAHOY

28-June-2016

La voie chinoise est du succès

 

Rolf Berthold, ancien ambassadeur de la République démocratique allemande en Chine.

 

 ROLF BERTHOLD*

 

Le 1er juillet 2016, le Parti communiste chinois (PCC) célèbre le 95e anniversaire de sa fondation. 95 ans de combats difficiles, dont certains se sont soldés par des défaites cuisantes et d'autres par des victoires historiques. Le PCC a pris la tête de la lutte contre le semi-féodalisme et la semi-colonisation dans la Chine victime de l'impérialisme. Il s'est placé à l'avant-garde de la résistance contre l'agression japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et a conduit le peuple vers la victoire de la nouvelle révolution démocratique qui a eu pour résultat la fondation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949. Le PCC s'est ensuite chargé d'organiser la transformation socialiste et l'édification du socialisme en Chine, corrigeant les erreurs au fur et à mesure de leur apparition et gérant au mieux les situations de crise qui se présentaient. En 1978, la modernisation socialiste fut mise au centre de toutes les attentions, donnant naissance à une politique de réforme et d'ouverture sur l'extérieur.

 

Cette voie nouvelle vers le socialisme a été couronnée de succès tout à fait remarquables. Le visage du pays s'est modifié radicalement. L'espérance de vie des Chinois, qui était de 36 ans au moment de la fondation de la République populaire, atteint désormais 76 ans. Un tiers de la croissance économique mondiale provient actuellement de l'économie chinoise. Lors du XVIIIe Congrès du PCC en novembre 2012, les constatations suivantes ont été faites : « L'objectif principal de la réforme et de l'ouverture ainsi que de la modernisation du socialisme a été de permettre une amélioration du niveau de vie matériel et culturel de la population », « Les besoins en formation, en revenu du travail, en soins médicaux, le droit des personnes âgées à une prise en charge et le droit au logement doivent être satisfaits. Un effort immense doit être entrepris pour permettre à la population de mener une vie meilleure.»

 

Créer un avenir meilleur et plus beau pour les citoyens

 

Les principaux objectifs du XIIe Plan quinquennal (2011 à 2015) ont été atteints. La croissance du produit intérieur brut (PIB) s'est montée en moyenne annuelle à 7,8 %. Dans les villes et les municipalités, 64 millions d'emplois nouveaux ont été créés, et 100 millions de ruraux défavorisés ont pu, en l'espace de cette période relativement courte, échapper à la pauvreté, tandis que 300 millions d'habitants ruraux ont obtenu l'accès à l'eau potable, les 200 000 derniers foyers ont été reliés au réseau électrique (ce qui signifie que 100 % des foyers du pays sont désormais alimentés en électricité). Plus de 40 millions de logements sociaux ont été construits. Le principal résultat, dans le domaine de l'assurance sociale, a été la création d'un système d'assurance retraite unifié qui fonctionne pour les habitants des villes comme des campagnes. En 2015, les pensions de retraite versées par les entreprises se sont accrues de 10 %, tandis que les revenus dans les villes et les campagnes croissaient de 8 % (9,2 % dans les campagnes). Ceci signifie que la croissance des revenus des citoyens a été plus forte que celle de l'économie, tandis que la disparité des revenus entre villes et campagnes se réduisait.

 

En termes de PIB, la Chine s'est hissée au second rang mondial. Si, voici 35 ans, le produit brut par personne représentait 200 dollars, il atteint aujourd'hui 8 000 dollars. Les 30 premières années qui ont suivi le début de la politique de réforme et d'ouverture de 1978, l'économie a crû en moyenne de 10 % par an. Ces dernières années, le rythme du développement s'est ralenti. Cela est dû à la fois à l'évolution des conditions internationales, au passage d'un développement économique extensif à une croissance intensive, à la réorientation vers une croissance tirée par la consommation et un développement plus économe en ressources, et enfin à un accent mis sur le progrès des sciences et des techniques. De nombreux secteurs industriels parviennent aujourd'hui à la pointe de la pratique mondiale. L'agriculture a vu ses rendements s'accroître de manière significative. Rien que la récolte de céréales dépassait en 2015 le seuil de 621 millions de tonnes.

