CHINAHOY

28-June-2016

Les nouvelles tendances du marché automobile chinois

 

Le stand de Great Wall Motor au Salon de l'automobile de Beijing 2016.

 

RAFAEL VALDEZ, membre de la rédaction

 

Le développement des voitures électriques, la demande croissante pour les voitures de sport sophistiquées, et la synergie entre les entreprises Internet et les constructeurs automobiles traditionnels forment le paysage de cette industrie prometteuse.

 

Il y a à peine 30 ans, il y avait plus de vélos à Beijing que de voitures. En trois décennies, le marché automobile chinois a connu une croissance exponentielle. En 1999, le pays a produit moins de deux millions de voitures. En 2013, il en a produit et vendu 22 millions de plus que le total combiné des États-Unis et du Japon, les pays qui complètent avec la Chine le podium de l'industrie automobile mondiale. L'an dernier, les ventes de voitures ont atteint un niveau record de 24,6 millions, selon l'Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM).

 

En 2014, le constructeur automobile allemand Volkswagen a vu dans le Salon de l'automobile de Beijing l'occasion idéale de présenter son Hover Car, une nacelle en forme de disque à deux places qui lévite à quelques centimètres au-dessus du sol. D'autres grandes multinationales lui ont emboîté le pas en présentant leurs dernières innovations, révélant ainsi leur confiance dans le potentiel du marché chinois.

 

La croissance du PIB et l'émergence de la classe moyenne sont deux facteurs importants de la vitalité du secteur en Chine. Cependant, la contribution du gouvernement chinois a également joué un rôle clé, indique un rapport de 2014 réalisé conjointement par CEDARS (un cabinet de conseil de l'industrie automobile chinoise), l'École de commerce international Chine Europe (CEIBS), et l'École de commerce IESE. « Après la crise financière mondiale, le gouvernement a approuvé le Plan d'ajustement et de revitalisation de l'industrie automobile, en vigueur de 2009 à 2011. Les résultats ont été évidents : les ventes de véhicules ont augmenté de 45 % en 2009 et de 32 % en 2010, note l'étude. Bien que le taux de croissance ait ralenti au cours des deux années suivantes, après l'achèvement du plan, les ventes ont augmenté de près de 14 % en 2013.

 

À l'heure actuelle, le gouvernement chinois se concentre sur le développement de voitures à énergies nouvelles. Cela était évident au Salon de l'automobile de Beijing 2016, où les véhicules écologiques représentaient plus de 10 % des voitures exposées. Bien qu'actuellement, les ventes de véhicules électriques soient marginales, il est clair que la tendance va dans cette direction. De nombreux constructeurs automobiles chinois investissent, avec le soutien du gouvernement, dans la recherche et le développement de véhicules ne dépendant pas des combustibles fossiles. Les autorités chinoises ont publiquement déclaré leur intention de faire du pays un chef de file mondial des véhicules à énergies nouvelles. Le développement des véhicules verts, y compris des voitures électriques, fait partie d'une politique à trois objectifs : la réduction de la dépendance aux importations de pétrole, l'atténuation des effets néfastes sur l'environnement, et le positionnement de la Chine comme chef de file des technologies propres.

 

Le développement des véhicules à énergies nouvelles, un secteur dominé par les voitures électriques, était un objectif explicite du Rapport d'activité du gouvernement présenté cette année. Cependant, l'un des principaux facteurs qui influent sur la décision des consommateurs d'acheter des voitures électriques est la disponibilité des stations de recharge. Compte tenu de cette préoccupation, le gouvernement municipal de Beijing a déclaré que d'ici 2020, la ville compterait suffisamment de stations pour recharger 600 000 véhicules électriques. La distance entre les stations de recharge dans le centre-ville sera inférieure à 900 mètres. Ce plan est soutenu par les grandes marques de voitures, qui se préparent déjà à répondre à la demande future. Un exemple est Volkswagen, qui en avril dernier a annoncé son intention de lancer en Chine sept nouveaux modèles électriques dans les trois à quatre prochaines années.