 

Ce changement de stratégie économique et la réduction du rythme de développement sont appelés la « nouvelle normalité ». Un changement qui se traduit par des évolutions positives sur la situation intérieure, mais qui ont produit des inquiétudes à l'étranger, notamment en Occident où l'on a parlé de « faiblesse» de l'économie chinoise, comme si le taux de croissance moyen de 7,8 % sur la période 2011-2015 et d'environ 6,9 % en 2015 n'étaient pas parmi les taux les plus élevés de la planète. Cette nouvelle normalité correspond à une croissance assagie, qui passe d'un taux extrêmement élevé à un taux simplement élevé, avec une adaptation de la structure économique.

 

Lors du XVIIIe Congrès du PCC, l'objectif a été formulé de parachever, d'ici au centenaire de l'existence du PCC, la société de moyenne aisance, ainsi que celui, d'ici au centenaire de la fondation de la RPC, en 2049, de parvenir à un pays riche, puissant, démocratique, civilisé et harmonieux, de créer un pays socialiste moderne, et pour le peuple chinois, dans toutes ses nationalités, un avenir radieux et heureux. Ces tâches représentent de plus en plus clairement le centre de l'action du PCC et du peuple tout entier. Le XIIIe Plan quinquennal, qui prévoit le développement économique et social du pays pour la période allant de 2016 à 2020, qui a été défini lors de la cinquième session plénière du 18e comité central du PCC, a été adopté lors de la quatrième session de la XIIe Assemblée populaire nationale en mars 2016. Il comprend pour objectif le parachèvement de la construction de la société de moyenne aisance. D'ici à 2020, le PIB du pays et les revenus des habitants, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, devraient représenter le double de ce qu'ils étaient en 2010. Pour y parvenir, une croissance annuelle moyenne de 6,5 % est nécessaire. Par ailleurs, on vise pour 2020 la victoire définitive dans la lutte contre la pauvreté, qui concerne aujourd'hui encore environ 70 millions de personnes. D'autre part, la consommation d'eau, d'énergie et les émissions de CO2 par unité de PIB devront être réduites respectivement de 23, de 15 et de 18 %.

 

 

L'indice des directeurs d'achat du secteur manufacturier chinois était de 50 % en avril 2016, d'après les données publiées par le Bureau national des statistiques.

 

La voie chinoise produit de grands résultats

 

Lors de la session du Comité central qui venait d'être élu au sujet de l'évaluation du XVIIIe Congrès, le secrétaire général Xi Jinping a déclaré : « Notre Parti a toujours affirmé que le socialisme à la chinoise est un socialisme et non quelqu'autre ''isme''. Les principes de base du socialisme scientifique ne doivent pas être abandonnés, faute de quoi on ne pourrait plus parler de socialisme. » Il clarifiait ainsi la position du PCC, qui affirme que le socialisme à la chinoise repose sur les principes de base du marxisme, prenant en compte les évolutions dans les domaines de la science et des techniques et la situation internationale.

 

Certains analystes bourgeois prétendent que les succès de la République populaire de Chine proviennent de ce qu'elle a abandonné le chemin du socialisme. Ceci est censé fournir un nouvel argument à la thèse selon laquelle l'approche socialiste ne serait pas viable. Particulièrement en Europe, il se trouve des représentants des partis de gauche pour parler d'une évolution capitaliste de la Chine. Mais il s'agit avant tout ici de trouver des excuses pour éviter d'analyser en profondeur les raisons de l'échec du socialisme dans de nombreux pays.

 

Avec sa réforme de 1978, le PCC a pris une nouvelle ligne stratégique. Arc-boutée sur le marxisme, la Chine poursuit un nouveau chemin socialiste qui tire les conclusions de l'échec en URSS et en Europe de l'Est, prend en compte les particularités de la société chinoise et réagit à la situation actuelle du monde. Il a déjà prouvé sa valeur dans la pratique.

 

Il s'agit d'un chemin socialiste basé sur les principes de base du marxisme mais qui diffère également de façon très large des modèles du socialisme qui ont échoué, et qui, compte tenu des particularités de la Chine auxquelles répond le PCC, ne doit pas être reproduit à l'identique dans d'autres pays. Il s'agit d'un chemin qui ne peut ni ne doit être parcouru dans la précipitation. Le chemin chinois représente la cristallisation du socialisme scientifique moderne, qui propose une relation étroite entre l'évolution chinoise et celle du monde, et les développements de l'époque actuelle. Lorsque l'élévation du niveau de vie du peuple est décrétée comme la tâche prioritaire entre toutes, lorsque l'éradication de la pauvreté est poursuivie systématiquement, alors on a pris consciemment le chemin du socialisme. Que des difficultés surviendront à l'occasion, et que des fautes seront parfois commises, la direction chinoise en est parfaitement consciente. Mais il n'existe aucun parti actuellement au pouvoir dans un pays capitaliste pour faire de cette volonté d'élévation du niveau de vie de la population et du bien-être du peuple sa tâche centrale.

 

La direction chinoise du Parti a procédé à une analyse approfondie de la défaite du socialisme en URSS et dans de nombreux autres pays. Elle est parvenue à la conclusion que les principales raisons de cet échec résident dans des défauts du modèle pratique du socialisme de ces pays qui sont tombés sous le coup de la contre-révolution. La formule de la « triple représentation » permet de tirer de précieuses conclusions sur l'échec du socialisme en URSS et d'autres pays anciennement socialistes. Le Parti doit représenter les exigences du développement des forces productives avancées en Chine, l'orientation du progrès de la culture chinoise avancée et les intérêts fondamentaux de la majorité écrasante de la population.

 

Le marxiste italien Domenico Losurdo, professeur de philosophie, formule cela de la façon suivante : « Malheureusement, les marxistes occidentaux possèdent rarement une compréhension suffisante de l'urgence qui existe, dans certains pays qui ont opté pour le chemin de la réforme socialiste, à essayer de rattraper leur retard sur les pays développés. Au contraire : cette volonté qui existe à l'Est de sortir de cette arriération socio-économique et de l'état de faiblesse sur le plan international et géopolitique est souvent interprétée à l'ouest comme une façon de se rapprocher et de s'adapter au capitalisme. » (Junge Welt du 16 janvier 2014)

 

Au nombre des particularités chinoises du chemin socialiste, il faut compter aussi l'absence d'une société capitaliste développée, d'un mode de production capitaliste, et l'existence de retards dans les domaines scientifique, technique et culturel. Le pays manquait par ailleurs de forces productives hautement avancées, lesquelles sont considérées par les classiques du marxisme-léninisme comme la condition sine qua non d'une révolution socialiste. La révolution démocratique bourgeoise s'est déroulée en Chine sous la forme d'une révolution de la démocratie nouvelle sous la direction de la classe ouvrière et de son parti, le PCC. Le développement continu de modes de production modernes devait donc se faire suivant les décisions du pouvoir politique de la classe ouvrière et de son parti au cours d'une longue phase préparatoire du socialisme.

 

Engagement de la Chine pour la préservation de la paix dans le monde

 

La direction du PCC en est convaincue, la lutte pour la paix et le développement, contre l'hégémonisme et la politique de la canonnière est l'une des questions clés qui détermine les conflits internationaux d'aujourd'hui. La contradiction qui existe entre le capitalisme et le socialisme n'est plus actuellement le conflit principal qui divise le monde.