 

Un symbole d'individualité

 

L'attrait croissant des voitures électriques n'a pas été la seule tendance visible au dernier Salon de l'automobile de Beijing. Alors que les SUV (véhicule utilitaire sport) restent en forte demande, le coupé sport gagne également du terrain. Les coupés sport se distinguent par leur design sophistiqué et leur prix élevé. Ils reflètent également l'importance d'un nouveau type de consommateurs qui accordent une priorité au luxe. Ceux-ci sont généralement de jeunes professionnels célibataires avec un pouvoir d'achat élevé (ou des parents et grands-parents généreux) qui voient dans la voiture un moyen de signifier leur individualité. Pour eux, la voiture n'est pas un bien comme un autre, mais un symbole de statut. Ce changement dans la vision de la voiture ouvre toute une gamme de possibilités pour les marques automobiles.

 

Audi a dévoilé au Salon de l'automobile de Beijing 2016 son TT RS coupé sport. Porsche a présenté son coupé sport 718 et Jaguar a présenté sa XF L, une version étendue de la berline intermédiaire anglaise, assemblée en Chine et fabriquée spécifiquement pour ce marché. 

 

De nouveaux acteurs

 

Les constructeurs locaux et étrangers reconnaissent que la Chine est un marché extrêmement prometteur. Les sociétés Internet veulent aussi une part du gâteau. En décembre dernier, Baidu, le plus grand moteur de recherche chinois, a annoncé que sa voiture sans conducteur avait effectué avec succès un test entièrement autonome sur un parcours mixte de 30 km, dans différentes conditions météorologiques. Baidu est l'une des sociétés de technologie qui manœuvrent pour entrer sur le marché automobile. Google a le même objectif, ainsi que Samsung. En décembre 2015, le groupe coréen a annoncé la création d'une nouvelle division chargée d'enquêter sur les technologies automobiles.

 

Est-ce que cela représente une menace pour les grandes marques automobiles ? Pas nécessairement. On peut aussi y voir une opportunité pour les sociétés Internet de former des synergies avec les constructeurs automobiles, de sorte que chacun apporte son savoir-faire accumulé dans ses industries respectives. Ce ne serait pas la première fois que des entreprises chinoises établissent et font prospérer des coentreprises. General Motors, par exemple, a signé une alliance stratégique avec le constructeur chinois d'État SAIC Motor Corporation, qui siège à Shanghai. Volkswagen fabrique également des voitures conjointement avec les groupes SAIC et FAW. Ce dernier est une entreprise publique installée à Changchun, dans la province du Jilin du nord-est de la Chine.

 

Ces alliances ont permis à des entreprises étrangères d'opérer en Chine beaucoup plus facilement que si elles étaient seules. Elles ont aussi bénéficié aux entreprises chinoises, en leur permettant d'absorber le savoir des grandes entreprises allemandes et japonaises, qui ont consacré des années et des millions de dollars à la recherche et au développement. Ces partenariats ont également contribué à l'internationalisation des entreprises chinoises. Un exemple est celui de Great Wall Motor, qui a conclu un partenariat avec le groupe bulgare Litex Motors dans le but de conquérir le marché européen. Great Wall a annoncé en mars 2012 l'ouverture dans la ville bulgare de Lovech d'une usine d'assemblage de pièces automobiles fabriquées en Chine, et qui produit 50 000 voitures par an. Ces voitures se vendent principalement en Bulgarie et dans les pays voisins.

 

Avec des voitures vendues autour de 8 000 euros et des camionnettes à 15 000 euros, Great Wall prévoit de gagner rapidement du terrain sur le marché européen très concurrentiel. Sa stratégie de prix bas a rencontré le succès dans les pays d'Europe de l'Est, en Afrique et en Amérique latine. Mais si les fabricants chinois veulent devenir de vrais leaders mondiaux, ils devront concentrer leurs investissements et leurs efforts sur la recherche et le développement.

 

 

La Chine au présent

 

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