 

Si la Chine s'est développée jusqu'à devenir la deuxième économie au monde, sa position internationale et son influence se sont accrues en proportion. Aux côtés des autres pays du groupe BRICS, des pays en voie de développement et de toutes les forces qui recherchent la paix et le développement, la République populaire de Chine s'engage pour prévenir l'irruption d'une nouvelle guerre mondiale et pour la solution pacifique des conflits internationaux. La préservation de la paix est centrale. Il faut rechercher la solution des différends dans le dialogue et non dans la confrontation, dans le respect mutuel des choix de société, de système politique et de chemin de développement, la coopération sur la base de l'intérêt partagé et de la prise en compte des intérêts de l'autre sans oublier son intérêt propre. Ceci a été réaffirmé, notamment lors des célébrations du 70e anniversaire de la capituation du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale et alors qu'était rappelée la contribution décisive du peuple chinois à la victoire dans la guerre mondiale contre le fascisme. La politique étrangère de la Chine vise à consolider la paix dans le monde et à créer un environnement international paisible, favorable à la construction du pays.

 

Les États-Unis poursuivent avec leurs alliés leur stratégie d'encerclement et de confinement de la Chine. M. Obama a récemment expliqué qu'avec le TPP (Partenariat Trans-Pacifique), ce sont les États-Unis et non la Chine qui détermineront les règles du jeu dans cette région. Un aveu on ne peut plus clair de la volonté hégémonique de ce pays.

 

Les États-Unis ont désormais positionné plus de 60 % de leurs forces armées dans la zone Asie-Pacifique. Des stratèges allemands parlent d'un « cercle de feu » entourant la Chine. Dans ce contexte, il faut également prêter attention à la déclaration du président de l'Académie fédérale de la politique de sécurité (BAKS), qui a récemment expliqué que l'on devrait se préparer à un prochain conflit d'envergure : une confrontation avec la Chine pour la domination mondiale. On ne peut pas ignorer l'émergence de la Chine car elle menace l'ordre mondial défini par les puissances occidentales. La politique étrangère actuelle de l'Allemagne comprend déjà certains aspects de cette future confrontation. L'émergence de la Chine menace l'hégémonie globale de l'Occident.

 

Mais la Chine oppose à cette stratégie une politique de coopération internationale pacifique qui s'articule sur un grand nombre d'activités. Le président Xi Jinping a appelé de ses vœux un nouveau type de relations entre la Chine et les États-Unis. Celui-ci comprend les principes suivants : « Absence de conflit, absence de confrontation, respect mutuel, coopération et bénéfice mutuel. »

 

C'est dans ce contexte que le concept présenté par le président Xi lors de sa tournée des pays de l'Asie du Sud-Est et centrale au second semestre 2013, celui d'un développement partagé par l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, prend tout son sens. Cette offre de coopération s'étend à plus de 60 pays le long des Nouvelles Routes de la Soie. L'objectif poursuivi est celui d'une coopération internationale pacifique qui se basera sur les échanges économiques et culturels et qui bénéficiera à tous. Le plan comprend le développement d'un ambitieux réseau d'infrastructures qui comprendra des pipelines et des gazoducs, le raccordement généralisé des pays de la région à des systèmes de télécommunications modernes et le développement d'une coopération entre les instituts de recherche et les universités. Afin de sécuriser le financement de cette initiative, la Chine a mis en place en 2014 le Fonds de la Route de la Soie.

 

Par ailleurs, la République populaire déploie des activités visant à détendre la situation dans la péninsule de Corée et à clarifier par des négociations pacifiques les questions relatives à la mer de Chine méridionale. Lors de la session de l'ONU dédiée aux 70 ans de l'établissement de l'institution internationale, la Chine a annoncé son intention de fournir une aide au développement des pays les moins avancés, des pays les plus pauvres et des petits pays insulaires.

 

En septembre de cette année, après de nombreuses visites à l'étranger, les principaux dirigeants politiques de la Chine participeront au Sommet du G20 qui se tiendra en Chine. Les débats relatifs aux initiatives visant les pays en développement et aux initiatives internationales de la Chine en constituent une partie qui est de plus en plus centrale.

 

*Rolf Berthold : ancien ambassadeur de la République démocratique allemande en République populaire de Chine de 1982 à 1990.

 

 

La Chine au présent

 

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